• Familles hier et aujourd'hui

     

    Familles hier et aujourd'hui

            Quand j’étais jeune (il y a 70 ans !), les revues qu’elles soient de psycho ou grand public, ne parlaient guère de « l’art d’être parents ». Il y avait juste des conseils sur la santé des enfants, les soins à leur donner et des publicités pour leur habillement et leurs jouets.
             Les psychologues faisaient probablement peu d’études sur ce sujet et elles concernaient essentiellement le rôle de la mère : c’était sur elle que reposaient la responsabilité et la tâche de s’occuper des enfants, le père devant, par son métier, apporter le ressources nécessaires au ménage.
              Bien entendu, lorsque cet apport n’était pas suffisant, la mère travaillait, mais c’était elle qui faisait néanmoins la plupart des tâches ménagères.
             Les divorces étaient peu nombreux et arrivaient en général soit avant d’avoir des enfants, soit lorsqu’ils étaient élevés.
            En ce qui me concerne, je partais tôt à mon travail, je rentrais assez tard et je regardais le travail scolaire de mes quatre enfants. Ma femme s’occupait d’eux la journée et ce n’est que le week-end que je l’aidais et que nous allions faire les courses, et que nous nous occupions ensemble des enfants pour avoir des occupations en commun. Et je suis arrivé, heureux, à 70 ans de mariage.

              Mais ce modèle « traditionnel », ne suffit plus pour décrire la parentalité aujourd’hui.
              La majorité des femmes ont un métier et les hommes les aident en général beaucoup plus dans les tâches ménagères et d’éducation des enfants. Il y a de nombreux divorces, des familles monoparentales, des familles recomposées et des familles homoparentales.
             Il y a donc une redéfinition des rôles parentaux et une structuration différente de la famille, mais la plupart du temps, les études montrent que passer du « traditionnel » au « contemporain » n’est en rien dommageable pour les enfants, sauf au moment des divorces, surtout s’il est conflictuel. 

            Dans la vie d’un couple qui a des enfants il y a plusieurs sortes de tâches :

            D’abord qu’il y ait ou pas d’enfants, les tâches ménagères. Si la femme travaille et que ces tâches restent entièrement à sa charge, elle sera vite saturée et cela conduit au burn-out, sauf si elle a des ressources financières qui lui permettent de se faire aider par l’extérieur.
             Je constate que les jeunes hommes aident en général davantage leur femme dans ces tâches et ne lui laissent plus porter toute la charge correspondante.
            Cela a un avantage c’est qu’ils apprendront à faire la cuisine et le ménage. J’ai dû, depuis 5 ans, assurer ces tâches du fait de la maladie de ma femme, et heureusement, elle avait été un bon professeur depuis que je suis en retraite et je n’ai pas rencontré de difficulté.

            Il y a ensuite à s’occuper des bébés et des enfants très jeunes; C’est primordial car l’éveil de l’enfant dépend beaucoup des soins des parents, du fait qu’ils l’aident à découvrir l’environnement, qu’ils lui parlent et lui montrent des images, des livres, bref qu’ils l ‘aident dans son apprentissage élémentaire de la vie.
             Certes cette phase est davantage assurée par la mère, qui a un rapport privilégié avec le bébé, même au plan physique. Mais je constate, là aussi, que les pères s’impliquent davantage qu’autrefois et prennent leur part de cette fonction.
            Papa peut aussi être parent, car il est tout aussi apte, même si les liens sont moins ténus (le tout petit bébé a des souvenirs de lorsqu’il était foetus ou quand sa mère le tenait dans ses bras et avant de connaitre son visage, il connaissait déjà sa voix et son odeur).
            Mais il arrive parfois que la mère soit réticente ou un peu jalouse de ce rôle du père et cherche à garder ces tâches presque en exclusivité.

             Il faut ensuite s’occuper des enfants plus grands, suivre leur travail de classe, mais aussi leur apprendre des règles à respecter, du fait qu’ils vont vivre en société. C’était autrefois davantage le rôle du père, qui était censé avoir davantage d’autorité. Ce n’étais pas forcément vrai et la mère devait parfois suppléer la déficience du père.
            Je pense qu’aujourd’hui, le père et la mère se partagent cette tâche. Mais il faut alors qu’ils se coordonnent pour avoir la même attitude vis à vis des demandes ou des bêtises des enfants. J’ai connu des familles où ce n’était pas le cas, où l’un permettait quand l’autre avait interdit, et les enfants, qui profitaient de ce désaccord, étaient insupportables.
             Cela ne signifie pas que la répartition des tâches doive être égalitaire ; l’important est l’accord entre les parents sur « qui fait quoi » et sur ce qu’on dit aux enfants.
             BIen sûr, non seulement la cohésion du couple est importante, mais aussi son entente à deux car j’ai vu beaucoup d’enfants souffrir de la mésentente et des disputes des parents, surtout en cas de divorce. 

              Etre parent aujourd’hui, c’est certes affirmer ses attentes et son vécu, mais aussi comprendre les attentes et le vécu du conjoint. C’est donner amour et affection, ainsi qu’un cadre éducatif, prendre soin de l’enfant, en donnant des règles claires et en réglant les conflits, enfin en montrant une cohésion qui garantit un contexte de développement stable pour l’enfant. C’est encore plus vrai dans la famille actuelle que dans la famille traditionnelle d’autrefois.

              Les chercheurs étudient aujourd’hui le comportement des « nouvelles familles » et le développement des enfants, qui sont pris en charge beaucoup plus tôt par des personnes externes , dans les crèches et les maternelles.
              Il faut reconnaître que certains parents, trop pris et fatigués par leur travail, se déchargent sur ces organismes de l’éducation de leurs enfants.
             Mais en dehors de ces cas, ou de problèmes de ressources financières (notamment pour les mères célibataires), les enfant sont aussi heureux et en général soignés et éduqués qu’autrefois.
             En particulier les enfants des familles recomposées ne souffrent pas particulièrement de cette situation, même si les parents s’occupent plus de leurs enfants propres que de ceux du conjoint.

             Et, n’en déplaise aux opposants au mariage pour tous, les études concernant les enfants de couples homoparentaux ne constatent pas de déficit qui serait venu de l’absence de l’un des sexes et des à-priori correspondants : une absence de père exposerait а un manque de discipline, alors qu’un défaut de mère conduirait а un manque d’affection.
              Il n’y a aucune différence concernant le comportement, l’éducation et la réussite scolaire, des enfants issus de familles homoparentales en comparaison аvec  des enfants issus de familles hétéroparentales.
             Par contre on constate souvent une répartition des tâches plus égalitaire chez les couples homosexuels.

            En ce qui concerne les familles monoparentales, majoritairement des mères seules, le facteur socioéconomique serait la cause principale des difficultés constatées, les séparations s’accompa-gnant en général d’une baisse du niveau de vie de chacun des anciens membres du couple : quand on compare des familles monoparentales et des familles « intactes » ayant des ressources socioéconomiques équivalentes, il n’apparaît aucune différence entre les enfants. 

            Finalement être parent c’est répondre à trois besoins fondamentaux de la famille : amour, et affection, éducation, apprentissage et règles de vie, enfin logistique, besoins physiologiques toit, nourriture distractions.
           En principe un adulte est capable de répondre à cela.
           L’important est le soutien et la cohésion « coparentale », quels que soient les membres de la famille, et même en cas de divorce, qui, de fait, ne change pas la nécessité de la collaboration avec l’ex-conjoint.
           Les seuls cas où j’ai vu des enfants malheureux, c'était lors de divorces conflictuels ou si leurs parents les maltraitaient ou des enfants harcelés hors de leur famille, mais c’est un autre problème.

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