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        J’ai souvent discuté de chagrins d’amour ou de souffrance de la perte d’un ami.
        Et on me demande souvent : “mais pourquoi ai je ainsi besoin de m’attacher pour ensuite souffrir”.

        J’ai donc envie de vous dire quelques mots sur la “théorie de l’attachement” qui est un peu un pied de nez à Freud et ses disciples, mais qui explique en partie les horreurs que se permettent parfois les hommes et les foules..

 

  Imre Hermann, psychanalyste hongrois contemporain de Freud, a développé dès les années 1930, une théorie qui était en contradiction avec les thèses un peu réductrices de Freud sur les désirs humains.

 Les biologistes de l’époque avaient observé que les petits singes avaient un besoin inné de chaleur et de blottissement qui ne s'explique pas par la satisfaction des besoins alimentaires.

 Depuis, en 1980 un psychologue américain Harry Harlow a montré expérimentalement qu'un petit singe privé de sa mère, et qui a le choix entre une « mère biberon », où il peut s'alimenter et une « mère fourrure », contre laquelle il peut se blottir, préfère Ia seconde. 

 Cela confirma l’intuition qu’a eue Imre Hermann qui pensait que  Ie cramponnement à une « mère fourrure »jouait un rôle considérable dans le développement des singes, et que l'être humain se distinguait radicalement d'eux, étant privé de cette possibilité : les mères humaines sont imberbes et Ie petit humain ne peut pas satisfaire le besoin de cramponnement qu'il partage pourtant avec le singe de façon génétique. 

 Forcé de se « décramponner » dès la naissance, l'homme n'a alors de cesse d'élaborer divers palliatifs pour « rester en contact » : les mots, les outils, et les diverses organisations sociales qu'il construit tout au long de I'histoire font partie de ces divers substituts. Ils sont autant de façons de rester « attaché » à ceux qu'on aime, à ses proches et, au-delà, à l'espèce humaine.

 Evidemment si l’on dit que le désir d’attachement de l’homme vient du fait que sa mère n’a pas de fourrure naturelle sur tout le corps, cela ne fait pas sérieux en apparence lol. et pourtant......

 

 Dans les années 1960, le psychiatre et psychanalyste anglais John Bowlby a repris ces travaux et les a complétés... malgré l'opposition très vive des psychanalystes de son époque, très influencés par Freud.

 Sa « théorie de I'attachement ». soutient que l'être humain ne se nourrit pas que de pain et d'érotisme, mais aussi de sécurité et de tendresse.  

 Nous sommes mus par trois forces psychiques:

 - la première nous pousse à nous intéresser à nous-mêmes et à nos besoins primaires de survie; 

 -la deuxième nous pousse à nous intéresser aux autres du fait des diverses formes de satisfaction sexuelle notamment;

 - la troisième de ces forces nous pousse à élaborer des liens que nous désirons les plus « sécurisés » possibles.

 Ceux qui aiment parler de pulsions, comme le faisaient les disciples de Freud,  appellent ces trois “besoins fondamentaux”  « pulsion d'autoconservation », « pulsion sexuelle » et « pulsion d'attachement ». 

 La première vise Ie sujet lui-même, notamment son corps ; Ia deuxième

concerne Ie corps des autres et ses substituts ; enfin, le domaine privilégié de la troisième est le groupe.

 Chacun cherche auprès de son groupe la sécurité et l'affection dont il a d'abord bénéficié de la part de sa mère et sa famille à sa venue au monde, et l’'attachement est donc une force positive qui pousse à la création de liens sécurisants. 

 

 L’attachement n’a pas que des cotés positifs et ne produit pas que de la tendresse. Le désir de satisfaire ses attentes dans un groupe avec suffisamment de certitude et de sécurité incite à diviser Ie monde en ceux qui font partie du groupe... et ceux qui en sont exclus. Les liens dans le groupe peuvent être de nature très diverse : amour, amitié, vertu, vice, rivalité, pouvoir....

 Et dans notre monde actuel, peut être encore plus que par le passé,  pour bien marquer la différence entre ceux qui font partie du groupe et les autres, on a tendance à n'octroyer la qualité d'être humain qu'aux membres de son propre groupe.

 Les autres ? Ils sont ignorés, ou pire, exterminés, sans état d'âme, comme on le voit en Afrique ou en Extrême Orient. D'un côté la tendresse, et de l'autre la cruauté.

 Il ne faut pas la confondre avec le sadisme, car il n’y a pas de plaisir à massacrer, ces « autres ». Les tuer ne doit pas procurer d'émotion, la cruauté est froide, voire glacée, méthodique et sans état d'âme. Elle n'a pas d'autre but que de protéger ceux qu'on aime contre une menace réelle, ou imaginaire ou qui vous a été présentée comme telle par des gens assoiffés de pouvoir et que l’on a cru.

 

 L’attachement à un groupe, culturel, politique ou religieux notamment, explique en partie les atrocités dont nous sommes témoins de nos jours mais qui ont existé aussi même en France (voir les guerres de religion sous les rois ou la “terreur” à la Révolution de 1789).

 Puisqu’on m’a demandé mon avis sur le sujet, je ne crois pas que faire une loi sur le négationisme empêche les massacres futurs, car chacun cherche une excuse à ses crimes et si on cherche dans notre passé plus ou moins lointain, on trouvera tous des exactions commises au nom du“bien de tous”. 

Sans doute la cour internationale est elle plus efficace, mais elle intervient après que les exactions aient été commises et à condition qu’il y ait un responsable défini. Même l’intervention par la force ne ramène pas forcément la paix, on le voit en Irak et en Afghanistan.

 Le plus efficace serait l’éducation des personnes, pour qu’ils arrivent à juger les situations et l’appartenance à un groupe de façon logique et humaine, refusent de se laisser embrigader dans des situations qui les poussent à la haine et à l’exclusion, voire au massacre. Mais c’est un vaste programme de longue haleine, auquel les “intégristes” et tyrans de tous bords, sont farouchement opposés, car cela ruinerait leur pouvoir sur les autres.