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        J'ai expliqué, dans mon dernier article, l'aspect physiologique du rire, quasi inconscient. (ou du moins on ne le maîtrise pas, même si on le ressent).
        Mais évidemment il faut se poser la question : on ne rit pas sans raison. Qui déclenche le rire? Et cela c'est beaucoup plus difficile à déterminer,  

        Il existe des cas de rires incontrôlés, qui se déclenchent tout seuls. C'est considéré comme une anomalie, analogue à des crises d'épilepsie. Cette maladie est due à de petits amas anormaux de neurones dans l'hypothalamus ou dans son environnement.
        Des stimulus chimiques (par exemple l'inhalation de protoxyde d'azote) peuvent aussi déclencher le rire, involontairement, par action sur des centres voisins de l’hippocampe.
        Vous pouvez aussi déclencher le rire par des actions sensorielles sur la peau, qui sont transmises au cortex somatosensoriel (responsable du sens "toucher", sur le dessus du crâne). Ce sont les "chatouilles", l'information sensorielle étant transmise d'une part à l'hypothalamus et d'autre part au cortex préfrontal (médioventral), qui "sait" donc qu'on vous torture ainsi et qui va essayer (en vain ou avec succès selon les individus et les circonstances) d'inhiber l'hypothalamus pour qu'il ne déclenche pas le processus de rire, au grand dam de ceux qui vous chatouillent.  

        Il y a ensuite des processus plus ou moins volontaires de rire.
        D'abord chez le jeune enfant de quelques mois, le cortex préfrontal n'est pas mature et la réaction provient du cerveau émotionnel. C'est une sensation émotionnelle qui le déclenche : la vue de sa famille, du biberon, d'un jouet.
        De la même façon chez l'enfant ou l'adulte, des réactions émotionnelles, transmises par les cortex cingulaire et insulaire à l'hypothalamus peuvent provoquer au moins le sourire, voire le rire.
        Il arrive souvent que l'on rit ou sourit, alors qu'on n'a pas vu, lu ou entendu quelque chose de drôle, mais simplement qu'on est heureux, avec des souvenirs plaisants ou avec des amis ou parents. C'est le cerveau émotionnel qui déclenche ces réactions, mais le cortex préfrontal est impliqué dans la régulation de ces émotions
       Le cortex préfrontal ventromédian est en effet impliqué dans le circuit de récompense. Il réagit donc aux événements et sensations qui apportent du plaisir et cette information participe au déclenchement du rire, conséquence d'une euphorie, d'une anticipation sur le plaisir.

        Mais le rire est le plus souvent provoqué par le cerveau qui réfléchit, le cortex frontal. Celui-ci intervient d'abord en faisant une interprétation de nos sensations : vue et lecture, écoute d'une histoire. il réfléchit ensuite à l'interprétation intelligente à faire.
        Très souvent, l'effet comique vient d'un décalage soudain et inattendu entre la perception d'une apparence, d'un stimuli, et d'une information d'ordre cognitif ou social, qui est le plus souvent l'anticipation de la situation résultant de ces stimuli. Dès lors, une appréciation synthétique de l'ensemble et de ce décalage, générera une réponse non logique mais émotionnelle qu'est le rire.
        Lorsque vous regardez une caricature, lorsque vous lisez ou écoutez une histoire, votre cortex préfrontal réfléchit et anticipe les conclusions, ce qui va arriver, et cela inconsciemment et très vite.Et puis vous lisez ce qu'il y a dans la bulle de la caricature, ou vous remarquez un détail contradictoire, vous lisez ou écoutez la chute de l'histoire, et c'est en contradiction avec ce que votre cerveau avait prévu, complètement décalé et inattendu. C'est en général la surprise de ce décalage qui provoque le rire. En quelque sorte le cerveau se moque de son préfrontal qui s'est trompé dans ses prévisions !!
        Mais si vous n'avez pas compris remarqué ce décalage et qu'il faut vous l'expliquer, l'histoire perd presque tout son caractère amusant et vous ne riez pas.
        Dans le même ordre d'idées le rire vient aussi de l'absurdité en contradiction avec une certaine logique : c'est ce qui fait le succès des shadocks ! (voir image ci dessus).         
        De plus le rire est un phénomène de groupe, un partage avec d'autres humains: :  »Le rire cache une arrière-pensée d'entente, une complicité avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires ».
        Le rire a "une fonction sociale", il est le reflet des moeurs d'une société, d'où des plaisanteries intraduisibles ou un humour propre à telle ou telle communauté. 
        Un psychiatre américain, Allan Reiss, de l'université de Standford, a même trouvé quelque chose de curieux en faisant visionner des dessins animés.
        Les hommes n'ont pas le même sens de l’humour que les femmes. Certes, ils trouvent les mêmes dessins animés drôles et les notent de la même manière que les femmes. Par contre l’image de l’activité cérébrale est différente. Lorsque les femmes sont confrontées à un dessin animé amusant, leurs régions du cerveau dédiées au langage et à la hiérarchisation des informations, sont plus actives que celles des hommes.
        Par ailleurs le circuit de récompense dopaminergique réagit davantage chez les femmes, bien que les deux sexes donnent les mêmes notes aux dessins animés.
        Les hommes ont plus d’attente quand on leur dit qu’on va leur raconter une histoire drôle, alors que les femmes sont à priori, plus sceptiques.
        Allan Reiss a également montré en 2008 que les enfants sont plus sensibles à l'humour que les adultes, et que la perception de l'humour change au moment de la puberté, ce qui correspond aussi à une modification du système d'apprentissage et de récompense, qui perd un tires de ses neurones entre 7 et 14 ans.

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    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

       

         Dans ces derniers temps si tristes du fait des attentats,, beaucoup d’entre nous veulent réagir et penser à des choses moins stressante et plusieurs correspondants me demandent « qu’est ce que le rire ? Comment rire? Pourquoi les histoires drôles nous font elle rire ? ». 
        Il faut bien séparer deux choses : le mécanisme biologique du rire qui déclenche un certain nombre de réactions physiologiques automatiques et presque inconscientes, et puis l'aspect "intellectuel" qui fait que l'on rit parce qu'on lit une histoire drôle, qu'on voit une caricature, un film, ou qu'on est témoins d'une scène humoristique.

        Le mécanisme biologique semble provenir au départ de l'hypothalamus, qui est un très gros centre du cerveau central, et dont le rôle est multiple, car il régule (ou participe à la régulation) de nombreuses activités élémentaires vitales.
        « Le rire est le propre de l’homme » disaient Rabelais et Bergson, mais en fait certains animaux domestiques et les singes semblent avoir un mécanisme proche du rire.
         Rire ne s'apprend pas, c'est inné chez l'espèce humaine. Mais on rit 10 fois moins seul qu'en présence d'autres personnes et donc le rire a un rôle social.. Les chercheurs en psychologie cognitive ont trouvé que les mêmes parties du cerveau étaient activées lorsqu'une histoire drôle est racontée ou lorsqu'un rire est entendu. Le rire est donc communicatif.

        Ce sont des centres de la partie latérale de l'hypothalamus qui semblent en cause au départ. Ils agissent d'abord sur les centre générateurs des mouvements (sur le dessus du crâne), lesquels en passant par des relais situés dans le tronc cérébral (au dessus de la colonne vertébrale, dans la partie supérieure du cou), activent d'abord les muscles de la face (mimiques), des cordes vocales et de la respiration.  
        Puis l'action passe par le système sympathique : accélération du rythme cardiaque, dilatation des artères d'où une moindre pression artérielle, et dilatation des bronches. Dans le cas de fous-rires, l'hypothalamus étant plus sollicité, peut agir par l'intermédiaire du sympathique sur la vessie, (d'où les enfants qui font pipi de rire dans leur culotte). Il peut aussi agir sur les muscles des yeux et des glandes lacrymales et déclencher le « rire aux larmes ».
        L'action de l'hypothalamus se fait aussi par le canal de l'hypophyse, qui excite notamment les glandes surrénales. Il y a alors production d'adrénaline et de noradrénaline, qui sont des hormones et des neurotransmetteurs excitateurs. L'adrénaline participe à la modification du rythme cardiaque et de la pression artérielle, et libère du glucose dans le sang pour faire face à des consommations plus grande d'énergie.
        Ensuite l'hypothalamus commande au parasympathique de calmer le jeu et de ralentir toutes ces actions. En même temps il provoque la sécrétion d'endorphines par l'hypophyse, (des analogues de la morphine), qui sont des calmants.
        L'hypothalamus est relié à tout le cerveau émotionnel, et notamment aux centres amygdaliens qui ont un rôle principal en cas de peur, de colère et de stress. Dans le cas du rire, l'hypothalamus diminue le rôle de ces centres, et par ailleurs il fait produire par les surrénales une hormone anti-stress, le cortisol.
        L'hypothalamus est relié aux centres que l'on nomme centres d'apprentissage ou du plaisir, (voir mes articles sur mon blog), qui libèrent de la dopamine. Il y a donc une deuxième sensation de plaisir qui accompagne le rire.
        Dans mon prochain article, je parlerai du « déclenchement du rire ».

    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

     

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    Que faire si on est victime de harcèlement ?

                J’ai  fait hier un article sur le harcèlement en général, scolaire ou sur internet. Aujourd'hui, je vous donnerai quelques conseils, si vous subissez un tel calvaire.

                 D’abord il faut prendre ces harcèlement au sérieux et si votre enfant ou un camarade en est victime, il faut savoir ce qu’il en est réellement et faire le point avec lui.
                 Le harcèlement est quelque chose qui va très vite, comme une vague qui déferle: en quelques jours, le jeune se replie. Et le harcèlement touche tous les milieux.
                 Le harcèlement en milieu scolaire ou le cyber-harcèlement ont des conséquences bien connues sur les victimes : augmentation de l'anxiété, symptômes dépressifs, troubles du comportement alimentaire, faible estime de soi, mauvais résultats scolaires, difficultés d'ajustement psychosocial, crainte de fréquenter les lieux scolaires.       
                 Certains harcèlements ont mené leur victimes au suicide, et une enquête aux USA réalisée sur 37 fusillades dans les établissements scolaires de l974 à 2000 et sur 41 agresseurs, a révélé que 71 % d’entre eux se sentaient harcelés, persécutés, ou blessés par les autres personnes de leur entourage scolaire avant leur acte.

        Alors que faire si on est ainsi harcelé(e).?

    Que faire sur internet ?

                  - D’abord des mesures de précaution, ne pas converser avec n’importe qui, essayer de voir si la personne a un site pour voir ce qui y est traité.
                  - Rester discret, ne pas donner son nom ou son adresse à quelqu’un qu’on ne connait pas. Ne pas raconter sa vie à n’importe qui. Ne pas publier n’importe quoi et réfléchir à ce qu’on publie et aux conséquences possibles.
                 - Etre prudent avec une webcam : quelqu’un peut filmer à votre insu ou vous choquer avec des images ou gestes et faire ensuite du chantage.    
                - Si votre interlocuteur est désagréable ou commence à vous harceler, cela ne sert à rien de lui demander d’arrêter, cela ne fait que l’exciter. 
               - On peut lui voler dans les plumes verbalement, cela en arrêtera certains et cela vous calmera peut être, mais cela risque aussi l’inciter à faire pire.
               - Le mieux c’est de couper le contact et de l’exclure de votre site.
              - Si sur un site autre on dit du mal de vous, ne le relevez pas et n’y allez plus. Dites vous que peu de personnes le verront. Y aller ne fait que satisfaire le harceleur. Vous pouvez évidemment répondre, mais cela risque d’augmenter le niveau du  harcèlement. Si vous arrivez à tourner en dérision votre adversaire avec humour, en ayant l’air par ailleurs de ne pas souffrir de ce qu’il a écrit, vous avez quelques chances de le faire renoncer.
               - Mais surtout ne faites pas une montagne avec de petites remarques désagréables : ne vous montrez pas susceptible : que l'on se moque gentiment parfois d'un camarade, qu'il y ait parfois des heurts verbaux entre deux personnes, c'est normal.
               Ne prenez pas trop au sérieux ces agissements. Ce que pensent des imbéciles n'a pas beaucoup d’importance. Effacez ces commentaires désagréables s’ils sont sur votre site. Et si vraiment cela devient insupportable, changer de blog, en créer un autre dont vous ne donnerez l'adresse qu'à vos amis et recopiez y vos articles.
              - Et si vraiment cela va plus loin que vous ne le supportiez, confiez vous à un(e) ami(e), à un adulte en qui vous avez confiance ou à vos parents. L’essentiel est de sortir de la solitude.
            Il m’est déjà arriver d’avoir une explication avec un harceleur et de le menacer de poursuites juridiques, pour lui faire arrêter d’importuner une correspondante.
        Certains harceleurs ne sont pas conscients du mal qu’ils font : ils pensent qu'insulter via Internet, ça reste virtuel
             - Et si cela devient vraiment odieux, il faut couper les réseaux sociaux pendant un temps, bien que ce soit très difficile pour les jeunes.

    Que faire pour un harcèlement en classe ?

               - S’il s’agit de petites moqueries sans grande répercussion, il ne faut pas vous montrer trop susceptible. Ce que j’ai dit plus haut reste vrai.
               - Si un groupe vous prend pour souffre douleur, et si vous avez de bons camarades, allez avec eux et en groupe, ignorez l’autre groupe et serrez vous les coudes.
               - Si vous êtes un souffre-douleur isolé(e), parlez en à l’infirmière, à un prof sympa ou à vos parents qui eux verront les professeurs.
               - Et dans le cas de vols, rackets, mauvais traitements, il ne faut pas le cacher, il faut porter plainte.
            
            Ensuite il faut se reconstruire et pour cela ne pas croire tout ce qui vous a été méchamment dit. Il n’y a pas le dixième de vrai. Confiez vous à des amis, discutez avec eux : vider son sac fait du bien.
            Puis repartez de l’avant : c’est l’avenir qui compte, pas le passé.

            Et un point qu’il ne faut pas oublier, mais je ne peux guère en parler car c’est tout de suite très personnel : un petit ami à l’esprit tordu peut être un manipulateur, un harceleur, et la conduite à tenir est la même, mais c’est plus difficile si vous l’aimez.

     

     

     

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    Le harcèlement que subissent certains jeunes.Le harcèlement que subissent certains jeunes.

              Des jeunes me parlent de harcèlement dont ils sont victimes sur internet et me demandent conseil. je vais faire deux articles à ce sujet.
               D’abord il faut prendre ces harcèlement au sérieux et si votre enfant ou un camarade en est victime, il faut savoir ce qu’il en est réellement et faire le point avec lui. Le harcèlement est quelque chose qui va très vite, comme une vague qui déferle: en quelques jours, le jeune se replie. Et le harcèlement touche tous les milieux.

               Contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas internet qui a créé le harcèlement
               Avant l'ère d'internet, de nombreuses recherches ont été effectuées sur le
    harcèlement classique chez les jeunes dans le cadre scolaire. 
               Le harcèlement peut être physique ou psychologique, il implique une intention de nuire de la part de l'agresseur et souvent en se servant de différences physiques, sociales, intellectuelles pour imposer son pouvoir.
               Ses formes peuvent être physiques (pousser, frapper, extorquer des objets ou de
    l'argent) ou verbales. L’exclusion sociale d’un groupe est également un cas fréquent du harcèlement, de même que l'atteinte à lo réputation. 
               Les travaux de recherche décrivant les auteurs et victimes de harcèlement scolaire indiquaient qu'auteurs et victimes étaient plus fréquemment des garçons, que les auteurs étaient généralement plus forts physiquement, dominants, impulsifs, et avaient souvent des difficultés scolaires. Les victimes semblaient anxieuses, socialement en retrait, isolées, et physiquement plus vulnérables.

               Mais effectivement la venue des moyens informatiques et multimédias a changé la donne, non pas dans l’esprit des harceleurs et harcelés, mais dans la facilité de communication, avec internet et le téléphone portable, et aussi par le bouleversement des habitudes de vie, surtout des jeunes.
                Le « vidéo-linchage », appelé curieusement « happy slapping » aux USA, existe aussi en France depuis 10 ans : c’est une agression collective d’une victime tout en la filmant au moyen d’un téléphone portable, puis à diffuser le film humiliant de cette agression qui, comme un virus, peut atteindre un maximum de personnes en un minimum de temps. Dans certains cas extrêmes, l’agression physique peut être très violente et certaines d’entre elles ont même entraîné la mort de la victime.
                Depuis la loi du 5 mars 2007, la diffusion de ces images constitue une infraction pénale passible d'une peine de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 75 000 euros.
                Heureusement ce n’est pas la pratique la plus courante, mais des études américaines montrent combien les phénomènes d’harcèlement sont courants entre jeunes.
                Michele Ybarra, de l’université de Baltimore, a interrogé 1 500 adolescents de 10 à 15 ans utilisateurs d'Internet, et a observé que durant l'année précédente, 35 % avaient été victimes de harcèlement ou de sollicitations sexuelles, tandis que 21 % en avaient été des auteurs. Dans une autre enquête auprès de 3 767 adolescents américains utilisant ou non Internet, Robin Kowalski, de l'Université de Caroline du Sud, a observé que, durant les deux mois qui avaient précédé l'enquête, 11 % des jeunes avaient été victimees de cyberharcèlement, 7% en avaient été auteurs et victimes, et 4 % en avaient été auteurs.
                Mais il ne faut pas croire que le cyberharcèlement ait remplacé le harcèlement « classique » en classe. Une étude de Kirk William et Nancy Guerra de l’université de Californie, montrent que le harcèlement le plus fréquent est de loin le harcèlement scolaire verbal, à égalité avec le harcèlement physique vers 13 ans alors que le harcèlement sur internet est faible, puis celui-ci augment mais reste très inférieur aux deux autres, lesquels sont alors maximaux vers 15 ans, puis vers 18 ans les trois tendances diminuent un peu.

                Il est difficile de trouver des études françaises sur ce sujet avec des statistiques simples et compréhensibles qui ne mélangent pas tout. Par contre on trouve de nombreux articles sur le harcèlement à l’école et le cyber-harcèlement.  
                 Laurent Bègue, professeur de psychologie à l’université de Grenoble, a essayé de cerner la psychologie du harceleur : qu’est ce qui pousse un individu à pourchasser un autre, à tenter de le rabaisser, de l'humilier ou de lui faire peur, voire de le frapper.
                 Il y a certainement d’abord un problème d’éducation et de fréquentation : certains jeunes croient qu'il est valorisant de harceler autrui, que c'est quelque chose de toléré. Cela résulte probablement d'une absence de discours clair condamnant ces pratiques dans l'entourage familial ou professoral, ou de la fréquentation d'individus pour qui cela ne pose pas de problèmes.
                On constate que les élèves qui sont le plus enclins à devenir harceler, sont ceux qui se sentent mal à l’école et qui ont de mauvais résultats en classe, Ils sont souvent peu surveillés par leurs parents, ne suscitent pas l’intérêt des professeurs et sont peu attachés aux institutions et usages de la société.
                Un autre facteur est le manque de réaction de l’environnement qui « laisse faire ». et le harceleur peut avoir l'impression que sa victime est isolée, donc sans défense.
                 L’usage de l’alcool et du cannabis qui diminue les facultés intellectuelles est souvent un facteur aggravant.
                Le harcèlement est souvent un phénomène de groupe, qui crée un « souffre-douleur », et on peut se demander en quoi un groupe d'élèves se sent suffisamment menacé par un seul enfant pour qu'on lui assigne la place du bouc émissaire.
                 Le bouc émissaire occupe la place de celui qu'on exclut, de celui dont personne ne veut, de celui auquel on ne s'identifie pas; on harcèle pour avoir bonne conscience, pour s'assurer qu'on est du bon côté, avec la majorité ; être en groupe contre l'autre permet de renforcer la cohésion, en s’unissant contre un « ennemi » commun auquel on attribue tous les défauts que l'on n'assume pas, mais qui sont le plus souvent ceux du groupe lui même. 
                 Le bouc émissaire a donc une double fonction : il réveille les blessures narcissiques du harceleur ou du ngroupe, et en est l'antidote.

                Le harcèlement classique et le cyberharcèlement ont de nombreux points communs, mais le cyberharcèlement se distingue par plusieurs aspects. 
                D'abord, par l'implication des filles. Alors que le harcèlement physique est I'apanage des garçons, notamment dans la cour de l’école où les filles sont peu enclines à la violence physique, elles se rattrapent par l’écrit sur Internet, si bien que Ia parité de sexe est atteinte chez les harceleurs.
                Par ailleurs, contrairement au harcèlement classique, qui peut être évité par certains dispositifs de surveillance, le cyberharcèlement ne se limite pas aux murs du collège ou du lycée, et est permanent car, à n’importe quel instant du jour et de la nuit, le harceleur peut faire circuler un courriel ou un SMS malintentionné, ou encore déposer un message dégradant sur la page personnelle de sa victime.
                Surtout le harceleur est à distance de sa victime, son identité éventuellement dissimulée sous un pseudo, et il ne voit pas les réactions de souffrance de sa victime, ce qui l’empêche de culpabiliser ou d’avoir pitié, voire même de se rendre compte des conséquences de son action.
                En outre, contrairement aux harceleurs classiques, les cyberharceleurs n’ont pas besoin d’être plus forts physiquement ou intellectuellement que leurs victimes, et par contre ils peuvent diffuser des des rumeurs ou des photos dégradantes pour la victime
    à des centaines, voire des milliers, de personnes.
                L’anonymat qui peut être une bonne chose pour protéger ce qu’on écrit sur un blog, peut être catastrophique en matière de harcèlement. 67% des victimes ne connaissent pas leur agresseur d’après une étude qui montre par ailleurs, par comparaison entre des agressions avec ou sans anonymat, que la violence est deux fois plus grande quand l’anonymat donne l’impression d’impunité.
                Enfin, plus la fréquentation en temps d’internet est grande,  plus le risque d’être victime, voire agresseur est grand.

                Certains psychologues se sont demandé si l’éducation actuelle n’était pas en partie responsable de l’augmentation du harcèlement.
                Diverses causes sont avancées : Manque ou diminution de l’activité physique des jeunes, qui détend et fait évacuer stress et agressivité, suppression de tout enseignement moral à l’école primaire (qui pourrait pourtant être fait en respectant la laïcité), manque de sommeil, fatigue des parents dans le cadre de la vie actuelle, manque de sommeil, nourriture trop sucrée qui favorise l’agressivité, mais aussi résidus de produits chimiques et insuffisance d’hydratation, et surtout le manque d’éducation des parents trop laxistes, les traumatismes laissés par les divorces et les familles recomposées, et une société plus violente encensée par les médias : journaux télévisés, films, téléfilms, bandes dessinées…)

                 La violence en général et les nouvelles formes de violence méritent toute l'attention des scientifiques et des pouvoirs publics, mais aussi des enseignants et des parents, car elles peuvent menacer le développement social et émotionnel des adolescents, pour lesquels Internet et le téléphone portable occupent une place centrale dans la vie quotidienne.
                Mais un éducation des jeunes devrait être également faite pour qu’ils ne restent pas indifférents aux souffrances d’une victime, et n’hésitent pas à agir
       
                 Demain je traiterai  de la conduite à tenir si l’on est agressé.

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            Certain(e)s de mes correspondant(e)s trouvent la rentrée morose, après ces quelques jours de fête.

     Les fêtes ont été l’occasion de rencontrer d’autres personnes et une question les taraude : « Que pensent les autres personnes de moi ? ».

     

     A coté de la personnalité, du « moi », C.G. Jung, un psychiatre contemporain de Freud, mais beaucoup plus réaliste et pragmatique, appelle « Persona », la partie de notre moi, pas forcément réelle, que nous voulons montrer aux autres, et la personnalité que nous aimerions avoir (une partie réelle et une autre désirée).

     Et notre Persona nous fait faire un certain cinéma et si nous jouons un “rôle” , c'est  davantage pour les autres que devant nous mêmes.

     Alors l'effet produit sur les autres (ou que l'on aimerait produire) , nous intéresse beaucoup évidemment.

          Cela est encore plus sensible pour les jeunes que pour les adultes, car le groupe de copains a davantage d’importance pour eux, et notamment pour les ados-filles dont l'apparence évolue énormément en quelques années avec la puberté, et qui donc sont obligées de “changer de rôle”. 

     

     Le “moi” en psycho, (dans les mots croisés on parle souvent de “l'ego”), c'est d'abord la personnalité de chacun de nous  (nos capacités, notre comportement), mais aussi nos pensées, nos sentiments, nos désirs.

     Une partie de ce “moi” est déterminé par la formation de notre cerveau, différente pour chacun d'entre nous, qui aboutit au plan psychologique à des aptitudes et des préférences cérébrales innées qui sont à l'origine de notre “caractère”.

     Mais notre personnalité est ensuite très fortement influencée par notre apprentissage d'enfant, par notre éducation (les parents), par notre culture (l'école, les lectures et aujourd'hui les médias), par notre expérience de la vie, et par les rapports avec les autres hommes.

     Nos préférences cérébrales évoluent donc au cours de notre vie, ainsi que nos aptitudes.

     

           Quand on veut appréhender la “structure du moi”, on aboutit à une grande complexité, mais dont on peut résumer les grandes lignes de la façon suivante (voir le schéma ci après).

     

     

     

     

     

     

      Le “moi réel”, ce qui est réellement la personne, ses préférences de comportement, ses aptitudes, ses pensées, bref sa vraie personnalité, mais il est composé de deux grandes parties :      

      - le “moi extraverti”, celui que l'on veut bien montrer aux autres, et

      -  le “moi introverti, caché, interieur, profond”, que l'on garde pour soi, que l'on ne veut pas montrer, qui est en quelque sorte notre “jardin secret”.

          Une partie de ce  moi peut ne pas être connu de nous et faire partie de notre inconscient.

     

           Mais il existe à coté de ces deux “moi réels” deux autres “moi” analogues, irréels” , au sens qui ne sont pas vrais, ne sont pas la réalité, et qui ne correspondent pas à ce que l'on est, mais à ce que l'on souhaiterait être :

     - le moi que l'on souhaiterait montrer, c'est à dire ce que l'on aimerait être, ce que l'on souhaiterait que les autres pensent de nous, mais qui n'est pas la réalité

      C'est donc un “rôle” que l'on joue vis à vis des autres, un espèce de cinéma. de représentation théâtrale que l'on joue devant les autres et souvent devant soi même..

     - le moi profond souhaité, qui est fait des désirs de ce que l'on souhaiterait être (mais cette fois ci, en secret, sans le montrer aux autres), de ses phantasmes et aussi des remords et regrets, notamment ceux que Freud appelait des refoulements. (encore qu'il ne considérait guère que les refoulements sexuels), et dont une bonne partie est inconsciente..

     

     La “partie du moi réel ” et “ la partie fabriquée”,  que l'on montre aux autres, constituent ce que l'on appelle la “Persona”. C'est le  rôle  que chacun de nous joue, en société vis à vis des autres, (jeu auquel nous finissons par croire en partie) et qui comporte une part de réalité.

     Les deux “moi profonds réel et imaginaire” constituent le "moi caché” dont une partie est également réelle et une partie souhaitée ou regrettée (qui d'ailleurs pourra devenir en partie réelle en vieillissant, d'une part parce qu'on arrivera à réaliser certains souhaits, à transformer certains regrets et à avoir conscience de certains phantasmes inconscients).

     

           On n'a pas conscience de tous ces moi..

       Une partie est consciente (celle dans l'ellipse) et une partie inconsciente, surtout en ce qui concerne la partie non réelle et notamment les refoulements.

           Toutefois en réfléchissant, en s'étudiant (les psy appellent cela “l'introspection”), on peut accéder petit à petit à une partie de l'inconscient, difficilement chez un jeune, un peu plus avec l'âge, mais jamais totalement, et pas toujours de façon très claire

     

     Nous ne pouvons nous empêcher d'avoir une persona, puisque nous vivons en société et c'est vrai que toute vérité n'est pas bonne à dire, et que si l'on disait à tout instant tout ce que l'on pense sans réfléchir, la vie serait vite odieuse pour tous. 

         Il y a dans notre cerveau un centre, pas très loin de ceux du langage, qui gère nos “rapports sociaux” sur le plan notamment de nos paroles et malheureusement les personnes dont ce centre est lésé, ne sont pas d'un commerce très facile.

          Mais il ne faut pas que notre persona prenne trop de place et il faut qu'une part d'elle importante soit constituée de notre vrai moi, et non uniquement de ce que nous voulons paraître;

     Avec notre famille, avec nos amis, jouer un rôle imaginaire et uniquement destiné à satisfaire ses désirs et à façonner l'opinion des autres selon sa propre volonté, faire ainsi un cinéma manipulateur, aboutit en général à l'incompréhension et à l'éloignement et malheureusement rend peu à peu impossible la vie en commun.

     

     

         I l faut s'accepter et accepter les autres tels qu'ils sont et savoir limiter son rôle et être le plus possible soi même si on veut  avoir une vie paisible et heureuse au milieu des autres.

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