• D'où vient nos idées moutonnières (2) : notre, environnement.


        J’ai essayé hier d’expliquer, au plan du fonctionnement de notre cerveau (le “circuit des erreurs”), le conformisme que nous éprouvons vis à vis des “idées reçues“ et “l’avis du plus grand nombre", cet esprit moutonnier  et je voudrais aujourd’hui réfléchir davantage sur ce sujet, quitte à susciter la contradiction (mais j’aime assez cela !).
        Je pense faire trois articles :
            - aujourd’hui je voudrais poser la question : d’où viennent ces “idées reçues”?
            - puis je voudrais me demander si lorsque j’étais ado, il y a plus de 70 ans, est ce que je vivais “avec mon temps” ?
            - enfin maintenant que je suis vieux et malgré mes 87 ans, est ce que je vis vraiment au 21ème sciècle?


        D’où nous viennnent nos “idées reçues” ? Qu’est ce que pour nous le “politiquement correct”, “l’avis de la majorité”, voire le “concensus populaire” ?
        En fait je crois que cela recouvre des notions bien diverses selon la façon dont nous abordons ce problème.
        Je rappelle que l’une des interrogations était : faut il, pour être un homme (ou une femme bien entendu), se fondre dans la masse des autres hommes et adhérer aux idées du plus grand nombre, comme le veut la démocratie.?
        Il y a dans notre vie des stades très importants : l’enfance et l’éducation par nos parents, notre apprentissage d’élève ou d’étudiant, notre confrontation aux autres, dans notre famille, dans nos études ou notre vie professionnelle, l’amitié et l’amour, et par ailleurs l’influence de l’opinion publique relayée par les médias.
        Mais il y a aussi à l’origine notre héritage inné, qu’il soit culturel, héréditaire ou génétique et dû en partie au hasard (voir mes articles “inné ou acquit”).
        L’évolution darwinienne a plus d’effets sur nous que nous ne soupçonnons, car ils sont relativement cachés, mais ce n’est peut être pas le plus important pour notre problème, alors commençons par là.

        Importance de l’héritage inné :

        Nous héritons selon le psychiatre C.G. Jung d’un “inconcient collectif” d’un certain nombre de prédispositions générales ( par exemple, l'anima, élément féminin en chaque homme et l’animus, élément masculin en chaque femme), de tabous (telles les interdictions naturelles instinctives d’avoir des relations sexuelles à l’intérieur d’une famille, parents et enfants, frères et soeurs).
        Par contre certains tabous sont d’origine culturelles comme la bigamie.
        Nous avons aussi des prédispositions innées qu’elles soient héréditaires, dues à l’expression de nos gênes ou le fait du hasard des connexions ultimes de nos neurones dans le cerveau du foetus.
        Il y a certaines constantes dans le cerveau humain qui rendent certains raisonnements proches, des prédispositions individuelles qui nous rendront plus sociables (extraversion) ou plus réfléchis (introversion), plus logiques ou plus altruistes, plus imaginatifs ou plus réalistes, qui nous inciteront à dominer les événements ou au contraire à nous laisser emporter par eux en s’y adaptant, qui font que nous sommes plus ou moins sensibles, optimistes ou pessimistes, crédules ou sceptiques....(voir mes articles sur les "préférences cérébrales).
        Certes ce n’est pas “l’opinion de la majorité”, mais notre sensibilité et nos réaction à cette opinion du plus grand nombre nous influencera dans des proportions très différentes selon notre personnalité.
        Il faudra donc nuancer nos propos car ce que nous risquons de dire pour certains ne sera pas forcément valable pour d’autres.

        L’éducation des parents :

        C’est (ou cela devrait être), à mon avis, une des causes principales de l’ensemble des règles que nous appliquons, de nos tabous, préjugés, habitudes.
        L’enfant est très malléable, son système d’apprentissage très performant
        Les acquits de cette période nous poursuivent toute notre vie : des règles morales, éventuellement religieuses, (mais ce sont les mêmes avec une motivation en plus), des codes de bienséance qui nous facilitent la vie de tous les jours en société et l’acquisition d’un certain nombre d’habitudes, qui devraient par la suite nous permettre de mieux réussir et de moins déraper.
        Cet ensemble de règles est évidemment inspiré des traditions de notre société et constituent donc un ensemble “politiquement correct”, issu du consensus de la majorité (ou d’une certaine majorité) au cours du temps, et qui d'ailleurs évolue d'une génération à l'autre.
        Certes nous nous les approprions plus ou moins en grandissant et celles que nous avons intégrées à notre personnalité sont appelées par les psys le “surmoi”.
        Est ce être moutonnier que de les suivre.? Il faut reconnaître que d’une part elles font partie de nous mêmes et que les négliger trop nous rendrait inapte à la vie sociale.

        L’instruction :

        Elle est censée nous former l’intelligence et l’esprit, nous donner des connaissances et une culture générale et nous préparer à un métier futur et nous former à certains mécanismes qui nous permettront de poursuivre notre formation tout au long de notre vie.           
        Certes il s’agit de connaissances personnelles littéraires, artistiques ou scientifiques, qui ont souvent un caractère historique.
        Mais les professeurs qui nous forment ainsi ont incontestablement une influence sur nous, et la façon dont ils nous enseignent nous marque sûrement.
        Certes cet enseignement est imprégné des idées des philosophes, artistes et savants du passé, mais, bien que représentant un héritage,  il me semble qu’il n’apporte pas autant de pensées préconçues et de tabous, que la mode et l’air du temps.

        L’impact des autres : famille, amitié, amour.

        Je n’en dirai pas de même des gens que nous cotoyons pendant notre formation ou notre vie professionnelle.
        Tous les jours je rencontre un enfant ou un ado mécontent parce que ses parents n’ont pas voulu lui acheter un jouet ou un gaget qu’avaient certains de ses camarades. Envier le voisin est devenu une habitude, aussi bien pour les jeunes que pour les adultes.
        De plus chez les jeunes notamment, deux “commandements” guident beaucoup d’actes :
            - le “t’es pas cap” qui invite à montrer que l’on est capable de faire n’importe quelle bêtise, et
            - le “je ne suis pas plus con que toi” qui pousse à montrer que l’on est aussi con que le voisin en faisant la pire des âneries.
        Notre comportement est toujours très fortement influencé par le qu’en dira t’on et par l’image que nous voulons donner de nous aux autres, la “persona” des psys.
        Il est sûr que l’amour de nos parents pour nous, celui de notre petit(e) ami(e), l’amitié de nos camarades sont des choses très importantes, indispensables à un être humain, adolecent comme adulte, jeune comme vieux.
        Les décevoir, risquer de perdre leur estime et leur amour ou leur amitié est impensable et donc nous adoptons automatiquement et inconsciemment le idées et les attitudes des clans de peur d’être rejetés.

        Les médias :


        Autre influence sûrement très importante dans le domaine des préjugés, des idées reçues, des tabous et interdits, sur nos désirs et nos actions : les médias principalement la publicité, le cinéma, la télévision, les DVD, internet, les groupes souvent mercantiles et les modes qu’ils engendrent, et la société de consommation qui pousse à satisfaire nos envies sans réfléchir. A un moindre titre (malheureusement ? ) nos lectures.
        A force de voir ou d’entendre toujours les mêmes clichés, ceux-ci deviennent pour nous des évidences incontournables, des voies qu’il nous paraît difficile de ne pas suivre, sous peine de plonger à contre-courant dans l’inconnu en se mettant au ban de nos proches ou amis.

        Je ne pense pas avoir été exhaustif dans cette réflexion, mais pour aborder mes deux autres articles sur “comment vivre en son temps” , il  y a 70 ans et aujourd’hui, j’avais besoin de recenser succinctement les causes de nos idées reçues et des prairies moutonnières qui risquent de nous attirer.

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  • D'où viennent nos idées moutonnières (1) : notre cerveau

        Parmi les jeunes avec lesquels je discutais, il y a une dizaines d'années, j'avais une "muse philosophe" et elle m'avait écrit, un jour, la réflexion suivante :

    <<    Il faut "vivre avec son temps"
    Comment vit-on avec son temps ?
        J'ai longtemps cru que c'était simplement en se fondant dans la masse de ceux qui abdiquent. Qui étudient des choses non par intérêt mais par peur de ne pas s'intégrer au système ; qui se rendent à l'évidence de la folie, pardon, de la logique du monde, et essaient de s'y convertir pour ne pas souffrir leur solitude.
       Ces gens, ceux qui s'adaptent au mieux, sont ceux dont la pensée roupille. Inhibée, l'essentielle part de soi qui fait qu'on est humain ! Ne reste qu'une enveloppe de conformité, de soumission à des choses dont on croit qu'elles sont légitimes, et qu'on n'ose plus penser autrement.
       Est-ce que ça s'appelle vivre ? Est-ce qu'il n'y a pas un appel qui nous pousse à aller plus loin que les simples options intégration-confort-oubli ? 
        Mais "vivre avec", ce n'est pas "se laisser emprisonner dans".....>>

        Je crois que " vivre avec son temps" est un  thème qui nous préoccupe tous. Nous n’aimons pas être un mouton, mais si nous sommes trop originaux, nous risquons de vivre dans une prison de verre dont nous aurons perdu la clé.
        Peut-on penser par soi-même ? Au pays de Descartes et  du siècle des Lumières, cela me paraît presque une évidence. Et pourtant...
        En des temps reculés, le conformisme favorisait la survie. L'être humain ne pouvait subsister qu'au sein d'un groupe et adopter les pratiques et les habitudes de penser du groupe était le plus sûr moyen de s'y faire accepter et d'affronter l’adversité et la nature hostile.
        La sélection naturelle s'est faite dans le sens du groupe.
        Mais aujourd’hui, me direz vous, cet environnement a en partie changé. Notre société moderne et la relative autonomie de l'individu, ont affranchi ce dernier de la loi clanique et chacun se voudrait libre penseur.

        Je pense que ma muse était beaucoup plus forte que moi en philosophie car c’est son domaine d’études et je ne vais pas essayer de me mesurer à elle sur ce terrain; ce serait de la folie. 
        Je vais essayer de me demander quel est le dessous des cartes en allant voir ce que disent les  chercheurs en neurobiologie.

        Ils ont montré que le “noyau accumbens” (dont nous avions vu le rôle dans le domaine de l’apprentissage et du circuit de la récompense),  ainsi que des centres du girus cingulaire (dans le cerveau émotionnel) s’activent quand nous croyons avoir fait une faute intellectuelle et se mettent alors en rapport avec le cortex frontal qui réfléchit, et avec la mémoire et les circuits proches du centre de Broca qui font les calculs.
        Ils appellent cela le “circuit de détection des erreurs “. Un tel circuit s'active, par exemple, lorsqu'un élève donne en classe une réponse, qu'il croit bonne, mais que son professeur lui dit qu’elle est inexacte.

        Une étude de l’équipe de V Kloutcharev de l’Université de Nimègue  a montré que nous avions dans notre cerveau un “senseur de l'idéologie dominante”,  et que ce sont ....les mêmes centres de détection des erreurs !!
        Ces circuits cérébraux s'activent lorsque nous formulons un jugement qui s'écarte de la majorité, et nous conduit à réviser nos opinions pour mieux nous ajuster à l'avis ou au goût dominants.
        Dans des épreuves multiples, où on demande à des personnes de porter des jugements sur des sujets divers pour lesquels existent des clichés “politiquement corrects” (théoriquement les avis du plus grand nombre !), on  leur communique par moment l'avis de la majorité, en même temps qu’un scanner RMN mesure l'activité de leur cerveau et notamment des centres “de détection des erreurs”.
        Tant que l'avis de la personne correspond à celui de la majorité, ces centres sont au repos, mais si un écart apparaît, ces zones cérébrales s'activent.
        Comme l’élève dont je parlais ci dessus les personnes croient que leur avis est correct, jusqu’à ce qu’on leur dise que la majoriité pense autrement et là leur “circuit d’erreur” leur dit qu’ils se sont trompés, les poussant à réviser leur jugement.
        Qu'il s'agisse de la mode, des archétypes féminins, de l’avis des petits copains, ou du discours médiatique, ou de la morale, bref du “politiquement correct", le cerveau humain a sa boussole qui lui indique quand il s’éloigne de la direction du nord et lui demande de revenir à l'étable aux moutons !!
        C’est ce que montrent aussi des études récentes, qui confirment ce que savent bien ceux qui ont eu à diriger une équipe : que les personnes ayant peur d'être rejetées par un groupe adoptent les comportements habituels de ce groupe.
        Nous ne sommes plus au temps de la préhistoire, mais la loi de darwin a forgé en nous un outil de “pensée unique”, le gyrus cingulaire rostral” et le noyau accumbens et le "politiquement correct" a de beaux jours devant lui !

        Finalement ce n’est pas naturel de ne pas vouloir suivre les moutons et s’écarter raisonnablement des idées reçues, d’avoir, même un tout petit peu, d’originalité, alors je vais finir par m’admirer moi même ! Où va t'on ??
        Il est donc temps, je crois, d’arrêter mon article !   LOL
        Demain je me demanderai qui nous apporte ces idée moutonnières.

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  •              Habituellement je ne publie pas le mercredi. Mais on est le 8 mai et il pleut tellement que je ne suis sorti que pour chercher le pain. Alors autant publier un article aussi aujourd'hui.

    Les femmes sont elles plus bavardes que les hommes ?

          J’ai lu un article d’une revue, qui affirmait que les femmes étaient plus bavardes que les hommes, parce qu’elles possédaient une quantité plus grande de protéine FoxP2, et le journaliste citait des essais biologiques sur des souris comme exemple (pas des souris d'ordinateur; des souris de laboratoire à 4 pattes, deux oreilles et une grande queue !)
        J’avoue que cela m’a fait rire et je pense que le journaliste, ou n’a rien compris à ce qui était expliqué dans ces essais, ou a voulu faire du sensationnel, sans vérifier ces dires.

       D’abord qu’est ce que cette protéine FOXP2
        La protéine « Forkhead-box P2 » (FOXP2) est une grosse protéine, qui contient 715 acides aminés.  Présente dans un gène du chromosome 7 chez les humains, dès le foetus, elle a un rôle de transcription dans la formation des centres du cerveau qui commandent les mouvements, notamment l’aire de mouvements complexes qui participe à l’articulation du langage et surtout les ganglions de la base  (notamment le noyau caudé), et du cervelet, qui jouent un grand rôle dans l'apprentissage des capacités motrices complexes, et elle joue peut être un rôle dans la formation d’une partie du centre de Broca
        Les modifications de cette protéine peuvent entraîner une inaptitude à prononcer les mots, et à utiliser syntaxe et grammaire et des difficultés dans l’apprentissage d’automatismes. Il s’ensuit des troubles de l’expression orale qui peuvent être très importants, voire une difficulté d’apprentissage du langage écrit et donc des difficultés de communication.
        Chez la souris, la quantité de FoxP2 est plus forte dans le cerveau des souriceaux mâles que des femelles, or ceux-ci interagissent plus avec leur mère par ultrasons.
        Chez les oiseaux sa présence augmente en phase d’apprentissage du chant dans l’équivalent du striatum humain, qui intervient dans la gestion des mouvements et surtout dans la motivation sexuelle et alimentaire et les circuits du plaisir. En la réduisant, on perturbe cet apprentissage en diminuant la coordination motrice du chant.
        Chez l’être humain, la présence de FoxP2 s’est avérée plus importante à l’autopsie dans le cerveau gauche de filles que de garçons, âgés de 4 ans, ce qui a été rapproché de la meilleure maîtrise verbale observée à cet âge chez les filles. Mais il n’y a aucune preuve de cause à effet.

        Les femmes sont elles plus bavardes que les hommes ?
        C’est une idée assez répandue, mais la réalité est différente.
        D’abord cela dépend des individus, qu’ils soient homme ou femme.
        Les extravertis, qui tirent leur motivation du contact aux autres, parlent beaucoup plus que les introvertis, qui sont à l’aise dans leur univers intérieur. Il leur arrive même de parler sans réfléchir, alors que les introvertis réfléchissent d’abord, mais en oublient parfois de parler.
        Ensuite la formation des personnes à l’expression orale joue. Quelqu’un habitué à intervenir en public, bien qu’introverti, parlera probablement plus facilement.
        Et le sujet est important : la plupart du temps, les hommes seront plus bavards à propos de football, et les femmes sur la mode ou la beauté. Un ingénieur parlera plus technique et un artiste de son art.
        En moyenne et à priori avant éducation, il y a peu de différence entre les capacités d’un homme et d’une femme. De même pour une formation identique, chez les adultes.

        Par contre la formation du cerveau n’est pas aussi rapide pour les hommes et les femmes, sur certains points.

        On admet que chez le enfants, les filles sont meilleures en expression orale et les hommes en orientation spatiale. Mais ensuite les différences s’atténuent chez les adolescents.
         Il est possible que la protéine Fox soit pour une part responsable de la meilleure performance des petites filles en communication orale, mais rien ne le prouve, et l’éducation et le rôle des parents doivent probablement être aussi influents.

       Je pense donc qu’il n’est pas judicieux de tirer de conclusion générale hâtive, et que dans ce domaine de facilité de discussion, la protéine FOXP2 n’est pas l’essentiel.
       

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  •    

     

     J’ai lu avec intérêt un article de Nicolas Guéguen, directeur du Laboratoire d’Ergonomie des systèmes, traitement de l’information et comportement (LESTIC), à Vannes, sur les « doudous ».
    Et oui, une étude sérieuse sur ce objet cher aux petits enfants et cela m’a rappelé beaucoup de souvenirs personnels.
        Jusque là je n’avais lu qu’une seule étude, très empreinte des théories de Freud et qui traitait le doudou « d’objet contra-phobique » !
        Celle-ci est beaucoup plus simple, réaliste et imagée. Je vous la résume, avec quelques compléments personnels, de mon enfance, de celle de mes enfants , et d’une de mes filles, puéricultrice dans une crèche..

        Le doudou doit être doux, facile à saisir et à sucer. C’est un objet très précieux auquel beaucoup d’enfants s’attachent entre 6 mois et 3/4 ans, une peluche ou un simple chiffon. Il parait que certaines jeunes femmes en ont encore besoin le soir pour s’endormir, mais c’est plus rar. Par contre beaucoup d’adultes, hommes et femmes, gardent leur doudou, en souvenir de leur enfance.
        J’ai eu un petit chien en peluche comme doudou, de 6 mois à 3 ans. Il est ensuite resté dans mon armoire à vêtements et lorsque, à 20 ans j’étais à lécole Polytechnique, ma mère a jeté ce vestige tout rapé et sale. Je ne sais pas si j’aurais accepté qu’elle le fasse si elle me l’avait demandé : ce chien avait autant de valeur dans mes souvenirs d’enfant qu’un vrai chien qui, par la suite a partagé 18 ans de ma vie.

        Que représente ce doudou ?

            Le doudou remplace d’abord la mère :

        Lorsqu’il vient de naître, le bébé a une relation fusionnelle avec sa mère : pour lui, elle est la pour subvenir à tous ses besoins dès qu’il donne un signe de désir ou de détresse: nourriture, sommeil, propreté, jouer… Il reconnait sa voix, son odeur, puis son visage, ses gestes…
        Mais au bout de quelques mois il va s’apercevoir que cette mère à lui, a d’autres occupations due prendre soin de lui en permanence, et il va être obligé de l’accepter, de s’y résoudre.
        Dans les six premiers mois, il va découvrir visuellement son environnement, puis son système d’apprentissage va lui apperendre à se servir de ses mains pour essayer de prendre ses pieds, les mains de sa mère, des objets accrochés à son lit; ce sera plus facile lorsqu’il pourra s’asseoir à 6 mois. Il va alors faire une découverte: que les objets ont une existence propre, qu’ils continuent à exister lorsqu’il ne les voit plu, et qu’il peut ensuite les retrouver et les reprendre, et il en garde des images mentales pour les reconnaître.
        L’enfant est maintenant capable d’avoir un doudou, qui va être là quand sa mère n’y est pas: c’est l’épreuve de la distanciation avec sa mère et le doudou est le premier objet sur lequel l’enfant peut avoir à disposition sous sa main. C’est leur objet et d’ailleurs, il est très rare dans une crèche, que le bébé prenne le doudou d’un autre bébé : c’est son doudou qui est le substitut maternel, même si bien sûr, il préfère encore la présence de sa mère.
        Son rôle est de permettre la séparation progressive avec les parents. Le doudou permet de se confronter au monde extérieur tout en se sentant rassuré. L'enfant va vers ce qu'il ne connaît pas mais peut se rassurer grâce à son doudou.

           Puis le doudou s’identifie à l’enfant lui même :

        Des études du comportement d’enfants ont montré que celui-ci tient à un objet qu’il aime, et qu’il ne veut pas le céder, d’autant plus qu’il se sent menacé et qu’il n’a pas confiance en soi.
        Une peur, une fatigue, une douleur, une contrariété après une remontrance, font que l’enfant se recroqueville dans un coin, en serrant son doudou contre lui. C’est un substitut rassurant de la mère, mais c’est aussi un refuge pour l’estime de soi; le doudou c’est alors un peu l’enfant lui-même.

            C’est un objet qui rassure mais pas pour tous :

        Des études ont été faites sur des enfants et ont montré que leur attachement pour le doudou n’était pas le même, certains ne se séparant jamais de leur doudou et étant stressés lorsqu’il n’était pas avec lui, d’autres le considérant seulement comme leur jouet préféré, mais ayant d’autres centres de préoccupation.
        Des essais fait lors d’événements stressants, par exemple un examen médical, ontmontré que la présence de la mère était toujours rassurante pour l’enfant, mais que celle du doudou l’était aussi pour les enfants pou lesquels il était indispensable, mais beaucoup moins pour ceux pour lesquels il n’était qu’un jouet
        Il semble que ce soit le contact avec le doudou qui soit rassurant, l’enfant le triturant dans ses mains et le serrant contre lui, en cas de stress.

            Ce qui compte c’est le « vécu »

        Le doudou n’est pas un jouet comme les autres; ce qui compte, ce n’est pas l’objet mais le « vécu » partagé avec l’enfant, l’attachement sentimental.
        Un de mes enfants avait un doudou qui était tout déchiré et crasseux. On l’avait lavé à la machine, mais son état était encore un peu plus délabré et il devenait dangereux. En cherchant dans les magasins, on a trouvé exactement le même neuf. D’habitude des jouets neufs faisaient toujours plaisir, mais là, le doudou neuf a été refusé et mon fils a mis plus d’un mois à s’y habituer : il n’avait pas partagé avec lui le passé !
        Une de mes petites filles, qui aavit 18 mois, a fait une crise de larmes, parce que sa mère avait lavé à la machine le doudou répugnant de saleté. Mais il n’avait sans doute plus la même odeur rassurante, il était un peu plus raide. Au bout de quelque jours, un peu sali et trituré, il était de nouveau adopté.
        Ma fille m’a confirmé qu’en crèche, il n’y a pas d’échange ou de vol de doudou. Il n’a de valeur que pour l’enfant avec lequel il a passé la tendre enfance. Deux enfants qui avaient des doudous identiques ne se les échangeaient pas : sans doute n’avaient ils pas le même toucher, la même odeur, voire le même goût !

            Son importance diminue en général vers 3 ans :

        Le doudou est une relation normale, qui ne préjuge en rien de l’état psychologique de l’enfant. Les enfant qui ne peuvent se passer de leur doudou ne sont pas plus stressés en moyenne que ceux qui n’en ont pas un besoin permanent.
        Les parents ne sont pas en général inquiets car au moins l’un deux a eu un doudou autrefois, et ils constatent l’effet apaisant sur leur enfant.
        En général le besoin s’estompe vers 3 ou 4 ans. Personnellement, ayant une mère qui ne travaillait pas et une grand-mère et un grand père qui s’occupaient très souvent de moi, je n’ai plus eu besoin de mon chien en peluche, à partir de 2 ans, quand j’ai su parler, car j’avais plein de choses à faire. Il m’attendait sagement sur l’oreiller de mon lit pour m’aider à m’endormir.
        Mais pour certains enfants se séparer du doudou peut être un traumatisme, et donc il ne faut jamais le faire brutalement, mais progressivement en aidant l’enfant à voir d’autres aspects de son environnement, dans un esprit ludique.

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  • Surestimons nous nos capacités ?

         J’ai fait partie de laboratoires ou d’entreprises où l’on confiait des postes importants à certains ingénieurs, mais seulement après s’être assuré qu’ils avaient les compétences et les connaissances pour l’assumer.
        Mais bien entendu, au début de leur nouvelles fonctions, on les suivait de plus près et on les aidait au besoin, car il fllait un certain temps pour qu’ils aient pris l’expérience de ce nouvel emploi.
        Ils acceptaient et même souhaitaient cette petite tutelle provisoire, car ils étaient prudents et modestes et savaient que l’expérience ne s »’acquiert que peu à peu.
        Il y a 50 ans, on faisait confiance aux professeurs pour enseigner à nos enfants et au médecin pour nous soigner.

        Et je suis étonné de voir aujourd’hui le nombre de personnes qui ont un « sentiment de supériorité »et en particulier veulent élaborer les méthodes pédagogique à la place des enseignants ou soigner leurs famille à la place du médecin, alors qu’ils n’ont pas la compétence pour le faire.
        Et en lisant les réponses aux questions du « grand débat », je m’aperçois que cela est vrai dans bien des domaines.
        Certes il fut faire des propositions, des suggestions, mais il faut en même temps être conscient qu’on ne connait pas bien le dossier et que donc celles-ci ne sont pas forcément faisables.
        Mais je me suis demandé d’où venait cette assurance de certains, et j’ai trouvé quelques articles faisant état d’études sur ce sujet.

       Nous avons parfois trop confiance en nous même et nous sommes alors mauvais juges de nos aptitudes. (Il y a par contre aussi d’autres personnes qui n’ont pas confiance en elles).
        Lorsque nous prenons une décision, certes il nous arrive de raisonner, (c’est le cortex préfrontal qui s’en charge), mais il y a tout un mécanisme de réflexion inconscients qui y participe (une grande partie du cerveau émotionnel, et notamment de l’hippocampe qui a accès aux souvenirs), qui aide à prendre des décisions rapidement.
        Bien entendu ce mécanisme est moins fiable (on l’appelle une « heuristique »), et on se trompe parfois.
        Mais pour peu qu’on ait réussi deux ou trois fois, cela nous convainc d’une certaine compétence, même dans des domaines où nous sommes ignorants. C’est dangereux !
        C’est un sentiment illusoire de compétence et de supériorité intellectuelle.
        Il est exacerbé par le pouvoir, et beaucoup de nos politiques ont ainsi la croyance d’être infaillibles, jusqu’au jour où les faits leur montre qu’ils ont fait fausse route.

       Pourquoi évaluons nous aussi mal nos capacités ?
        Les psychologues ont montré que les personnes à faible QI, ou qui ont une faible instruction sont celles qui préjugent le plus de leusrs capacités. C’est probablement une réaction instinctive de souffrance de leur faible niveau et de désir inconscient d’être plus intelligents ou plus instruits.
        La quantité d’informations disponible joue également.
        Devant un sujet que nous connaissons mal, nous sommes conscient que nous manquons d’information et nous en cherchons; Mais avec la facilité que procure internet, nous sommes très vite à la tête d’une très grande quantité de données (plus ou moins pertinentes d’ailleurs), et nous pensons à un moment donné, avoir assez de connaissances pour traiter la question. Google est le responsable de notre croyance de supériorité intellectuelle.
        Mais quelqu’un d’intelligent poursuit alors son étude, se pose mille questions sur ce qu’il comprend mal, et il découvrira alors la complexité des phénomènes et l’énorme lacune de ses connaissances.
        Bien sûr nous nous surestimons davantage quand nous faisons appel à des connaissances récemment acquises, que lorsque nous nous basons sur une exparience que nous avons mis des années à acquérir.
        Il faut bien connaître un domaine pour ne pas surestimer sre capacités dans ce domaine.
        Un certain égocentrisme joue également.
        Les chercheurs ont montré que nous surestimons nos capacités par rapport à celles des autres et également celle de notre famille et de nos proches.
        L’un de domaines où nous surestimons souvent la situation, c’est celui de notre santé (mais à l’inverse il y a les hypochondriaques).
        Enfin la difficulté des tâches joue également : on se  surestime sur une tâche facile, mais au contraire on se sous-estime sur une tâche difficile.
        La civilisation interviendrait aussi. Les Américains seraient plus vaniteux et sûrs d’eux que les Européens et ceux-ci que les Asiatiques, et en dernier les Africains.
        Mais les psychologues n’ont ps réussi à montrer un lien étroit avec l’estime de soi.

        En définitive, le sentiment de supériorité est en quelque sorte un biais cognitif inné, très variable selon les personnes (il y a le biais opposé de sentiment d’infériorité). Mais on peut le rattacher à un autre biais de’optimisme excessif nous faisant sous-estimer les difficultés, et à une illusion de contrôle qui nous fait croire que nous maîtrisons une situation, alors que celle-ci est bezucoup plus complexe que nous ne pensons.

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