• http://lancien.cowblog.fr/images/Psycho/quandadolescencearriveguidesurvieparents02.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures2/Afficheadoparent.jpg

         J’ai fait  hier un article sur le bonheur dans lequel je disais que beaucoup de personnes, et notamment les jeunes, avaient souvent assez peu confiance en eux, surtout les filles, et  je constatais qu’on fait tous des erreurs mais ce n’est pas une raison pour ne pas avoir confiance en soi.
        Les gens heureux ont tendance à avoir un niveau d’estime de soi extrêmement élevé. Ils acceptent ce qu’ils sont, rayonnent de confiance, sont fiers de ce qu’ils réalisent.

        Cependant c'est difficile d'border ce problème, car la façon dont se forge l’estime de soi, de nos jours, est assez différente de ce qui se passait quand j’étais jeune.
       Qu’en est il donc aujourd’hui.?

        Comme autrefois «  l’estime de soi » repose sur l'acceptation de soi, avec une appréciation de ses forces, de sa valeur et le fait de se sentir capable de faire face aux défis  et difficultés de la vie.
        Mais d’une part la confiance en soi ne résulte pas que de l’estime de soi, et d’autre part, les points de comparaisons pour s’évaluer soi même, ont changé.


        D’abord, je l'ai déjà dit, il est très important pour les jeunes d’aujourd’hui, d’être en accord avec les valeurs de leur groupe, alors qu’autrefois, certes le groupe de copains était important pour nous, mais nous étions beaucoup plus indépendants d’esprit, car nous n’avions pas le bombardement incessant de la télé, de sa pub et d’internet, et nous avions beaucoup plus de temps pour réfléchir, n’étant pris ni par l’ordinateur, ni par le téléphone, qui n’existaient pas (le téléphone fixe était après la guerre, réservé aux professionnels et si leurs parents en étaient dotés, les jeunes n’y avaient pas accès).
        En effet les jeunes fondent leur estime de soi non pas sur leurs valeurs personnelles, mais plus sur le fait d’être capable d’agir selon les valeurs dominantes de leur environnement culturel, et notamment de leur groupe.

        Cependant dans des études faites par des psychologues éminents auprès de jeunes du monde entier, des valeurs très classiques, qui sont à la base de l’estime de soi : remplir son devoir, aider les autres, améliorer son statut social, contrôler sa vie.
        Ils ajoutent que dans les pays en développement, Asie, Afrique, Amérique du Sud, où les valeurs de tradition dominent, «faire leur devoir» est très important pour les jeunes, pour se sentir bien avec eux-mêmes.
        En Europe et aux USA, le sentiment «de contrôler leur propre vie», est le plus important, et ce n’est pas toujours facile.
        Personnellement, au contact des jeunes avec lesquels j'ai correspondu, j’ai l’impression que le problème, et l’image qu’ils ont d’eux mêmes sont beaucoup plus complexes, et que des préoccupations mineures et des rituels de leur groupe et de leur environnement interviennent probablement de façon trop importante.

        En fait ce que je constate quand je compare ma jeunesse et les temps actuels, je pense que progressivement, nous sommes passés d'une société de règles, où les adultes (parents et professeurs principalement), donnaient des ordres que l’on respectait, car nous pensions d’une part, qu’ils nous éduquaient, et d’autre part, qu’ils nous faisaient bénéficier de leur expérience, à une société de normes plus ou moins explicites, dictées par la mode, les médias et l’environnement des copains.
        Chacun a donc perdu ses repères. Les ados ont gagné en liberté, mais ressentent en même temps des angoisses nouvelles car ils ignorent contre qui ou quoi ils risquent de se heurter, et on constate que trop d’entre eux ont des velléités dépressives.
       Quant aux parents, ils ont du mal à gérer leur rôle dans cette période de mutation et ont tendance à laisser faire, de peur qu’on ne les aime plus.
        La discussion parents, enfants est souvent inexistante, on n’ose olus aborder des tas de sujets devenus tabous; en classe le lien entre professeurs et une partie des élèves n’existe plus, et l’expérience de la vie des anciens ne sert plus aux jeunes qui se retrouvent seuls face à la vie.

        Il faut être conscients que, contrairement à ce qui se passait autrefois, maintenant, du fait des textos, messagerie, réseaux sociaux sur Internet, les adolescents passent désormais plus de temps entre eux qu'avec leurs parents.
        Cela n'est pas sans conséquences : ils apprennent la sexualité à travers des images plus ou moins pornographiques et surtout ils sont soumis à la pression des médias, de la publicité, de la consommation et de l'esprit moutonnier qu'imposent les groupes de copains. La comparaison avec ce qu’a son copain compte plus que ce que l’on a soi-même, et même si l’on est comblé, c’est une catastrophe si on n’a pas une babiole sans importance qu’ont les autres et que vos parents vous ont refusé.
        Les modèles médiatisés sont totalement contradictoires avec ceux que la plupart des parents ont envie de transmettre à leurs enfants : par exemple pour les filles, vouloir plaire à tout prix au risque de devenir objet,  et pour les garçons ne voir dans l’amour qu’un passe temps sexuel et se vanter de ses conquêtes, et pour tous, ne pas se respecter, ne s'estimer qu'aux marques que l'on porte, mépriser l’effort et ne penser qu’à profiter de la vie.…
        Et l'autoritarisme ne sert plus à rien car les adolescents sont plus sensibles aux gains qu'aux pertes. Les punitions ont moins de portée que les carottes.

        Ce qui me navre, c’est que, les codes ayant changé, les parents ne voient plus ce qui se passe et le mal éventuel des adolescents est trop souvent sous-évalué, voire ignoré, car ce ne sont pas forcément eux qui font le plus de bruit.
        Je n’ai pas d’action directe sur les jeunes qui m’écrivent, n’ayant que des contacts virtuels, mais je constate que les écouter, leur laisser exposer leur problèmes car ils sont soulagés de trouver une oreille qui les entendent et ne les juge pas.
       Essayer de décortiquer avec eux leur situation pour qu’ils la comprennent mieux et en minimisent les inconvénients et contraintes, les aider à trouver des solutions aux problèmes, voire quelquefois les aider dans leurs difficultés scolaires, arrive à les soulager d’un certain stress, d’une certaine angoisse.

        En fait c’est un rôle que jouaient autrefois les parents et surtout les grands parents.
    Nous avions avec eux des « contrats » de comportement et les deux parties le respectaient, mais ils résultaient d’un dialogue et donc d’une compréhension mutuelle.
        Pourtant c’est sûrement possible encore. Il m’arrive souvent de montrer à certain(e)s de mes correspondant(e)s que ce qu’elles ont fait était préjudiciable à elles mêmes et aux autres, et de leur montrer qu’on peut mieux faire, et c’est accepté sans acrimonie. Seulement celai intervient après une longue discussion où je les ai écouté(e)s et où j’ai essayé de les comprendre, d’appréhender le comportement de jeunes qui n’ont plus les mêmes valeurs que moi…(encore que souvent ce ne soit pas si sûr….)

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        Il m’arrive souvent de discuter de « l’esprit moutonnier » des gens.
        Cet esprit qui consiste à d’une part adopter sans trop se poser de question, les opinions de la majorité, et d’autre part à vouloir posséder ce qu’ont nos voisins  et camarades ou à imiter le comportement des personnes majoritaires du groupe auquel on est, plus ou moins, intégré, est encore plus répandu aujourd’hui chez les jeunes, qu’il ne l’était il y a 60 ans.
        C’est un comportement social et il a sans doute été développé par l’emprise de plus en plus grande d’une part des moyens de communication multimédia, mais aussi par la publicité et la société de consommation, ainsi que le bourrage de crâne que nous font subir les médias.
        Les adolescents, et cela est normal et bénéfique, ont tendance à vouloir s’émanciper et s’éloigner du nid familial et donc avoir des camarades et amis pour partager leurs occupations. Cela fait parti de l’apprentissage d’émancipation, et les parents devraient l’encourager, mais aussi le contrôler pour en éviter les dérives.
        Par ailleurs en même temps, les jeunes ont peur de cette responsabilité et de cette liberté, et cela les stresse. L’allongement des études et le chômage ont par ailleurs pour consé-quence de retarder l’entrée dans le monde du travail, ce qui ne favorise pas ces problèmes.
        On constate un changement très important dans la mentalité des jeunes. Autrefois, adolescent, notre modèle c’était nos parents et des gens de notre entourage que nous admirions pour leurs compétences : nos professeurs, les médecins, les savants, les artistes.
        Aujourd’hui la plupart des jeunes n’ont pour référence que leurs camarades, les groupes de musique et les vedettes du cinéma et du foot.

        Le groupe de copains a donc pris une importance qu’il n’avait pas autrefois.
        Certes nous avions beaucoup de contacts avec nos camarades, plus réels d’ailleurs, car les téléphones portables, les réseaux sociaux et la messagerie n’existaient pas, mais nous gardions notre indépendance d’esprit vis à vis du groupe.
        Aujourd’hui les jeunes se sentent déshonorés s’ils ne font pas partie d’un groupe, de même qu’ils trouvent anormaux ceux qui n’ont pas de petit(e) ami(e).
        On est donc prêt à tout pour faire partie du groupe et s’y intégrer.
        Jessica Lakin et ses collègues expliquent, dans un article de Psychological Science, qu’ils ont constaté que lors d’une expérience où des jeunes avaient été exclus d’un jeu vidéo, si ensuite on les mettait en présence d'autres participants dont certains avaient été exclus comme eux, et d'autres non, ils imitaient préférentiellement le comportement de ceux qui n'avaient pas été exclus.
        En portant les mêmes habits ou en se comportant de la même façon que les membres d’un groupe, on signale son appartenance et on évite d'être pointé du doigt.
    Au contraire, il suffit d’un détail discordant pour être mis au banc d'une microsociété. Les enfants qui ne portent pas les chaussures de sport de la bonne marque ou qui n'ont pas de téléphone portable à la mode le savent.

        Je connais cependant des jeunes qui ne veulent pas avoir cet esprit moutonnier et qui veulent garder une certaine indépendance, mais ils me disent tous alors beaucoup souffrir de ce que leurs camarades n’ont pas une bonne opinion d’eux et ils semblent se croire persécuté(e)s par la terre entière parce que ils ne sont pas comme tous le monde, avec le même conformisme.
        Il y a là une grande contradiction : je me trouve très bien de ne pas être un mouton qui suit sans cesse l’avis de la majorité sans réfléchir. Personnellement je suis comme cela et je me fais ma propre idée sur chaque chose, certes en écoutant les autres, mais en ne les suivant pas aveuglément. Mais il faut quend même rester logique et en accord avec les données des faits et avérées ou avec les données de la science,de la médecine et des sciences humaines et de la Terre, sinon on n’est plus dans la réalité. Il faut aussi se rappeler que la liberté de chacun doit s’arrêter là où commence celle des autres, et donc dans le respect de la loi.
        Mais il faut alors être cohérent et ne pas trop se préoccuper de l’opinion des autres sur soi même. Personnellement l’opinion de ma famille et de mes amis compte, mais celle des autres très peu. Sinon on en souffre forcément et on se torture soi même.
        En définitive il faut, ou être mouton si on veut que presque tous les autres aient une bonne opinion de soi et ne pas en souffrir, ou bien on peut être indépendant d’esprit, voire créatif et original, mais il faut alors ne pas trop se soucier de l’opinion d’autrui.

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         Je suis toujours étonné du nombre d’adolescents qu’il soient jeunes (14 ans) ou plus âgés (18 ans), qui prennent d’énormes risques sans réfléchir, font des bêtises du niveau d’un gosse, alors qu’ils se prennent à tort pour des adultes, et qui se conduisent socialement comme des personnes peu sensées alors qu’ils sont intelligents.
        Je me demande souvent à quoi tout cela est dû. Je ne pense pas pouvoir faire le tour du problème (je crois que même les psychologue ne l’ont pas fait), mais je voudrais faire part de quelques réflexions.

        Au début du siècle dernier, non seulement les règles d’éducation des enfants étaient très sévères, mais il existait un processus d’initiation que ce soit à l’école ou en apprentissage. Le certificat d'études et le brevet, et à fortiori le bac, avaient une valeur de reconnaissance sociale. La progression des épreuves, surveillées par un «tuteur», donnait à l’adolescent des repères et lui permettait d’apprendre peu à peu la prévision des conséquences de ses actes et l’indépendance.
        Quand j’étais jeune ou du temps de mes enfants, les parents, puis les professeurs veillaient encore sur l’éducation progressive des enfant et le respect de règles. Ils servaient de référence aux jeunes. Pour les garçons, le service militaire était aussi une occasion d'initiation et de mélange social.
        Aujourd’hui, entre les familles recomposées et les parents laxistes, l’instruction devenue très théorique et n’incitant pas à l’effort, nombreux sont les ados qui ne sont pas habitués à respecter, même des règles élémentaires. Il n’y a plus aucune initiation «rituelle», les modèles sont les stars de la musique et du sport dont le niveau et la conduite ne sont pas le plus souvent, très satisfaisants.
        Alors l’initiation se fait au petit bonheur la chance et à l’initiative des jeunes et de leurs camarades. On se soucie surtout de paraître devant les copains et de se montrer «adulte», alors on fume du tabac ou du cannabis, on boit de l’alcool, on confond le sexe et l’amour, on passe sont temps  sur la télé, internet et les jeux, on sabote ses études, et on flirte parfois avec la mort dans un véhicule ou à vélo.
        C’est une initiation certes, mais désordonnée et sans progression, ou l’erreur peut se transformer en catastrophe, et qui, en aucun cas ne satisfait le besoin de montrer sa valeur personnelle. Les instances sociales sont hostiles et mettent en place prévention et sanctions. La réussite de l’épreuve n’est jamais assurée et peut se transformer en blessure, handicap, voire la mort, ou, si l’on a inconsidérément enfreint la loi, peut se terminer en prison, à la grande douleur des parents impuissants.
        Les jeunes sont perdus, car, en l’absence de règles et de guides suffisants, dans un contexte où les valeurs sont l’argent et la consommation, et où tout est orchestré par les médias et  la vie réglée par la télévision, internet, et les téléphones portables, et où l’avenir est plombé par le chômage, l’adolescent ne peut plus donner un sens à sa vie, et il s’efforce de reprendre le contrôle de sa vie qui lui échappe, sans l’aide de ceux qui pourraient le guider.
        Les initiations sont individuelles, n’ont de valeur que pour celui qui les pratique, n’apporte aucune réponse valable sur l’identité du jeune, ni une progression dans son rôle et son statut social. Il n'existe aucun rite unanime : ce sont des manifestations certes venues d'une certaine mode, mais individuelles : tatouages, piercing, blog, les techniques de communication, le sexe, la musique, les groupes....
        La société ne valide évidemment pas ces comportements à risque et le jeune se sent au contraire, exclu et rejeté. Le savoir et les diplômes n'ont souvent aucune valeur pour lui et être intellectuel est un défaut.
        Ce sont pourtant des rites d’initiation, mais où le jeune n’est pas conscient de ce qu’il recherche, et l’approche du risque et de la mort est en fait, une manifestation erronée du goût de vivre.

        Certes tous les jeunes ne sont pas ainsi, mais ceux qui ont cette approche, se ressemblent quelle que soit leur milieu et leur nationalité. Et ceux qui se scarifient ou se suicident tiennent des propos semblables
        Ceux qui échappent à cette tendance, sont ceux à qui les parents ont su donner des règles dès l’enfance, ceux que les professeurs ont réussi à intéresser à leurs études, leur donnant curiosité intellectuelle et goût du travail, et enfin, ceux défavorisés, qui ont dû trimer très jeunes pour gagner leur vie, et qui sont devenu adultes plus vite, alors que les autres prolongent leur adolescence au delà des limites d’âge habituelles.

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          Il me semble avoir été un adolescent relativement calme. A part quelques bosses en sports, et avoir en bas d'une cote, être rentré en vélo dans la remorque d'un camion, ce qui ma valu une soirée à l'hôpital et a inquiété mes parents, je ne pense pas leur avoir causé beaucoup de soucis. Il est vrai qu'à 20 ans, étant entré à l'X, je n'étais plus à leur charge.
         Mais ma soeur et mes deux frères ne leur ont pas causé de grande inquiétudes.
         J'ai eu 4 enfants, parfois turbulents, mais je n'ai que de bons souvenirs de leur adolescence.
        Celle de certains de mes ! petits enfant a été plus houleuse, mais dans l'ensemble, cela n'a pas été trop dramatique et ils sont tous maintenant adultes entre 37 et 22 ans. 
       Alors je suis étonné des plaintes des parents d'aujourd'hui, un peu dépassés par leur marmaille, et surtout de les entendre dire très souvent que la faute de tous ces errements des jeunes, est celle de notre société.
       Je pense que c’est un peu facile de se dédouaner ainsi du manque de l’éducation que l’on n’a pas su donner à ses enfants, mais il est exact que la société d’aujourd’hui (et donc nous tous) avons notre responsabilité.
      La société à changé et personnellement j’ai eu du mal à m’adapter à ses pratiques culturelles, tellement différentes de l’éducation que j’avais reçue.

        La première différence que je constate est que les enfants n’ont plus d’enfance.
        La faute d’abord aux parents qui ne les laissent plus jouer aux jeux d’enfants qu’ils trouvent puérils (et pourtant !!), et qui demandent leur avis et même leur laissent la décision, sur tout ce qui les concerne et qui, à leur âge, devrait rester du ressort des parents.
        La faute ensuite au collège, où les plus grands obligent plus ou moins les «petits» à partager leurs opinions, voire malheureusement, parfois les harcèlent..
        Ce n’était pas comme cela autrefois et je me souviens qu’à 13 ans, j’avais encore une âme d’enfant, même si je rentrais dans l’adolescence, et pourtant j’étais au lycée en seconde et mes camarades avaient souvent deux ans de plus que moi. Mais eux se sentaient ado et ne jouaient pas à l’adulte prématuré.
        Mes petits enfants et leurs camarades n’ont plus eu, dès la 6ème, l’exubérance de l’enfance, mais n’en étaient pas plus sérieux pour cela, loin de là !
        Cependant leur attitude était souvent différente au collège et à la maison, leurs lectures diffé-rentes, leurs jeux en partie aussi, par crainte d’être ridicule au collège, devant les copains et copines.
        Cette «honte sociale» n’existait pas il y a 50 ans. J’étais en général de loin le plus jeune de la classe tout au long de mes études secondaires, mais en aucun cas je me serais laisser commander par l’opinion des autres. Ce qui m’importait c’était celle de mes parents, de mes professeurs, et la considération de ma propre conscience et individualité.
        Quant aux camarades de classe, ils ne traitaient pas d’intellectuels les premiers de la classe, ils leur demandaient de les aider  à comprendre les cours et expliquer les exercices. D’ailleurs les professeurs encourageaient cette attitude qui permettait un niveau moyen plus élevé et évitait aux meilleurs de s’ennuyer (et aussi d’être prétentieux, car c’est en expliquant qu’on se rend compte soi même qu’on n’a parfois pas bien compris).

         Une deuxième constatation est l’évolution des objets culturels : l’invasion de la télévision, d’internet, des CD et DVD, des smartphones, a bouleversé les références «culturelles» des jeunes ados. Il suffit de regarder les posters de leur chambre, d’écouter leur musique (certains morceaux de «métal» qu’écoutait l’une de mes petites filles, me rappelait parfois les cris des cochons que les paysans égorgeaient vivants dans mon enfance !!  Cela dit il y a de la musique métal irlandaise que je trouve audible).
        De plus même le multimédia évolue. Mes enfants s’intéressaient beaucoup à la télévision, mes petits enfants la délaissent pour l’ordinateur, internet et le smartphone, ses SMS et les multiples réseaux sociaux. Certains de leurs amis ont même les pouces déformés par cette pratique.
        Evidemment il y a un compromis avec les parents qui ont encore leur mot à dire sur la décoration de la chambre de leurs ados, au moins pour la canaliser, mais je constate que cette influence est de plus en plus faible.
        Le même phénomène se retrouve sur les vêtements qui veulent de plus en plus ressembler à ceux des jeunes adultes, ce qui est malheureusement beaucoup trop encouragé par les parents, et le phénomène des marques et de la contagion des copains, car ce qui compte alors c’est l’appartenance à un groupe, et l'apparence que l'on a aux yeux de ses membres.
        Il faut avouer que notre société de consommation est en grande partie responsable : les industries culturelles et mercantiles ciblent des consommateurs de plus en plus jeunes, relayées par les médias et la pub omniprésente. Alors qu’un adulte est peu sensible à la publicité à la télé(il en profite pour passer un coup de fil ou aller aux toilettes), les enfants apprennent les slogans et les clips beaucoup mieux que leurs leçons de classe. Les enquêtes sur les audiences incluent maintenant les enfants à partir de 12 ans, voire moins, et les pouvoirs publics trouvent cela naturel !!

        Je ne parlerai pas de l’attitude des ados qui leur fait faire les pires bêtises pour se faire valoir auprès des copains, pour faire croire à eux mêmes qu’ils sont des adultes et parce qu’ils se sentent en partie rejetés par la société.
        Le taux de fumeurs, de consommateurs d’alcool, d’accidents a augmenté, surtout chez les plus jeunes.

        Une autre caractéristique qui me soucie est le peu de curiosité intellectuelle, d’imagination de créativité et de capacité à s’ennuyer de beaucoup d’ados d’aujourd’hui.
        Sans doute en raison des moyens modernes de communication, les jeunes ont peur d’être seuls, non seulement les extravertis dont c’est la nature, mais même les introvertis qui devraient se plaire dans l’univers de leurs pensées.
        Ils ont peur de s’ennuyer et d’ailleurs leurs parents s’ingénient à leur trouver des tas d’occupa-tions et à les trimballer en permanence pour y aller. Autrefois au contraire les parents nous laissaient volontairement nous ennuyer et ils avaient raison.
        Quand nous étions seuls, nous nous trouvions nous mêmes des occupations; nous nous inventions des jeux, nous recherchions des informations dans les livres et revues, nous regardions la nature, le dessin, la musique, l’écriture, et bien sûr le travail de classe, bien plus abondant qu’aujourd’hui, nous occupait.
        Internet est un merveilleux outils de culture, mais les jeunes qui ont peur de s’ennuyer ne savent pas s’en servir (on ne leur apprend pas non plus !), et ils préfèrent facebook, instagram ou tir-tok à google.
        Les jeunes s’ennuient, en souffrent et ne savent plus utiliser ce temps de réflexion et de solitude : l’imagination, la créativité en souffre.
        Personnellement j’encourage fortement ceux ou celles qui sur leur blog dessinent, écrivent nouvelles ou poésie, donnent des recettes, ou même racontent leur vie. C’est une façon bien meilleure de ne pas s’ennuyer.

        Dernier point l’amitié et l’amour. c’est un changement très important.
        Pour les amis, je constate que les jeunes ont peu de vrais amis. Ceux dénommés ainsi sur facebook ou autre réseau social, sont loin d'être des amis. J’ai fait plusieurs articles sur l’amitié, qui est au fond la même chose que l’amour mais sans le sexe.
        Les jeunes aujourd’hui ont surtout des copains, ceux avec lesquels ils chahutent et s’amusent, ceux aussi avec lesquels ils font un certain nombre d’âneries.
        Mais c’es copains ont une énorme influence, car l’individualité du jeune est moins forte qu’autrefois. Il faut qu’il appartienne à un groupe, qu’il y soit intégré, qu’il partage leurs coutumes, y compris souvent l’habillement, la façon de parler, les musiques, les comportements.
        Rien n’est pire que de ne pas être intégré au groupe de copains, surtout pour les garçons, et l’ado devient ainsi moutonnier, alors que le groupe est lui même sous influence de la mode, de la publicité, de l’attrait des grandes marques, et de l’imitaion du monde des adultes.
        Cette appartenance au groupe contrarie l’évolution de l’ado vers l’autonomie, et je constate que cela, allié à l’allongement moyen des études, et au chômage, fait que l’ado, qui se croit devenu adulte, est en fait moins autonome qu’autrefois et n’atteint sa maturité que plus tard. Il rest d'ailleurs plus longtemps la charge des parents.
        Le désir d’indépendance naturel à l’adolescence, qui était plus rapidement satisfait autrefois, est contrarié plus longtemps aujourd’hui, et aboutit, soit à des conflits parents-enfants, soit à un laxisme des parents, qui confèrent une indépendance à un ado qui n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour gérer cette indépendance sans erreurs.

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    Quand finit l'adolescence.?

           Mon article d'il y a trois jours m'a valu quelques mails et quelques réflexions tantôt bienveillantes, tantôt critiques sur l'adolescence
             Je me suis souvent demandé : «mais qu’est ce qu’un adolescent ?»et quand finit elle ?
             Le plus curieux c’est qu’après avoir discuté avec beaucoup d’entre eux, et au moins autant de jeunes autour de la vingtaine d’années, je ne sais pas répondre à cette question.

             En fait j’ai vainement cherché sur internet des limites claires de l’adolescence et je n’en n’ai pas trouvées. Tout au plus peut on dire qu’elle commence en général en même temps que la puberté, encore que certains parents, qui considèrent leurs enfants dès 8 ou 9 ans comme des adolescents, finissent par les déformer et les priver de leur enfance.
             Je crois que l’adolescence c’est avant tout une invention des adultes vis à vis de l’opinion qu’ils ont sur le comportement de jeunes dans notre société et aussi sur les déboires que les parents, grands parents et professeurs, rencontrent quant aux méthodes et actions pour donner aux jeunes la possibilité d’accéder peu à peu sans catastrophe, au statut d’adulte.

             Je crois en effet que les adultes ont du mal à comprendre l’évolution actuelle de la société surtout celle des jeunes. Une chose essentielle pourtant.
              J’ai eu beaucoup de difficultés au début à comprendre les comportements des jeunes. Je pense mieux les comprendre au bout de 15 ans de dialogue, ce qui ne veut pas dire que je les approuve toujours.
             Ce qui me frappe le plus, par rapport aux souvenirs de ma jeunesse, c’est que mes parents, mes grands parents, beaucoup de mes professeurs étaient pour moi des modèles, des exemples à suivre. Mais ils le savaient et s’efforçaient d’être, à mes yeux, sans reproche et quand je ne comprenais pas parfois leur attitude, ils m’en expliquaient la raison. Je me souviens encore d’une dissertation faite en philo : «comment donner et suivre le bon exemple?». Ce n’est pas facile et il faut faire effort.
             Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus ces réflexes, mais les parents souvent non plus. J’ai connu des pères qui incitaient leurs enfants à parler et se comporter grossièrement, d’autres qui étaient fiers qu’ils fument, alors que cela risquait de ruiner leur santé.
             Le modèle des jeunes n’est plus celui de leurs adultes éducateurs, mais ce sont les copains qui les entourent, en général aussi immatures qu’eux, et qui n’ont aucune notion de l’exemplarité.
    Le comportement moutonnier, l’appartenance sans réflexion personnelle à un groupe, la toute puissance de l’opinion des copains et du paraître à leurs yeux, l'addiction au smartphones et aux réseaux sociaux, sont le plus souvent l’explication des descentes aux enfers des jeunes, mais souvent provoquées par un comportement irresponsable des parents dans leur propre vie.
             De plus, encore du temps de mes enfants, les adultes avaient des occupations communes avec les enfants, au moins jusqu’à leur bac, et ils en tiraient plaisir. Aujourd’hui, trop occupés par leurs métiers et fatigués par la pression actuelle sociétale, les jeunes les dérangent plutôt et ils s’en débarrassent en confiant leur éducation à l’école, en les envoyant avec les copains ou en les mettant tout jeunes, devant la télé, ou en les saturant d'activités externes.
             C’est d’autant plus vrai que l’adulte ne comprend plus les représentations des jeunes et ne leur explique plus les siennes. Il ne s’agit pas d’imposer ses vues à ses enfants, mais de leur dire pourquoi on les a, et les risques et les avantages présentés par les divers points de vue, chacun ayant en général les siens.

             Si vous regardez les statistiques, les accidents et les suicides sont aujourd’hui les causes les plus fortes de mortalité des jeunes. Ce n’est que partiellement leur faute, car c’est nous qui n’avons pas su leur inculquer les règles qui auraient permis d’éviter cela.
             Ces règles, c’est en quelque sorte une initiation à la vie, qui a remplacé l’initiation rituelle des peuples primitifs. Aujourd’hui la démission des parents fait que cela est souvent remplacé par une «auto-initiation», qui ne peut profiter d’aucune expérience et encourage donc l’immaturité.
             Je constate que beaucoup d’adolescents sont plus immatures que des enfants d’il y a 30 ans.
             Les exemples d’erreurs graves sont nombreuses : soi disant plaisir d’une beuverie où l’on peut aller jusqu’au coma éthylique, accidents de la route sous l’emprise du cannabis qui fait prendre des risques sans s’en rendre compte et annihile les réflexes, conduites délinquantes diverses, et autosabotage de son instruction.
             Le langage cru des jeunes et leur comportement parfois asocial ne m’inquiètent pas trop, même si je ne les approuve pas. Ce qui me soucie, ce sont ces comportements immatures, cette absence de bon sens et d’un minimum d’intelligence pratique. Mais que fait on pour les tirer de là?. 
             Je crois que nous avons beaucoup à faire pour comprendre les ados. Nous nous attachons trop à des modes de vie : les musiques, les conversations, les tenues vestimentaires, les amitiés. Bien sûr, il faut mettre des limites pour que ces comportements ne deviennent pas nuisibles et ne dépassent pas les bornes.
             Mais l’essentiel, c’est la préparation de leur avenir, leur passage à l’état d’adulte qui actuel-lement ne se fait plus assez vite : c’est leur expliquer l’utilité de certaines règles en société ou dans la vie, de leur expliquer certains risques physiologiques, de leur donner le goût du travail, et de la curiosité intellectuelle,d’essayer avec eux de comprendre leur personnalité et leurs potentiels et aptitudes, bref de les aider à construire leur identité.
             C’est sûrement faisable, car je connais bon nombre d’adolescents qui ont dans ces domaines un comportement raisonnable, car les parents ont su les éduquer.
             Le plus difficile est malheureusement aujourd’hui de donner aux ados le goût du travail et une certaine curiosité intellectuelle : ils sont trop pris par le activités médiatiques, les programmes de l’Education Nationale ne sont pas assez concrets et beaucoup trop divers avec des options à n’en plus finir, les jeunes profs souvent pas assez formés à la pédagogie; il y a trop d’informations sur internet et les jeunes ne sont pas formés à chercher celles qui sont pertinentes. Les défauts les plus courants sont la paresse, l’innatention et le goût de la routine, qui tue la créativité. Et on n’arrive pas à leur faire comprendre que c’est leur avenir qu’ils préparent, le modèle que nous donnons avec le chômage actuel étant évidemment catastrophique.

             Bref je crois que l’adolescence cela n’existe que dans notre esprit, tellement c’est variable selon les individus et l’environnement.
           Pensons plutôt à aider à grandir nos enfants et à ne pas vouloir les croire capables d’être trop tôt autonomes. Nous ne faisons ainsi que retarder leur maturité.

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