• Psychologie, comportement

              

  •  

    Le pouvoir a des influences néfastes sur notre comportement.Le pouvoir a des influences néfastes sur notre comportement.Le pouvoir a des influences néfastes sur notre comportement.

             Quand j’étais jeune, certes, les dictateurs existaient déjà. Mais c’étaient plutôt en Afrique  ou en Amérique du Sud, des gouvernements corrompus où quelques personnes s’enrichissaient sur le dos de la population, en détournant les richesses à leur profit. Ils étaient souvent populaires au début, puis les gens se rendaient compte de la situation, et ils devaient alors, pour continuer, s’appuyer sur la force et sévir contre tout opposant. Cela finissait souvent par une révolte sanglante, mais limitée au pays et qui n’entrainait pas de danger mondial.
              Puis il y avait de temps à autre un homme ambitieux aux rêves de puissance, qui basculait dans la conquête et la guerre. Cela a été Napoléon, Bismark et surtout plus proche de nous Hitler.
              La situation a bien évolué depuis. Les dictatures ont envahi le monde musulman avec des interférences avec les terroristes islamistes.
              Les ayatolas en Iran, Kadhafi en Libye, Saddam Hussein en Irak, qui était un dictateur sanguinaire, mais dont le départ a entraîné la guerre civile entre Chiites et Sunnites, et Bachar el-Assad en Syrie, qui a des dizaines de milliers de morts sur la conscience, mais que les américains n’ont osé combattre de peur d’abouti-r à un cahos comme en Irak.

              Mais les temps ont évolué et maintenant, les dictateurs semblent être un lieu commun dans les grandes puissances du monde. Nous avons droit à Poutine qui sacrifie des milliers de vies humaines, pour son seul orgueil personnel, à Xi-Jinping en Chine, en Corée du Nord, Kim Jong-un fait éliminer tous ses opposants, et le président Erdogan en Turquie qui ferait n’importe quoi pour rester au pouvoir.. Sans trop se demander que serait Trump, s’il revenait à la tête des USA.
              On a souvent ‘l’impression que ces grands dictateurs ne sont pas des hommes normaux (mais qu’est ce que la normalité ?). Cependant les chercheurs se sont souvent demandé quelle était l’influence du pouvoir sur le fonctionnement du cerveau humain.                       
                D’après de nombreux chercheurs, « les personnes qui disposent d’un pouvoir et celles qui n’en ont pas, habitent des mondes totalement différents – et les créent également par leur propre comportement »
              L’impuissance devant une situation nous inhibe, nous sommes plus sensibles aux besoins des autres et aux punitions. Au contraire nous sommes en meilleure forme si nous sommes influents, et nous devenons plus sensibles aux rйcompenses et prenons plus de libertés vis à vis des règles.

              Les psychologues se sont demandé si certaines personnalités se retrouvaient chez les grands dictateurs, et ils ont  déterminé que les personnes ayant trois traits particuliers (qu’ils appelaient la « triade sombre »),  le machiavélisme, le narcissisme et la psychopathie, étaient  particulièrement avides de biens matériels et de domination sociale.   
              Alors on peut se demander si les personnes ayant ces traits de personnalité sont davantage attirées que les autres par l’argent et les positions d’influence et se retrouvent donc plus souvent au sein de gouvernements enclins aux abus et à la corruption.?                 
              Les personnes machiavéliques sont soucieuses de leur réputation et de leur influence, recherchent toujours leur propre avantage et exploitent froidement leurs semblables à des fins personnelles.
              Les narcissiques sont obsédés par des fantasmes de grandes réalisations; ils veulent être admirés, jouir d'une grande renommée et d'une importante influence.
             Les psychopathes ont des comportements antisociaux. Ils ont une indifférence froide pour les autres, une attitude irresponsable et un mépris des règles et des contraintes sociales.
             Toutefois quelqu’un qui recherche à tout prix le poste de chef suscite instinctivement la méfiance, du moins chez les femmes. C’est moins vrai pour les hommes.
             Les études psychologiques montrent qu’en gagnant en pouvoir, les personnes surestiment leurs capacités, prennent plus de risques, pensent plus en termes de stéréotypes et ont tendance à généraliser. Ils ignorent plus souvent les points de vue différents des leurs, ainsi que ceux de leurs subordonnés.
             Par contre ils maîtrisent mieux en général certaines tâches intellectuelles comme l’analyse et la synthèse, ainsi qu’un certain charisme.

             Cette action du pouvoir sur les cerveaux peut s’expliquer par une théorie qui examine les « niveaux d’abstraction » : le réflexe naturel est de traiter une situation ou une personne proche de façon plus détaillée et concrète, alors qu’on abordera une situation ou une personne éloignée de manière plus abstraite et généralisante.
              Les personnes occupant des postes élevés ne se préoccupent plus des détails, mais prennent plus en compte les grandes lignes d’une situation. Elles disposent d’une plus grande marge de manœuvre et sont plus indépendants et plus éloignées de leur entourage. Elles appliquent souvent des critères moraux différents à elles-mêmes et à leurs subordonnés.
             Il est certain que les grands dictateurs finissent par être seuls dans leur bulle et que seul finit par compter leur seul égo et leur soif de pouvoir, au détriment de ce qui peut advenir à ceux qu’ils dirigent.

             Le pire est qu’ils entraînent de nombreuses personnes dans leur sillage : certains collaborateurs par intérêt, mais aussi des intervenants très lointains, qui peuvent être amenés à pratiquer des tortures et distribuer la mort dans les camps de la mort de la dernière guerre ou certains camps américains de prisonniers terroristes.        
             Robert Merle avait montré en 1952, dans le livre « La mort est mon métier », le basculement progressif dans l’horreur d’un employé du camp d’Auschwitz-Birkenau, et le psychologue Philip Zimbardo, de l’université californienne de Stanford a étudié diverses situations carcérales américaines et a montré la montée de la violence et de l’inconscience. Il a fait la réflexion suivante : « Le problème n’est pas dû à des pommes pourries. En fait, il est dû à des cageots pourris qui corrompent les individus normaux qui s’y trouvent. »
           Cela doit être vrai aussi pour certains terroristes, qui, au départ, ne voulaient pas aller aussi loin, mais peu à peu ont basculé vers le fanatisme et l’attentat.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    Les gens passionnés par leur travail sont plus heureux.

     

              La motivation est quelque chose d’important qui nous fait accomplir des actions exceptionnelles.
              Mais il faut distinguer diverses sortes de motivations et en premier lieu la motivation extérieure qui est due à l’espoir de récompenses de natures diverses et la motivation intérieure (que les psychologues appellent « intrinsèque »), liée à la satisfaction de réaliser une activité pour elle-même, pour des raisons personnelles diverses. (Certains singes supérieurs ont aussi une telle motivation.).
              Les retours positifs la renforcent, tandis que les critiques l’affaiblissent, tout comme la pression extérieure, et même, dans certains cas, les récompenses extérieures.
             
             Les récompenses extérieures , source de motivation peuvent être très diverses : ce peut être une récompense financière, le fait également de faire un travail soi-même moins coûteux que si on le fait faire (c’est surtout vrai en bricolage), gagner du temps sur une réalisation, un poste plus important ou l’estime de ses proches, de ses pairs et de ses supérieurs, l’appartenance à un groupe, la notoriété, le pouvoir, le sentiment d’être utile, les effets de mode mais aussi la nécessité d’acquérir des savoirs ou des connaissances….
             C’est notre système de récompense (cf. mon article du 13/12/2015), qui nous pousse ainsi à agir, car il anticipe une récompense qu’il nous fait espérer ou plus exactement la satisfaction et les avantages qui en résulteraient.

             C’est plus difficile de définir les raisons d’une motivation intérieure, liée à la satisfaction de réaliser une activité pour elle-même, sans autre forme de récompense .
             Deux facteurs semblent particulièrement propres à la motivation intérieure : le sentiment de compétence et le sentiment d’autonomie.
              Le sentiment de compétence résulte de la sensation d'être aussi bon ou meilleur dans ses actions, par rapport aux personnes auxquelles on peut se comparer.
             Le sentiment d’autonomie désigne la sensation d’avoir vraiment choisi l’activité en cause et la façon de la pratiquer.
             On peut se demander comment le système de récompense, qui est axé sur les récompenses externes, peut nous motiver également au plan interne. C’est sa sensibilité à la nouveauté et aux retours positifs qui pourrait être une explication.
              La sensibilité du système de récompense à la nouveauté encouragerait des comportements d’exploration, qui font découvrir et comprendre son environnement et permettent de ne pas rester sur la première chose intéressante qu’on y trouve.
              Néanmoins on peut avoir de multiples activités pour lesquelles on reste motivé, et en passant sans cesse de l’une à l’autre sans jamais en approfondir aucune, faute de temps (c’est un peu mon cas), ou, au contraire, satisfaire sa curiosité par passion au sein d’une seule activité qui constitue un univers et un perpétuel terrain d’exploration.
             Dans les deux cas notre système de récompense nous renvoie des signaux en retour positifs, notamment concernant le sentiment de compétence, qui nous font poursuivre notre effort.
            La motivation interne est donc maximale pour les activités dont la difficulté est bien adaptée, ni trop facile et systématiquement réussie, qui apporte du retour positif mais n’apprend rien de nouveau, tandis qu’une tâche trop difficile n’offre pas assez de retours positifs…

            Certes on travaille par nécessité pour gagner sa vie, on est motivé par des récompenses externes diverses, mais, si l’on veut vraiment être heureux dans ce travail, il faut une part d’intérêt personnel, si ce n’est de la passion.
             C’est le sentiment d’être compétent dans un ou plusieurs domaine et les retours positifs qui en résultent, qui nous motivent ainsi que le sentiment d’autonomie, si nous avons choisi librement notre activité.
              Encore faut il que ce choix ait été adapté, et que le travail que nous avons choisi de faire, ne soit ni trop facile, ni hors de notre portée. Il ne faut choisir les défis difficiles que si on a la compétence pour les aborder et une chance non négligeable de les surmonter.   

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •             Pascal voyait dans l’incapacité humaine а tolérer l’inaction la source de tous nos maux.
    « Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide » (Pensées. publiées en 1670)

              C’est bizarre, je n’arrive pas à m’ennuyer. Déjà, quand j’étais gosse on me disait hyperactif, mais cela continue encore à 92 ans et cela me fatigue !
              Pourtant je connais des gens, surtout des jeunes, mais aussi des retraités, qui sont malades d’ennui. Mais bien sûr, personne n’en n’est mort !

              Les psychologues décrivent plusieurs sortes d’ennuis :

              D’abord l’ennui qui résulte d’un manque d’intérêt, quand on fait une activité habituelle un peu automatique, sans chose inattendue, qui ne nous stimule pas assez. On est en général de mauvaise humeur. Malheureusement il y a toujours des tâches ennuyeuses et il faut bien les faire !
              Ennui différent quand on n’a rien à faire et que l’on cherche une activité, une tâche à accomplir. Cela rend nerveux, mais c’est le plus souvent un manque d’imagination ou parfois le désir d’une action qu’on aimerait faire, qui vous est interdite, et qui vous empêche, par dépit, de faire les activités qui se présentent. Cela rend nerveux.
              Autre sorte d’ennui, celui qui ne peut supporter d’être seul avec ses pensées (souvent un extraverti), et qui se met en colère et s’agite de façon un peu anarchique pour s’occuper sans relâche.     
              Il peut y avoir un ennui apathique, négatif, avec une faible activité physique et mentale, et ressemble aux symptômes de la dépression.

             L’ennui peut effectivement affecter moralement un individu, voire agir sur sa santé.
             L’oisiveté mentale est nocive, les personnes qui s’ennuient se réfugient souvent dans des rêveries, elles ont souvent de mauvaises performances cognitives ou physiques, qui, à leur tour, alimentent l’ennui.
             L’ennui résulte souvent du fait que l’on ne voit pas l’intérêt de ce que l’on fait. C’est la principale émotion lorsqu’une activité ou une tâche nous semble sans importance, sans intérêt. Si vous ne pouvez pas éviter une situation monotone ou la rendre plus intéressante, essayez d’y trouver un sens !

             Mais, dans notre monde moderne, il existe une autre source d’ennui. Nous sommes trop sollicités. La plupart des personnes trouvent déplaisant de devoir rester vingt minutes sans rien faire, sans toucher à leur smartphone, sans vérifier leurs messages, regarder de vidéos sur internet ou aller sur les réseaux sociaux.
             En fait, on surestime le déplaisir de ne rien faire et à l’inverse on surestime le plaisir de se distraire en allant sur internet, d’où la peur de l’ennui.

             Il est certain qu’on ne s’ennuie jamais si on a trop de choses à faire et là, c’est parfois le stress de ne pas y arriver qui est nocif.
            Mais l’ennui est il vraiment nocif si on apprend à le maîtriser.
             L’ennui précède l’action et la création. Nul doute que je n’aurais pas eu un tel intérêt pour la lecture si j’avais eu l’internet étant jeune, car d’une certaine façon, je n’ai jamais vraiment vécu l’ennui en étant entouré de livres.
             Certes, les enfants n’ont pas le même rapport au temps. Plus on vieillit, plus on dirait que les heures nous filent entre les doigts tandis qu’enfant, une heure peut sembler interminable. C’est pourtant de là qu’on invente mille jeux, qu’on fait des constructions, des dessins, des innovations remarquables à l’échelle d’un enfant.

              S’ennuyer a du bon, ne serait-ce que pour, pendant quelques heures à économiser  notre attention

          J'ai publié, dans la même rubrique, les 25 et 26 avril 2018, un test sur l'ennui et son interprétation.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

      Maîtriser les événements ou nous détendre ?


              
    Nous ressentons tous le besoin de contrôler ce qui se passe dans notre vie. C’est évidemment plus fort si notre préférence cérébrale est « J » et que nous voulons prévoir les événements et avoir prise sur eux, que si notre préférence est « P » et que nous préférons nous adapter en cherchant de l’information plutôt qu’anticiper et agir.

             Mais si le simple fait de se dire qu’on a prise sur le réel est en soi réconfortant, nous cherchons à nous maîtriser en contrôlant intérieurement nos pensées et nos émotions
            De nombreuses études ont montré que c’était un besoin profond et essentiel tant chez les animaux que chez les humains, que cette absence de contrôle induisait stress et anxiété. A l’inverse chez des personnes dont la santé entraînait un manque d’autonomie, leur donner l’occasion de pouvoir gérer une situation, améliorait santé et bien-être.
            Les livres et les coachs du « développement personnel », très à la mode aujourd’hui, donnent évidemment maints conseils dans ce domaine.
            Mais curieusement, ils sont aussi nombreux à conseiller de se détendre, de « lâcher-prise », pour ne pas être surmené et aller jusqu’au burn-out.
            Christophe André, médecin psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne а Paris, montre, dans un article de la revue « Cerveau et Psycho » que ces attitudes ne sont pas opposées mais complémentaires.

              Il n’y a pas que la maîtrise de l’environnement et de sa propre existence qui est bénéfique. Il est important de garder une certaine prise sur soi-même, et en particulier sur ses pensées, ses émotions, ses impulsions.
              Des études sur des enfants ont montré que ceux qui arrivaient ainsi à se maîtriser avaient de meilleurs résultats scolaires, davantage de bien-être, voire une meilleure santé.
              L’auto-contrôle est aussi essentiel en matière d’attention. Celle ci se porte naturellement vers des événements qui nous apportent des sensations externes, ce qui risque d’empêcher toute activité mentale soutenue, et ce d’autant plus que nous sommes sollicités, ce qui est aujourd’hui permanent dans notre monde digitalisé.
              Mais il ne faut pas tomber dans l’excès du contrôle total, que nous n’aurons jamais sur nous mêmes. Il est impossible de ne penser à rien; un flot continu d’images, de pensées, de souvenirs, de planifications nous vient en permanence à l’esprit.
             En plus d’être une impasse, vouloir tout contrôler risque de finir par nous faire tout aban-donner du fait de la fatigue d’un auto-contrôle permanent, voire d’occasionner stress, anxiété et insomnies.

             Il faut donc aussi savoir nous reposer et nous détendre; renoncer (au moins ponctuellement) à vouloir exercer un contrôle complet sur une situation ou sur ses réactions émotionnelles, mais sans une démission totale. C’est par exemple renoncer à convaincre un ami, de peur de se fâcher avec lui.
            Il s’agit d’affronter le réel tel qu’il est et non tel qu’on le voudrait, d’établir la différence entre ce qui dépend de nous (contrôle possible) et ce qui n’en dépend pas (efforts de contrôle vains et inutiles).
             De nombreuses études ont confirmé que cet acceptation facilitait l’apaisement et le repos. Mais trop de lâcher-prise peut également être nocif. Il risque d’aboutir à de la passivité, de la résignation, du laxisme, ou une démission face à l’adversité.
             L’excès de lâcher-prise  est voisin d’une absence totale de lutte contre ses propres impulsions.

             Se contrôler et revenir au calme ne sont pas incompatibles, mais représentent simplement deux aspects de l’engagement humain.
             Il faut savoir accepter ce que l’on ne peut changer, et avoir le courage de changer les choses que l’on peut changer, et en reconnaître la différence. La conciliation de ces deux attitudes passe souvent par une simple alternance, les efforts de contrôle précédant la possibilité de lâcher-prise, de se reposer.
             En fait les deux attitudes se côtoient dans l’action.
             Lorsque vous apprenez à conduire, vous devez tout contrôler en permanence, les éléments de maîtrise du véhicule, surveiller la voiture, les autres mobiles, l’environnement, l’itinéraire… Puis peu à peu, une partie des éléments devient automatique, vous pouvez parler à votre passager, mais si une particularité survient et attire votre attention, la conversation cesse et vous contrôlez à nouveau pendant quelques instants la situation.
             Lorsque vous faites une conférence, vous débutez en surveillant tout : vos paroles, les auditeurs, les projections, votre attitude, votre voix et vos intonations, les diverses manettes à actionner… Puis vous entrez dans le jeu, plus détendu, et les automatismes viennent : vous pouvez ne vous soucier que de votre discours et des auditeurs.
             Les joueurs de tennis savent bien que s’ils sont crispés en début de match, ils jouent mal et qu’il faut accepter de faire des fautes, mais se détendre et tout donner, pour arriver à mieux jouer. Mais il faut cependant regarder la balle avec attention et la contrôler.      

             Notre esprit a deux modes de contrôle : le premier dirigé ver un but, relativement rigoureux et l’autre plus libre, ou nos actions s’enchaînent selon nos « habitudes », c’est à dire des automatismes cérébraux.
             La capacité à orienter nos actions mentales et physiques en direction d’un but, est très valorisée dans nos sociétés modernes; c’est avoir de la volonté, et contrôler son destin. Ce sont nos « fonctions exécutives » qui sont à l’œuvre, et principalement notre cortex préfrontal, mais aussi le cortex cingulaire qui mobilise notre attention, ainsi que l’insula, qui détecte nos états intérieurs (et notamment la fatigue)..
             Mais le mode contrôlé finit par susciter une grande fatigue mentale et il faut don envisager de soulager notre cerveau, de le reposer en diminuant son contrôle et en faisant confiance à nos automatismes, comportements qui sont directement déclenchés par la reconnaissance de stimuli, d’une situation ou d’un contexte. La différence se situe au niveau des centres de décision qui ne sont plus sollicités en permanence et peuvent se concentrer sur l’essentiel, tout en se reposant un peu.      
             Notre cerveau préfrontal n’a plus à comparer autant de solutions pour prendre les décisions. (pour qu’une action soit vraiment considérée comme volontaire, il faut qu’elle ait été envisagée à l’avance comme meilleure que plusieurs autres actions possibles d’où un temps de réflexion et de contrôle et une dépense d’énergie). 

             Mais dans ce contexte de contrôle et d’automatismes, l’équilibre est difficile à réaliser et il est assez étonnant que nos paroles et nos actions ne partent pas dans tous les sens.
             En fait, si on essaie de parler très vite de n’importe quoi, sans préparation, on est vite arrêté. Si par contre on raconte un souvenir, on peut le décrire longtemps sans interruption et erreur.  Notre mémoire épisodique nous remonte en fait des images, des sensations, mais pas le discours. Cependant nous pouvons parler grâce à un système de traduction automatique sous forme de phrases, le mécanisme de production du langage.
             Notre cortex frontal conduit la remémorisation pour alimenter votre discours et c’est cette partie qu’il contrôle. Il interviendra éventuellement si le système automatique rencontre un problème, mais c'est lui qui construit nios phrases.
            Nous possédons tous ainsi des automatismes de « bas niveau » qui s’occupent de produire les phrases, de respecter les règles du langage, de mettre l’intonation, et d’organiser cela dans le temps.  Mais une personne qui connaît bien un sujet donné, possède alors des automatismes de plus « haut niveau », à un degré plus abstrait, des formulations et les idées qui s’enchaînent selon des données habituelles, sans qu’il ait besoin de réfléchir autant au contenu de son discours

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • L'expérience du poisson rouge.


               
    J’ai évoqué le 4 et le 5 novembre 2019, dans la rubrique Psychologie et sous le titre   "Pourquoi ne se sent on pas toujours responsables de nos actes ?" des expériences dans lesquelles des personnes allaient jusqu’à torturer (fictivement mais elles ne le savaient pas) leurs semblables, lorsqu’on leur ordonnait de le faire. Certaines de ces expériences, datant des années 60, du psychologue Standley Milgram, de l'Université de Yale aux USA, sont très connues (voir mes articles précités).
             Dans les années 70, des expériences analogues sont été suggérées pour voir si cette tendance était plus facile à admettre lorsqu’il ne s’agissait plus d’humains, mais d’animaux. Des décharges électriques ont été ainsi délivrées à un chiot, malgré ses aboiements, avant que l’expérimentateur n’arrête l’expérience.
             Milgram et d’autres psychologues ont répété ces expériences sur des hommes, avec des milliers de gens avec toujours les mêmes résultats.Ils ont montré que les participants ne pensaient pas à une simulation, mais croyaient bien (à 84 %), que les décharges infligées étaient réelles. Beaucoup des participants argumentaient parfois longtemps avec le « scienti-fique autoritaire » plutôt que de se soumettre aveuglément à ses injonctions. Ils se sentaient soulagés lorsqu’ils apprenaient que l’expérience était une simulation, et se souciaient également vraiment de l’état de santé de la victime.

              Milgram pensait que l’attitude des participants était dues au fait qu’ils « acceptaient le contrôle total d’une personne possédant un statut plus élevé. et, ils ne s’estiment plus responsables de leurs actes ». Ils sont alors « un simple instrument destiné а exécuter les volontés d’autrui. »
              Mais la consultation des archives montre que les volontaires se sentaient responsables, qu’ils n’étaient pas servilement soumis, mais négociaient leur rôle, parfois même en essayant d’aider la victime pour ne pas devoir lui administrer de décharges et, lorsque le scientifique leur donnait des ordres trop directifs, les participants étaient au contraire plus réticents à obéir.
              Les psychologues ont remarqué que les participants étaient moins nombreux à administrer les décharges si le « meneur autoritaire », n’avait pas l’air d’un scientifique ou si le lieu des essais ne ressemblait pas à un laboratoire. Ils ont émis alors l’idée que c’était peut être une trop grande confiance en une expérience scientifique qui avait dicté les compor-tements. Ils ont alors conçu « l’expérience du poisson rouge », un grand poisson rouge et blanc de 50 cm de long, dans un aquarium de 3 000 litres, mais ce n’était pas un vrai poisson mais une image, d’une apparence très réaliste. 
             Les volontaires devaient verser un produit toxique dans l’aquarium du poisson, en appuyant successivement sur 12 boutons, afin de déterminer sa nocivité dans le cadre du développement d’un puissant stimulant cognitif destiné aux personnes вgées souffrant de troubles de la mémoire, le poison ayant des effets douloureux et provoquant la mort de l’animal, si l’on allait au bout des 12 pressions.
             Un écran montrait le rythme cardiaque de l’animal, accompagné de « bips ». 
              750 personnes sont venues dans le laboratoire, où un professeur en blouse blanche leur exposait les objectifs et modalités de l’étude. 20 % ont refusé d’appuyer sur les boutons, mais 53% sont allés jusqu’à la 12ème dose.
             Les femmes injectent en moyenne moins de doses que les hommes, de même que les personnes végétariennes. Plus les individus sont empathiques, (mesurable à l’aide d’un score d’empathie basé sur des questionnaires), moins ils administrent de substance. А l’inverse, les sujets adhérant à l’idée que les animaux ont moins de valeur que les êtres humains appuient sur un plus grand nombre de boutons que les autres.
              Un questionnaire complexe a permis de déterminer le rapport des participants vis à vis de la science : les personnes « proscience » administraient nettement plus de doses du produit toxique dans l’aquarium que celles « antiscience ».
              C’est en fait en pensant aider la recherche scientifique que les les volontaires de notre expérience ont surmonté leurs réticences, neutralisé leur empathie et sacrifié un poisson en pensant réellement le faire souffrir.   
              Je pense qu’il serait nécessaire de mieux montrer au public que les scientifiques prennent beaucoup plus de précautions et évitent la souffrance des animaux de laboratoire.        

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique