• Sus ux appels de télémarketing.

              Presque tous les jours vers 13h, alors que je suis en train de déjeuner, le téléphone sonne, et c’est un démarcheur qui me propose des prestations diverses, de la diseuse de bonne aventure, à la recherche d’une meilleure  et du lavage de mes vitres au changement de mes fenêtres. Evidemment je décline le plus vite possible, mais c’est tout de même dérangeant.
              J’ai essayé sans succès Blogtel, qui a un peu réduit le phénomène, mais très peu.

              J’ai trouvé sur internet "Quora", une réponse de Claire Heinrich à la question suivante : 
    Comment se débarrasser rapidement mais poliment d'un appel téléphonique commercial ?
             
    Cette méthode est pleine d’humour et donc je résume son article.

              Un ingénieur informaticien anonyme a trouvé une méthode extraordinaire pour se débarrasser des démarcheurs téléphoniques.
              Il a créé un programme informatique, Lenny, qui "parle" et peut discuter avec une autre personne et un comédien a prêté sa voix pour enregistrer 16 phrases que le programme informatique introduit, dès qu’il détecte une pause de plus d'une seconde et demie dans les propos du démarcheur.

              Lenny est un vieux monsieur solitaire qui ne refuse jamais une conversation, qui a une ligne téléphonique de mauvaise qualité mais aussi des problèmes d'audition, qui n'arrive absolument pas à se concentrer sur les propos du démarcheur téléphonique, mais qui est vraiment charmant. Il a un fort accent australien, un peu de zézaiement, et parle très lentement.

              Les 4 premières phrases ont pour objectif de "ferrer" le démarcheur et de l'inciter à poursuivre la conversation, alors que les 12 suivantes vont le distraire de son objectif.
              Au fur et à mesure que la conversation progresse, les réponses de Lenny s'éloignent de plus en plus du sujet. À un moment donné, il commence à dire au démarcheur à quel point il est fier de sa famille, puis plus tard, il doit temporairement suspendre la conversation pour faire taire des canards que l'on peut entendre cancaner en arrière-plan
              Lenny est si réaliste que les démarcheurs téléphoniques continuent de parler avec lui pendant plusieurs minutes (le record actuel est de 52 minutes !).

              Lenny est disponible sur un serveur public afin que chacun puisse transférer ses appels de télémarketing au serveur, qui répond à votre place en la personne de Lenny.

              Dommage ce logiciel ne parle qu’anglais, sinon je l’aurais bien utilisé.

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  • Le schéma ci-dessous est tiré du magazine "Cerveaux et psycho".

    Les méfaits des écrans sur nos cerveaux

              J'ai utilisé autrefois pour mon métier, les services de très gros ordinateurs, je me sers d'un microordinateur depuis 1979 (un des premiers Apple2), j'ai un iMac avec un grand écran qui renferme tous mes dossiers, me sert tous les jours, et obéit au doigt et à l'œil à ce que je lui demande, une tablette qui me sert surtout à consulter internet et prendre quelques photos, mais que je n'aime pas car elle ne me laisse pas assez de liberté, et ne fait pas exactement ce que je veux, et un smartphone que je déteste, et dont je ne me sers que lorsque je ne suis pas chez moi et donc sans téléphone fixe ou sans ma tablette.
    Par ailleurs je regarde la télévision environ deux heures tous les soirs.

               Et j'avais fait installer dans mon entreprise un "intranet" dès 1986.
               Je suis donc un habitué des écrans, mais sans doute pas un accro.

               Il y a 20 ans les médias annonçaient la grande révolution du numérique : nous allions devenir des génies ayant des connaissances dans toutes les disciplines grâce à Google, nos enfants allaient être bientôt des surhommes multitâches, aux cerveaux plus performants et plus rapides, traitant des bigs data. J'avoue que j'étais très sceptique, certes conscient de ce que mon ordinateur m'apportait, mais sans que je me sente beaucoup valorisé et transformé pour autant.
               Mon mac me permettait surtout de gagner du temps et de l'espace. Il me déchargeait de tâches fastidieuses et répétitives, me permettait de classer documents et photos, de composer lettres, documents et présentations, de faire rapidement des calculs complexes et Google me permettait de lire des articles provenant de tous les coins du monde, en quelques clics, que j'aurais eu du mal à aller chercher dans les bibliothèques de Paris.
              Mes armoires contiennent encore beaucoup de livres, et des revues, mais presque plus de papiers (juste quelques archives à conserver par sécurité, malgré une sauvegarde informatique).

            Depuis c'est la déconfiture. Les enfants ont des problèmes de langage et de lecture, beaucoup doivent consulter l'orthophoniste, les professeurs nous décrivent des enfants agités, qui ne peuvent se concentrer, ni se passer de leur smartphone, les psychologues nous les décrivent comme submergés par leurs émotions, manquant de sommeil et de mémoire. Les rapports de l'Education Nationale évoquent une baisse de 40 % des performances de lecture et de calcul et une désaffection pour les études.

            Nous ne devrions pas être étonné de cela, car de nombreuses études existent sur les conséquences de cette addiction au numérique, et d'autre part, nos connaissances sur le fonctionnement du cerveau permettent d'en prévoir certaines.
             Le cerveau de l'enfant est prédisposé aux relations humaines; le nourrisson est plus attiré par la voix et le visage de sa mère que par tout autre stimuli. Même les introvertis ont besoin de relations humaines, et les enfants vivant dans la forêt au milieu des loups, ont survécu, mais sont devenus presque fous, du fait du manque d'interactions humaines.
             Les diverses études donnent des statistiques sur l'envahissement du numérique sur les enfants de divers âges et sur les parents, ce qui nuit à leurs rapports pourtant indispensables et entraine un isolement et un report sur les écrans. Les échanges verbaux deviennent minimes et le jeune enfant ne sait plus manier le langage. Plus l'enfant passe du temps devant les écrans, plus il a de chances d'être obligé de consulter un orthophoniste.!
              L'interaction humaine est tout aussi nécessaire pour l'adolescent, mais les SMS et les réseaux sociaux ont remplacé les conversations face à face, et si l'interaction existe, elle est limitée à de courtes phrases et à des photos, complètement dématérialisée. Le jeune n'apprend plus ce que les psychologues appellent "la théorie de l'esprit" : comprendre et anticiper la pensée d'autrui.
               Le langage dans ces échanges est très succinct : la grammaire, l'orthographe et le vocabulaire ne résistent pas à ces habitudes. Beaucoup de bacheliers ne savent plus écrire en français et sans fautes d'orthographe.
               Au plan de l'apprentissage et de la mémorisation, on apprend mieux avec une personne qu'avec un tutoriel ou une vidéo. Ceux-ci ne font appel qu'à la vue. Ecouter le professeur fait appel à l'ouïe et la correspondance gestes-paroles se retient mieux. Faire des fiches écrites oblige à se servir de son cortex préfrontal pour résumer l'essentiel et la mémoire manuelle intervient dans l'écriture.
        
                Sans doute est il difficile aux jeunes de se passer de Facebook, Youtube ou Instagram, de recevoir des SMS la nuit ou de regarder des vidéo en replay sur leur ordinateur, mais par contre, on ne peut se passer de sommeil sans dommage à court et moyen termes. De plus la lumière bleutée des écrans retarde la production de mélatonine et favorise donc la veille avant le sommeil..
               Du sommeil dépendent la mémorisation, la capacité d'attention et de concentration de la journée suivante, le contrôle de nos émotions, la maturation de notre cortex préfrontal, et même en partie notre équilibre physiologique et immunitaire.
              Mais les transformations sur notre cerveau peuvent même être maléfiques à long terme. Notre cerveau est câblé pour être monotâche. Les données que nous stockons sont conservées dans deux mémoires tampons, l'une pour les images, l'autre lexicale;
             Dès que nous lui faisons faire deux tâches à la fois, il partage son énergie et ses ressources et le rendement diminue. A trois tâches et plus, il s'effondre. En fait il s'occupe (comme un ordinateur) d'une tâche après l'autre puis revient à la première et à chaque fois les mémoires tampons sont vidées et rechargées des informations adéquates. Le rendement est mauvais, la dépense d'énergie et la fatigue grandes.
             Or l'utilisation des écrans et notamment d'internet fait zapper l'utilisateur d'une information à l'autre. Notre cerveau s'habitue à ne plus faire attention longtemps et ne peut plus se concentrer.
             Sans parler des changements dans la commande des doigts et de la transmission au cerveau tels que les présente le schéma ci-dessous.

    Les méfaits des écrans sur nos cerveaux

     

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  • La pub à la télé et l'influence du multimédia.

              J'ai écouté récemment une émission de télé qui parlait de l'influence de la publicité sur nos achat et citait des réflexions du professeur américain Neil Postman.
    La pub à la télé et l'influence du multimédia.         Ce n'était pas un inconnu pour moi, car j'avais entendu, il y a environ 25 ans, un interview de cette personne qui avait écrit un livre  "Se distraire à en mourir" et j'avais emprunté ce livre en bibliothèque et je l'avais trouvé intéressant. Mais évidement c'était avant la révolution médiatique.
              En effet, Neil Postman aurait un an de plus que moi (1931) mais est malheureusement mort en 2003.
              C’est un professeur de l’Université de New-York et il y a été président du département de la culture et de la communication.
              Son ouvrage le plus connu publié en 1985, ”Se distraire jusqu’à la mort” est une analyse de l’évolution de l’information. J'en ai retenu quelques idées :

              L'ère de la communication électronique (à l'époque la télévision) a succédé à l'ère de l'imprimé et modifie profondément l'ensemble de la société humaine. Postman pense que la forme de la télévision force les chaînes à présenter comme un spectacle n'importe quel programme, quel qu'en soit le contenu,  et que son audience ne tient pas à son contenu mais à l'image et à sa mise en scène.
              Il compare l’information et l’utilité de l’action que nous pourrions avoir à partir de cette information, et il en déduit que l'utilité des informations que nous recevons n'a cessé de décroître depuis le Moyen Âge et que les informations que nous recevons via la télévision (ou Internet maintenant mais qui n’en n’était qu’à ses débuts en 85) ne sont que des distractions sans aucune importance.
              Il considère que l’abondance d’informations “trivialise” la culture.
              Pour lui le rôle d'une culture est de filtrer les informations afin de permettre sa préservation. La télévision ne rendant plus cela possible, les structures qui rendaient les sociétés stables sont affaiblies et leur capacité à contrôler l'information diminue encore.
              Cela fait penser au “Meilleur des mondes” d’Huxley où les gens aiment leur oppression et les technologies qui détruisent leur pensée, parce qu’elles leur procurent du plaisir et des distractions.
              Mais ce n’est pas nouveau : “panem et circenses” : du pain et les jeux du cirque pour que le peuple soit heureux, disait Juvénal.
              La voie de la démocratie et de la liberté semble bien étroite.

              Lorsque regarde les publicité on et parfois perplexe parce que parfois elles parlent d'un produit et montrent autre chose, ou montre le produit, mais aucune mention n'est faite de lui dans le discours. On s'aperçoit alors que les buts de la publicité ne sont pas forcément de vendre un produit en soi mais de donner une image générale à la marque. C’est tout à fait vrai que c’est une des évolutions majeures des dernières années dans la publicité télévisée. 
              Avec même parfois des clips tellement éloignés du sujet qu’on se demande où ils veulent en venir et de quelle marque il s’agit.!!!  En plus adroit, de nombreux clips humoristiques , comme par exemple autrefois ceux de Georges Clooney et d’une marque de café, qui sont fort amusants et où on nous montre, sans le dire, que cette marque a séduit Saint Pierre au Paradis : le summum de la qualité ! lol
              Mais le jour où je voudrai acheter des capsules de café, j’en achèterai peu de diverses marques et je comparerai leurs qualités moi même avant de me décider. Pourtant il ne s’agit que d’achats de faible valeur.
              J’espère tout de même que pour un achat très important en coût, ce n’est pas la publicité pour une marque qui vous fera acheter une voiture de cette marque et que vous irez comparer leurs qualités.
              Cependant quand je vois de jeunes enfants vouloir absolument des chaussures, un vêtement de telle marque, très cher, et qui n’est pas de meilleure qualité que des produits bien moins onéreux, tout cela parce que ses copains en ont et qu’il veut avoiir la même chose, je me demande si l’éducation de nos jours développe vraiment l’intelligence des enfants !
              Je crains que Neil Postman n’ait raison : les médias font de nous des moutons qui n’ont plus d’imagination et qui sont heureux de rentrer dans le premier moule tout fait qu’on leur propose.!
             Une décision relève souvent de motivations implicites et cachées, voire irrationnelles.
             La publicité se contente souvent de jouer sur des ressorts assez triviaux, de bas instincts plutôt que de convaincre par le rationnel. Cette persuasion de bas niveau se diffuse à travers l'ensemble des médias, notamment aujourd'hui les réseaux sociaux, ce qui aboutit à une information dispensée comme un divertissement, à base de sensationnel et de raccourcis, et d'arguments incomplets, qui sont volontairement tronqués, voire même inexact. Et le bon sens de nos ancêtres ayant disparu, nous gobons cela sans même nous apercevoir de ces déficiences.

     

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  • Apprendre à taper sur un clavier.


      Je voudrais pour poursuivre le précédent article, vous décrire une observation que j’ai faite lorsque j’ai appris à taper sur un clavier, et j’aimerais savoir si vous avez ressenti la même chose.

         J’avais essayé, il y a soixante ans, de taper sur le clavier d’une machine classique sans mémoire, sans possibilité de corrections, et sur laquelle on faisait plusieurs copies en mettant du “papier carbone” entre deux feuilles de papier blanc.
        Ma secrétaire m’avait montré comment me servir de mes dix doigts et quelles lettres attribuer à chacun d’entre eux et je me suis un peu exercé, mais, bien que je ne regardais que mon clavier, je tapais d’une part très lentement, et surtout je faisais une faute de frappe toutes les 3 ou 4 lignes, et comme corriger était très compliqué (il fallait gommer ou mettre un “vernis” blanc sur la lettre erronée, et cela se voyait ! ), ou bien il fallait tout recommencer à chaque fois, ou se contenter d’un texte assez vilain à cause des corrections.
        Comme ma secrétaire tapait vite et bien des textes impeccables, je n’ai pas insisté.

        En 1980 j’ai eu mon premier micro-ordinateur, (un Apple 2) qui était par rapport à aujourd’hui, moins puissant que vos petites calculettes et avec une définition d’écran horrible, mais on disposait d’un traitement de texte simple, d’un tableur pour faire les calculs, d’une base de données et d’un logiciel de dessin géométrique.
        Pour l’époque c’était une révolution. De plus en 1982 on pouvait le mettre en réseau (ultra-lent par rapport à internet), mais c’était un immense progrès car en plus du téléphone, on pouvait envoyer des messages écrits à condition qu’ils ne fassent pas plus d’une page.
        Mais pour moi la révolution, c’était qu’en appuyant sur la touche “arrière”, je pouvais effacer une lettre et la corriger, et ensuite envoyer le message ou tirer la lettre sur une “imprimante à aiguilles” dont la définition vous ferait honte aujourd’hui.
        Pouvoir ainsi corriger les erreurs, c’était la porte ouverte à l’emploi du clavier !!

        J’ai donc repris quelques leçons avec ma secrétaire et je me suis remis avec application à la frappe, avec quatre doigts au début, mais peu à peu avec mes dix doigts, même si je ne respectais pas toujours la répartition des touches pour chacun d’entre eux.
        Mais bien qu’ayant gagné en dextérité digitale, ma vitesse de frappe plafonnait et était très éloignée de celle de mon écriture à la main et au stylo.
        J’ai donc essayé de comprendre pourquoi et j’ai mis un certain temps à réaliser, en comparant les deux modes d’écriture.
        A la main, je concevais ma lettre par phrases ou membres de phrase et je prononçais mentalement les mots correspondants, probablement un par un, mais inconsciemment et très vite de telle sorte que j’avais l’impression que toute la phrase surgissait de ma mémoire vers ma main.
        En fait l’élaboration mettait en jeu des processus de réflexion de mon cortex préfrontal qui émettait les idées et la signification de la phrase, en appelant les concepts de la mémoire, via les mémoires de travail tampons, mais ensuite le cervelet et ses automatismes prenait le relais, il demandait au centre de Broca de faire syntaxe et grammaire, le cortex préfrontal surveillant cela quant aux mots employés, pour qu’ils correspondent bien à ce que je voulais exprimer.
        Les centres de commande moteurs et sensito-moteurs du toucher, commandaient ensuite mes doigts qui tenaient le stylo.
        En essayant de prendre conscience du processus, je me suis aperçu que surveiller les mots de la phrase que j’écrivais à la main, était une tâche annexe pour mon cortex préfrontal, mais que pendant que j’écrivais une phrase, il concevait la phrase suivante.
        Au contraire, quand je tapais un texte, j’épelais les mots de la phrase que je tapais lettre par lettre et évidemment le processus était très lent.


        J’ai essayé de corriger cette tendance et peu à peu je n’ai plus épelé mais j’ai tapé les mots en ne pensant qu’au mot entier et la miracle, ma vitesse a presque doublé.
        Maintenant avec l’habitude, certes le cortex préfrontal et surtout ma vue surveillent plus la frappe qu’ils ne le font quand j’écris à la main, et je pense que c’est parce que la main n’est alors d’aucun secours car elle ne pense qu’aux lettres et aux touches correspondantes.
        Mais peu à peu mon cerveau s’est mis de nouveau à anticiper sur les mots, voire la phrase suivante, et maintenant, quand je compose et que j’écris un texte je vais aussi vite en tapant sur le clavier qu’en écrivant, et l’énorme avantage est que je peux ensuite corriger les erreurs, voire modifier sa structure sans avoir à le corriger (les "copier-coller" ou "glisser-déposer", c'est bien commode !).

        Mais ma main qui tenait le stylo n’inversait jamais les lettres ou ne se trompait jamais de lettre. Alors que celle qui tape, frappe parfois la touche voisine et certaines lettres manquent ou sont inexactes, et en particulier peuvent être inversées si je tape très vite et que mes doigts n’ont pas tapé dans le bon ordre, ce qui ne se serait jamais produit avec un stylo. (je tape souvent "susi" au lieu de "suis" ! )
        Alors j’ai intérêt à me relire et malgré cette relecture je laisse parfois passer des fautes de frappe, à croire que mon cerveau les corrige inconsciemment à la lecture.
        Pardonnez donc, je vous prie les fautes de frappe de mon blog ! J’ai pourtant relu l’article avant de le publier !! lol

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  • Quand l'œil lit, le cerveau écrit à la main; mais tape t'il sur un clavier ?

      Des neurobiologistes ont étudié comment les enfants japonais apprenaient à tracer les idéogrammes (kanji), qui sont à la fois très nombreux et visuellement complexes. Les traits de plume qui les composent doivent être écrits selon un ordre précis et rigoureusement codifié. Savoir lire les kanji demande aux jeunes Japonais de nombreuses années d'apprentissage.
        Quelle méthode utilisent les élèves pour les mémoriser ? Il faut les écrire des centaines de fois sur le papier, ou avec le doigt, sur la table ou dans l'air.
        Lorsqu'un lecteur japonais adulte hésite devant un caractère complexe ou peu fréquent, il trace en l'air les traits constitutifs du caractère, dans l'ordre approprié, et sa signification lui revient en mémoire. C'est un peu ce que vous faites lorsque vous ne vous souvenez plus du code d'entrée d'un immeuble, mais que le mouvement de vos doigts vous aide à le retrouver.
        La forme visuelle des idéogrammes ne suffit pas toujours pour retrouver leur sens, et il faut faire appel à la mémoire « sensito-motrice ».
        Quand on écrit, l'information nerveuse qui détermine l'ordre d'écriture des traits constituant ces caractères est codée dans certaines zones du cerveau : le cortex moteur qui commande nos muscles et le cortex somatosensoriel qui est le centre de notre toucher (en provenance des terminaisons nerveuses de la peau.) Ces deux zones sont situées sur le dessus du crâne, mais évidemment seules les parties concernant alors les doigts sont concernées; c’est une mémoire sensorimotrice du mouvement et des sensations qui lui sont associées.
        La reconnaissance visuelle des caractères kanji ne nécessite pas toujours l'exécution manuelle du caractère, mais les chercheurs se sont demandé si cette activité motrice ne serait pas mise enjeu de façon automatique dans le cerveau, même en absence de mouvement volontaire de la main et des doigts.
        Lors d'une étude d'imagerie cérébrale, ils ont présenté à des sujets japonais les premiers traits d'un kanji et leur ont demandé de retrouver l'intégralité du caractère, sans faire de mouvement. Ils ont observé que des zones du cerveau normalement mises en jeu dans l'écriture du kanji étaient activées dans ces conditions. Ainsi, retrouver les kanji dans leur mémoire sensorimotrice induirait une sorte d'écriture mentale, automatique et non intentionnelle.

        Qu'en est-il dans notre système alphabétique ?
        Le principe de base est le même: il s'agit, là aussi, d'associer des traits et de les reconnaître comme formant une seule et même lettre.
        Si l’on compare l'activation cérébrale suscitée par des formes connues et inconnues (des lettres et des symboles ressemblant à des lettres mais n'appartenant pas à l'alphabet), on constate que seule la vue de lettres (et non de pseudo-lettres) active, chez des droitiers, une zone située dans le cortex prémoteur gauche qui commande la main droite, laquelle s'active également lorsque les sujets écrivent les lettres et les pseudo-lettres. Chez ceux qui écrivent de la main gauche, c’est le sentre analogue de l’hémisphère droit qui intervient.
        Nous percevons donc les lettres non seulement par la vue, mais aussi par le toucher (dans la mesure où nous apprenons en même temps à lire et à écrire), et plus précisément par la simulation mentale inconsciente des mouvements que l'on exécute en écrivant.
        Cela s'explique par le fait que la correspondance entre le mouvement graphique et la forme produite est unique : à chaque lettre correspondent un seul mouvement et donc un "schéma-moteur" spécifique.

        La situation est très différente lorsqu'on écrit avec un clavier.
    Il s'agit cette fois d'atteindre un point du clavier où se trouve une forme donnée. La correspondance entre le mouvement et la forme de la lettre est arbitraire: un mouvement identique peut aboutir à produire deux lettres différentes, et inversement, la même touche peut être atteinte par des mouvements différents. Il n'y a pas une relation unique entre la lettre et le mouvement, et rien dans le mouvement d'atteinte des touches ne renseigne sur la forme ou l'orientation de la lettre formée.
        Une étude a été faite sur 76 enfants de 3 à 5 ans auxquels on a appris à reconnaitre 15 lettres de l’alphabet, pour la moitié des sujets en associant l’écriture manuelle et pour l’autre moitié, en associant un clavier simplifié ne comportant que ces 15 lettres.
        Trois semaines après les chercheur ont demandé aux enfants de reconnaître des lettres parmi ces quinze, certaines étant même un peu “déformés” volontairement.   
        Chez les enfants les plus âgés (entre quatre et cinq ans), l'écriture manuscrite était bénéfique : les enfants reconnaissaient mieux les lettres qu'ils avaient écrites à la main. Au contraire, les enfants ayant appris au clavier avaient des difficultés à reconnaître certaines lettres.
        En revanche, cette différence n’a pas été constatée sur les plus jeunes. Cela résulte probablement du fait que les structures neuronales contrôlant la motricité fine, nécessaire pour produire des mouvements précis des doigts et du poignet, ne sont pas suffisamment matures chez ces tout petits.        
        D'ailleurs, les lettres qu'ils produisent sont souvent éloignées du modèle, et donc, non seulement ils voient une lettre mal tracée, mais de plus, les signaux sensorimoteurs engendrés par leurs mouvements ne sont pas adéquats pour informer correctement le cerveau sur la forme esquissée par le crayon.
        Les chercheurs ont également observé que les enfants ont souvent tendance à confondre les lettres qu'ils ont apprises avec leur image en miroir surtout chez les plus jeunes.
        Dans une autre expérience menée avec des adultes, auxquels on apprenait des caractères autres que ceux de l’alphabet, soit en les écrivant, soit en les tapant, les expérimentateurs ont vérifié que l’orientation des caractères était mieux mémorisée si on les apprenait en les écrivant manuellement.

        Il semble donc très préférable d’apprendre à lire aux enfants, en même temps qu’on apprend à écrire manuellement, et non de faire cet apprentissage au clavier
        Toutefois il s’agit du premier apprentissage de la lecture et de l’écriture.
        Dans le cas où on apprend à taper alors qu'on sait parfaitement lire et écrire, la situation est différente et je vous parlerai demain de ma propre expérience d'apprentissage du clavier.

     

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