Les journalistes nous abreuvent continuellement à la télé, à la radio et dans les journaux, de tous les conflits, attentats et surtout accidents et crimes ou rixes diverses.
    Mais lorsque se prépare en silence une énorme évolution, il n’y en a pas un pour en parler, car cela n’a rien de sensationnel et n’est pas fait pour les voyeurs.

    Depuis dix ans le génome de centaine d'espèces animales a été décrypté.
De nombreuses études ont été lancées pour essayer de trouver des thérapeutiques de maladies diverses

    Mais pour cela il fallait pouvoir  inclure des séquences où en enlever dans l'ADN des animaux en expérience, et de telles opérations prenaient des mois., car les méthodes étaient très complexes.
    Il y a dix ans, un outil a été mis au point par des chercheurs, simple et rapide, qui permet de couper l’ADN aux endroits désirés, et c'est une révolution dans la génétique. Je vais essayer de vous l’expliquer en deux articles.
    SI vous soulez plus de détail vous pouvez vous référer sur internetaux revues « La Recherche » de janvier 2015, et « Pour la Science » d’octobre 2016, qui publie un article du professeur Emmanuelle Charpentier, qui dirige un département du centre de recherche sur les infections à Braunschweig en Allemagne, qui a reçu récemment un prix pour les recherches qu’elle effectue dans ce domaine.
    Pour comprendre la méthode mise au point, il faut d'abord que je vous explique comment les bactéries se protègent contre des virus, par une sorte de vaccination. Ce système de protection a été baptisé CRIPS-CAS9 et il est schématisée ci-dessous.

    Pour se défendre la bactérie a une mémoire et constitue une banque de données des ADN ou ARN des menaces auxquelles elle peut être exposée.
    Lorsqu'une bactérie est en contact avec un virus, elle va isoler des séquences de l'ADN ou l'ARN viral, en les repérant grâce à de petites séquences spécifiques appelées PAM,et va les insérer dans son génome, grâce à des enzymes appellées CAS qui permettent la découpe de cette séquence, dont les gènes sont insérées également dans le génome. De plus, pour être efficaces, ces gènes ont besoin d'une autre séquence du génome, un petit ARN spécifique nommé par les chercheurs « Tract ».
    La banque de données CRIPS des bactéries est donc composée de suites des trois petites séquences Tract, CAS et  l’extrait d’ADN du virus rencontré, et elle regroupe donc le signalement de nombreux virus, qui sont ensuite transmis par réplication, aux descendants de la bactérie, constituant ainsi une sorte de vaccin.
    Cet extrait complémentaire du virus est ce qui permettra ensuite à la bactérie de le reconnaître.

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    Comment ces séquences sont elles ensuite utilisées ?
    Quand se produit une infection virale de la bactérie, chaque séquence CAS est alertée, ainsi que la zone adjacente du génome. Une enzyme CAS est alors produite ainsi qu’un petit ARN composé d’une séquence tract et du morceau du génome du virus stocké dans la mémoire génétique CRIPS de la bactérie.
    Ainsi sont formés autant de petit ARN de reconnaissance que la bactérie a stocké de séquences virales dans son génome.
    Ces ARN vont aller à la rencontre du virus infectant, et si celui ci était connu de la bactérie, l’ARN Tract spécifique du génome de ce virus va le reconnaître.
    Lorsqu’il est reconnu, l’enzyme CAS va le couper en un endroit précis, l’empêchant ainsi de se reproduire. La bactérie est ainsi sauvée de l’infection.
    Ce mécanisme est voisin de celui des vaccins humains qui produisent des anticorps, capables de reconnaître le microbe infectant et ensuite de le faire détruire par les lymphocytes.
    C’est assez extraordinaire de voir ainsi les bactéries s’immuniser contre les virus quand évidemment elles n’y ont pas succombé à la première infection, et transmettre ainsi cette immunité à leurs descendants.
    Mais les chercheurs qui ont mis en lumière ce mécanisme , ont réalisé que cette enzyme CAS avec son dispositif ARN de reconnaissance d’une séquence d’ARN ou d’ADN constituait un  remarquable outil pour couper la chaîne en un endroit précis et donc pouvoir ensuite la modifier        ;
    C’est évidement une source de manipulations génétiques, mais aussi un très grand espoir de possibilités de soins pour les maladies d’origine génétique, contre lesquelles nous sommes actuellement très démunis.
    C’est ce que j’essaierai de vous expliquer dans l’article de demain.

    Nota : Sans doute vous demandez vous ce que veut dire
        CRISPR; je n’ai pas voulu vous ennuyer avec cela, mais pour les curieux c’est  « Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats » (Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées); il s’agit de ces répétitions dans le génome de la bactérie qui sont à l’origine du mécanisme de vaccination).
        CAS veut dire « Crispr associated protein » (protéine associée à Crispr). C’est une enzyme spécialisée pour couper l'ADN avec deux zones de coupe actives, une pour chaque brin de la double hélice.
        PAM signifie « Protospacer adjacent motif » (motif de reconnaissance adjacente); il est très court : quelques bases.
    Vous pouvez trouver aussi pas mal de doc sur Google, mais elle est souvent un peu indigeste et la plupart en anglais.

Commentaire du schéma :

    1 - La bactérie est infectée par un virus elle découpe une séquence ciblée, qui lui est indiquée par un repère : la séquence PAM.

    2 - Si elle réchappe à l’infection, elle a incorporé dans son génome cette séquence, suivie de deux gènes : le premier est celui d’une protéine CAS et le second celui d’un ARN guide TRACR

    3 - Une nouvelle infection du virus se produit.

    4 - Le gène CAS s’exprime et génère l’enzyme CAS. Le gène de TRACR libère un ARN Tracr, qui se lie à la séquence ciblée du virus.

    5 - Grâce à cet assemblage, ce guide reconnait le virus et localise sa séquence PAML suivie du morceau d’ADN à sectionner.

    6 - La protéine CAS a coupé l’ADN du virus en un point précis et il ne peut plus se reproduire.