• http://lancien.cowblog.fr/images/Images3/images1copie8.jpg
        Nous avons tous tendance à être crédules. Et pour suivre la mode ou s’intégrer au groupe des copains, certains sont prêts à croire n’importe quoi.
        Le comble est que des jeunes se fassent embrigader sur internet pour aller dans l’enfer de Syrie, à partir d’informations manifestement fallacieuses.
        On pourrait croire que la crédulité est l’apanage de personnes peu intelligentes, mais on voit des esprit brillants qui contestent l’existence des camps de la mort des nazis, les preuves manifestes de l’influence humaine sur le changement climatique, ou qui renient l’évolution pour croire à Adam et Eve.
        Que se passe t’il donc dans notre cerveau pour que nous fassions ainsi de grosses erreurs de raisonnement ou que nous suivions comme des moutons, le premier avis venus, sans réfléchir.

        Notre cerveau quand il travaille, consomme de l’énergie : 25 à 30% de l’énergie consommée par l’ensemble du corps. Donc il cherche à économiser le plus possible.
    Réfléchir rationnellement à plusieurs problèmes successivement a un coût énergétique important, et nous ne pouvons donc nous permettre de raisonner ainsi tous azimuts sur tous les problèmes.
        Une région du cortex préfrontal analyse en permanence notre dépense énergétique mentale, et plus celle ci est importante, plus cette région s’active et nous pousse à faire des économies.
        Alors dans de nombreux cas, nous choisissons selon des processus plus rapides, basés sur un sentiment, une intuition, une impression. Cela peut être fallacieux.
        Il faudrait donc que nous apprenions d’une part à savoir quelles sont les problèmes importants pour lesquels il faut réfléchir et à reconnaître certaines situations qui risquent de nous tromper.
        En principe l’éducation et l’instruction devrait nous former en partie, et nous donner intelligence, bon sens et esprit critique.
        Cependant nous continuons parfois à nous tromper.

        Nous avons reçu une certaine éducation et instruction qui nous a formé (et déformé). Nous avons donc des référentiels différents provenant de nos origines familiales et de notre parcours scolaire. Notre expérience de métier et de la vie, ajoute d’autres connaissances à celles initiales.
        SI quatre personnes regardent un ruby-cube et lui trouvent une couleur différente, elles ne sont pas forcément dans l’erreur si chacune regarde une des quatre faces de couleurs différentes.
        Or chacun de nous a un environnement différente familial, social, dans son emploi, et des réseaux d’information différents et cela est encore plus vrai avec la prolifération des moyens multimédias.
        Alors que nous nous croyons bien informés, nous recevons nos renseignements de sources limitées et nos acquits nous donnent plus ou moins de moyens de critiquer la véracité de ces sources, selon le sujet abordé.
        D’une part nous avons éventuellement des informations insuffisantes et d’autre part, notre système de représentation issu de nos acquits, nous suggère des réactions et des interprétations automatiques des phénomènes auxquels nous sommes confrontés.
        Ces modes automatique de raisonnement du cerveau ne sont pas forcément fiables, et plus les informations et nos à-priori seront fragiles, plus notre cerveau risquera de nous induire en erreur, si nous ne nous astreignons pas à un raisonnement rigoureux, et à une recherche éventuelle d’informations supplémentaires et à une critique de nos référentiels et de nos biais culturels.
       
        Deux biais que je dénonce souvent et que nous avons tous tendance à plus ou moins pratiquer : la généralisation et la confusion entre corrélation et causalité.
        Si nous sommes témoins de circonstances où deux ou trois fois, un fait A entraîne un fait B, nous avons tendance o croire que c’est toujours vrai. C’est déjà courant dans des domaines relativement précis et logique, mais cela l’est encore plus si les informations sont floues et dans des domaines comme le comportement des individus et le jugement d’autrui, domaines dans lesquels nous faisons souvent, par généralisation des amalgames regrettables.
        L’autre erreur c’est de croire que parce que deux phénomènes sont liées au plan probabiliste, l’un est la cause de l’autre. Je cite souvent la corrélation statistique qui existe entre la consommation de combustible et la mortalité des vieillards, et je pourrais en conclure abusivement que pour qu’ils meurent moins, il suffit de ne pas les chauffer !!
        Beaucoup de statistiques sur le danger de telle ou telle situation ou produit, est souvent erronée car on lui attribue une cause unique, alors que le phénomène est le résultat de nombreuses causes diverses.
        Une troisième erreur est de juger de phénomènes en se servant d’une moyenne unique sans se rendre compte que la dispersion du phénomène est grand et qu’il faufdrait en fait, disposer de plusieurs moyenne affectant des groupes différnets. Les médias font souvent cette erreur dans le domaine financier.
        Des réactions sentimentales et personnelles nous font exagérer notre réaction vis à vis de certains phénomènes et de certains chiffres. Dans ce domaine des risques pour notre santé et notre vie sont largement surévalués, alors qu’ils sont faibles. Certains croient par exemple à la nocivité des vaccins qui est très faible, sans considérer leurs actions bénéfique, mais ne s’inquiète pas du risque qu’ils prennent en se rendant en vacances en automobile, plusieurs milliers de fois supérieur.
        La télévision et internet sont les fournisseurs par excellence d’informations erronées que nous gobons facilement.

        Alors que faire ?
        D’abord nous demander si l’information que nous recevons est fiable, claire, avérée et ne fait pas l’objet de nombreux biais.
        Ensuite nous méfier des conditions dans lesquelles nous l’acceptons; . Quel rôle a notre formation socioculturelle dans notre réaction vis à vis de cette information. Quel est aussi le rôle inconscient de nos sentiments et émotions. Le traitement culturel et sentimental que vous faites subir à l’information n’introduit il pas des biais ?
        Essayer ensuite de regarder l’information à la lumière du bon sens et de la logique. Tout défaut de logique doit rendre l’information suspecte. Critiquer en particulier l’interprétation qui est faite des chiffres.
        Bien sûr, il ne s’agit pas de remettre en cause tous vos jugement, vous n’en n’auriez ni le temps ni l’énergie.
        Mais qu’un certain apprentissage déclenche, dans les cas douteux, une alarme qui vous fasse suspendre votre jugement, jusqu’à plus ample information et son traitement.

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  •     Un peu comme Maslow représentait les besoins fondamentaux des individus dans une pyramide, le docteur Fanget, psychiatre, imagine le « triangle de la confiance », avec les 3 niveau ci-dessous :

    http://lancien.cowblog.fr/images/Psycho/triangleconfiance.jpg                      L’affirmation de soi concerne les compétences relationnelles et la confiance qu’on leur accorde. C’est être à l’aise en société, savoir prendre la parole pour donner son avis, négocier un accord, accepter un compliment sans bafouiller et une critique sans faire la tête ou se mettre en colère, c’est défendre ses opinions, ses droits et ses désirs, sans heurter autrui, et en respectant ceux des autres.
        Soit la personne ne s’affirme pas et se défend mal, soit elle se défend trop avec agressivité, soit pour 80% environ des personnes, elle est dans un juste milieu.
        Les défauts des 20% de personnes passives ou agressives résultent en général de leur éducation.
        Le docteur Fanget estime qu’il faut d’abord examiner les problèmes qui ont pu se poser, notamment en matière d’éducation, et que la personne ait conscience de ces causes.
        Pour améliorer son état, il estime que seuls des exercices en situation, correspondant aux défauts constatés permettent de modifier progressivement les mauvaises habitudes.

        La confiance en soi concerne plutôt les compétences personnelles pour résoudre les problèmes que l’on rencontre dans la vie, les décisions que l’on va prendre, les actions que l’on va mener, pour lesquelles les autres ne sont pas actifs..
        On rejoint la les dix pensées perturbatrices dont je parlais dans mon précédent article, ou du moins celles où l’individu pense ne pas être capable de réussir une action.. La personne qui n’a pas confiance en elle même a de telles pensées négatives qui l’empêchent d’agir.
        Là encore les remèdes sont des exercices en situation, en s’obligeant à faire des actions pour lesquelles on subit cette paralysie (par exemple passer un examen, même si on sait qu’on a peu de chances de la réussir).
        Cela demande efforts et volonté.

        L’estime de soi, le premier étage du triangle, est l’opinion générale que l’individu a de lui même. C’est l’image qu’on a de soi-même. Lorsqu’il n’a pas confiance, la personne ressasse les pensées générales paralysantes, qui ne concernent pas une action, mais un comporte-ment général , par exemple « je suis toujours nul ».
        Là encore, les causes remontent à l’éducation de la personne, et à des traumatismes qu’elle a subi de ce fait, et qu’il faut identifier. Et le plus souvent d’événements ultérieurs qui ont aggravé ces traumatismes.
        Le mal est beaucoup plus profond, et de simples exercices ne sont pas suffisants pour soigner la personne.

        Cette représentation triangulaire me plaît car elle est simple et très représentative.
        Il m’est arrivé d’aider des jeunes qui avaient des problèmes de confiance, allant même jusqu’à un certain manque d’estime de soi.
        J’ai cherché avec eux les raisons et effectivement on en a trouvé ceraines
        On discutait ensuite de leurs défauts et qualités et on essayait de préciser leur contour et leur valeur.
        On examinait aussi les échecs, mais surtout les réussites qu’ils avaient eus et les raisons positives et négatives
        En général la conclusion était qu’ils n’étaient pas si nuls que cela et avaient des qualutés, mais qu’ils les négligeaient et ne les exploitaient pas.
       

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  •       Martin Sauerland, chercheur à l’Université de Coblence, spécialiste de la confiance en soi et des blocages,  distingue dix types de pensées qui nous entravent en matière de confiance en nous mêmes, qu’il a recensées en interrogeant des personnes de toutes origines et activités :

    http://lancien.cowblog.fr/images/Psycho/PENSEESENTRAVES.jpg
        Il est certain que nous passons une partie de notre temps à nous observer inconsciemment nous-mêmes et à nous juger.Les psychologues appellent cela l'introspection.
        C’est dans certains cas une bonne chose de bien se connaître, car cela nous évite de lancer dans une action pour laquelle nous ne sommes pas préparés ou nous n’avons pas les compétences nécessaires.
        Mais les pensées évoquées dans le tableau ci-dessus peuvent aussi nous décourager car elles vont entraver nos actions.
        Ces pensées sont souvent lancinantes et ne nous sont d’aucune aide, car elle ne nous apportent rien de positif et ne font que nous inhiber.

         Comment nous sortir de là ?
         Pour retrouver la confiance en soi, Martin Sauerland nous suggère de remplacer ces pensées qui nous entravent par des penses qui nous libèrent.
          Comment ?
          Il faut se donner des buts, des objectifs.
          On peut essayer d’abord de chercher à connaître ses envies, ses désirs, voire ses rêves; cela peut permettre d’imaginer les buts qu’on se fixerait. Mais il faut tout de même les transformer ensuite en projets réalistes
          Puis il faut imaginer que l’on a atteint son but et reconstituer, en remontant le temps, les étapes, les événements, les actions, qui ont permis ce succès.
          Evidemment on trouve des obstacles, mais aussi les qualités et les actions qui nous ont permis de les surmonter.  
         Il ne s’agit pas d’une simple pensée positive, où l’on se répète en voulant s’en persuader, l’inverse des pensées qui nous entravant : la méthode Coué a ses limites.
         Là il s’agit d’une véritable reconfiguration, et en même temps un examen certes de ses défauts, mais surtout des qualités qui nous permettent d’avancer.

        J’avoue que je ne connaissais pas du tout cette méthode : partir du but et remonter en arrière pour analyser son comportement; et je ne l’ai donc jamais employée avec des jeunes, qui n’avaient pas confiance en eux et me demandaient de les aider.
        Si l’occasion s’en présente, à coté de mes méthodes habituelles, j’essaierai aussi celle-ci.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Images3/1635109seconcentreravantunrendezvouspourfaireimpression.jpg
        J’ai déjà fait plusieurs articles sur l’attention, mais on me demande de revenir sur ce sujet pour essayer de mieux comprendre le phénomène et de se demander si on peut améliorer ses capacités d’attention, qui manquent tant aux jeunes actuellement.
        L’attention, c’est la faculté de se concentrer sur un objet, un livre que l’on lit, un exercice que l’on fait et plus généralement une action, pour la mener à bien au mieux, sans se laisser amener à penser à autre chose, à être distrait.

        Alors d’abord comment cela se passe t’il et qu’est ce qui peut nous distraire?
         Nos cinq sens (sans compter les sensations internes à notre corps), recueillent des perception 40 fois par seconde, via le thalamus. Heureusement ces sensations n’ont qu’une vie très courtes pour la plupart de quelques secondes seulement, et restent dans notre inconscient. Certaines sont conservé plus longtemps et soumises à notre cortex frontal, trois à cinq fois par seconde, pour savoir s’il les juge importantes et s’il veut que nos sens continuent à recueillir cce type de sensation sur un sujet donné.
        Si par la suite ces sensations n’ont plus d’intérêt, elles seront éliminées en particulier pendant le sommeil. Si au contraire le cortex préfrontal veut en conserver la trace, il donnera l’ordre à l’hippocampe de les mettre en mémoire en renforçant les liaisons entre les neurones composant le souvenir; le sommeil renforcera encore ces connexions.
        Il faut aussi savoir qu’une réaction du cortex préfrontal met quelques dixièmes de seconde s’il sait ce qu’il doit faire et plusieurs secondes s’il doit réfléchir avant de passer à l’action.
        Enfin les expériences ont montré que le cerveau n’est pas multitâches, qu’il peut à la rigueur suivre deux processus à la fois (mais par « saccades » successives de chacun), et qu’alors il partage son énergie entre les deux tâches et est donc moitié moins performant. Quant il veut traiter 3 opérations simultanément, cela commence à être anarchique
        Voilà ce qui se passe quand nous ne sommes pas concentrés sur une tâche particulière.

        Voyons maintenant ce qu’il se passe si nous faisons attention à quelque chose.
        D’abord le cortex préfrontal donne des ordres au thalamus et aux centres moteurs, (notamment des yeux), pour que les perceptions des sens soient tournées essentiellement vers l’objet de notre attention, pour ramener le maximum d’informations permettant de guider nos actions.
        Mais le thalamus continue à remonter des informations, certes mains souvent. Si nous faisons attention à une tâche et que l’information remontée est celle d’une mouche qui se promène autour de vous, le cortex frontal refusera l’information ou tout au plus donnera l’ordre aux centres moteurs, dirigés par le cervelet, de chasser la mouche d’un mouvement instinctif du bras. il fera comprendre au thalamus qu’il faut rester concentré sur la tâche.
        Evidemment  si c’est un événement qui risque d’être nocif (par exempel une pluie d’orage qui rentre par la fenêtre ouverte), là le cortex frontal pourra juger qu’il faut abandonner la tâche une minute, pour fermer la fenêtre.
        L’attention c’est donc un tri de l’importance des sensations qui sont communiquées au cortex préfrontal, le chef d’orchestre du cerveau, et le refus pas celui-ci d’accorder de l’importance et donc de l’attention aux événements qui ne sont pas essentiels. Le thalamus fait un premier tri et il est aidé par le cerveau émotionnel, notamment le cortex insulaire et l’insula, ainsi que les centres amygdaliens qui évaluent les dangers, qui évitent que le cortex préfrontal soit dérangé pour des choses non urgentes.


        Que faire pour améliorer notre attention.?
        On ne peut pas éliminer ces alertes envoyées au cortex préfrontal, et l’analyse qu’il est tenté d’en faire avec l’aide du cerveau émotionnel. Les psychologues appellent cela des
    « Propositions d’action immédiate » (PAM).
        Il faut donc voir comment ne pas leur donner trop d’importance, d’attention.


        Il y a d’abord un problème de motivation et de volonté. Si l’objectif de notre tâche est précis, important pour nous, si cela nous plaît ou au moins nous paraît nécessaire, nous aurons une motivation suffisante et la volonté de refuser de nous laisser entraîner par les alertes qui arrivent et ne sont pas essentielles.
        Si notre objectif est flou, et en nous apparaît pas comme important, les PAM vont devenir nombreuses et envahissantes et nous ne saurons pas les repousser suffisamment.
        Bien sûr si un élève n’a pas son portable en classe, il ne sera pas distrait par un SMS, mais il trouvera un autre sujet de distraction. Il ne sera attentif que lorsqu’il aura compris que suivre le cours, faire l’exercice est indispensable pour progresser, pour avoir un niveau suffisant, réussir les examens et qu’il prépare ainsi sa vie future. Il faut qu’il comprenne que le manque d’attention permanent au cours augmente ses chances futures de chômage.
        Vous me direz que cela est bien général. oui mais c’est le moteur initial.
        Ensuite il faut faire comme fait un ingénieur quand il mène un projet : il faut bien préciser les objectifs, les décliner en sous objectifs puis en mini et micro objectifs qui sont des tâches élémentaires. Le cortex préfrontal a ainsi un chemin tracé à l’avance et il peut se concentrer sur la réalisation de chaque micro-tâche.
        Bien plus, alors que l’objectif général reste un peu philosophique et lointain, le micro-objectif étant précis et limité, sa réussite est une étape et déclenche dans nos centres d’apprentissage et de récompense une bouffée de dopamine, source de plaisir.
        Cela nous aidera à passer à la micro-tâche suivante sans nous laisser distraire.

        Il est certain que la réussite est source de motivation. Mais elle demande deux choses : de l’attention et de l’apprentissage, et ce dernier demande la compréhension et la répétition pour mémoriser. La meilleure façon d’apprendre, c’est la répétition des exercices d’application; mais évidemment c’est un travail et cela prend du temps alors que ce serait plus agréable de flâner ou de s’amuser, les occupations ne manquant pas sur tous les écrans à notre disposition.
        Il y a là un défi pour les professeurs et les parents, d’habituer l’élève à faire des exercices, à y trouver une certaine satisfaction et de lui faire comprendre que c’est essentiel pour sa mémoire et son intelligence.
        C’était plus facile autrefois, car il y avait moins de distractions possibles, ni la télé, ni internet, ni le téléphone portable.
        Et acquérir certains automatismes est source de plaisir. Il est certain que le début de l’apprentissage du tennis ou de la planche à voile est décevant car on échoue le plus souvent, puis tout à coup, à force d’essais on acquiert une certaine habileté et avec elle la réussite. De même lorsqu’on apprend à lire ou la pratique d’un instrument de musique.
        Il faut arriver à donner à l’enfant le goût de la recherche de la réussite.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Images3/traitementmultitacheassidudhommedaffaires38052742.jpg

         Une étude menée par Microsoft sur le télétravail nous révèle que la génération Z, née entre 1990 et 2010, se retrouve bien plus désemparée et stressée dans une situation de télétravail que les générations précédentes et Microsoft prétend avoir calculé que,  à cause des smartphones et autres écrans multimédias, les jeunes ne peuvent plus se concentrer que 8 secondes au lieu de 10 il y a 20 ans.
        Ensuite il prétend que, en compensation, les jeunes sont devenus multitâches et peuvent faire plusieurs choses en même temps : faire un devoir ou apprendre une leçon, en même temps qu’on tape un SMS ou qu’on répond au téléphone, avec en même temps un œil sur une émission de télé ou sur Facebook, et en écoutant de surcroit de la musique.
         Je ne sais pas trop ce que Microsoft appelle de la concentration, mais personnellement j’ai l’impression de pouvoir me concentrer sur une réflexion sérieuse pendant quelques minutes !

         En fait même les ordinateurs ne sont pas multitâches, car même s’ils ont l’air de faire plusieurs choses à la fois, ils les font par petites séquences successives et une seule séquence de chaque tâche à la fois, mais très vite, alors on ne s’en aperçoit pas. Mais mon Mac  a des limites et je sais très bien, en le chargeant trop, à partir de quel niveau je vais le faire planter  !
        Et le cerveau humain, n’en déplaise à Microsoft n’est pas multitâches.

        Tout dépend évidemment ce qu’on appelle une tâche. vous pouvez faire plusieurs choses à la fois, mais très superficiellement et sans ensuite en garder quelque chose de sérieux : lorsque nous divisons notre attention entre deux tâches, notre cerveau a du mal à encoder les informations et, par conséquent, à les retenir. 
        Le cerveau dépense une certaine énergie quand il réfléchit ou agit; s’il fait deux tâches à la fois, il partage son énergie entre ces deux activités et donc le résultat est moins bon. A partir de 3 tâches, il ne sait plus répartir cette énergie équitablement.   
        Par ailleurs une réflexion implique d’aller chercher en mémoire des données et des processus, et pour pouvoir les utiliser, de les stocker provisoirement dans deux « mémoires tampons » : la            « boucle phonologique » pour les mots, et le « calepin visuo-spatial » pour les images, cartes et schémas. Or ces mémoires tampons ont des capacités limitées à 6 ou 7 items. Donc si on partage les informations entre deux tâches, cette limitation devient gênante (elle n’est plus que de 3 ou 4 par tâche), et ralentit considérablement la réflexion ou l’action.
        Un cas très connu est la conduite d’une automobile en même temps qu’on téléphone. La conversation accapare la mémoire tampon, et vous conduisez en « automatique ». Le moindre incident de parcours ne va pas être pris en charge assez vite pour provoquer le bon réflexe et c’est l’accident.

        Les psychologues ont étudié notre comportement lorsque nous essayons de faire plusieurs choses à la fois. Ce multitâche nous distrait et mobilise toute notre énergie cérébrale. Il en résulte que nous sommes moins attentifs, que nous réfléchissons moins et qu’on peut alors nous influencer facilement, nous faire changer d’avis, nous décider à des actions néfastes. C’est d’ailleurs une méthode connue de distraire les gens pour leur faire avaler des informations erronées, qu’ils n’auraient pas acceptées en temps normal.
        C’est d’ailleurs ce que font les magiciens et illusionnistes, qui vous focalisent sur plusieurs de leurs actions, pour que vous ne remarquiez pas d’autres qu’il veulent vous cacher.
        Des expériences ont été faite de surcharge mentale en demandant à des personnes de trouver des renseignements sur une question donnée, sur 24 sites internet, en moins de 10 minutes. Les personnes ont privilégié les informatioins des premiers sites, car ensuite, leur cerveau étant saturé, elles ont peu retenu - et de moins en moins - des sites suivants.

        Mais certains chercheurs vont plus loin et pensent que le fait d’être en permanence pressé et partagé entre des actions que l’on même simultanément entraîne des conséquences néfastes qu’ils appellent « trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité » (TDAH) ou « Attention Deficit Trait » (ADT), qui est caractérisé par la distractivité, la frénésie interne, l’impatience, la difficulté à s’organiser, à mettre des priorités, à gérer son temps et par des problèmes de mémoire.
        Une étude réalisée aussi par Microsoft a montré que les courriels et la messagerie instantanée avaient des impacts négatifs sur la productivité au travail : les employés mettaient environ 15 minutes à retrouver leur pleine concentration après avoir interrompu leur travail pour répondre à un courriel. On répond sans cesse à des demandes, et on croit qu’on ira plus vite en y répondant sur-le-champ, en interrompant un travail qui demande de l’attention.
        La pression qui existe actuellement en entreprise est une erreur contreproductive.
        Et selon le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, (je n'ai pas résisté au plaisir de citer un nom aussi difficile à prononcer !), auteur de « Vivre: la psychologie du bonheur », les moments où les gens sont le plus heureux sont ceux où ils sont complètement absorbés par une activité physique ou mentale, où ils vivent pleinement le moment présent, le bonheur de faire une chose à la fois. Et prenons même le temps parfois de rêver.

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