• Victimes d'agressions.

         Le journal télévisé parle tous les jours d'agressions, certaines venant de terroristes, d'autres de personnes psychologiquement malades, mais pour beaucoup de personnes qui ne savent pas se maîtriser.
         Il m’est arrivé d’essayer d’aider des personnes qui avaient été agressées.
         Certaines s’étonnaient et se reprochaient de ne pas d’être défendues davantage. Pourquoi n'ai-je pas crié? Pourquoi ne me suis-je pas débattue?
        On se demande souvent pourquoi la victime a l’air amorphe et ne réagit pas, comme si c’était une autre qui était concernée.
        Il faut savoir qu’une agression, même si au plan physique on n’a pas souffert, est très éprouvante au plan psychologique. Or le cerveau a des mécanismes de défense qui peuvent parfois paraître bizarres, mais sont destinés à vous protéger, et qu’on ne connaît pas si on n’a pas vécu un même traumatisme, ou si on n’a pas lu les études correspondantes.

        D’abord, face à un danger les centres amygdaliens de notre cerveau, dont j’ai souvent déjà parlé, réagissent pour essayer de nous faire réagir au mieux.
        Ils augmentent le rythme cardiaque et la pression artérielle, accélèrent la respiration et mobilisent les réserve de glycogène, pour permettre éventuellement le combat ou la fuite. Mais la réaction qui suit n’est pas automatique : cela peut être la lutte, la fuite ou la sidération.
        Certains réagissent violemment à l’agression et se défendent becs et ongles, mais ce n’est pas forcément la meilleure solution s’ils ont affaire à quelqu’un de violent et brutal.
        Beaucoup essaient de fuir, mais ne le peuvent pas toujours
        Mais dans certains cas, l'agresseur qui isole et terrorise la victime va créer chez elle un sentiment de frayeur panique, de perte de repères, voire de danger pour sa vie qui la paralysent. Le cerveau disjoncte en quelque sorte et les centres amygdaliens sont seuls à réagir, le cerveau émotionnel est submergé et il n’y a plus communication avec le cortex préfrontal, qui ne peut plus réfléchir, le stress est extrême et vous paralyse.
        C’est normal dans ce cas de ne pas réagir, on n’y peut rien. Le cortex préfrontal ne peut plus donner d’ordres au centres moteurs qui animent notre corps.
        Cette sidération peut aussi intervenir sur des témoins d’une agression ou d’un accident, dont la vue a provoqué un blocage, les empêchant d’agir et de secourir les victimes.

        Un deuxième mécanisme de survie psychologique, mais cette fois post traumatique, empêche de réagir après l’agression (ou un accident). La victime est apathique, ne semble pas réaliser ce qui s’est passé ou ne semble pas se sentir concernée, comme si l’agression concernait une autre personne et qu’elle n’était qu’une simple spectatrice.
        Les psychologues appellent cela un mécanisme de dissociation : c’est une sorte de déconnexion émotionnelle. C’est une sorte d’anesthésie du cerveau émotionnel, qui ne réagit plus normalement, et n’envoie plus de signaux au cortex frontal, qui donc reste amorphe, au repos. C’est en fait un blocage inconscient et réflexe, qui est destiné à diminuer le stress post-traumatique, et à protéger le cerveau et le psychisme.
        Evidemment les autres personnes qui ont des réaction, d’aide, de secours ou d’empathie trouvent que cette réaction n’est pas normale.
        Des médecins ou des policiers peu expérimentés peuvent croire que l'agression est anodine, voire inexistante, puisque la victime semble si bien la supporter., alors que c'est au contraire, parce que l'agression est insoutenable, que la dissociation se produit.
        L’alcool ou le cannabis que certaines victimes prennent pour se calmer, augmentent  leur déconnexion émotionnelle.

        Un troisième mécanisme est celui d’évitement. La victime change de vie, évite toutes les occupations qu’elle avait avant l’agression, voire ignore les personnes qu’elle connaissait.
        Là, il ne s ‘agit pas d’une mesure de protection, mais d’un blocage post-traumatique. Cette conduite risque au contraire d’isoler la victime, de la faire ruminer sur ce qui lui est arrivé, bref d’augmenter son stress. Ce repli sur soi-même aggrave en général le choc psychologique.
        C’est la raison pour laquelle les psychologues essaient au contraire de faire s’exprimer la victime, qu’elle raconte en mots ou en dessins son agression et ce qu’elle ressent. Il faut d’une part la sortir de son isolement, et il faut d’autre part essayer de décompresser le cerveau émotionnel et de vider le plus possible la mémoire des souvenirs traumatisants qui reviennent en boucle. C’est un peu comme faire son deuil après la perte d’un être cher.

        Un autre écueil est la sensation de culpabilité de la personne, alors qu’elle est victime, dont les remords et les regrets viennent empoisonner la vie. Cela va parfois jusqu’à croire qu’on a provoqué l’agresseur et qu’on est en partie responsable de sa propre agression.

        Les proches des victimes sont souvent dépassés par une telle situation et j’ai connu des personnes qui me demandaient que faire
        Contrairement à ce que l’on croit il ne faut pas éviter de parler de l’agression. Il faut au contraire essayer de faire dire à la victime ce qu’elle ressent, mais prudemment, en la rassurant et en ne la pressant pas, surtout en évitant la curiosité. Il faut essayer de s’en tenir au départ aux faits généraux, en faisant appel d’abord à la raison, de gagner sa confiance, et on pourra alors parler davantage de détails et sentiments et émotions.
        Il faut parfois ne pas chercher à connaître l’auteur de l’agression, si la victime ne veut pas dénoncer un proche. Il faut surtout éviter tout jugement. Il faut encourager la personne, qu’elle sente que l’on est à coté d’elle pour l’aider.
        Il faut surtout ne pas banaliser son agression, ne pas lui dire que ce n’est rien, mais au contraire, reconnaître l’horreur de ce qu’elle a subi.
        Il faut être patient, écouter, essayer de comprendre ce qu’elle ressent et ne pas l’analyser avec son propre ressenti, qui est celui de quelqu’un qui n’a pas subi le choc de l’agression.
        Il faut essayer de sortir la victime de son passé; l’orienter versl’avenir, ne pas lui parler que de son malheur, mais partager avec elle des échanges sur d’autres sujets : travail, cinéma musique sports ….
        Mais il faut se dire que gagner la confiance de quelqu’un pred parfois plusieurs semaines et qu’un choc traumatique peut durer des mois.
        Si aucune amélioration ne se produit, il ne faut pas hésiter à conseiller de voir un médecin, car des médicaments peuvent pendant une durée limitée aider à réparer les blessures (un peu comme un plâtre aide l’os à se réparer).
     
     

     

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  • La religion engendre t'elle la violence.

       J'ai entendu , il y a quelques jours à la télévision, un homme politique qui voulait prouver que les religions, (surtout celles des étrangers), engendraient systématiquement la violence.
       Ses propos m'ont parus très réducteurs, car  évidemment les exemples où religion et violence sont mêlés ne manquent pas dans l'histoire du monde, et notamment en France, mais ce n'est pas une raison suffisante pour conclure que l'une engendre automatiquement l'autre
       Alors malgré ma réticence à parler de religion, car je respecte toute croyance dans ce domaine, bien que je ne sois pas croyant, et je ne voudrais pas choquer par mes propos, je pense que ce sujet vaut quand même la peine d’être soumis à la discussion.

       Dans la Bible, la violence est exercée au nom de Dieu. Il suffit d’ouvrir le livre de Josué pour voir mis en oeuvre, au nom de Dieu, ce qui est un génocide. N’échappent à la mort que ceux qui savent ruser ou qui sont assez forts pour résister à la conquête.
        Ayant comme vous appris l’histoire de France en classe, j’ai effectivement constaté que la religion pouvait engendrer la violence : persécution des premiers chrétiens, croisades contre les infidèles, guerre et tueries entre catholiques et protestants, mise à l’index de savants qui avaient des idées trop révolutionnaires par rapport à l’Eglise (Galilée, Darwin...).
        L’histoire des pays étrangers n’est pas plus sereine : Inquisition en Espagne, persécution des juifs en Allemagne...
        L’actualité est presque pire : extrémistes arabes, conflit israélo-palestinien, génocides en Afrique, oppositions chiites-sunnites au Moyen orient....
        C’est vrai que la religion semble susciter bien des catastrophes.
        On peut tout de même se demander si elle ne sert pas de prétexte. Dans la plupart des cas, il s’agit de luttes pour le pouvoir ou pour l’appropriation de richesses. Souvent une partie de la population, une ethnie, les pratiquants d’une variante de la religion, sont opprimés par ceux qui détiennent le pouvoir.
        La religion est alors soit un prétexte pour avoir bonne conscience et ne pas encourir les reproches pour des motivations beaucoup moins nobles, soit un moyen de fanatiser des combattants.

        Cependant j’ai lu quelques études où la question était posée de savoir si de vrais croyants religieux pouvaient devenir suffisamment fanatiques pour en arriver à l’utilisation de la violence. Je vais essayer de résumer ce que je crois avoir compris.

            Religion et autoritarisme :

        La prétention de toute religion à être la seule à détenir la vérité,  l'idée d'une supériorité par rapport aux autres religions sont des éléments qui peuvent entraîner la présence, au sein des religions, d'une violence au moins symbolique, par exemple un discours dévalorisant envers les « infidèles », qui peut le cas échéant se traduire en actes (discrimination, exclusion), voire en violence physique (vandalisme, assassinats).
        Plusieurs études ont montré que la tendance à être fondamentaliste dans sa foi s'accompagne souvent d'attitudes discriminatoires telles que le racisme, la xénophobie, l'homophobie, le sexisme et l'hostilité symbolique envers des personnes ne partageant pas les mêmes valeurs  ou qui diffèrent dans leurs convictions religieuses, qu'il s'agisse d'adeptes d'une autre religion ou de non-croyants.
        Dans plusieurs de ces études, les chercheurs ont tenté de comprendre si l'effet observé était dû à la tendance fondamentaliste des participants, ou à leur structure de personnalité dite « de type autoritariste ».
        Ces études ont montré que si l'on isole altemativement I'effet de l'autoritarisme et l'effet du fondamentalisme sur les préjugés et la discrimination, c'est Ia structure autoritaire qui se révèle être Ia cause des attitudes discriminatoires et non le fondamentalisme. Certains résultats laissent même penser que la religiosité des fondamentalistes serait même un
    frein aux conséquences de leur autoritarisme.
        Il ne faut pas conclure trop vite que la religion en soi n'y est pour rien et que Ia vraie cause de la violence se situe au niveau de la personnalité et du profil autoritariste. Des personnes avec une structure autoritaire semblent trouver leur compte au sein d'une religion, trouvant là des idées, des croyances, des rites, des règles morales et une dyramique communautaire qui semblent correspondre à leurs besoins et leurs attentes.
        La personne autoritaire n’est d’ailleurs pas forcément agressive : I'agression autoritaire ne se dirige vers des cibles externes lorsque celles-ci sont signalées comme dangereuses par les autorités reconnues du sujet autoritariste. 0n peut ainsi comprendre comment des croyants (quelle que soit leur religion) se trouvent un jour mêlés à des actes de violence, y compris physique, dès lors que des autorités (leader, prêtre, textes, théologies) leur assure une légitimité morale, alors que la plupart des religions ont aussi, en général, un message d’amour envers les autres hommes et une interdiction de la violence..

            Religion et altruisme

        A l’inverse, de nombreuses recherches montrent que l’idée selon laquelle Ia religion favoriserait l’altruisme et la préoccupation du sort des autres est relativement vraie : les croyants tendent à se percevoir comme étant altruistes, prêts à aider, chaleureux et peu distants, et à donner une grande importance à la bienveillance, et leur entourage valide ce jugement.
        On constate d’ailleurs que ce n’est pas une simple apparence mais qu’ils mettent en pratique des comportements prosociaux
        Certains pour expliquer si la religion est facteur d'amour ou de haine, de paix ou de guerre distinguent croyants fondamentalistes et croyants ouverts : les uns seraient des durs dangereux, les autres des modérés, flexibles et amoureux de la paix sociale.
        Les études ne confirment pas cette thèse et les psychologues se sont plutôt orientés vers la recherche de ce qui, au sein même de la religion, représente une logique commune aux deux réalités, prosocialité et violence.
        L'impact positif de la religion sur la qualité prosociale des personnes est plus grand lorsque les bénéficiaires de Ieur aide sont des proches ou des semblables ; il devient quasi inexistant lorsqu'il s'agit d'inconnus ; et iI se transforme en discrimination et en violence dès qu'il s'agit d'interagir avec une personne perçue comme menaçant ses valeurs et ses convictions.

        Finalement les psychologues pensent que la religion (quelle qu’elle soit), est au sein de ses membres un facteur important de coopération, d’aide, d’altruisme et donc de cohésion . Mais cet aspect qu’ils dénomment “coalitionnel” devient alors, aux frontières avec d’autres “entités de coalition (autres religions, civilisations, ethnies...et athéisme) un facteur de séparation, d’exclusion, voire de violence et de persécution.
        C’est en définitive l’intransigeance des croyances et des valeurs, associée à la forte cohésion au sein des fidèles du fait de leur altruisme, qui pourrait être à l’origine de la violence.
     
     

     

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  • Données sur  la délinquance de jeunes

              Mes articles sur la violence et les jeunes, et aussi d'anciens articles sur la délinquance et le fait qu'elle n'est pas innée, m'ont valu quelques mails.

              Un de mes correspondants me fait une réflexion qui me paraît réductrice, me disant que  les exactions dans les cités étaient surtout dues à des communautés mal intégrées. C’est en partie vrai, car effectivement nous n’avons pas su les intégrer comme on arrivait à le faire il y a 40 ans et nous avons créé des ghettos qui nuisent à l’intégration.
              Mais si l’on prend la délinquance globale, tous âges compris, la majorité des délinquants n’est pas issue d’immigrés. Et dans le cas particulier de la drogue, il y a davantage de délinquants issus de familles aisées.

              Je n'ai pas fait d'étude particulière sur ce sujet, aussi je me contenterai de citer François Xavier Robert, chercheur au CNRS, qui s'est penché sur ce problème :

              Une affirmation étonnante qui n’est certainement pas mondialement vraie mais semble spécifique des sociétés occidentales :

    “... La criminalité n’est pas une conséquence de la pauvreté. Au contraire, plus une société est riche, plus elle est criminogène, parce que les tentations et les cibles sont plus nombreuses et plus vulnérables....
    ... Autre constat : plus tôt on commet un petit délit, plus on a de chances d’en commettre rapidement un grave... Mais on constate que le délinquant apprend très vite à faire un calcul coût/avantages avant de commettre un délit....
    ....Dans une large mesure, l’occasion fait le larron. Une société, qui multiplie les tentations, mais qui est vulnérable, incapable de se défendre, explique largement l’explosion de la délinquance. Il est frappant de constater que les cambriolages chauds (en présence des habitants) sont beaucoup plus rares dans les pays où la détention d’armes est courante (USA). De plus, les cibles protégées et défendues sont moins souvent la cible des délinquants : ceux-ci adaptent leur comportement aux risques. Plus une cible est aisée, accessible et vulnérable, plus elle attire la délinquance. Et curieusement, plus il y a de cibles vulnérables, plus on assiste à de la violence et des homicides.........Pour les jeunes délinquants, celui qui est incapable de réagir est un faible et suscite le mépris. Il semble que le fait de ne pas résister au vol ne protège pas de la violence, mais au contraire la suscite !...”

               Autre information qui me parait évidente de nos jours :

    “.... Le critère le plus significatif en matière de délinquance est le sexe. Les garçons sont beaucoup plus délinquants que les filles. Ce constat ne date pas d’aujourd’hui. Et en ce qui concerne les jeunes, chaque âge se caractérise par un type déterminé de criminalité. ....”

              L’auteur fait apparaître une certaine concentration des risques :

    “.....5% des familles sont responsables de 50% des petits délits, 86% des délits graves et 95% des trafics. Ces 5% ne semblent pas particulièrement détectés par la police. Ils refusent d’autant plus de travailler que la délinquance leurs procure d’autres ressources, plus importantes et moins astreignantes : le travail salarié rapporte trop peu, il est contraignant, oblige à avoir un patron et est une entrave au goût du risque. Ces jeunes sont souvent motivés par le goût du risque et l’agressivité pure....”

              L’urbanisation semble un facteur prépondérant :

        “.... Le taux d’urbanisation est clairement un facteur de délinquance.
    Ce qui détermine avant tout le taux de délits en Europe est la croissance des villes : Elle procure les cibles et engendre la disparition du tiers protecteur par l’anonymat. Il existe également un lien avec le taux de chômage et de ségrégation spatiale (ghettoïsation). L’urbanisme, l’inactivité et la ghettoïsation font apparaître une « culture de rue » propice à des motivations délinquantes. « La pauvreté est rurale et la délinquance est urbaine »
    Le taux de scolarisation n’a eu aucune influence sur l’activité délictuelle. Par contre le fait de fréquenter des ZEP (zones d’éducation prioritaire dans les quartiers défavorisés)  joue un rôle indiscutable....
    ...Le fait de vivre dans une société anonyme et urbaine, le manque de contrôle social, et notamment la passivité des témoins potentiels favorise également la délinquance : le taux de réaction de la plupart des témoins d’un délit est proche de zéro...Les témoins qui ne sont ni des proches ni des victimes pensent n’avoir aucune légitimité pour agir.
    Enfin, le succès encourage à agir : le fait de réussir ses délits sans problème incite à l’escalade, et à se surpasser.”

              Comme nous le savons tous les facteurs familiaux sont très importants, mais je ne connaissais pas certains détails :

    “...Le statut social des parents ne semble guère jouer de rôle dans l’émergence de la violence....
    ... 70% des jeunes délinquants sont issus de familles « fraîchement installées ». La « mobilité » agit négativement sur la cohésion familiale, de voisinage et sur le parcours scolaire.
    Il y a un lien clair entre la structure familiale et les comportements à risque. Les facteurs de délinquance liés à la situation familiale sont les suivants :
              1.      les familles éclatées (divorces, séparation) ou monoparentales connaissent plus de délits que les familles unies ou les familles où un des parents est décédé. Le plus mauvais cas de figure est celui où les enfants sont élevés par le père sans la mère. Le décès d’un parent est beaucoup moins significatif que la séparation ou le divorce, en particulier lorsque ceux-ci interviennent avant que l’enfant atteigne l’âge de 4 ans.
              2.      Le nombre d’enfants au sein de la famille influence fortement la délinquance. 58% des enfants placés par le juge sont issus de familles de 4 enfants et plus. A partir de 3 enfants, le taux de délinquance augmente de manière significative. La délinquance des jeunes est en outre influencée par celle des autres frères.
              3.      Le niveau de supervision des parents et le climat au sein de la famille sont importants. Les parents sont le principal acteur de la socialisation des enfants. Le facteur le plus décisif est la manière dont les parents veillent sur leurs enfants, et particulièrement avant l’âge de 5 ans. Le modèle d’éducation autoritaire ne diminue pas le risque de délinquance, au contraire. Une supervision forte, constante et stable, dans un bon climat affectif semble donner les meilleurs résultats éducatifs.
              4.      Les mauvais parents ou les parents condamnés sont un facteur de délinquance....
    La famille cesse d’être un lieu d’exercice de l’autorité. Les enfants ne font plus confiance à la légitimité des règles héritées. L’esprit de liberté prend le pas sur l’obéissance et les règles de vie sociale. L’individualisme se traduit par une révolte des individus contre la hiérarchie au nom de l’égalité et par une dénonciation des traditions au nom de la liberté. ...Les notions de bien et de mal, d’acte légal et d’interdit sont sujettes à caution. Il semble qu’à peine un quart des Européens disposeraient encore de principes sûrs pour distinguer le bien du mal.
    Plus on fait partie d’une génération récente, plus grande est l’aversion pour l’effort et la discipline. Plus on juge que c’est à l’individu lui-même de définir ses propres règles.
    ...De nombreux jeunes ne considèrent pas qu’il est mal de voler, surtout si la victime n’est pas identifiée (supermarché, collectivité…).
    Beaucoup de jeunes mesurent la gravité d’un acte au risque couru à l’accomplir. Ce ne serait pas le fait de commettre un délit qui serait grave, mais le fait d’être pris !...”

              L’auteur aborde d’ailleurs aussi le problème bien connu de la drogue et de l’alcool :

    “...User de drogues et d’alcool n’aide pas à la réussite scolaire : on travaille moins, l’intérêt pour les études diminue, le nombre de punitions augmente et les résultats se détériorent. La drogue et l’alcool sont des manières d’échapper à la réalité. Ils sont clairement un facteur de criminalité, notamment par la déresponsabilisation qu’ils génèrent. Pourtant la tolérance à l’égard des psychotropes (drogues) est plus grande dans les classes aisées....”

         Mais son étude dit aussi dans sa conclusion :

    “ ... Beaucoup de jeunes considèrent que ce serait une bonne chose de respecter davantage l’autorité. ...”

     

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    La violence des jeunes dans la rue

                Les exactions autour des lieux d'enseignements ne sont qu'une partie de la violence. Celle dont les médias parlent le plus, c'est la violence dans la rue, les batailles rangées, les voitures brûlées, les vitrines cassées et les magasins pillésles attaques de médecins, de pompiers, de policiers.de violences qui s’étaient produites dans la rue, non loin de son quartier.
                Mais la plupart des jeunes ne feraient jamais cela et en général ls disent ne pas comprendre la motivation des jeunes qui en sont les acteurs.

               J’ai pensé que cela pouvait être un sujet intéressant à discuter sur ce blog.

                La première réflexion c’est pourquoi font ils cela puisque moi je ne le ferais jamais !
               il faut se demander quelle est leur mentalité, quelles sont leurs raisons.


                Pourquoi donc n’auriez vous jamais commis de tels actes ?
                J'en parlais dans mon précédent article, dans mon cas personnel.

                Parce que vous avez conscience qu’il s’agit de choses graves, contre la loi, mais aussi contre vos principes moraux de conduite.
                A l’origine, nous avons dans nos gênes un certains nombre de règles de conduite qui proviennent de l’histoire de nos ancêtres et de la sélection naturelle (peut être avez vous entendu parler de Darwin). Il y a aussi dans ce que nous apprenons dans notre enfance un certain nombre de principes et de préjugés, qui proviennent de notre culture ethnique. C'est ce que CG Jung a appellé le premier,  les  “archétypes” au début du 20ème siècle.
                Mais la plupart de nos règles de conduite résultent de ce que nous ont appris nos parents, et quelques professeurs : enseignement religieux pour les uns, règles morales pour les autres, cours de civisme et de philosophie en classe.
                Il y a aussi ce qui résulte de nos lectures, de nos réflexions et de nos conversations et cela d’autant plus que notre expérience grandit avec l’âge (en principe !!!).
                L’ensemble de ces règles est appelé par les psys le “sur-moi”. C'est Freud qui a le premier, utilisé ce terme.
               Ces jeunes violents ont souvent un surmoi lacunaire à cause d'une absence d'éducation parentale, du coup, ils trouvent dans les gangs de rue par exemple, une manière de combler leur manque de valeurs, puisqu'ils adoptent alors les valeurs du groupe, qui reflètent bien souvent le surmoi du "chef"
                Alors oui, vous ne feriez pas cela, mais grâce à l’éducation de vos parents, à l’instruction que vous avez reçue par ailleurs et à la culture que vous avez pu acquérir. Chacun de nous a ainsi une conscience de ce qu’il doit ou ne doit pas faire, conscience à laquelle il n’obéit pas toujours, d’ailleurs, mais quand il est allé contre ses principes, il le sait parfaitement.
                Par ailleurs, quelles que soient les dispositions innées de votre cerveau,  l’instruction que vous recevez, développe votre intelligence et votre capacité de raisonnement.

                Alors supposez maintenant que vous soyez dans une famille où le père est parti, où la mère doit travailler (si elle n’est pas au chômage !), et n’a guère le temps de s’occuper de ses enfants, souvent nombreux; une mère qui n’a qu’un instruction modeste et n’a pas l’habitude de l’autorité, ni de la diplomatie.
                La famille vit dans un logement très étroit, les enfants, lorsqu’ils sont ados et donc naturellement en opposition aux parents, passent leur temps dans la rue, ont des fréquentations souvent peu recommandables, n’ont ni l’envie ni des conditions favorables pour travailler, et sèchent de plus en plus l’école, ce qui aggrave encore leur échec scolaire et empêche leur intelligence de se développer.
                Alors croyez vous que ces jeunes ont pu, comme vous, apprendre des règles de conduite et se forger ainsi une conscience.?
                Les filles, dans la mesure où elles sont davantage à la maison, ont plus de courage pour travailler et ont compris que les études sont le seul moyen de s’en sortir, réussissent  à ne pas tomber, pour la plupart, dans cette extrémité.
                Mais les garçons n’ont pas su développer leur intelligence et leur esprit critique; ils sont donc très influençables, prêts à croire n’importe quoi et à suivre n’importe qui, et tirent leurs règles morales de la rue, et malheureusement des rencontres qu’ils y font.
                En outre dans un environnement de chômage et de misère, ils vivent dans un climat de débrouillardise, voire de délinquance, pour pouvoir survivre.
                Ces jeunes (et moins jeunes), il faut que nous l’acceptions, n’ont ni les mêmes règles morales, ni le même esprit critique que nous.
                J’ai eu l’occasion, il y a une quinzaine d'années de rencontrer des jeunes de la DASS, qui avaient connu de telles conditions familiales et qui pourtant étaient de braves jeunes, qui auraient pu, dans un contexte différent, être comme vous et moi. Mais le handicap à remonter est très important, et je ne pouvais pas discuter avec eux, de la même manière que je discuterais avec vous. Il faut que je me place dans un autre univers !

                Cela ne veut pas dire que j’approuve ou j’excuse ces violences, mais je cherche à comprendre ces jeunes et  il me semble nécessaire, au delà de leur conduite, de s’interroger sur leurs motivations.
                Ils peuvent obéir à des pulsions très différentes des nôtres.    

                Les plus jeunes vont voir dans l’affrontement avec la police, dans ce jeu de cache cache, et même dans l’incendie de voitures, une espèce de jeu, de défi, de façon de manifester leur indépendance, et aussi de faire parler d’eux.
                Leurs héros sont souvent ceux des films de violence américains, de séries télévisées ou de jeux sur ordinateur. Cet affrontement est comme un jeu de combat, où il faut se montrer le plus fort, où l’on passe à la télé et  l’on montre aux copains (ou à la bande rivale d’un autre quartier), qu’on est plus fort qu’eux.; et c’est l’engrenage de faire “mieux” que le voisin (notamment de brûler davantage de voitures !).
                Dans certains cas, cette violence ludique est canalisée et exploitée par d’autres, peu recommandables et volontairement malfaisants (les voitures qui alimentaient systématiquement les jeunes en cocktails molotov, n’étaient pas conduites par des jeunes!).

                Pour certains de ces jeunes, un peu plus âgés, le climat social est une cause de révolte.
    J'ai essayé, il y a 20 ans, d’apporter dans mes activités bénévoles, une aide à des chômeurs pour qu’ils trouvent du travail. Je me suis rendu compte de la difficulté qu’ont certains d’entre eux à pouvoir s’en sortir, parce que leur niveau d’instruction est faible, mais aussi parce qu’ils ont un nom à consonnance étrangère, ou sont noirs de peau, ou ont une adresse ou des coordonnées scolaires, qui les font considérer comme peu recommandables.
                Au bout d’un certain temps, si malgré tous vos efforts, rien n’aboutit, non seulement vous vous découragez, mais vous finissez par avoir une aversion, une haine pour la société qui vous entoure et pour ses représentants.
                Les gens que j’ai aidés n’auraient pas eu recours à la violence, mais ces paroles amères, je les ai souvent entendues.
               Alors ces jeunes, ne pouvant pas posséder ce à quoi tous le monde aspire, subissent comme tous, le matraquage médiatique et la course vers un bonheur vain qui en résulte, mis ainsi à l'écart de la société. Une frustration se met en place, et s'exprime non pas par les mots mais par la violence.
        
                Un autre phénomène est l’entraînement du groupe. Seul on ne ferait sans doute pas de telles bêtises. Mais en groupe, il y en a toujours un qui, pour faire le malin, propose une ânerie et on ne veut pas avoir l’air de se dégonfler devant les autres et on fait tous ensemble, cette ânerie.
                Et puis en groupe on se sent plus fort, on s’encourage, on délire, on s’éclate ensemble et on oublie que le sujet du délire est une énorme bêtise et un délit.
                L’alcool et la drogue font aussi parfois oublier la raison.

                Enfin des provocateurs ont appris des techniques de manipulation de groupes, pour les empêcher de réfléchir et pour focaliser leur attention sur des incidents affectifs et des rumeurs subjectives et en général inexactes.

                Il y a sûrement bien d’autres raisons à ces incidents, mais il faudrait aller sur place, discuter avec les jeunes en cause, pour se faire une opinion plus exacte de leurs préoccupations et de leur mentalité lors de ces incidents.

                Certes, ceci n’est pas une raison pour ne pas appliquer la loi, mais il faut expliquer à ces jeunes pourquoi et ne pas s’étonner qu’ils ne comprennent pas la sanction qui va être prise contre eux. Et un simple séjour en prison n’apportera sans doute rien de bon et risque de les faire basculer encore plus dans la révolte et la délinquance, voire de terrorisme.
                Il faudrait les prendre en main et refaire entièrement leur éducation : tâche longue et ardue, car il faut arriver à les convaincre de collaborer à cette opération et ce n’est pas la moindre des difficultés.

     

     

     

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    La violence des jeunes autour de l'école

     
               Je suis, inquiet voire horrifié et je me pose beaucoup de questions quand j'entends les médias parler des incivilités des élèves vis à vis de leurs professeurs, voire d'agressions physiques comme celle du jeune qui a menacé son professeur avec une arme, pour qu'elle supprime une mauvaise note..
                Pire encore on apprend souvent qu'un(e) jeune élève s'est fait blesser grièvement, voire tuer, par l'un de ses camarades.          
                Il y a aussi toutes les agressions sexuelles et celles aussi dont on ne parle pas.
                C'est une situation que je n'ai jamais connue à l'école , mais c'était il y a 80 ans et nous respections nos professeurs (et nos parents les respectaient aussi et approuvaient les rares punitions que nous récoltions, car elles étaient justifiées).
                Comment les jeunes peuvent ils être devenus ainsi, aussi violents et inconscients?           
                Car certes il faut plaindre avant tout la victime et sa famille, mais le meurtrier gâche également sa vie à jamais, ne serait ce que parce qu'il va faire des années de prison. Comment être assez inconscient et fou pour en arriver là.?           
                De plus, les motifs invoqués pour des actes aussi graves sont parfois futiles, (comme un "mauvais regard"). Là on ne comprend plus !            
     
                C'est vrai que pour quelqu'un de vieux comme moi, c'est incompréhensible.
                J'ai pourtant connu la guerre, où la violence et la mort étaient le lot quotidien, mais entre adultes et pour des raisons politiques. Ce n'était pas mieux, mais justement, peut être en avons nous compris quel était le prix de la vie et aussi celui de la souffrance.                                                           
                Pour moi, agresser volontairement et dangereusement quelqu'un, est non seulement un délit, mais c'est une atteinte à une autre personne, qui est la même chose que moi.            
                Bien sûr si on m'attaquait, si on violentait ma famille, je me défendrais et peut être blesserais-je l'agresseur, sous le coup de l'émotion et de l'action. Mais je ne me vois en aucun cas agresser quelqu'un par une vague idée de vengeance ou de vexation, ou de présumée insulte ou parce que mapetite amie m'a plaqué.           
                Rien que le fait de la réciprocité, de ce que je n'aimerais pas qu'il m'arrive dans le cas inverse, me retiendrait de faire ces horreurs.           
                Je sais que le cerveau préfrontal des jeunes n'est pas mature, et que donc ils ont du mal à imaginer les conséquences de leurs actes. Je comprends donc que, dans le feu d'une dispute, un coup de poing au mauvais endroit, une chute malencontreuse, puisse entraîner des blessures graves, sans que l'auteur ait pensé à cette conséquence.
                Mais emmener un couteau ou une arme à feu, pour agresser quelqu'un, c'est de l'assassinat avec préméditation à la clé ! La dimension de l'acte est tout autre.

                Il faut l'admettre, la violence des jeunes est l’une des formes de violence les plus visibles (on estime que le nombre de morts est de l'ordre de 200 000 par an dans le monde). Les agressions, mortelles ou non, perpétrées par les jeunes contribuent fortement dans le monde entier au nombre total de décès prématurés, de traumatismes et d’incapacités.
                Cette violence entraîne des préjudices graves non seulement pour les victimes, mais aussi pour les familles, les amis et les communautés.           
                Il y a des liens étroits entre la violence des jeunes et d’autres formes de violence. Les jeunes violents commettent fréquemment toute une série de délits et manifestent d’autres problèmes sociaux et psychologiques.           
                Les combats physiques et les brimades ou harcèlement sont aussi plus fréquents chez les jeunes. Une étude, portant sur les enfants en âge scolaire dans 27 pays, a établi que la majorité des jeunes de 13 ans, dans la plupart des pays de l’étude, avaient exercé des brimades ou harcelé autrui au moins de temps en temps.
                
                Des études ont été faites sur les facteurs de risque de telles violences et les facteurs que je vais citer sont extrait d'une étude de l'Organisation Mondiale de la Santé : 
                           
                • Il y a forcément d'abord des facteurs individuels :           
                            - l’hyperactivité
                            - l’impulsivité
                            - une maîtrise insuffisante de soi
                            - des problèmes d’attention
                            - des antécédents de comportement agressif
                            - un faible niveau d’éducation. Il ne faut pas oublier que l'enfant naît avec un cerveau presque vierge et que c'est l'éducation et l'instruction qui développent l'intelligence, la logique et le bon sens
                            .- une absence de règles et là encore l'éducation est en cause.  
                          
                • Il y a ensuite des facteurs familiaux :
                           
    - un encadrement insuffisant des enfants par les parents, des châtiments corporels durs pour discipliner les enfants;
                            - des conflits entre les parents pendant la petite enfance;
                            - un attachement insuffisant entre les parents et les enfants;
                            - une mère ayant eu son premier enfant trop jeune et qui ne peut le contrôler
                            - la séparation ou le divorce des parents à un jeune âge;
                            - une faible cohésion de la famille;
                            - un niveau socio-économique faible;
                            - la fréquentation de camarades délinquants. 

                Mais il y a aussi des facteurs sociaux culturels, voire politiques :
                           
    - les bandes et un approvisionnement local en armes ou en drogues;
                            - la faiblesse des liens sociaux dans la communauté;
                            - l’administration du pays, sa législation et les moyens mis en oeuvre pour l’appliquer, ainsi que sa politique sociale;
                            - l’inégalité des revenus, l’évolution rapide de la démographie, et l'urbanisation conduisant parfois à des ghettos;
                            - les sociétés qui ne proposent pas de solutions non violentes pour résoudre les conflits semblent connaître une fréquence plus élevée de la violence chez les jeunes.                 
     
               Il est certain que les méthodes que l'on propose reposent en général sur l'éducation, mais que certains parents son défaillants, et que justement les violences de jeunes ont souvent lieu à l'école, lieu d'instruction.                   
                L'un des problèmes est évidemment de prévenir ces violences par l'action sur tous, mais peut être aussi sur ceux dont les professeurs ou les parents pourraient détecter à temps, la tendance à la violence.  

              Arès-demain je parlerai de la violence dans les rues 
     
     

     

     

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