• Laissons nos bébés faire leur apprentissage !

               J’ai parlé hier des problèmes d’éducation sous l’angle du comportement que nous devons enseigner aux enfants pour qu’ils puissent ensuite vivre en société, avec le minimum de problèmes causés aux autres et à eux mêmes.
              C’est en partie un problème de « morale » et cela touche des règles à appliquer qui sont des règles conceptuelles d’action. C’est une éducation de notre esprit
             Je voudrais aujourd’hui sur un problème d’éducation « physique » du corps de l’enfant et de ses mouvements, lorsqu'il est bébé.
              Les comportements des parents, dans ce domaine, sont très différents, et ils semblent souvent ignorer le mode de fonctionnement de notre système d’’apprentissage.

              Notre système d’apprentissage (comme celui des animaux) n’est efficace que par la répétition : le geste ou l’action doit être répétée mainte fois. Entre deux actions successives, si la seconde est mieux réussie, les neurones sécrètent de la dopamine; qui entraîne un effet de satisfaction, de bien-être, de plaisir et la méthode ayant permis ce progrès est retenue. Au contraire si l’essai est moins bon, il y a absence de dopamine et donc déception et mal-être, ce qui annule donc le mode opératoire correspondant, et qui incite à recommencer l’essai.
              C’est au départ le cortex préfrontal qui donne les ordres aux centres d’exécution, par exemple les centres moteurs de nos membres, mais peu à peu les gestes s’automatisent et ce sont d’autres centres qui prénnent la relève et donc le travail devient peu à peu inconscient et ne nécessite qu'un contrôle en cas de problème. Ces centres sont par exemple le cervelet pour nos gestes et la marche et son équilibre, les centres de Broca et de Wernicke pour la parole, ls centres de la vision pour la reconnaissance des objets ..
             Ainsi, peu à peu l’enfant va apprendre à reconnaître autour de lui, à prendre les objets avec ses mains, à se retourner, à tenir assis, à manger peu à peu lui même, puis à tenir debout et à marcher. A parler, puis à lire,  à écrire et à dessiner. 

              Toutefois certains réflexes innés existent pour assurer la survie et disparaissent en quelques mois, en particulier
                  - l’enfant sur un geste brusque ou un bruit inattendu écarte bras jambes et doigts. Cela aidait autrefois les bébés à rester agrippés à leur mère.
                  - Le bébé couché sur le ventre relève ses fesses et allonge le jambe pour avancer, ce qui lui permet, placé sur le ventre de sa mère, d’atteindre le sein.
                   - Il a le réflexe, lorsqu’on met le doigt dans sa bouche de téter ce qui lui permet de boire et d’avaler. Ce réflexe lui permet aussi de se calmer (et de sucer son pouce !).
                 - Lorsqu’on caresse la joue d’un bébé, il tourne la tête et ouvre la bouche, ce qui lui permet de trouver le sein de sa mère.
                  - Le bébé serre le doigt ou tout objet qu’on met dans sa main. Ce réflexe aurait permis aux bébés de s’agripper rapidement à leur mère pour fuir un danger. Ce réflexe disparaît vers l’âge de 2 mois pour faire place à des mouvements d’agrippement volontaires pour prendre des objets ou créer des liens d’attachement.

              Pour que l’apprentissage soit efficace il faut que l’enfant répète mainte fois le même gete, la même action, lui même et par sa propre volonté. Donc si on lui fait faire les gestes à sa place ou en l’aidant par un instrument;, l’apprentissage ne se fera pas aussi bien ni aussi rapide, et cela beaucoup de parents semblent l’ignorer.
               Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’occuper de l’enfant, au contraire, mais il faut lui fournir des occasions d’apprentissage, pour qu’il le fasse lui même et ne pas le faire à sa place.

                 Par exemple mettre à sa portée des objets (légers et pas trop durs par sécurité) qui attirent son attention, et qu’il va essayer de saisir, est bien (à condition de ne pas le solliciter trop souvent). Mais guider sa main vers l’objet est contre-productif. (ou plus tard lui ramasser tous les objets qu’il jette et va rechercher à quatre pattes).
                 Bien sûr il n’est pas recommandé de laisser un bébé dormir sur le ventre sans surveillance, car il peut s’étouffer, bien que les cas soient rares. Mais quand le bébé sur un tapis ou un plan où il ne risque pas de tomber, veut essayer de se mettre sur le dos ou de se retourner sur le ventre, il faut le laisser faire. C’est un mouvement qui lui sera nécessaire en dormant ou en se réveillant, qu’il est en train d’apprendre à faire.
                Ce n’est pas bon de mettre trop tôt un enfant longtemps assis dans une chaise  pour bébé ou sur un canapé. Il faut qu’il essaie de se mettre assis tout seul.  On peut l’aider un peu en le poussant parce qu’il n’a pas assez de muscles, mais il faut le laisser ensuite osciller et essayer de se tenir assis. Il apprend l’équilibre et comment contracter ses muscles pour y arriver. Bien sûr il faut le surveiller pour qu’il ne risque pas de tomber.
            Mettre le bébé dans un trotteur (on appelait cela de mon temps un « youpala ») ou lui tenir les deux mains pour le faire marcher n’est pas bon. Faire marcher ses jambes est presque un réflexe, mais par contre l’équilibre, il faut l’apprendre soi-même jusqu’à ce que le cervelet puisse remplacer le cortex préfrontal pour commander la marche (ou la course). Il faut le laisser à son rythme se mettre debout contre un meuble bas, apprendre son équilibre debout sans marcher, puis se déplacer seul en appui sur un divan par exemple, enfin essayer de faire quelques pas et tomber. S’il essaie ainsi doucement il ne se fera jamais mal en tombant. Il faut juste écarter les obstacles ou les objets sur lesquels il pourrait tomber. Ce n’est q’au début s’il court qu’il faut faire attention à ce qu’il ne soit pas dépassé par sa vitesse.
                 Et ne pas l’empêcher avant, s’il en a envie, d’essayer de se déplacer à quatre pattes; il apprend la mobilité et à découvrir l’environnement.

                  J’ai eu 4 enfants, 8 petits enfants et j’ai 4 arrières petits enfants, qui ont été élevés de façons différentes étant bébés. Ceux que l’on a mis tôt sur une chaise avaient du mal à tenir assis tout seuls. Ceux que l’on a voulu trop aider à marcher l’ont fait plus tard et ne sont pas assi alertes que ceux qui ont appris presque seuls. Une de mes arrières-petites-filles qui a appris ainsi tout par elle même, possède une habileté, une dextérité et une assurance assez extraordinaire. dans la marche comme dans ses gestes et elle peut franchir des obstacles qui feraient renoncer d’autres enfants. On ne l’aide que très peu, mais il faut une surveillance plus grande pour qu’elle ne s’attaque pas à des entreprises trop difficiles ou dangereuses. Et elle a appris ainsi à avoir de la tenacité dans ses actions. Elle sait qu’elle peut apprendre beaucoup de choses par apprentissag. J’espère que cela sera aussi vrai à l’ école !

             En matière d’apprentissage il faut donc laisser faire la nature et simplement veiller à l’environnement pour éviter que le bébé ne se fasse mal. Mais même si on ne passe pas son temps à essayer de l’aider dans son apprentissage, cela demande de l’attention et de l’amour, ne serait ce que pour qu’il se sente bien, en sécurité. Elever un petit enfant, cela prend, de toutes façons, beaucoup de temps.

     

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    Quelques pistes pour éduquer nos enfants.

                J’’ai écrit hier que je donnerai des pistes de réflexion sur l’éducation des enfants, tirées d’articles de la revue « Cerveau et psycho » du mois de janvier 2014.
              Beaucoup de parents ont des idées préconçues sur l’éducation, souvent issues de celle qu’ils ont reçue, soit qu’ils aient des idées analogues, soit au contraire que le souvenir éprouvant leur fasse choisir la méthode opposée.
             Oublions d’abord les termes de positif et négatif, qui  sont inexacts et subjectifs. Ce ne sont pas les méthodes qui sont importantes, mais la façon de les appliquer selon l’enfant et les circonstances.

              Les règles sont nécessaires pour vivre en société. Il est souhaitable d’expliquer à l’enfant non seulement les règles, mais de lui montrer pourquoi leur application est bénéfique et au contraire des cas où, si on ne les applique pas c’est mauvais, pour soi-même et les autres. Cela ne veut pas dire qu’il aura toujours envie de s’y conformer, mais si, à un moment, il devient nécessaire de les lui imposer, il saura pourquoi .
              A l’inverse l’enfant ne sera pas enclin à appliquer des règles dont il n’a pas compris l’utilité.
             Il est tout aussi important de complimenter l’enfant qui respecte les règles que de le sanctionner quand il ne les respecte pas, mais il vaut mieux éviter des récompenses matérielles comme des jouets, des friandises ou de l’argent, qui vont créer une dépendance à ces facteurs extérieurs. 
              Mais ls sanctions sont tout aussi nécessaires, mais il faut les graduer et éviter certaines pratiques..

             Se mettre en colère, crier , frapper sévèrement l’enfant ne remplit aucune fonction éducative et montre une émotion mal contrôlée des parents. Il faut aussi proscrire tout ce qui est humiliant ou imposé sur des durées trop longues. Cela ne fonctionne pas, et peut en outre fragiliser la confiance que l’enfant a dans son parent ou son éducateur.
             Et surtout on ne peut pas exiger la même chose selon l’âge et le développement mental de l’enfant.

              Le bébé reconnait très tôt les comportements « sociaux » : l’affection qu’on lui porte notamment et au contraire l’indifférence, et il préfèrera les personnes qui lui apportent affection et tendresse. Une relation peu sensible, basée sur la surveillance et la punition va avoir de mauvaises conséquences sur le développement mental et émotionnel de l’enfant, qui, au contraire aura un développement favorable, s’il ressent l’affection et l’intérêt qu’on lui porte en lui consacrant du temps.
               Il lui faut développer avec ses parents ou éducateurs, un climat de confiance, apprendre à se fier à eux, à se faire aider, à coopérer et à finalement apprendre à vivre et notamment progressivement à exprimer, verbaliser et réguler ses émotions.
               Ces compétences socio-émotionnelles sont très importantes pour permettre а l’enfant d’accepter des limites et une certaine dose de frustration, quand il a envie de les enfreindre et qu’on l’en empêche.
              Cela n’exclut pas des règles strictes car il faut donner des cadres., qui ne se réduisent pas à des interdictions ou des obligations. Il faut en expliquer le pourquoi, mais il faut ensuite apprendre à l’enfant à identifier ses réactions et ses émotions, face notamment aux interdictions et sanctions. On peut l’expliquer simplement au moyen d’images de physionomies et d’explications sur les réactions physiques corporelles.

                Il faut apprendre à l’enfant à maîtriser son impulsivité, à renoncer à l’assouvissement immédiat de ses envies pour obéir, c’est à dire accepter de faire ce qu’on lui demande. Il faut qu’il puisse expliquer, comprendre et intérioriser sa frustration et que ce déplaisir devienne un défi d’arriver à obéir aux règles. Une récompense ou un compliment devra récompenser des efforts.
              Il faut apprendre aussi à l’enfant à prendre de la distance, à réévaluer l’importance réelle de petits accidents (comme le bris d’un jouet).Le calme reviendra plus vite naturellement dans son esprit Il faut plus généralement lui apprendre à faire la même chose vis à vis d’une très forte émotion, en ramenant ses causes à de plus justes proportions.
             Il est certain qu’il faut adapter son comportement à l’âge et au développement de l’enfant. Au cours des premières années, les structures cérébrales qui permettent а un enfant de résister à ses envies sont encore immatures, et donc on ne peut pas lui imposer des efforts démesurés, comme par exemple rester tranquille très longtemps.
             Forcer à respecter la règle est possible pendant un temps limité, mais ensuite il faut distraire l’enfant avec une occupation : jeux, nourriture, lecture….              
             Mais on peut assez vite expliquer aux enfants certaines règles « morales » et qu’on ne peut les transgresser (on ne « vole » pas les jouets du petit frère; on ne tape pas sur ses parents ou sur le copain de classe …. ).

              Une punition souvent contestée est la mise à l’écart temporaire (dans mon jeune âge l’enfant insupportable qui empêchait les autres de travailler en classe et que le professeur envoyait « au coin »), ce que le psychologues affublent du terme anglais affreux de « time out ». (Temps mort).
              Elle est pourtant nécessaire et justifiée si l’enfant a un comportement désagréable, qu’il n’a pas abandonné malgré les demandes et qui nuit à quelqu’un où au calme. Il s’agit d’éloigner l’enfant de tout ce qui peut contribuer à entretenir le comportement nocif.
              Cette pratique est efficace et les chercheurs en neuro-psychologie n’ont pas constaté d’effet indésirable sur l’enfant, si  certaines précautions sont prises dans son emploi. L’article en compte notamment six que je cite ci-dessous :
                      - La mise à l’écart doit être utilisée uniquement pour punir des comportements délibérés sur lesquels l’enfant a un certain contrôle. Elle ne doit pas être utilisée pour les comportements qui reflètent une incapacité à accomplir une action, un manque de compréhension, une erreur, la peur ou d’autres émotions bouleversantes.
                         - La mise à l’écart doit être utilisée pour des comportements expliqués et définis préalablement comme étant inappropriés, et qui doivent être ouvertement discutés pendant des temps positifs distincts des punitions,
                       - La mise à l’écart ne doit pas avoir une durée trop longue. En général 5 minutes suffisent. Une durée plus longue est inefficace et augmente le effets indésirables des punitions.
                       - L’efficacité de la mise à l’écart se juge à la réduction objective et rapide des comportements problématiques de l’enfant, ce qui entraîne la réduction de cette punition.
                     - Le comportement des parents doit être calme et ne pas refléter d’agacement et d’hostilité vis à vis de l’enfant.
                       - L’utilisation de la mise à l’écart doit être complétée par une relation chaleureuse  et l’enseignement des comportements dont on souhaite qu’ils remplacent les attitudes probléma-tiques.

              Il faut également signaler qu’une punition pour le psychologue est quelque chose de désagréable imposé pour diminuer le comportement indésirable qui l’a motivée.
             Dans le langage courant elle apparaît comme une bonne leçon, la sanction d’une faute qu’il faut expier et la personne doit souffrir en proportion des méfaits (l’emprisonnement par exemple). Ce n’est pas une définition compatible avec l’éducation.

        Quelques pistes pour éduquer nos enfants.

     

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  • La guerre entre pédagogie "positive" et "négative" et absurde


               
    Je l’ai déjà dit plusieurs fois :  il est difficile de comparer l’éducation des enfants aujourd’hui et il y a 50 ans.
              Homme et femme travaillent et n’ont plus autant de temps à consacrer aux enfants, ils rentrent fatigués de leur travail, ont des tâches ménagères qui subsistent même si les machines les facilitent,  et entre le smartphone, la télévision et l’ordinateur, les sollicitations sont beaucoup plus nombreuses.
              Les conditions et habitudes de vie ont changé, les occupations extérieures au logement sont plus grandes et le groupe d’amis a souvent plus d’importance qu’autrefois.
              Il résulte de cette évolution que l’on a moins de temps et de volonté pour s’occuper des enfants et que l’on a tendance à confier en partie leur éducation aux personnels des crèches et des maternelles, puis aux professeurs, dont ce n’est pas le rôle.

              Alors évidemment, comme dans toute société de consommation, on trouve le moyen de vous faire dépenser de l’argent, et il y a de nombreux livres de conseil, voire même des coachs pour vous dire ce qu’il faut faire.
              L’ennui c’est que ces guides vous donnent des avis parfaitement opposés et contradictoires et que d’ailleurs leurs auteurs se disputent (voire s’injurient presque) tant ils ont tendance à devenir clivants, se séparant en « résolument pour » et « complètement contre ».
             La guerre est déclarée entre les tenants d’une « pédagogie nouvelle » essentiellement positive et ceux qui sont soupçonnés de faire la promotion d’une pédagogie réactionnaire en remettant la punition et la sanction au goût du jour.

               De fait la pédagogie « positive » est devenue un véritable objet économique. (une machine à faire du fric !), qui а occupé tout le terrain en mettant la main sur l’ensemble de la littérature populaire en éducation, en développement personnel et en déclarant « négative » toute forme de pédagogie qui n’était pas strictement conforme à ses idées.
             La querelle n’est pas nouvelle, car quand j’étais jeune parent, Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste, avait déjà défrayé la chronique . On a attribué à tort à madame Dolto des idées très laxistes sur l’’éducation, et en lui reprochant , la débâcle de l'éducation, l'autorité perdue des parents, le règne de l’enfant-roi. C’est absurde : certes elle a lutté contre des éducations très rigoristes, comme celle qu’elle avait reçue, mais elle considérait que les enfants avaient besoin de règles précises.
              Par contre certaines de ses théories sont la suite de celles de Freud, totalement périmées de nos jours et les connaissances de l’époque sur le cerveau étaient faibles.
             Ces connaissances sur le cerveau et le développement de l’enfant sont plus importantes aujourd’hui, et d’autre part les antagonistes qui se disputent, simplifient à outrance ou généralisent des cas particuliers extrêmes. 

               Plusieurs articles du numéro de janvier 2024 de la revue « Cerveau et Psycho » montrent qu’une éducation positive associée à des règles et des habitudes de vie sont à la fois possibles et nécessaires.
               Je vais essayer de résumer ces articles, car je constate malheureusement que souvent les recommandations de faire preuve de bienveillance, de sérénité, de chercher la communication avec son enfant ont culpabilisé certains parents en leur faisant croire que la moindre sanction pouvait avoir des conséquences sur le cerveau de leur enfant.
              Et j’ai connu dans ma copropriété des enfants rois insupportables et mal élevés

               Les propos qui fleurissent dans les livres de pédagogie positive sont parfois absurdes.
              Ainsi quand vous donnerez un ordre à votre enfant, contrairement à ce qu'ils affirment, vous ne le traumatiserez pas et vous ne risquez nullement d’endommager son cortex préfrontal !
              De même vous pouvez imposer des règles à votre enfant, sanctionner des fautes, l’isoler s’il agresse un camarade. L’important c’est la manière de le faire.
              Par contre un père ou une mère sévère et froid(e) qui refuse tout geste affectif, même s’il (elle) s’abstient de froncer les sourcils, risque bien davantage de donner naissance à des perturbations à court, moyen et long terme…

            La science, en éducation, n’a pas pour but de donner des consignes, mais uniquement de suggérer des pistes éducatives et de poser certains garde-fous salutaires. Elles proviennent de la compilation de très nombreuses données d’études multiples.
            Trois conclusions générales de ces études :
                     - Se mettre en colère, crier , frapper sévèrement l’enfant ne remplit aucune fonction éducative et montre une émotion mal contrôlée des parents; (même avec modération sans que ce soit un enfant battu).
                     - Des règles, des remontrances, des punitions, données sans explications, sont moins efficaces que les mêmes actions qui, non seulement posent l’interdiction, mais indiquent aussi de façon précise et calmement, quel est le comportement attendu.
                   - Un enfant supporte mal un désert affectif ou un environnement hostile. Il a besoin d’affection, de temps passé avec ses parents,  d’un enseignement éducatif des règles à appliquer. 

                 Il ne s’agit plus d’appliquer un modèle préconçu d’éducation positive ou négative, mais de réfléchir aux attitudes adaptées selon l’âge et le développement de l’enfant et les circonstances. L’éducation ne se décrète pas, mais se réfléchit en partageant des connaissances fiables.
                  Je développerai cette notion dans l’article de demain.

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    Familles hier et aujourd'hui

            Quand j’étais jeune (il y a 70 ans !), les revues qu’elles soient de psycho ou grand public, ne parlaient guère de « l’art d’être parents ». Il y avait juste des conseils sur la santé des enfants, les soins à leur donner et des publicités pour leur habillement et leurs jouets.
             Les psychologues faisaient probablement peu d’études sur ce sujet et elles concernaient essentiellement le rôle de la mère : c’était sur elle que reposaient la responsabilité et la tâche de s’occuper des enfants, le père devant, par son métier, apporter le ressources nécessaires au ménage.
              Bien entendu, lorsque cet apport n’était pas suffisant, la mère travaillait, mais c’était elle qui faisait néanmoins la plupart des tâches ménagères.
             Les divorces étaient peu nombreux et arrivaient en général soit avant d’avoir des enfants, soit lorsqu’ils étaient élevés.
            En ce qui me concerne, je partais tôt à mon travail, je rentrais assez tard et je regardais le travail scolaire de mes quatre enfants. Ma femme s’occupait d’eux la journée et ce n’est que le week-end que je l’aidais et que nous allions faire les courses, et que nous nous occupions ensemble des enfants pour avoir des occupations en commun. Et je suis arrivé, heureux, à 70 ans de mariage.

              Mais ce modèle « traditionnel », ne suffit plus pour décrire la parentalité aujourd’hui.
              La majorité des femmes ont un métier et les hommes les aident en général beaucoup plus dans les tâches ménagères et d’éducation des enfants. Il y a de nombreux divorces, des familles monoparentales, des familles recomposées et des familles homoparentales.
             Il y a donc une redéfinition des rôles parentaux et une structuration différente de la famille, mais la plupart du temps, les études montrent que passer du « traditionnel » au « contemporain » n’est en rien dommageable pour les enfants, sauf au moment des divorces, surtout s’il est conflictuel. 

            Dans la vie d’un couple qui a des enfants il y a plusieurs sortes de tâches :

            D’abord qu’il y ait ou pas d’enfants, les tâches ménagères. Si la femme travaille et que ces tâches restent entièrement à sa charge, elle sera vite saturée et cela conduit au burn-out, sauf si elle a des ressources financières qui lui permettent de se faire aider par l’extérieur.
             Je constate que les jeunes hommes aident en général davantage leur femme dans ces tâches et ne lui laissent plus porter toute la charge correspondante.
            Cela a un avantage c’est qu’ils apprendront à faire la cuisine et le ménage. J’ai dû, depuis 5 ans, assurer ces tâches du fait de la maladie de ma femme, et heureusement, elle avait été un bon professeur depuis que je suis en retraite et je n’ai pas rencontré de difficulté.

            Il y a ensuite à s’occuper des bébés et des enfants très jeunes; C’est primordial car l’éveil de l’enfant dépend beaucoup des soins des parents, du fait qu’ils l’aident à découvrir l’environnement, qu’ils lui parlent et lui montrent des images, des livres, bref qu’ils l ‘aident dans son apprentissage élémentaire de la vie.
             Certes cette phase est davantage assurée par la mère, qui a un rapport privilégié avec le bébé, même au plan physique. Mais je constate, là aussi, que les pères s’impliquent davantage qu’autrefois et prennent leur part de cette fonction.
            Papa peut aussi être parent, car il est tout aussi apte, même si les liens sont moins ténus (le tout petit bébé a des souvenirs de lorsqu’il était foetus ou quand sa mère le tenait dans ses bras et avant de connaitre son visage, il connaissait déjà sa voix et son odeur).
            Mais il arrive parfois que la mère soit réticente ou un peu jalouse de ce rôle du père et cherche à garder ces tâches presque en exclusivité.

             Il faut ensuite s’occuper des enfants plus grands, suivre leur travail de classe, mais aussi leur apprendre des règles à respecter, du fait qu’ils vont vivre en société. C’était autrefois davantage le rôle du père, qui était censé avoir davantage d’autorité. Ce n’étais pas forcément vrai et la mère devait parfois suppléer la déficience du père.
            Je pense qu’aujourd’hui, le père et la mère se partagent cette tâche. Mais il faut alors qu’ils se coordonnent pour avoir la même attitude vis à vis des demandes ou des bêtises des enfants. J’ai connu des familles où ce n’était pas le cas, où l’un permettait quand l’autre avait interdit, et les enfants, qui profitaient de ce désaccord, étaient insupportables.
             Cela ne signifie pas que la répartition des tâches doive être égalitaire ; l’important est l’accord entre les parents sur « qui fait quoi » et sur ce qu’on dit aux enfants.
             BIen sûr, non seulement la cohésion du couple est importante, mais aussi son entente à deux car j’ai vu beaucoup d’enfants souffrir de la mésentente et des disputes des parents, surtout en cas de divorce. 

              Etre parent aujourd’hui, c’est certes affirmer ses attentes et son vécu, mais aussi comprendre les attentes et le vécu du conjoint. C’est donner amour et affection, ainsi qu’un cadre éducatif, prendre soin de l’enfant, en donnant des règles claires et en réglant les conflits, enfin en montrant une cohésion qui garantit un contexte de développement stable pour l’enfant. C’est encore plus vrai dans la famille actuelle que dans la famille traditionnelle d’autrefois.

              Les chercheurs étudient aujourd’hui le comportement des « nouvelles familles » et le développement des enfants, qui sont pris en charge beaucoup plus tôt par des personnes externes , dans les crèches et les maternelles.
              Il faut reconnaître que certains parents, trop pris et fatigués par leur travail, se déchargent sur ces organismes de l’éducation de leurs enfants.
             Mais en dehors de ces cas, ou de problèmes de ressources financières (notamment pour les mères célibataires), les enfant sont aussi heureux et en général soignés et éduqués qu’autrefois.
             En particulier les enfants des familles recomposées ne souffrent pas particulièrement de cette situation, même si les parents s’occupent plus de leurs enfants propres que de ceux du conjoint.

             Et, n’en déplaise aux opposants au mariage pour tous, les études concernant les enfants de couples homoparentaux ne constatent pas de déficit qui serait venu de l’absence de l’un des sexes et des à-priori correspondants : une absence de père exposerait а un manque de discipline, alors qu’un défaut de mère conduirait а un manque d’affection.
              Il n’y a aucune différence concernant le comportement, l’éducation et la réussite scolaire, des enfants issus de familles homoparentales en comparaison аvec  des enfants issus de familles hétéroparentales.
             Par contre on constate souvent une répartition des tâches plus égalitaire chez les couples homosexuels.

            En ce qui concerne les familles monoparentales, majoritairement des mères seules, le facteur socioéconomique serait la cause principale des difficultés constatées, les séparations s’accompa-gnant en général d’une baisse du niveau de vie de chacun des anciens membres du couple : quand on compare des familles monoparentales et des familles « intactes » ayant des ressources socioéconomiques équivalentes, il n’apparaît aucune différence entre les enfants. 

            Finalement être parent c’est répondre à trois besoins fondamentaux de la famille : amour, et affection, éducation, apprentissage et règles de vie, enfin logistique, besoins physiologiques toit, nourriture distractions.
           En principe un adulte est capable de répondre à cela.
           L’important est le soutien et la cohésion « coparentale », quels que soient les membres de la famille, et même en cas de divorce, qui, de fait, ne change pas la nécessité de la collaboration avec l’ex-conjoint.
           Les seuls cas où j’ai vu des enfants malheureux, c'était lors de divorces conflictuels ou si leurs parents les maltraitaient ou des enfants harcelés hors de leur famille, mais c’est un autre problème.

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                 Je me souviens avoir lu des livres de psycho sur l’enfance quand mes enfants étaient jeunes, il y a 60 ans. Les psychologues pensaient alors que les bébés étaient uniquement préoccupés de leur apprentissage physique, limité aux expériences matérielles de chaque instant et ils les croyaient incapables de tout action, et de tout concept, par exemple de différencier le réel et l’imaginaire, d’appréhender des liens logiques notamment de cause à effet, d’imaginer des essais et de comprendre la pensée ou les actions d’autrui.
                C’est tout à fait faux et on sait maintenant que, si évidemment le bébé ne peut agir comme un adulte, il est quand même capable de capacités étonnantes.
                Certes l’observation est difficile car l’enfant a du mal à s’exprimer, à s’expliquer, mais le langage permet très tôt, par le sens mais aussi les intonations, de communiquer et d’essayer de comprendre. 
                Des études montrent par exemple, que les nourrissons, à partir du moment où ils sont capables d’observer leur environnement, mémorisent les « situations habituelles », qui en fait correspondent soit à des lois de la physique (la pesanteur par exemple), soit à des habitudes de vie quotidienne. Dès lors on les voit s’étonner et s’intéresser sur tout chose ou situation inhabituelle et nouvelle.
                Il est très important que les parents favorisent et initient cette curiosité intellectuelle du jeune enfant pour les choses nouvelles : c’est forger son imagination et son sens de l’observation et du raisonnement. Et tous les sens de l’enfant sont utilisés pour découvrir l’environnement.

                 Un enfant d’un an, a certaines réactions vis à vis de son environnement et il a des préférences des goûts. A cet âge, il pense que les adultes sont comme lui et il leur attribue ses propres envies et agit en conséquence.
                Un enfant de 18 mois comprend intuitivement que les personnes qu’ils connaît sont différentes et qu’elles ont des goûts différents, qu’elles ressentent du plaisir et de l’aversion, et il arrive à déchiffrer certaines expressions des visages et les imite pour essayer d’exprimer ses sentiments.
                Très tôt un enfant a une certaine intelligence émotionnelle intuitive : il sait détecter chez autrui certains sentiments : joie tristesse, colère, peur et leur intensité.
                 Des enfants de 3 ou 4 ans sont très capables d’enchaîner des relations de cause à effet et de déduire par apprentissage, comment faire fonctionner une « machine » dont le fonctionnement dépend de commandes logiques. Ils arrivent notamment à tenir compte de fréquences de fonctionnement pour orienter leurs essais, ce qui après tout constitue de la statistique expérimentale intuitive.
                En fait ils font des essais, examinent les conséquences de leurs actes, tirent des conclusions de cause à effet qui peuvent reposer sur des fréquences de fonctionnement plus grandes. C’est intuitif, ce n’est certes pas le raisonnement du chercheur adulte, mais c’est une formation de première importance pour le fonctionnement rationnel du cerveau              
                 Mais il ne faut pas vouloir tout leur montrer, leur donner du savoir complet, Il faut les aider sur les méthodes d’approche, mais il faut les laisser découvrir comment cela fonctionne. Un enfant auquel on explique trop sera moins créatif. Certes il y aura des erreurs, mais c’est leur souvenir qui donne de l’expérience.
                L’enfant de deux ans, voire trois, choisira une collection d’objets moins nombreux plus espacés selon une ligne plus longue, plutôt qu’un plus grand nombre d’objets resserrés. Même s’il ne sait pas compter mais qu’on lui montre les deux lignes d’objets en leur donnant le même espacement, il comprendra vite son erreur.
                Il est étonnant de constater qu’à six mois un enfant sait différencier 1 et 2 et intuitivement comprend que 1+1 = 2 et 1-1 = 0 pas mathématiquement, mais avec des objets : c’est une intuition des présences. Il arrivera rapidement entre un an et 18 mois à recon-naître des quantités jusqu’à 5 (les doigts de la main).
                Et il arrive que devant une machine bizarre  et inconnue, mais pas trop compliquée,  des enfants trouvent plus vite que des adultes, trop enfermés dans des règles de fonction-nement habituel.
                En fait le cortex frontal inhibe e les pensées et actions non pertinentes. Il est encore peu actif chez les jeunes enfants. C’est un inconvénient car ils mesurent moins les conséquences de leurs actes, mais c’est un avantage pour découvrir le monde et son apprentissage.
                A nous de les protéger et de les aider dans cette découverte qui va commencer à les rendre intelligents.
               Et ce qui est très extraordinaire c’est de constater entre un an et 18 mois comme des bribes de langage sont créées pour exprimer des phénomènes que l’enfant a découvert et compris.

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