•      J'ai déjà fait deux articles à ce sujet les 18/07/2018 et 22/01/2020. Alors je vais reprendre ce sujet de façon différente.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/images1.jpg    Nous avons tous peu de souvenirs de notre enfance, et nous avons même oublié la plupart des épisodes de notre vie. Mais certains d’entre eux restent gravés en notre mémoire  et nous constatons qu’ils correspondaient à des événements importants pour nous.
        La mémoire effectue une sorte de tri, conduisant à retenir les événements qui ont un sens dans notre parcours, et ce tri est, en grande partie, gouverné par l'émotion : les souvenirs agréables, ainsi que certains souvenirs plus traumatisants s'insèrent dans notre esprit parce qu'ils définissent une partie de notre existence : c'est un matériau imagé sur lequel notre esprit s'appuie pour construire Ie soi, ce que nous sommes, la façon dont nous nous voyons.

        Comment l'émotion stimule-t-elle ou atténue-t-elle les processus de mémorisation ?

        L'émotion influe sur le contenu du souvenir. Par rapport à des souvenirs d'événements neutres, les événements émotionnels (surtout les événements positifs) comportent davantage de détails sensoriels - (visuels, auditifs, olfactifs comme les vêtements, les coiffures, le parfum...) - , ceux liés au contexte (le lieu, la date) et même les paroles prononcées ainsi que les sentiments qui ont accompagné leur déroulement.
        Toutefois, il convient de préciser qu’il faut que l'événement positif soir lié à I'image de vous-même. Si vous vous souvenez d'une émotion positive liée à autrui, et qui n'apportait rien à votre personnalité, Ies détails ne seront pas plus nombreux que si vous n'aviez pas été ému.
        Des études menées notamment par Arnaud d’Argembeau dans les Universités de Liège et de Genève ont montré que ce phénomène se manifeste aussi pour l'anticipation d'événements à venir : on fait plus facilement appel à sa mémoire pour assembler les images d’un événement futur chargé d'une émotion positive et qui se rapporte à l’image de soi et avec plus de détails, que s'il s'agit d'un événement à connotation émotionnelle négative.ou d'imaginer des événements émotionnels futurs, concernant une autre personne.
        Nous ne sommes pas tous égaux face à la mémoire et à l'émotion. Les personnes qui  sont moins engagées émotionnellement et qui contrôlent leurs émotions se représentent mentalement les événements passés et futurs avec moins de détails sensoriels et contextuels.

        Nous avons vu dans l’article précédent que, lorsque nous vivons un événement, ce dernier entre d'abord en mémoire de façon provisoire (il est encodé), puis il est éventuellement consolidé, c'est-à-dire qu'il est stocké à moyen terme et ensuite consolidé à plus long terme., de sorte qu'il peut être rappelé ultérieurement, même si I'on n'y pense plus entre-temps. L'émotion agit sur l'étape de consolidation.
        A très court terme, les images émotionnelles ne sont pas mieux retenues que les images neutres, mais plus le temps passe, plus les images neutres sont oubliées, alors que les images émotionnelles restent en mémoire;
        Une conséquence assez particulière : nous mémorisons mieux des visages expressifs que des visages neutres, et nous mémorisons davantage des visages joyeux que des visages tristes ou en colère, du moins chez les personnes pour lesquelles c’est un signe positif vis à vis de leur propre image, alors que ce n’est pas vrai pour les anxieux sociaux, qui ont du mal à interpréter positivement tout signe d’autrui.
        Le problème de la consolidation à très long terme est plus difficile à expliquer. Certains chercheurs pensent que pour les souvenirs heureux,  nous y pensons de temps à autre.
        Il arrive qu'en se rappelant un événement marquant, surtout les premières fois, on se représente Ia scène avec son cortège d'émotions, de façon concrète en revoyant certains détails et en ayant l'impression de revire l'événement. Cette reconstitution ranime les souvenirs perceptifs de l'événement et cette “reviviscence” participe à la consolidation du souvenir, et relance le processus de consolidation, notamment pendant le sommeil profond.

        Pour les souvenirs traumatisants, le cerveau voudrait s’en débarrasser et les rappellerait pendant le sommeil, mais nos centres amygdaliens, qui contrôlent peur et stress, et qui se trouvent dans le circuit de Papez, dans lequel peuvent “tourner” nos émotions”, contribueraient à relancer alors ce souvenir et finalement le consolider autant qu’un événement heureux.. Mais dans ce cas un processus de défense pourrait intervenir, qui bloquerait l’information au niveau des centres de transmission vers le cortex frontal (thalamus, hippocampe, cortex temporal gauche), de telle sorte qu’elle ne pourrait être rappelée par le cortex frontal et resterait au niveau inconscient.
        Freud appelait cela un refoulement et lui donnait, à tort, une cause surtout sexuelle; les biologistes appellent cela un blocage, dû surtout au caractère traumatisant.

        Voyons maintenant comment évoluent nos souvenirs qui ont été consolidés.
        Ils sont sujets à une transformation et à l’oubli progressif.


        La plupart des jours de notre vie ne sont pas mémorisés comme souvenirs épisodiques ; en revanche, nous n'oublions pas ce qu'ils nous ont appris. Ainsi, les journées sur notre lieu de travail ne laisseront aucune trace dans notre mémoire épisodique, même si nous y apprenons des concepts, du savoir ou I'usage de certains savoir-faire.
        La mémoire épisodique ne s’intéresse qu’à ce qui concerne des moments importants de notre vie, pour notre moi.
       

        D’autre part, le processus de consolidation ne constitue pas un simple renforcement du souvenir, mais implique nécessairement sa modification. En effet, lorsque I'on se souvient d'un épisode, des mémoires perceptives sont réactivées, mais certaines le sont davantage que d'autres. Dès lors, le souvenir est “réécrit”
        L'événement est perçu dans une version où ces détails auront été rendus plus saillants. Les reviviscences conduisent à exagérer certains détails, et  de réécriture en réécriture, le souvenir finit par être un tableau dont vous aurez été l'artisan, souvent bien involontaire et inconscient, mais ce souvenir se sera éloigné de la réalité.

        Des facteurs externes contribuent à cette transformation.
        Nous avons des photographies de certains de nos souvenirs. Nous en parlons avec des personnes qui ont assisté à l’événement, mais qui le voient de leur point de vue. Ces images, ces faits, ces paroles se mélangent à ce que nous avons en mémoire. Certaines images appartenant à d’autres événements voisins peuvent se substituer aux images réelles.
        Nous vieillissons et notre mental, nos opinions évoluent, et nous voyons par exemple des événements de jeunesse avec un autre point de vue, et il est possible qu’alors nous les “réinscrivons” un peu différemment, surtout au plan des sentiments et émotions.
        J’ai même connu des personnes qui auraient voulu qu’un événement de leur vie soit encore plus heureux, plus parfait, plus complet. A force de se raconter cet événement mentalement, comme un souhait, elles ont fini par intégrer en partie ces souhaits dans leur souvenir comme s’ils étaient réels.
        A l’inverse d’autres personnes, par ressentiment, ont aussi intégré dans leur mémoire des fantasmes inexacts comme des faits qui aggravaient leur souffrance.

        Bref il ne faut pas croire, même si nous avons une bonne mémoire, que nos souvenirs autobiographiques soient rigoureusement vrais dans tous leurs détails. . Certaines parties ont été renforcées par rapport à d’autres, des morceaux ont été rajoutés par rapport à des documents externes se rapportant à l’événement, et plus grave, nous transformons les souvenirs, voire ajoutons des pans de souvenirs crées de toutes pièces.
        Bref nos souvenirs ressemblent à l’image que les paléontologues ont des dinosaures : le squelette est authentique, mais le chair que l’on met autour relève de constatations exactes, mais aussi d’extrapolations et de détails imaginés, voire des désirs et des souffrances qui nous habitent.


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  •    Nous avons vu avant hier ce qu'étaient les mémoire. 
       Avant de parler de nos souvenirs de façon pratique et pragmatique, de leur conservation et de leur transformation, je voudrais examiner brièvement les mécanismes de consolidation de la mémoire et l’influence des émotions.

        L'émotion est en effet une dimension essentielle de la vie affective, qui modifie I'ensemble des composantes de la mémoire, notamment en augmentant la quantité de détails mémorisés et le sentiment de réalité d'un souvenir et en participant, par des rappels, à la consolidation de celui-ci.
     
        Nous avons déjà vu que le cerveau, composé de plusieurs centaines de milliards de neurones interconnectés en réseaux, qui communiquent par un code véhiculé sous forme d'impulsions électriques - les potentiels d'action -, peut remodeler, reconfigurer en permanence ses propres circuits, grâce à la plasticité des connexions entre neurones : les synapses.
        Dans ces réseaux d'une extrême complexité, l’information est représentée par l'activité de neurones qui change dans le temps et dans I'espace. Une telle carte d'activation est formée des trains d'impulsions électriques rythmés qui se propagent de neurones en neurones, avec un relais chimique dans les synapses, qui agissent comme un filtre, puisqu’elles ne réagissent qu’à certains neurotransmetteurs spécifiques.
        Ces activités se propagent à différentes aires cérébrales, dites « associatives », ou se combinent les informations de diverses modalités sensorielles, logiques, et émotionnelles, associées au langage, et également atteignent des régions cérébrales capables de coordonner ces groupes de neurones et de rassembler ainsi un ensemble de représentations centrales spécifiques, d’un moment et d’un lieu et de son environnement matériel et humain, qui constituera un souvenir.
        Si, à chaque souvenir, correspond une conflguration particulière d'activité des neurones qui se propage de proche en proche dans les réseaux de neurones activés, ces activités électriques sont, par nature, éphémères, elles ne peuvent persister au-delà de quelques minutes, voire quelques secondes. Comment alors les souvenirs peuvent-ils persister durant des mois ou des années, en retenant leur identité, alors que l'activité neuronale qui représente ces souvenirs a disparu ?   
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        Cette pérennité du souvenir repose sur un renforcement de certaines connexions que l’on appelle “potentialisation à long terme” (LTP) et sur une plasticité des réseaux neuronaux qui vont se modifier en fonction de l’activité des neurones et de certains facteurs externes.
        Le modèle simplifié de la LTP est principalement dû aux travaux d’un chercheur canadien, Donald Hebb, qui  dans les années 50 supposa que l’intensité d’un signal neuronal et surtout sa répétition, ainsi que l’influence de signaux en provenance d’autres neurones, pouvaient renforcer la connexion entre deux neurones particuliers, constituant ainsi une connexion renforcée plus stable, qui se faisait ensuite plus facilement à un seuil de signal plus faible, , alors que d’autres connexions au contraire , voyaient diminuer leur probabilité d’interaction.
        Un chemin privilégié stable serait ainsi constitué entre tous les neurones qui constituent un souvenir.

        Cette consolidation serait due à des phénomènes biochimiques non encore complètement élucidés, mais par exemple ce peut être l’augmentation de neurotransmetteur en réserve dans les synapses. C’est aussi la “mise en service” de récepteurs (ou “boutons”) synaptiques de neurotransmetteurs, (notamment de glutamate), qui en temps normal sont inactifs et qui après potentialisation, deviennent actifs par transformation de certaines de leurs protéines, de telle sorte que des quantités d’ions calcium plus importantes entrent dans la synapse, déclenchant l’influx nerveux pour une faible sollicitation.
        Dans certains cas, davantage liés à des apprentissages, on constate que dans les circuits de réalisation de certaines actions, non seulement cette potentialisation a lieu, mais encore le nombre de synapses, voire de dendrites augmente, et même des neurones consacrés à d’autres actions sont détournés de leur fonction première, pour renforcer les actions issues de l’apprentissage.
        En fait les phénomènes chimiques sont très complexes, initialisés par une activation des gênes du neurone, qui vont entraîner la synthèses de protéines, qui entraîneront des modifications de l’environnement des synapses.

    Nos souvenir.s se consolident ou disparaissentNos souvenir.s se consolident ou disparaissent




    Nos souvenir.s se consolident ou disparaissent






     


     

     

     

     

     

     


    Ceci est un mécanisme élémentaire, mais quel est le macromécanisme.   Il est basé sur 3 actions :
            - la force du signal initial : si le souvenir est peu important pour nous, rassemble peu d’éléments, le signal sera plus faible et le renforcement moindre.
            - la répétition : si le souvenir est important, nous y penserons souvent après l’événement et la répétition de ces évocation entraînera le renforcement. Nous verrons que cette répétition peut être inconsciente lorsque nous dormons.
            - l’influence d’autres centres  - par exemple émotionnels, - dont les synapses liées aux dendrites d’un neurone vont participer au renforcement du signal sur son axone.


        L’imagerie cérébrale a montré que des personnes subissant un apprentissage répétaient mentalement dans leur cerveau, pendant leur sommeil lent, les processus et gestes de leur apprentissage, renforçant ainsi les connexions entre synapses et neurones, mémorisant mieux l’apprentissage et celles-ciétant ensuite plus performantes que celles des personnes n’ayant pas dormi.
        On suppose que pendant le sommeil lent et profond, le cerveau repasse mentalement les éléments des souvenirs importants des jours récents, (alors que pendant le sommeil paradoxal, il se débarrasse plutôt des souvenirs superflus ou néfastes), et repassant ainsi nos souvenirs en boucle, notamment dans le cerveau émotionnel (voir mes précédents articles sur la mémoire et le “circuit de Papez”), il les renforce et les rend durables.
        Il semble également que le sommeil lent s’accompagne d’un “recalibrage de la puissance synaptique", afin d’économiser l’énergie dans le cerveau.
        Pour fixer les idées, supposons que la puissance moyenne de synapses soit de 100 et qu’après potentialisation une synapse soit passé à 140 tandis que sa voisine est restée à 100, pendant le sommeil, des transformations moléculaires ramèneraient les deux puissances à 120 et à 80, pour ne pas augmenter la puissance moyenne et le besoin énergétique. 

        Je viens de vous donner une idée très simplifiée de la façon dont nous fixons dans notre mémoire nos souvenirs. Mais j’ai dit que des événements extérieurs pouvaient aussi agir sur notre cerveau pour accroître ce renforcement, ou le modifier.
        Demain, je traiterai le renforcement émotionnel des souvenirs et leur transformation dans le temps, de telle sorte que ce que nous nous rappelons n'est souvent pas très fiable et ne correspond pas forcément à la réalité.

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  • Quelques histoires drôles.

    Quelques histoires drôles.

     

    Pour changer un peu des articles sur la mémoire, que je continuerai demain, en intermède, quelques histoires drôles, glanées sur internet :

        Un homme vient de se faire renverser par un auto. Le conducteur sort de l'auto et dit:
    - Vous êtes bien chanceux on est juste devant le bureau d'un médecin
    - Oui ! sauf que le médecin c'est moi !

        Une jeune femme qui cherche à se marier vient s'inscrire dans une agence matrimoniale. Elle précise à l'employée :
    -je suis bien ennuyée ...Comme vous le voyez, je suis borgne. Ca sera sans doute difficile de trouver un parti...
    - Mais non,ne vous inquiétez pas !
    L'employée tape la fiche descriptive : « Jeune femme ,deux merveilleux yeux bleus, dont un en moins. »

        Un artiste-peintre se rend à la galerie qui expose ses oeuvres pour jauger de l'intérêt que suscitent ses toiles auprès des amateurs d'art.
    Le responsable des lieux lui explique sans détour:
    -En fait, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer. La bonne nouvelle, c'est qu'un investisseur est venu l'autre jour pour une évaluation globale des oeuvres que vous présentez chez nous. Il nous a demandé si vos toiles prendraient de la valeur après votre disparition.
    - Et que lui avez-vous répondu ?, interroge le peintre.
    - Nous lui avons dit que sans nul doute, les prix de vos oeuvres doubleraient après votre mort… Et il a acheté les 18 tableaux en exposition.
    - Excellent !, réagit le peintre. Et la mauvaise nouvelle alors ?
    Le propriétaire de la galerie explique, un peu hésitant:
    - Hé bien, c'est que cet acheteur, c'est votre médecin généraliste !

        L'ouvreuse du cinéma met en garde le couple qui est venu à la séance avec son bébé :
    - Si l'enfant pleure, vous devrez quitter la salle. Bien sûr, on vous remboursera 
    Une demi-heure après le début du film, le mari se penche vers sa femme :
    - Qu'en penses-tu ?
    - Ce film est archinul !
    - T'as raison, secoue donc le petit.

        Une dame fait des reproches à son boulanger :
    - Je suis désolée de vous le dire, mais votre pain est rassis !
    - Un peu de respect, Madame, je faisais du pain avant que vous ne soyiez née !
    - Justement, ce que je vous reproche, c'est de ne le vendre que maintenant !

        Au restaurant, le garçon demande au client :
    - Comment avez-vous trouvé le beefsteak ?
    - Tout à fait par hasard, en soulevant une frite !

        Dans la rue, un homme demande à Madame Dupont :
    - Vous n'auriez pas vu un policier ?
    - Non.
    - Alors donnez-moi votre sac à main.

        Deux hommes dans un bar parlent:
    - C'est bien pour la santé de dormir la fenêtre ouverte !
    - Pourquoi ? Vous êtes docteur?
    - Non je suis cambrioleur.

    Cette histoire horrible :

        Aux USA, un condamné à mort à la chaise électrique qu'on emmène pour son exécution demande au gardien :
    - Qu'est ce qu'on va me faire?
    - Du calme, asseyez vous sur cette chaise, on va vous mettre au courant !

    Et celle là toute mignonne :

        Dans le grand océan, une petite vague est amoureuse du vent.
    Celui-ci lui demande tendrement:
    - Tu veux que je te fasse une bourrasque ou un ouragan ?
    - Oh non, je veux juste une petite bise...

    Et enfin cette devinette :

        Comment appelle-t-on un rassemblement d'aveugles ?
             "Le festival de cannes". 

    Quelques histoires drôles.Quelques histoires drôles.

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  • "La mémoire perceptive" :

              Nos cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût) réalisent de très nombreuses perceptions (environ 40 fois par seconde quand nous sommes éveillés). Un centre de notre cerveau émotionnel, le thalamus les coordonne et les trie. La majorité de ces informations n’a une durée de vie que de quelques secondes, puis elles sont détruites. (par exemple vos yeux voient l'image de votre environnement, mais rien n'appelle votre attention).
              Certaines plus pertinentes, sont interprétées par les centres spécialisés, (comme celui de la vision à l'arrière du crâne), puis les informations sont stockées, dans une mémoire à court terme, dans les aires associatives, qui lient les informations des différents sens à un moment donné et éventuellement des éléments linguistiques. Elles y resteront tant que nous en avons besoin (par exemple où ai-je garé mon vélo dans une rue, ou mon caddie dans le magasin).
             Enfin, sur ordre du cortex préfrontal, ou parce qu'elles ont une valeur émotionnelle, certaines mémorisations vont, après avoir été interprétées par les centres spécialisés, être "consolidées" grâce à l'hippocampe, et seront stockées dans la mémoire à long terme pour constituer des souvenirs.
              La mémoire perceptive est automatique et inconsciente, mais, à condition de faire attention et d'être concentré sur l'environnement, nous pouvons orienter nos perception et en partie forcer leur mémorisation, au moins pour une certaine durée.
              Par ailleurs les événements qui ont suscité en nous des perceptions fortement émotionnelles (voire traumatiques), sont beaucoup plus mémorisés, certains pour toujours.

    "La mémoire épisodique" :

              C'est l'ensemble des souvenirs datés des événements de notre vie (ce peut être une information ponctuelle, ou toute une scène complexe).
    Mieux utiliser notre mémoire.  attention, l'article n'est pas fini          Sur le moment les perceptions qui sont liées au souvenir ne sont que temporaires. Pour les rendre durables, il faut renforcer les liaisons entre synapses des neurones qui vont intervenir dans le rappel du souvenir. On pense que, pendant la nuit, l’hippocampe et le thalamus, jouent à la « pompe à souvenirs », et font circuler toutes les données des souvenirs récents, qui « tournent en rond » dans ce qu’on appelle le circuit de Papez (voir schéma ci-contre).
              Les modifications intervenant au niveau des neurotransmetteurs, renforcent les liaisons entre les synapses des neurones concernés, renforçant ainsi le souvenir par ces répétitions successives de l’information à mémoriser.
              Le souvenir est alors stocké dans la « mémoire épisodique à long terme », qui va garder les souvenirs quotidiens de notre vie. Les images sont en général stockées dans l’hémisphère droit, alors que les éléments de langage sont stockés dans la « mémoire lexicale », dans le centre de Geschwind, dans l’hémisphère gauche.

              Un souvenir complexe est fait de très nombreuses données. Notre attention peut ne pas être portée sur tous ces détails et certains ne sont peut-être pas transmis au patron, le cortex préfrontal. Celui-ci peut aussi négliger certaines informations qu’il ne juge pas importantes.
              Donc si l’on mémorise une scène, il est probable que de nombreux détails ne seront pas consolidés dans la mémoire à long terme et seront peu à peu détruits.
              Mais à l’inverse l’hippocampe fait un « paquet » des informations du souvenir, et donc va stocker ce paquet, (ou plus exactement les « adresses « des connexions entre neurones qui le composent), y compris sans doute des informations sans intérêt.
              Le souvenir sera composé non seulement de sensations, mais aussi « d’étiquettes », qui sont des mots associés aux objets ou actions, et finalement, il s’accompagne d’une description par le langage et d’une certaine datation dans le temps.

              Mais un grand nombre de détails de la scène n’ont pas été mémorisés, ou l’ont été pendant un certain temps, puis, comme ils n’étaient pas importants ou n’étaient pas souvent rappelé, ils ont peu à peu disparu. Car il faut, pour qu’un souvenir reste, que les liaisons privilégiées entre synapses restent renforcées, et pour cela, qu’on rappelle de temps à autre le souvenir pour que ces liaisons reprennent de la vigueur, faute de quoi, elles s’affaiblissent jusqu’à presque disparaître : c’est l’oubli.
              Le plus souvent ces morceaux de souvenir oubliés ne disparaissent pas complètement, mais restent enfouis dans l’inconscient. L’hippocampe ne connaît plus les adresses des neurones correspondants. Un fait particulier peut servir d’amorçage et le souvenir revient.

     "La mémoire lexicale" :

              C'est la mémoire des mots, du vocabulaire, de son utilisation et donc de la grammaire et de la syntaxe.
              Elle résulte de la collaboration de plusieurs centres de la parole : le centre de Broca qui élabore les phrase, le centre de Wernicke qui traduit les sons entendus en mots et en phrases, et le centre de Geschwind, qui stocke le vocabulaire par type d'objet ou d'action.
              On peut apprendre par cœur une liste de mots sans signification. Ce sera d'autant plus facile que la mémoire est entraînée à cet exercice. Mais l'efficacité sera meilleure si les mots ont une signification (celle de la langue parlée). La mémorisation sera encore plus efficace si les mots sont reliés entre eux en formant des phrases, et encore meilleure si ces phrases racontent une histoire.
              Mais, dans tous les cas, la mémorisation ne se fera que si on a la volonté de la faire et qu'on y consacre attention et motivation.

    "La mémoire déclarative" :

              C’est l’ensemble des connaissances et de l’expérience que nous avons acquise, non pas sous forme de souvenir de vie, mais sous forme d’acquisition par apprentissage.
              Elle se forme sur ordre et travail du cortex frontal et des centres d’acquisition (image, langage lecture, son ..) grâce à la stimulation des centres d’apprentissage, et le renforcement se fait par rappel des données dans le circuit de Papez, pendant le sommeil. (on se rappelle mieux des données étudiées la veille au soir après avoir dormi).
     Mieux utiliser notre mémoire.  attention, l'article n'est pas fini         Cette mémoire est organisée en items, assemblés logiquement et hiérarchiquement, rattachant ainsi les connaissances entre elles, l’une appelant l’autre, en reconnectant les groupes de neurones.
              Elle est aussi interconnectée avec la mémoire lexicale, la mémoire perceptive et la mémoire épisodique, le schéma ci–contre montrant comment le mot « canari », peut appeler des connaissances, des souvenirs passés et des perceptions, le tout accompagné des mots correspondants.
             Là encore le rôle de l’hippocampe est primordial, puisqu’il organise les connaissances en reliant ensemble le groupes de neurones suivant des liens logiques croisés, et il est aussi le bibliothécaire, car connaissant ces liens, c’est lui qui rappelle ainsi les connaissances quand le cortex préfrontal le demande, s'il n'est pas capable de le faire seul.
              La mémoire déclarative, qui est à l'origine de l'acquisition de toutes les connaissances est donc basée sur la compréhension de ce que l'on doit apprendre, la mise en place dans une structure de classement logique, et la répétition de l'information pour la prise en compte par le système d'apprentissage.

    "La mémoire émotionnelle" :

              Nos émotions sont présentes dans les souvenirs de la mémoire épisodique.
              La notion de mémoire émotionnelle ne doit pas être interprétée comme un emplacement particulier pour les souvenirs chargés d'émotion.
              En créant cette catégorie, les neurobiologistes veulent simplement attirer l'attention sur le fait que les souvenirs ayant un fort caractère émotionnel sont mieux et plus fortement mémorisés et cela de façon en partie inconsciente et automatique.
               C'est principalement dû au rôle des centres amygdaliens, qui contrôlent notamment les émotions fortes, la peur, la colère, le stress...
               On se rappelle mieux et pendant plus longtemps les détails des événements qui nous ont touché sentimentalement, de tous ceux qui nous ont apporté du bonheur, mais aussi de ceux qui nous ont marqués négativement, voire nous ont traumatisés. C'est le cas par exemple des accidents, attentats, catastrophes dont on a été témoin, et qui marquent de façon presque indélébile notre inconscient.

    " Les mémoires procédurales" :

               Enfin les « mémoires procédurales » concernent tous les automatismes que nous avons appris et qui sont devenus presque inconscients.
              Ce sont des « automatismes", des « procédures d’actions physiques » dans lesquelles notre « cervelet », coordonne de façon inconsciente (sans appel au cortex préfrontal), nos sens, notamment vue, ouÏe et toucher, ainsi que nos centres moteurs, qui commandent les mouvements de nos membres.
              Ces actions, ce sera par exemple marcher, faire du vélo, conduire une voiture, nager, jouer d’un instrument de musique, lire, écrire, ou taper sur un clavier…..

               Lors de l’acquisition, le cortex frontal est obligé de travailler avec les centres d’appren-tissage, les centres de perception et les centres moteurs. Puis au fur et à mesure que les automatismes sont appris, il passe le relais au cervelet.
              Il existe toutefois des automatismes où ce n’est pas le cervelet qui agit, mais nos centres amygdaliens (défense contre un danger), ou nos centres du langage notamment Broca (procédures mathématiques) ou lors d’automatismes verbaux (le rôle d’un acteur).

    Conclusion :

     

     De ce bref tour d'horizon de la biologie de la mémoire, que devons nous retenir ?

             - D'abord que nous mémorisons une multitude de sensations mais pour une durée brève, et que seuls des événements ou données importantes sont mémorisées à long terme.

             - Que la plupart des processus de mémorisation, notamment ceux du déroulement de notre vie (mémoire épisodique), sont automatiques et inconscients, mais que les souvenirs mémorisés à long terme, peuvent être rappelés volontairement en mémoire. Toutefois, si nous ne les rappelons pas ainsi, les liaisons entre les neurones qui les composent, s'affaiblissent et le souvenir passe peu à peu dans l'oubli. Il peut également se transformer par l'ajout d'éléments extérieurs (récits, photos..).

               - Que les souvenirs qui nous touchent émotionnellement sont plus fortement fixés dans notre mémoire et donc à plus long terme.

               -  Que les domaines dans lesquels nous avons une mémorisation volontaire sont ceux du vocabulaire et de son emploi (mémoire lexicale), de nos connaissances (mémoire déclarative) et de nos automatismes (mémoire procédurale).
               Dans ces domaines,
                        • la mémorisation exige un effort de volonté, d'attention, de concentration.
                        • la mémorisation est basée sur la répétition du processus de mémorisation (système d'apprentissage)
                        • la mémorisation nécessite la compréhension de ce qu'on veut mémoriser et, le plus souvent, son classement dans un processus et une structure logique.
                        • la mémorisation est meilleure si on associe plusieurs sens : par exemple, pour retenir un texte, le lier (vue) le prononcer à voix haute (ouïe), et l'écrire (mouvements de la main).

    et surtout :

                 - que la mémoire n'est pas innée, mais qu'elle s'acquiert en l'exerçant, en mémorisant de nombreuses choses diverses, et en l'entretenant tous les jours.
                 - que la mémoire c'est 50% de l'intelligence : sans le recours aux choses mémorisées, nous ne pouvons réfléchir, prévoir, organiser, décider agir.      

              
              Le schéma ci-dessous montre l'emplacement des divers centres du cerveau qui ont été cités ci-dessus.

     

    Nos mémoires (2)

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  • J’ai déjà fait plusieurs articles sur notre mémoire (voir catégorie cerveau- mémoire de mon blog en mars 2016).
        Mais je reçois toujours des questions sur ce sujet ainsi que sur l’évolution de nos souvenirs.
        Je vais donc refaire quelques articles dans lesquels j’essaierai d’expliquer les choses autrement.

        Aujourd’hui je vous présenterai un schéma de principe de nos mémoires, que j'ai élaboré à parti de schémas partiels plus détaillés, admis par les neurobiologistes.

        Notre cerveau possède trois grandes sortes de mémoires :
             - une mémoire à court terme qui permet de garder présent à l’esprit pendant de courts instants des données que nous allons ensuite traiter.
            - une mémoire à long terme où nous conservons de très nombreuses informations de toutes nature, pour les rappeler ensuite et nous en servir à des fins diverses. Elle est répartie dan tout le cerveau.
            - une mémoire procédurale où nous stockons des modes opératoires que nous appliquons ensuite, souvent de façon presqu’automatique.
          
        L’ensemble de ces mémoires est dirigé par un administrateur central, le cortex préfrontal, qui oriente la recherche d’information, leur destination et leur stockage éventuel.
        Un "bibliothécaire", l'hippocampe, va tenir à jour une banque de données de nos souvenirs et il orientera à la demande, les connexions temporaires entre les différents neurones qui constituent un souvenir particulier.
         Un outil, le système d'apprentissage et de récompense va permettre d'acquérir de nombreuses notions qui seront ensuite stockées en mémoire.

         Dans l'article d'aujourd'hui, je parlerai de ces trois moteurs de notre mémoire; dans les prochains articles, je détaillerai les mémoires, puis je parlerai des souvenirs et enfin de la façon dont on peut améliorer ses mémoires.

     Le cortex préfrontal : 

           
      C'est sous notre front, la partie du cerveau qui réfléchit, calcule, prévoit, organise, commande, agit. C'est le patron, le chef d'orchestre. Les mémoires sont à son service.
              Entre cet administrateur central et les diverses mémoires, deux "mémoires tampon"  de travail stockent l'une du langage, l'autre des représentations, notamment images et cartes visuelles, pendant le temps nécessaire à l'utilisation de leurs données, qui sont ensuite remplacées par d'autres pour la poursuite de la réflexion et de l'action. Ces mémoires ne peuvent stocker que peu d'information (six ou sept paquets) et nous ne pouvonns donc faire de façon précise plusieurs tâches à la fois.
               Par ailleurs une mémoire relais permet les transferts des informations, du cortex et des mémoires de travail aux diverses mémoires et réciproquement.
               Pour les souvenirs bien établis (et souvent anciens);, le cortex préfrontal sait auprès de quels neurones il peut trouver les informations qui constituent le souvenir. Mais, pour les souvenirs nouveaux, il a besoin de l'hippocampe pour les consolider et relier entre eux les neurones constitutifs.

     
     L'hippocampe :

         C'est un centre du cerveau émotionnel, en deux parties cerveaux droit et gauche, qui a différentes fonctions. il contrôle notre navigation dans notre environnement (voir mes articles des 7 et 9 novembre 2016 sur le GPS de notre cerveau). Il a un rôle inhibiteur pour bloquer certaines actions indésirables. 
          Dans le domaine de la mémoire, il reçoit des informations de l'ensemble du cerveau, trie les informations nouvelles et les renvoie aux neurones d'où elles sont issues, ce qui renforce les connexions entre neurones. Si ces informations sont importantes, ces aller et retours vont se faire plusieurs fois, notamment pendant le sommeil, et les connexions entre neurones formant un souvenir sont renforcées. Le souvenir à court terme, devient un souvenir à long terme.
          Pour des souvenirs peu utilisés le cortex préfrontal qui veut les consulter demande à l'hippocampe de remettre en communication tous les neurones le constituant. Mais à force de consulter souvent un souvenir, le cortex préfrontal finira par savoir lui même faire ce travail de remontée du souvenir.

    Le système d'apprentissage et de récompense :

           On ne peut continuer l'étude de la mémoire sans parler du système d'apprentissage et de récompense. Le cerveau émotionnel comprend un ensemble de centres qui permettent les apprentissages élémentaires des enfants, puis les apprentissages durant les études et dans la vie, en réagissant aux résultats et au plaisir  ou déplaisir de nos actions : ils engendrent un sentiment de satisfaction par la libération de dopamine, un neurotransmetteur qui apporte une "récompense". 
              Que ce soit pour le bébé qui essaie d'attraper un objet, pour le jeune qui fait un exercice ou par la suite l'adulte qui tente une action, le processus est le même : 
               On tente un essai et s'il est réussi, la libération de dopamine apporte récompense et satisfaction. Si dans l'essai suivant le résultat est moindre, pas de dopamine et donc sanction. S'il est meilleur nouvelle récompense. Peu à peu, le résultat se perfectionne et on a acquis le processus recherché, que ce soit pour le bébé saisir un objet ou apprendre à marcher, ou pour l'enfant apprendre à faire du vélo, à jouer du piano, ou apprendre à lire et écrire ou à faire des exercices de maths.
                 La mémorisation met également en jeu le système d'apprentissage.

                Par la suite, ce système reconnait les situations qui apportent satisfaction et plaisir et c'est lui qui est à la base de la mémorisation de ce qui nous est bénéfique.
                 La mémorisation est donc basée sur la répétition des situations et actes à mémoriser.

         Demain je décrirai les diverses sortes de mémoires.

    Nos mémoires (1)

     

        

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