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    Fumer un joint, est-ce dangereux ?

         J'essaierai de décrire d'abord ce qui se passe, lorsque quelqu'un fume du cannabis de façon occasionnelle, c'est à dire très peu souvent.
        Toutefois ces symptômes varient selon les individus et surtout la quantité de THC absorbée et donc la nature du cannabis fumé et la façon dont on le fume.
        Ceux qui ont déjà fumé trouveront sans doute que je décris mal les phénomènes : c'est vrai, je n'en ai pas l'expérience, je ne les ai jamais ressentis moi-même. Je tiens trop à l'intégrité de mon cerveau et de ma pensée pour fumer une drogue quelle qu'elle soit.
       Je décrirai donc des observations de chercheurs neurologues.

        En général l'absorption de THC se traduit d'abord par ce qu'on appelle un “effet planant”, pendant lequel on se trouve “bien”, un peu “hors de la réalité” suivi d'une phase de torpeur et de somnolence.

        Dans la première phase, la perçeption du monde est modifiée, la personne n'existe plus que dans l'immédiat et peut perdre une partie de ses facultés de raisonner et de se référer au passé ou à l'avenir. On observe différents effets, tels que satisfaction, sensation de bien-être, euphorie, discours et rire faciles.
        Cette modification de l'humeur et du comportement s'accompagne d'une certaine stimulation intellectuelle (apparente car on raisonne moins bien), d'une impression de calme et de relaxation, mais aussi une certaine insouciance et une incapacité accrue à ne pas imaginer les conséquences de ses actes.(et c'est cela qui est dangereux).
        On peut aussi éprouver une certaine distorsion de l'image de soi, une augmentation de la confiance en soi (qui rassure et c'est une des raisons de l'attrait de cette drogue), Mais aussi une perception temporelle altérée, avec une sensation d'allongement du temps présent.
        Il y a souvent une altération de la mémoire à court terme (les mémoires de travail notamment, entre le cerveau profond, le cerveau émotionnel d'une part et le cerveau frontal d'autre part, qui pense et réfléchit), et donc des difficultés à fixer son attention, à raisonner, à travailler.
        Si la prise de drogue est importante les sujets peuvent avoir des difficultés à se souvenir des mots, des images, des histoires et des sons auxquelq ils ont été confrontés pendant qu'ils étaient sous l'emprise du produit.

        Mais quelle que soit la dose prise, il y a une altération des perceptions sensorielles, une diminution des réflexes, un allongement des temps de réaction, une réduction de l'habileté à accomplir des tâches complexes, telles de la conduite de véhicules ou de machines.

        Parmi les manifestations physiologiques on note une augmentation du rythme cardiaque de 20 à 50 %, qui peut durer plusieurs heures en s'atténuant.
        On ne note pas de manifestation clinique chez les personnes en bonne santé.
        Exceptionnellement cette modification cardiaque peut entraîner tachycardie, crises d'engoisse ou de panique. On observe aussi des effets broncho-pulmonaires avec dilatation des bronches, souvent une sécheresse buccale et une irritation des yeux, souvent un relachement du tonus musculaire et une stimulation de l'appétit et parfois des maux de tête, troubles digestifs : nausées douleurs abdominales, troubles du transit intestinal.

        On peut donc dire qu'une prise occasionnelle de cannabis pour quelqu'un en bonne santé, qui n'est pas particulièrement sensible ou allergique à ce produit, est relativement sans danger important, à condition de s'abstenir absolument de conduire un véhicule ou de se servir d'une machine dangereuse.
        Toutefois si lors d'un usage occasionnel, on absorbe une quantité trop importante, on peut devenir aussi irresponsable de ses actes que lors d'une prise très importante d'alcool, voire être victime d'une overdose.

        L'usage occasionnel de cannabis est devenu fréquent chez les jeunes et malheureusement beaucoup croient que fumer du cannabis n'est pas plus nocif que de fumer du tabac(qui est déjà très nocif).
        Cela n'est vrai que dans la mesure où on ne conduit pas ensuite une voiture ou un véhicule à deux roues.
        Il faut savoir que la conduite d'un véhicule après absorption de THC est encore plus dangereuse qu'après une forte absorption d'alcool, car on se rend beaucoup moins compte de la diminution de ses capacités, que dans le cas de l'ivresse alcoolique.
        Actuellement on constate que le nombre d'accidents de la route à la suite d'usage de cannabis, est devenu aussi important que celui dû à l'absorption d'alcool.


        Donc une règle absolue : ne jamais conduire un véhicule après avoir fumé un joint !

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  •      Que fait le cannabis sur votre cerveau.?    
         C'est son principe actif, le “tétrahydrocarbinol” (ou THC), qui agit sur la transmission de l'influx nerveux de certains neurones (les cellules nerveuses), particuliers : ceux qui sont sensibles à des produits voisins du THC, et que les neurones du cerveau synthétisent naturellement : “les endocannabinoïdes” qui sont des “neuromédiateurs” particuliers.
        
         Sur la figure ci dessous
    les régions particulières du cerveau sur lesquelles le THC agit, sont indiquées et nous allons les passer en revue.
         Le THC agit particulièrement sur ces centres nerveux car ils contiennent beaucoup de neurones utilisant “les endocannabinoïdes” comme “neuromédiateurs” (voir mon article d'hier)

         Le cervelet est “l'annexe” du cerveau qui contrôle tous nos automatismes appris : l'équilibre, la marche, faire de la bicyclette, de la planche à voile, ou conduire une automobile, jouer du piano ou taper sur le clavier de l'ordinateur... C'est donc un organe qui coordonne nos mouvements qui, après apprentissage, sont passés au stade de l'automatisme.
         Le cannabis ralentit le fonctionnement du cervelet et diminue donc toutes nos facultés d'automatisme (nos "réflexes"), et notamment celles de conduite d'engins (voiture, moto, cycle) ou de machines (notamment des machines industrielles qui peuvent être dangereuses). Ce ralentissement peut engendrer des accidents.

         Les noyaux centraux (on les appele aussi “ganglions de base” dans les documents anglo-saxons), sont un ensemble de centres nerveux qui notamment contrôlent la coordination de nos mouvements et le déclenchement et l'arrêt des actions, sous l'impulsion de notre cortex qui réfléchit, organise et commande.
         Le cannabis perturbe donc la cordination de nos mouvements et actions et comme il en perturbe l'initiation et l'arrêt, il conduit à une certaine apathie, un manque d'initiative et de motivation. cette action contribue donc aussi au ralentissement des réflexes, par exemple freiner une voiture face à un obstacle.

         L'hippocampe est un organe essentiel pour la mémoire. L'hippocampe est en quelque sorte le professeur de la mémoire, car c'est lui qui trie les informations, les fait mémoriser de façon immédiate et provisoire, avant qu'on autre processus pérennise certaines de ces information par un phénomène de consolidation de la connexion des neurones qui ont enregistré les éléments de cette information. Il connait "l'adresse" des neurones ayant contribué à un souvenir et permet donc son rappel.
       La maladie d'Azeimer des personnes âgées est due essentiellement à une dégénérescence des neurones de l'hippocampe.
         Le cannabis perturbe le fonctionnement de l'hippocampe et donc celui de l'alimentation de la mémoire immédiate.
         Ce phénomène est accentué par la perturbation “des mémoires tampons” du précortex frontal.
         Ces centres nerveux stockent des informations, qui transitent venant des centres de perceptions ou les centres d'analyse de celles-ci, certaines provenant aussi du cerveau émotionnel, avant de les acheminer vers les centres du cortex qui pensent ,réfléchissent, coordonnent et ordonnent les actions.
     Certaines de ces mémoires de stockage sont plus spécialisées dans les informations ayant les idées et le langage comme support, et d'autres traitent les images, les schémas, les scènes globales.
         Elles ne peuvent stocker en général qu'un faible nombre d'informations , dont elles mémorisent aussi les “adresses” des connexions à mettre en oeuvre pour retrouver une partie des informations stockées à moyen terme dans divers endroits du cerveau, le temps nécessaire pour l'exploitation future d'une action donnée (par exemple se rappeler où j'ai garé ma voiture dans le parking du supermarché, jusqu'à ce que j'ai fini mes courses !).
         Le cannabis diminue donc notre capacité de traiter des problèmes, car il perturbe la remontée et la méorisation des informations nécessaires.

         Certains neurones du cortex préfrontal sont également sensibles au THC et nos facultés de prévision de l'avenir, de prévoyance des conséquences de nos actes, et donc des risques et du danger, sont perturbées.

         Le complexe amygdalien est également perturbé. Je vous ai souvent parlé de ces centres qui contrôlent nos peurs, nos colères, nos émotions violentes, et les actions de défense contre les dangers.
         D'une part le cannabis réduit sur le moment notre anxiété et nos peurs, mais il nous rend aussi en partie inconscient du danger.
         A terme, lorsque son action diminue, nous avons au contraire l'impression, lorsque ce complexe amigdalien retrouve son fonctionnement normal, que notre anxiété augmente de façon importante.

         Enfin le cannabis agit aussi sur l'hypothalamus et sur le tronc cérébral, qui régulent tous mos mécanismes automatiques de vie : respiration, rythme cardiaque et tension artérielle, température, système hormonal par l'intermédiaire d'une glande voisine de l'hypothalamus et sous son contrôle : l'hypophyse....
         Ils contrôlent la faim, la soif, des réflexes tels que les vomissements, notre comportement sexuel, et les mécanismes de perception de la douleur....
         Dans certains cas le cannabis peut donc intervenir sur ces actions fondamentales de régulation de l'organisme (on les appelle l'homéostasie).

         Le cerveau est un organe extrèmement complexe qui est protégé contre les produits chimiques par “la barrière hémato-encéphalique”, formée de cellules qui empêchent le passage de certaines substances du sang vers les neurones et autres tissus cérébraux. Mais les substances qui peuvent être dissoutes par les graisses, peuvent passer cette barrière et c'est le cas du THC.
         C'est la raison pour laquelle le cannabis agit sur tous les centres du cerveau qui utilisent partiellement des neurones sensibles aux endocannabinoïdes, neurotransmetteurs produits par le cerveau, qui régulent le  fonctionnement de ces neurones
     . Le THC, se substituant à ces neurotransmetteurs, perturbe donc le fonctionnement normal du cerveau.

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    Les "cannabinoïdes" dans notre corps : action du THC

         Aujourd’hui je vais vous parler non pas du cannabis, mais des endo-cannabinoïdes qui sont des produits présents naturellement dans notre système nerveux et qui ont un rôle normal de régulation de notre corps.
        On appelle par le nom de “cananbinoïde” tous les produits qui agissent sur les mêmes récepteurs que le THC, principe actif du cannabis, dans l’interface d’une synapse entre l’axone d’un neurone et les dendrites du suivant, permettant ensuite au second neurone de transmettre (ou de bloquer) l’influx nerveux transmis par les neurones reliés à ses dendrites.
        Les endo-cannabinoïdes” sont, parmi eux ceux qui sont naturellement présents dans notre organisme (endogènes).

        Il existe 5 ou 6 endocannabinoides, mais on ne les connaît sûrement pas tous et il doit y en avoir une dizaine.
        Le plus connu est l’anadamide, car le chocolat (plus exactement le cacao) en contient. Mais rassurez vous, pour faire le même effet qu’un joint, il faudrait manger 30 kgs de chocolat noir !!!

        Les endocannabinoïdes ne sont pas des neurotransmetteurs habituels :            
            - d’une part ils sont synthétisés en tant que de besoin par les neurones et ne sont pas stockés dans des vésicules synaptiques .
            - d’autre part ce ne sont pas à proprement parler des neurotransmetteurs qui permettent la transmission de l’influx nerveux, mais des “neuromédiateurs” qui interviennet sur l’action des neurotransmetteurs classiques et influent donc sur le fonctionnement des synapses.
        Leur action au niveau des synapses, se fait selon le schéma simplifié ci dessous :
        A droite un canal ionique sur lequel se fixe le neuromédiateur et qui alors laisse passer des ions. A gauche le récepteur de cannabinoïde, qui capte un cannabinoïde et qui active une protéine spéciale (G) qui envoie des messager chimiques au canal ionique et en modifient la perméabilité et donc l’action des neurotransmetteurs.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/recepteurcannabis.jpg

        Dans la pratique ils agissent le plus souvent en
            - inhibant la libération de neurotransmetteurs classiques.
            - en inhibant la recapture du neurotransmetteur GABA, qui engendre l’entrée d’ions Chlore négatifs et donc empêche la transmission de l’influx nerveux.
            - en modifiant la “plasticité neuronale” qui engendre la création de nouvelles ramifications dendritiques et de nouvelles synapses.

        Au niveau macroscopiques ils ont des actions assez complexes sur :
            - la mémoire :  Leur action diminue en général la mémorisation, notamment parce qu'ils modulent la plasticité synaptique et inhibent la formation de nouvelles synapses, les cannabinoïdes sont impliqués dans la mise en mémoire des informations (à court ou à long terme).
            - les cannabinoîdes ont des propriétés analgésiques,
    En effet les nerfs qui conduisent le signal de la douleur ont un relais neuronal au niveau de la moelle épinière et quand la douleur devient intense, l’hypothalamus fait sécréter des neurotransmetteurs (qu’on appelle des endorphine et qui sont des produits chimiques analogues à la morphine) qui atténuent le signal de douleur remontant au cerveau. Les endocannabinoïdes facilitent l’action des endorphines pour effectuer ce blocage et donc sont analgésiques.
            - les endocannabinoïdes ont une action au niveau de la motricité car ils agissent au niveau des centres du cortex moteur, (qui commandent les mouvements) et du cervelet (qui gère les automatismes) ainsi que des relais du cerveau central. Ils ont en général une action de relaxation et décontraction.
            - Enfin les  endocannabinoïdes ont une action au niveau de la balance énergétique et de l’appétit  car ils agissent sur les zônes de l’hypothalamus qui contrôlent la prise alimentaire et ils stimulent la faim.

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    Le cannabis

          Le cannabis déclenche  bien des discussions. Est ce une drogue douce? Est ce le premier pas vers l'usage des autres drogues. ? Est ce plus dangereux que le tabac ? Ya t'il addiction et manque ?
         Je me suis aperçu que je n'avais pas fait d'article sur cette drogue. Alors je vais réparer cet oubli.

        Le cannabis est une plante dotée d'une très belle feuille, que vous voyez sur cette photo.
        “L'herbe” ou “marijuana” est préparée à partir des fleurs, des feuilles supérieures et des graines, séchées et hachées, et elle est fumée dans des cigarettes que l'on roule comme on le faisait autrefois pour le tabac : ce sont les “joints”, mais aussi en pipe ou en narghilé.
        Le “haschisch” est de la “résine” recueillie sur les fleurs et mélangée à divers produits tels que la paraffine, de la colle, du henné, du cirage ou même des excréments d'animaux ! Elle se présente sous forme de barettes de couleur en général brune, (parfois vertes ou jaunes), que l'on réduit en poudre pour la fumer sous forme de joints.
        L'huile est obtenue par distillation de feuilles ou de résine et est ensuite déposée sur du tabac pour être fumée.

        Toutes ces formes de drogue issues de cette plante ont un principe actif commun, le tétrahydrocannabinol ou THC; c'est ce produit qui agit sur notre cerveau selon un mécanisme que je décrirai dans un autre article.
        La concentration en THC est de 2 à 8 % dans l'herbe, 5 à 20 % dans la résine et plus de 30 % dans l'huile.

        Les enquêtes de 2018 montrent que le cannabis demeure la première substance illicite diffusée dans la population » avec 44,8 % des Français de 18 à 64 ans à l'avoir expérimenté. 
    Plus d'un adulte sur dix déclare en avoir fumé en 2017, et la consommation se maintient désormais plus souvent après 25 ans et parmi les actifs.
         La tranche 18-25 ans reste la plus consommatrice, avec plus d'un jeune sur quatre (26,9 %) déclarant avoir fumé dans l'année,
        Et 10% des consommateurs de plus de 35 ans ont recours à l'autoculture de la plante.
         Chez les 16/17 ans, 50% des garçons et 41% des filles disent avoir “expérimenté” du cannabis, ce qui n'est pas grave (sauf s'ils conduisent un véhicule dans les heures qui suivent), mais que près de 15% des garçons de 18 ans ont consommé plus de 40 fois du cannabis, ce qui n'est pas sans danger.
         Plus grave, 4 % des filles et 6 % des garçons qui déclarent avoir expérimenté le cannabis à 13 ans ou plus jeune,

        La France est malheureusement en tête des pays consommateurs en Europe.
        Un point qui inquiète particulièrement l’OFDT (Observatoire français des drogues et toxicomanies), est que le public principalement touché par les drogues est un public jeune. En particulier 6% des jeunes de 18 - 25 ans présentent un risque élevé d’usage problématique de cannabis : une consommation susceptible "d’affecter leur scolarité, leur développement ou, à plus long terme, leur santé et leurs capacités cognitives". En effet, la maturation du cerveau, notamment le cortex préfrontal,  s'étend jusqu’à l’âge de 25 ans,Il semblerait par ailleurs que, en Europe comme aux USA, environ 10% des consommateurs soient devenus “dépendants” de cette drogue.

        Les chercheurs épidémiologistes considèrent en général les stades suivants :
        - usage occasionnel : consommation  < 10 fois par an;
        - usage répété :  consommation  < 10 fois par mois;
        - usage régulier : plus de une fois par jour;
        - usage excessif : à partir de 3 joints par jour,
        - usage chronique au dessus de 5 à 6 joints par jour (1,2 grammes)

        Je rappelle par ailleurs que la consommation de cette drogue est en France, interdite par la loi, au même titre que sa vente.

        Rien n'indique que l'usage du cannabis soit le premier stade de l'usage d'autres drogues.  
        Par contre beaucoup des fumeurs pensent que sa nocivité n'est pas plus grande que celle du tabac, déjà très nocif, ce qui est une grave erreur.
        Par ailleurs, du fait qu'il n'y a pas de phénomène de manque, les consommateurs croient qu'il n'y  pas de phénomène d'addiction, comme avec la nicotine ou les drogues dures. C'est inexact, car su-i l'addiction physiologque est très faible, par contre, l'addiction psychologique est très forte.

       Dans les prochains articles, je traiterai des cannabinoïdes dans notre corps, de l'action du THC et des dangers du cannabis, et de l'usage en pharmacologie.

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  • Etes vous douée en maths, Mademoiselle ?

          Cela m’arrive de temps à autre, d’aider une de mes correspondantes dans un lycée a faire un devoir de maths, de physique-chimie ou de philo. Quelquefois aussi après le bac, mais là mes études sont un peu anciennes et j’ai davantage de difficultés ! LOL
    Et souvent l’une d’elle me dit “Les filles ne sont pas douées en maths !” , ce qui est parfaitement ridicule.

        D’abord, à l’origine, personne n’est plus ou moins doué(e) en maths, pas plus une fille qu’un garçon.
        Mais, selon nos préférences cérébrales innées nous avons un mode de décision logique ou bien qui procède à partir des valeurs, des goûts, des sentiments. Les personnes ayant un cortex frontal prépondérant sur le cerveau émotionnel lorsqu’il fait un choix, et donc une préférence pour les raisonnements logiques, apprendront plus facilement certaines parties des mathématiques.
        De même quelqu’un qui a une meilleure représentation spatiale se représentera plus facilement les figures géométriques.
        Une personne dont les préférences de perceptions seront plutôt sensorielles et factorielles sera moins rebutée et plus précise dans les calculs longs d’algèbre, alors que la personne globale et imaginative résoudra plus facilement les problèmes de géométrie ou ceux pour lesquels il faut “créer”.
        Mais ce ne sont que des préférences innées de départ et l’éducation, l’instruction et l’expérience de la vie ont une grande influence sur le développement de nos préférences cérébrales, de même que notre capacité mémorielle, que nous pouvons grandement développer et qui est une part importante de l’intelligence.
        C’est une question de travail et d’entraînement.

        C’est vrai que le cerveau se développe un peu différemment chez les filles et chez les garçons dans l’enfance et l’adolescence.
        Au départ l’hémisphère gauche se développe plus vite chez les filles qui s’expriment mieux en moyenne que les garçons, dont l’hémisphère droit est plus efficace en moyenne, pour les représentation spatiales. Mais les différences sont très atténuées à l’entrée au lycée et diparaissent complètement à l’âge adulte.
        La formation du cerveau de chacun est beaucoup plus dépendante de l’entraînement et du travail fourni notamment avant 25 ans environ, et du vécu de toute la vie, que des “dons innés”.
        Et les filles qui travaillent plus que les garçons en maths, sont plus “douées” qu’eux dans cette matière !
        J’ai eu presque autant de collaboratrices ingénieurs femmes que d’hommes et elles étaient aussi efficaces et performantes. C’était le plus souvent le plus travailleur qui était le meilleur !
        Une de mes correspondantes, que j'ai connue au début de mes blogs, il y a 15 ans, était aussi forte en sciences qu’en lettres, a réussi son bac avec plus de 18 de moyenne et a été reçue brillamment à l’Ecole Normale supérieure de la rue d’Ulm et à l’X, qui à l'agrégation, et elle est actuellement maître de recherches au CNRS. Mais pour arriver à cela, elle a abattu une quantité énorme de travail. Il n’y a pas de miracle.
        Et si elle est très intelligente, elle le doit plus à son travail qu’à ses dons innés et sans ce travail, je suis sûr qu’elle n’aurait eu que des résultats médiocres.
        Pour réussir en maths comme dans la vie, bien sûr il faut une part de chance, celle notamment d’avoir des parents ou un contexte qui vous permette de faire des études, mais la motivation, la volonté et le travail sont beucoup plus efficaces que les dons innés.

        Pour en revenir à la légende de la  “bosse des maths”, j'avais lu un article assez curieux sur des études faites par une psychologue de l'Université de San Francisco, Talia Ben-Zeev, qui s’élevait contre l’idée que les carrières scientifiques sont dominées par les garçons, et qu'il est notablement plus difficile à une fille d'y réussir. C'est une idée reçue, mais plus dangereuse qu'il n'y paraît car ce stéréotype s'auto-entretient en complexant les filles, et il les inhibe et les conduit effectivement à moins bien réussir.

        Il y a quelques années, T. Ben-Zeev avait réalisé une expérience aussi simple qu'édifiante : elle avait demandé à des étudiantes de résoudre des exercices de mathématiques, d'une part, dans des classes composées exclusivement de filles et, d'autre part, dans des classes composées de filles et de garçons. Elle avait constaté que les notes étaient nettement inférieures dans le second cas.
        Aujourd'hui, elle pense avoir élucidé le mode d'action des stéréotypes. Elle a ajouté un détail à ses expériences: les jeunes filles étaient réunies avec des garçons dons une salle où étaient diffusées, (leur disait-on, mais c’était faux) des ondes ultrasonores inaudibles qui pouvaient avoir une incidence sur le rythme cardiaque et la transpiration. Curieusement, les filles ont alors obtenu de très bonnes notes.
        T. Ben-Zeev interprète ainsi cette observation  : dès qu'une fille entre dans une salle d'examen où se trouvent des garçons, sans même qu'elle en ait conscience, le stéréotype,  selon lequel les filles réussissent moins bien en mathématiques, provoque chez elle une anxiété inconsciente. Si elle pense que les garçons sont meilleurs en maths, le trac aura un impact néfaste sur sa prestation. Au contraire, si elle pense qu’elle transpire et que son cœur est accéléré à cause de l’émission d’ondes ultrasonores, le stéréotype est balayé et elle pourra réfléchir à  ses problèmes de maths librement, et révéler sa vraie valeur. C'est effectivement ce qui s'est produit.

        Suffit-il, mesdemoiselles, de diffuser de fausses ondes acoustiques dans les salles d'examen pour que vous soyez performantes en maths ?
    Moi je vous conseillerai plutôt de travailler beaucoup et d’apprendre vos formules et la façon dont on s’en sert !


         C’est vrai qu’aujourd’hui, avec toutes les tentations médiatiques et multimédia, il est plus difficile de travailler. Mais internet est aussi un fabuleux outil pour trouver des renseignements tant scientifiques que littéraires

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