• Apprendre à taper sur un clavier.

    Apprendre à taper sur un clavier.


      Je voudrais pour poursuivre le précédent article, vous décrire une observation que j’ai faite lorsque j’ai appris à taper sur un clavier, et j’aimerais savoir si vous avez ressenti la même chose.

         J’avais essayé, il y a soixante ans, de taper sur le clavier d’une machine classique sans mémoire, sans possibilité de corrections, et sur laquelle on faisait plusieurs copies en mettant du “papier carbone” entre deux feuilles de papier blanc.
        Ma secrétaire m’avait montré comment me servir de mes dix doigts et quelles lettres attribuer à chacun d’entre eux et je me suis un peu exercé, mais, bien que je ne regardais que mon clavier, je tapais d’une part très lentement, et surtout je faisais une faute de frappe toutes les 3 ou 4 lignes, et comme corriger était très compliqué (il fallait gommer ou mettre un “vernis” blanc sur la lettre erronée, et cela se voyait ! ), ou bien il fallait tout recommencer à chaque fois, ou se contenter d’un texte assez vilain à cause des corrections.
        Comme ma secrétaire tapait vite et bien des textes impeccables, je n’ai pas insisté.

        En 1980 j’ai eu mon premier micro-ordinateur, (un Apple 2) qui était par rapport à aujourd’hui, moins puissant que vos petites calculettes et avec une définition d’écran horrible, mais on disposait d’un traitement de texte simple, d’un tableur pour faire les calculs, d’une base de données et d’un logiciel de dessin géométrique.
        Pour l’époque c’était une révolution. De plus en 1982 on pouvait le mettre en réseau (ultra-lent par rapport à internet), mais c’était un immense progrès car en plus du téléphone, on pouvait envoyer des messages écrits à condition qu’ils ne fassent pas plus d’une page.
        Mais pour moi la révolution, c’était qu’en appuyant sur la touche “arrière”, je pouvais effacer une lettre et la corriger, et ensuite envoyer le message ou tirer la lettre sur une “imprimante à aiguilles” dont la définition vous ferait honte aujourd’hui.
        Pouvoir ainsi corriger les erreurs, c’était la porte ouverte à l’emploi du clavier !!

        J’ai donc repris quelques leçons avec ma secrétaire et je me suis remis avec application à la frappe, avec quatre doigts au début, mais peu à peu avec mes dix doigts, même si je ne respectais pas toujours la répartition des touches pour chacun d’entre eux.
        Mais bien qu’ayant gagné en dextérité digitale, ma vitesse de frappe plafonnait et était très éloignée de celle de mon écriture à la main et au stylo.
        J’ai donc essayé de comprendre pourquoi et j’ai mis un certain temps à réaliser, en comparant les deux modes d’écriture.
        A la main, je concevais ma lettre par phrases ou membres de phrase et je prononçais mentalement les mots correspondants, probablement un par un, mais inconsciemment et très vite de telle sorte que j’avais l’impression que toute la phrase surgissait de ma mémoire vers ma main.
        En fait l’élaboration mettait en jeu des processus de réflexion de mon cortex préfrontal qui émettait les idées et la signification de la phrase, en appelant les concepts de la mémoire, via les mémoires de travail tampons, mais ensuite le cervelet et ses automatismes prenait le relais, il demandait au centre de Broca de faire syntaxe et grammaire, le cortex préfrontal surveillant cela quant aux mots employés, pour qu’ils correspondent bien à ce que je voulais exprimer.
        Les centres de commande moteurs et sensito-moteurs du toucher, commandaient ensuite mes doigts qui tenaient le stylo.
        En essayant de prendre conscience du processus, je me suis aperçu que surveiller les mots de la phrase que j’écrivais à la main, était une tâche annexe pour mon cortex préfrontal, mais que pendant que j’écrivais une phrase, il concevait la phrase suivante.
        Au contraire, quand je tapais un texte, j’épelais les mots de la phrase que je tapais lettre par lettre et évidemment le processus était très lent.


        J’ai essayé de corriger cette tendance et peu à peu je n’ai plus épelé mais j’ai tapé les mots en ne pensant qu’au mot entier et la miracle, ma vitesse a presque doublé.
        Maintenant avec l’habitude, certes le cortex préfrontal et surtout ma vue surveillent plus la frappe qu’ils ne le font quand j’écris à la main, et je pense que c’est parce que la main n’est alors d’aucun secours car elle ne pense qu’aux lettres et aux touches correspondantes.
        Mais peu à peu mon cerveau s’est mis de nouveau à anticiper sur les mots, voire la phrase suivante, et maintenant, quand je compose et que j’écris un texte je vais aussi vite en tapant sur le clavier qu’en écrivant, et l’énorme avantage est que je peux ensuite corriger les erreurs, voire modifier sa structure sans avoir à le corriger (les "copier-coller" ou "glisser-déposer", c'est bien commode !).

        Mais ma main qui tenait le stylo n’inversait jamais les lettres ou ne se trompait jamais de lettre. Alors que celle qui tape, frappe parfois la touche voisine et certaines lettres manquent ou sont inexactes, et en particulier peuvent être inversées si je tape très vite et que mes doigts n’ont pas tapé dans le bon ordre, ce qui ne se serait jamais produit avec un stylo. (je tape souvent "susi" au lieu de "suis" ! )
        Alors j’ai intérêt à me relire et malgré cette relecture je laisse parfois passer des fautes de frappe, à croire que mon cerveau les corrige inconsciemment à la lecture.
        Pardonnez donc, je vous prie les fautes de frappe de mon blog ! J’ai pourtant relu l’article avant de le publier !! lol

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