Le système de santé français est confronté à de nombreux défis : les déserts médicaux, les tensions liées aux manques de personnel et de moyens dans les hôpitaux, et une inégalité croissante d’accès aux soins. Pourtant  la santé des Français s’est améliorée entre 1990 et 2019, comme le montre une étude faite par Florence Francis-Oliviero, médecin au CHU de Bordeaux, et spécialiste en santé publique.
      Le programme américain "Global Burden of Diseases" (charge mondiale des maladies), a réuni à l’université de Washington, à Seattle, aux États-Unis, une base de données médicales, qui contient plus de 607 milliards de données, provienant de rapports d’experts, de publications scientifiques, et qui prend en compte 459 maladies et facteurs de risque, concernant 204 pays,
      Le docteur a compulsé les données sur la France, ainsi que des données OCDE, sur la période 1990-2019 (avant le covid) et je vais citer ses conclusions. Elle indique toutefois que les données statistiques permettent d’identifier des tendances générales, mais il est difficile d’établir des liens de causalités comme, par exemple, entre l’évolution d’un facteur de mortalité et une campagne de prévention spécifique.

         De façon globale, la santé des Français s’est améliorée sur cette période. L’espérance de vie à la naissance est passée de 77,2 à 82,9 ans. L’espérance de vie en bonne santé a aussi augmenté, de 67 à 71,5 ans. Même si les données ne permettent pas de tracer un lien de causalité direct, les progrès techniques de soin, de prévention et certaines politiques de santé ont contribué à ces résultats positifs.
         La France se classe en septième position pour l’espérance de vie et en quatrième place pour l’espérance de vie en bonne santé. Mais, tous les pays d’Europe ont des profils épidémiologiques similaires avec une forte présence des maladies chroniques et une faible part de maladies infectieuses.
         En dehors d’une baisse notable des accidents de la route, due surtout à l’obligation de porter la ceinture de sécurité, les principales causes de mortalité sont restées les mêmes sur la période 1990-2019 : les cancers, avec en premier lieu ceux du poumon, et les maladies cardiovasculaires. Les facteurs principaux de morbidité, c’est-à-dire les facteurs chroniques qui altèrent la qualité de vie, sont les lombalgies, les maux de tête et les troubles anxieux et dépressifs.
        Mais la baisse de la mortalité pour les cancers du poumon a diminué de 23 % en Europe, mais seulement de 6 % en France. L’explication est peut-être dans le fait que le tabagisme est encore présent en France, plus que dans les autres pays d’Europe.
         À l’inverse, pour les maladies cardiovasculaires, la France a de meilleurs résultats. L’explication pourrait être qu’il y a un peu moins de facteurs de risque cardiovasculaires (obésité ou diabète, par exemple) dans la population française qu’en Europe, probablement grâce à des habitudes de vie plus favorables concernant l’alimentation.
         Si la France se classe parmi les premiers en Europe en matière d’espérance de vie, il tombe à la 24ème place si on regarde des indicateurs de prévention : le système français a toujours privilégié le soin à la prévention, ce qui explique probablement des progrès moindres pour les pathologies liées à la consommation de tabac ou d’alcool.
          Toutefois, depuis une dizaine d’années, les plans français, nationaux ou régionaux, affichent une volonté d’investir dans ce domaine, et le ministère s’intitule aujourd’hui le ministère de la Santé et de la Prévention.

          La pandémie de Covid-19 a eu de profondes répercussions dans le monde, notamment sur les données mondiales sur la période 2019-2021.
          Un impact important sur la durée de vie : 84 % des pays ont vu l’espérance de vie diminuer sur cette période, avec, en moyenne, une baisse de 1,6 années. En France, la baisse est de seulement 0,4 an, grâce aux mesures gouvernementales qui ont été prises.