• Pourquoi rions nous ?

     

     

        J'ai expliqué, dans mon dernier article, l'aspect physiologique du rire, quasi inconscient. (ou du moins on ne le maîtrise pas, même si on le ressent).
        Mais évidemment il faut se poser la question : on ne rit pas sans raison. Qui déclenche le rire? Et cela c'est beaucoup plus difficile à déterminer,  

        Il existe des cas de rires incontrôlés, qui se déclenchent tout seuls. C'est considéré comme une anomalie, analogue à des crises d'épilepsie. Cette maladie est due à de petits amas anormaux de neurones dans l'hypothalamus ou dans son environnement.
        Des stimulus chimiques (par exemple l'inhalation de protoxyde d'azote) peuvent aussi déclencher le rire, involontairement, par action sur des centres voisins de l’hippocampe.
        Vous pouvez aussi déclencher le rire par des actions sensorielles sur la peau, qui sont transmises au cortex somatosensoriel (responsable du sens "toucher", sur le dessus du crâne). Ce sont les "chatouilles", l'information sensorielle étant transmise d'une part à l'hypothalamus et d'autre part au cortex préfrontal (médioventral), qui "sait" donc qu'on vous torture ainsi et qui va essayer (en vain ou avec succès selon les individus et les circonstances) d'inhiber l'hypothalamus pour qu'il ne déclenche pas le processus de rire, au grand dam de ceux qui vous chatouillent.  

        Il y a ensuite des processus plus ou moins volontaires de rire.
        D'abord chez le jeune enfant de quelques mois, le cortex préfrontal n'est pas mature et la réaction provient du cerveau émotionnel. C'est une sensation émotionnelle qui le déclenche : la vue de sa famille, du biberon, d'un jouet.
        De la même façon chez l'enfant ou l'adulte, des réactions émotionnelles, transmises par les cortex cingulaire et insulaire à l'hypothalamus peuvent provoquer au moins le sourire, voire le rire.
        Il arrive souvent que l'on rit ou sourit, alors qu'on n'a pas vu, lu ou entendu quelque chose de drôle, mais simplement qu'on est heureux, avec des souvenirs plaisants ou avec des amis ou parents. C'est le cerveau émotionnel qui déclenche ces réactions, mais le cortex préfrontal est impliqué dans la régulation de ces émotions
       Le cortex préfrontal ventromédian est en effet impliqué dans le circuit de récompense. Il réagit donc aux événements et sensations qui apportent du plaisir et cette information participe au déclenchement du rire, conséquence d'une euphorie, d'une anticipation sur le plaisir.

        Mais le rire est le plus souvent provoqué par le cerveau qui réfléchit, le cortex frontal. Celui-ci intervient d'abord en faisant une interprétation de nos sensations : vue et lecture, écoute d'une histoire. il réfléchit ensuite à l'interprétation intelligente à faire.
        Très souvent, l'effet comique vient d'un décalage soudain et inattendu entre la perception d'une apparence, d'un stimuli, et d'une information d'ordre cognitif ou social, qui est le plus souvent l'anticipation de la situation résultant de ces stimuli. Dès lors, une appréciation synthétique de l'ensemble et de ce décalage, générera une réponse non logique mais émotionnelle qu'est le rire.
        Lorsque vous regardez une caricature, lorsque vous lisez ou écoutez une histoire, votre cortex préfrontal réfléchit et anticipe les conclusions, ce qui va arriver, et cela inconsciemment et très vite.Et puis vous lisez ce qu'il y a dans la bulle de la caricature, ou vous remarquez un détail contradictoire, vous lisez ou écoutez la chute de l'histoire, et c'est en contradiction avec ce que votre cerveau avait prévu, complètement décalé et inattendu. C'est en général la surprise de ce décalage qui provoque le rire. En quelque sorte le cerveau se moque de son préfrontal qui s'est trompé dans ses prévisions !!
        Mais si vous n'avez pas compris remarqué ce décalage et qu'il faut vous l'expliquer, l'histoire perd presque tout son caractère amusant et vous ne riez pas.
        Dans le même ordre d'idées le rire vient aussi de l'absurdité en contradiction avec une certaine logique : c'est ce qui fait le succès des shadocks ! (voir image ci dessus).         
        De plus le rire est un phénomène de groupe, un partage avec d'autres humains: :  »Le rire cache une arrière-pensée d'entente, une complicité avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires ».
        Le rire a "une fonction sociale", il est le reflet des moeurs d'une société, d'où des plaisanteries intraduisibles ou un humour propre à telle ou telle communauté. 
        Un psychiatre américain, Allan Reiss, de l'université de Standford, a même trouvé quelque chose de curieux en faisant visionner des dessins animés.
        Les hommes n'ont pas le même sens de l’humour que les femmes. Certes, ils trouvent les mêmes dessins animés drôles et les notent de la même manière que les femmes. Par contre l’image de l’activité cérébrale est différente. Lorsque les femmes sont confrontées à un dessin animé amusant, leurs régions du cerveau dédiées au langage et à la hiérarchisation des informations, sont plus actives que celles des hommes.
        Par ailleurs le circuit de récompense dopaminergique réagit davantage chez les femmes, bien que les deux sexes donnent les mêmes notes aux dessins animés.
        Les hommes ont plus d’attente quand on leur dit qu’on va leur raconter une histoire drôle, alors que les femmes sont à priori, plus sceptiques.
        Allan Reiss a également montré en 2008 que les enfants sont plus sensibles à l'humour que les adultes, et que la perception de l'humour change au moment de la puberté, ce qui correspond aussi à une modification du système d'apprentissage et de récompense, qui perd un tires de ses neurones entre 7 et 14 ans.

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  • Commentaires

    1
    Clavier0550
    Jeudi 24 Mai 2018 à 21:11
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