• Victimes d'agressions.

    Victimes d'agressions.

         Le journal télévisé parle tous les jours d'agressions, certaines venant de terroristes, d'autres de personnes psychologiquement malades, mais pour beaucoup de personnes qui ne savent pas se maîtriser.
         Il m’est arrivé d’essayer d’aider des personnes qui avaient été agressées.
         Certaines s’étonnaient et se reprochaient de ne pas d’être défendues davantage. Pourquoi n'ai-je pas crié? Pourquoi ne me suis-je pas débattue?
        On se demande souvent pourquoi la victime a l’air amorphe et ne réagit pas, comme si c’était une autre qui était concernée.
        Il faut savoir qu’une agression, même si au plan physique on n’a pas souffert, est très éprouvante au plan psychologique. Or le cerveau a des mécanismes de défense qui peuvent parfois paraître bizarres, mais sont destinés à vous protéger, et qu’on ne connaît pas si on n’a pas vécu un même traumatisme, ou si on n’a pas lu les études correspondantes.

        D’abord, face à un danger les centres amygdaliens de notre cerveau, dont j’ai souvent déjà parlé, réagissent pour essayer de nous faire réagir au mieux.
        Ils augmentent le rythme cardiaque et la pression artérielle, accélèrent la respiration et mobilisent les réserve de glycogène, pour permettre éventuellement le combat ou la fuite. Mais la réaction qui suit n’est pas automatique : cela peut être la lutte, la fuite ou la sidération.
        Certains réagissent violemment à l’agression et se défendent becs et ongles, mais ce n’est pas forcément la meilleure solution s’ils ont affaire à quelqu’un de violent et brutal.
        Beaucoup essaient de fuir, mais ne le peuvent pas toujours
        Mais dans certains cas, l'agresseur qui isole et terrorise la victime va créer chez elle un sentiment de frayeur panique, de perte de repères, voire de danger pour sa vie qui la paralysent. Le cerveau disjoncte en quelque sorte et les centres amygdaliens sont seuls à réagir, le cerveau émotionnel est submergé et il n’y a plus communication avec le cortex préfrontal, qui ne peut plus réfléchir, le stress est extrême et vous paralyse.
        C’est normal dans ce cas de ne pas réagir, on n’y peut rien. Le cortex préfrontal ne peut plus donner d’ordres au centres moteurs qui animent notre corps.
        Cette sidération peut aussi intervenir sur des témoins d’une agression ou d’un accident, dont la vue a provoqué un blocage, les empêchant d’agir et de secourir les victimes.

        Un deuxième mécanisme de survie psychologique, mais cette fois post traumatique, empêche de réagir après l’agression (ou un accident). La victime est apathique, ne semble pas réaliser ce qui s’est passé ou ne semble pas se sentir concernée, comme si l’agression concernait une autre personne et qu’elle n’était qu’une simple spectatrice.
        Les psychologues appellent cela un mécanisme de dissociation : c’est une sorte de déconnexion émotionnelle. C’est une sorte d’anesthésie du cerveau émotionnel, qui ne réagit plus normalement, et n’envoie plus de signaux au cortex frontal, qui donc reste amorphe, au repos. C’est en fait un blocage inconscient et réflexe, qui est destiné à diminuer le stress post-traumatique, et à protéger le cerveau et le psychisme.
        Evidemment les autres personnes qui ont des réaction, d’aide, de secours ou d’empathie trouvent que cette réaction n’est pas normale.
        Des médecins ou des policiers peu expérimentés peuvent croire que l'agression est anodine, voire inexistante, puisque la victime semble si bien la supporter., alors que c'est au contraire, parce que l'agression est insoutenable, que la dissociation se produit.
        L’alcool ou le cannabis que certaines victimes prennent pour se calmer, augmentent  leur déconnexion émotionnelle.

        Un troisième mécanisme est celui d’évitement. La victime change de vie, évite toutes les occupations qu’elle avait avant l’agression, voire ignore les personnes qu’elle connaissait.
        Là, il ne s ‘agit pas d’une mesure de protection, mais d’un blocage post-traumatique. Cette conduite risque au contraire d’isoler la victime, de la faire ruminer sur ce qui lui est arrivé, bref d’augmenter son stress. Ce repli sur soi-même aggrave en général le choc psychologique.
        C’est la raison pour laquelle les psychologues essaient au contraire de faire s’exprimer la victime, qu’elle raconte en mots ou en dessins son agression et ce qu’elle ressent. Il faut d’une part la sortir de son isolement, et il faut d’autre part essayer de décompresser le cerveau émotionnel et de vider le plus possible la mémoire des souvenirs traumatisants qui reviennent en boucle. C’est un peu comme faire son deuil après la perte d’un être cher.

        Un autre écueil est la sensation de culpabilité de la personne, alors qu’elle est victime, dont les remords et les regrets viennent empoisonner la vie. Cela va parfois jusqu’à croire qu’on a provoqué l’agresseur et qu’on est en partie responsable de sa propre agression.

        Les proches des victimes sont souvent dépassés par une telle situation et j’ai connu des personnes qui me demandaient que faire
        Contrairement à ce que l’on croit il ne faut pas éviter de parler de l’agression. Il faut au contraire essayer de faire dire à la victime ce qu’elle ressent, mais prudemment, en la rassurant et en ne la pressant pas, surtout en évitant la curiosité. Il faut essayer de s’en tenir au départ aux faits généraux, en faisant appel d’abord à la raison, de gagner sa confiance, et on pourra alors parler davantage de détails et sentiments et émotions.
        Il faut parfois ne pas chercher à connaître l’auteur de l’agression, si la victime ne veut pas dénoncer un proche. Il faut surtout éviter tout jugement. Il faut encourager la personne, qu’elle sente que l’on est à coté d’elle pour l’aider.
        Il faut surtout ne pas banaliser son agression, ne pas lui dire que ce n’est rien, mais au contraire, reconnaître l’horreur de ce qu’elle a subi.
        Il faut être patient, écouter, essayer de comprendre ce qu’elle ressent et ne pas l’analyser avec son propre ressenti, qui est celui de quelqu’un qui n’a pas subi le choc de l’agression.
        Il faut essayer de sortir la victime de son passé; l’orienter versl’avenir, ne pas lui parler que de son malheur, mais partager avec elle des échanges sur d’autres sujets : travail, cinéma musique sports ….
        Mais il faut se dire que gagner la confiance de quelqu’un pred parfois plusieurs semaines et qu’un choc traumatique peut durer des mois.
        Si aucune amélioration ne se produit, il ne faut pas hésiter à conseiller de voir un médecin, car des médicaments peuvent pendant une durée limitée aider à réparer les blessures (un peu comme un plâtre aide l’os à se réparer).
     
     

     

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