-
Par papynet le 31 Janvier 2021 à 07:58
Lycées et collèges sont restés ouverts pendant le confinement, mais ce n'est pas pour autant que les sujets de philosophie étaient plus faciles. Alors parfois, on appelle papynet au secours pour donner des idées.
Les professeurs piochent souvent dans les anciens sujets de bac et ce texte me rappelle des souvenirs d'il y a une dizaine d'années, mais le sujet est toujours un objet de réflexion et c'est en effet le but recherché par l'enseignement de la philo.
J'ai donc à nouveau réfléchi sur cette question qui se pose pour nous bien souvent, mais évidement là il s'agit d'une question philosophique :"Avons-nous le devoir de chercher la vérité?"
L'énoncé, pour une fois; ne pose guère de problème.
"Avoir le devoir", c'est clair, il ne s'agit pas des devoirs de vacances, mais du devoir moral ou intellectuel, de l'obligation vis à vis des autres et de la société. Toute une tradition fait de la vérité un devoir : la plupart des religions et le christianisme en particulier considèrent que tout mensonge, y compris celui par omission, est un pêché.
La "vérité" c'est ce qui est vrai, avéré. Pas d'ambiguïté non plus, si ce n'est que : la vérité existe t'elle dans tous les cas?
" Nous", bien sûr c'est vous ou moi, mais justement cette recherche de vérité est elle souhaitable pour tout le monde sans exception, ou davantage pour certains.
Finalement le problème, c'est de savoir s'il y a une vérité et cette obligation de la rechercher est elle nécessaire pour tous, en toutes choses, dans toutes les circonstances ?
Enfin on pourrait aussi se poser la question : en admettant qu'on l'ait trouvée, faut il la révéler ensuite ? N'oublions pas l'adage "toute vérité n'est pas bonne à dire".Prenons le cas le plus simple, celui des sciences : connaître c'est savoir! Par principe les sciences doivent être "exactes" et rechercher la réalité des choses, des explications des phénomènes qui nous entourent, pour les comprendre et les prévoir. Le scientifique a donc le devoir de rechercher la vérité avec honnêteté intellectuelle et sans "tordre" les faits et les résultats pour les faire coïncider avec ses hypothèses.
Bien sûr, me direz vous, il y a les sciences "approximatives" : la médecine, la psychologie, les sciences humaines.... Mais le chercheur a la même obligation, mais sa tâche est plus difficile et sa vérité restera plus approximative et contestable.
Il y a de toutes façons des incertitudes dans tout résultat scientifique, que l'on peut évaluer par un calcul d'erreur, mais lui même approximatif. Les hypothèses que l'on fait ne sont pas toujours justes, les instruments et mesures inexacts, des artefacts se glissent dans les protocoles d'essai.
La "vérité scientifique" n'est que la vérité de l'instant; elle évolue ensuite au fur et à mesure que nos connaissances avancent, en général par confirmation des principales hypothèses et ajout de compléments, mais parfois par révision complète des conclusions initiales.Un deuxième cas est intéressant, celui des magistrats, des policiers, dont le métier est de faire appliquer des lois, des règlements, des règles, mais aussi de protéger les citoyens.
Il est évident que leur métier comporte l'obligation professionnelle et morale de rechercher la vérité, "toute la vérité, rien que la vérité", selon la formule consacrée des témoignages. Ce n'est pas toujours facile, il y a des bavures, des erreurs, mais il faut reconnaître que sur le nombre énorme de cas, elles sont peu nombreuses.
L'indépendance de la justice vis à vis du pouvoir, et notamment du juge d'instruction, est un garant de cette vérité.
Plus généralement il y a le cas de toutes les enquêtes de toutes sortes : épidémiologiques, d'effets des médicaments, d'opinion, sondages divers...
Théoriquement le devoir des enquêteurs est de récolter ce qui est censé être la vérité qui résulte d'une étude statistique en général, à partir de la récolte de données, qui elles ne sont pas forcément exactes, surtout si elles sont subjectives, comme les opinions.
Il faut reconnaître par contre, que la plupart de ces études sont commandées par un commanditaire qui les finance, avec un but souvent intéressé et lucratif, et que les enquêteurs ont souvent pour souci de satisfaire d'abord leur client et les entorses à la vérité sont fréquentes.
Beaucoup de résultats sont également faussés par l'ignorance des lois statistiques et des dangers de l'extrapolation aux limites. Les médias, à la recherche de sensationnel, répandent largement ces fausses conclusions.
C'est d'ailleurs une constatation regrettable : ceux dont le métier est l'information n'ont pas toujours le souci de vérification de leurs sources et de diffuser que des informations avérées , car cela prend du temps et l'information risquerait d'être diffusée par d'autres, avant eux.
Quant aux politiques, n'en parlons pas, la "langue de bois" est tellement l'habitude qu'on ne les croit même plus quand ils disent pour une fois la vérité.Cas délicat celui des croyances religieuses et des préceptes moraux; là le problème est "y a t'il une vérité".
J'ai eu des camarades catholiques, israélites, musulmans et je discutais religion. Si l'on fait abstraction des intégristes, des pratiques associées à certains rites, et des inventions de ceux qui, assoiffés de pouvoir, prennent la religion comme un instrument de soumission, j'ai été étonné de la ressemblance de ces trois religions, et finalement il n'y a pas de vérité en la matière, seulement une "foi" et l'acceptation de mystères.
Quant à la morale, au Bien et au Mal, est ce une vérité universelle qui s'impose à tous. Malgré les dires des religions, malgré les pensées des philosophes qui le défendent (comme Kant par exemple qui défend entre autre l'universalité du devoir de vérité), quand on compare ce que pensent les personnes, on est plus proche de l'hypothèse de Freud (pour une fois où je suis d'accord avec lui !!), selon laquelle chacun a sa notion de la morale, certes issue des préceptes généraux, mais qu'il a adaptés et adoptés : c'est le "surmoi".Un autre cas intéressant, celui de l'Art. Y a t'il une vérité dans ce domaine. J'en doute et certaines oeuvres peuvent avoir une valeur artistique pour certains tout en étant des nullités pour d'autres. La valeur marchande de certaines oeuvres étonne et la spéculation est souvent basée sur la crédulité de gogos. Mais surtout la sensibilité artistique est propre à chacun et très subjective, car basée sur l'émotion.
Reste tous les cas que je n'ai pas abordés et notamment ceux de la vie de tous les jours.
Faut il se mêler de ce qui ne nous regarde pas et chercher la vérité des affaires d'autrui ?
Bien sûr il y a des cas où cela peut sauver quelqu'un, le cas des femmes ou des enfants battus ou maltraités, des harcèlement en entreprise ou à l'école, des méfaits préjudiciables à certains dont on connaîtrait les auteurs.
Mais faut il cherche à savoir si le mari de sa voisine la trompe et en plus le lui dire ?
Effectivement une question se pose : même en admettant que l'on ait le devoir de rechercher la vérité, une fois connue, faut il la révéler aux autres.
C'est le cas des philosophes, qui par principe sont à la recherche de la vérité intellectuelle et cela pour l'enseigner, pour la faire connaître, pour la discuter aussi. Certains philosophes comme Kant ou Sartre refusent non seulement le droit de mentir, mais même le droit de se taire.
J'avoue que je trouve leur position insoutenable. Les impératifs catégoriques" de Kant m'apparaissent comme une utopie, comme une "déification" de l'humanité, qui nie la valeur de l'homme. On a connu cela depuis dans les états totalitaires et les dictatures.
Pour moi, la valeur reste l'homme et le respect qu'on lui doit. Il faut mettre l'homme au-dessus de la vérité.
Le proverbe dit que "toute vérité n'est pas bonne à dire", mais surtout la vérité "n'est pas toujours bonne à entendre"
. Dire la vérité au mourant qui la réclame et qui est capable de la supporter, c'est sans aucun doute l'aider à mourir dans la lucidité et dans la paix. Mais le médecin se tait par compassion et charité humaine, envers celui qui ne veut pas savoir
, Même si une règle est juste, elle ne sera équitable qu'à la condition de savoir l'adapter aux cas particuliers. Aristote disait qu'il faut distinguer le juste de l'équitable.
votre commentaire -
Par papynet le 29 Janvier 2021 à 08:04
Non je ne vais pas vous dire qu'il faut aller voter et faire votre devoir électoral; je vais parler à nouveau de l'école.
Les vacances de Noêl et du nouvel an sont passées, la nouvelle année a commencé et les chérubins ont repris l'école et les parents vont devoir à nouveau surveiller devoirs et leçons.Alors je peux médire un peu d'eux et de leurs chérubins un peu flemmards.
J'entends souvent à la télé des parents d'élèves s'insurger parce que leurs pauvres petits chéris qui étaient dans le primaire, avaient le soir en rentrant, une demi-heure de travail, d'une part pour apprendre quelques lignes de leçon, préparer une dictée ou faire quatre ou cinq opérations, histoire de revoir ce qu'on avait expliqué le matin ou l'après midi.
Ces mêmes parents se plaignaient que leurs autres chérubins au collège avaient une heure de travail chaque soir pour faire un ou deux exercices et apprendre leurs leçons. Les pauvres enfants surchargés et fatigués !!
C'est bizarre, mes enfants en avaient le double et n'étaient pas fatigués, et moi autrefois, j'en avais le triple et non seulement j'étais dispo, mais cela m'intéressait !!
A vrai dire je crois que ce sont surtout les parents qui sont fatigués et qui n'ont pas envie d'aider leurs enfants à faire ces travaux, surtout s'ils ont un peu perdu le fil depuis leurs propres études. C'est vrai qu'on est fatigué le soir, en rentrant du travail, mais il n'est pas question de faire le travail à la place des enfants, mais seulement de vérifier qu'ils l'ont fait et au besoin de leur donner une explication s'ils n'ont pas compris (ou écouté ?) la leçon du jour.
Et les parents de demander la suppression des devoirs et leçons à la maison !! Je me demande s'ils se rendent compte des conséquences !
Déjà leurs enfants ont plus tendance à aller jouer sur leur ordinateur ou tchatcher sur internet par SMS ou dans les réseau sociaux, qu'à travailler et beaucoup d'entre eux ne réussissent pas pleinement dans leurs études, uniquement faute de travail. Sans doute réussiront ils leur bac, dont le niveau a bien diminué, mais celui des études supérieures n'a guère baissé et demande toujours une quantité de travail certaine, à laquelle leur progéniture ne sera pas habituée et risque de trainer lamentablement sur les bancs de la fac ou de se faire virer d'une classe de prépa.
Je me demande aussi s'ils évaluent les connaissances de leurs enfants.
Il m'arrive d'aider des jeunes dans leurs études, surtout en maths et en physique, et je suis effaré du niveau rencontré.
A l'entrée en sixième, certains savent certes lire, mais je me demande s'ils comprennent bien le sens du texte, de la rédaction, ou de l'énoncé du problème. La plupart du temps ils savent à peine leurs tables de multiplication. Quant aux règles de proportions multiples (la bonne vieille règle de trois), ils cherchent désespérément à se rappeler ce que c'est et comment on l'applique.
Certains, qui n'ont sans doute pas fait assez d'opérations simples (multiplication et division avec des nombres décimaux), puis ensuite n'ont plus utilisé que la calculette, ne savent plus faire ces opérations élémentaires. Et on prend la calculette pour des opérations évidentes qui se font de tête multiplication par exemple par 2 ou par 5. Quant aux fractions, il vaut mieux ne pas en parler.
Au lycée, beaucoup ont tout oublié de l'enseignement au collège, ils ne connaissent plus les règles de divisibilité, ne savent pas faire trois lignes de calcul sans se tromper de signe, ni essayer de trouver une méthode si l'énoncé ne vous la donne pas.
Ils n'apprennent pas les leçons et s'étonnent, ne sachant pas le cours, de ne pas savoir faire les exercices. Ils n'apprennent pas par coeur les formules de maths ou de physique, sous prétexte qu'il est autorisé de les avoir dans sa calculette, mais du coup mettent 5 minutes à les trouver, et ont oublié comment on s'en sert.
Et surtout quand une expression est une partie de ces formules, ce qui permet de la transformer, ils ne la reconnaissent pas et sèchent donc sur la conduite à tenir, même simple. Et ne sachant pas les notions physiques qui accompagnent formules de physico-chimie, ils ne savent comment orienter la recherche pour faire leur exercice.
Il n'y a pas de miracle. On devrait faire aux parents un petit cours sur le cerveau de leurs enfants.
L'instruction c'est essentiellement apprentissage et mémorisation. Bien sûr cela demande concentration et attention, ce qui est déjà difficile aujourd'hui.Mais cela demande surtout répétition et entraînement donc travail.
Il ne suffit pas d'avoir à peu près compris le processus de multiplication ou division pour savoir le faire. Il faut en avoir fait quelques centaines pour que cela devienne automatique, et que le cortex frontal n'ai plus à réfléchir et laisse le cervelet mener l'opération. Et du coup, à force de les appliquer, on a retenu la table de multiplication, et on a acquis des ordres de grandeur, des "trucs" et des intuitions pour faire plus vite les divisions.
Réduire des fractions au même dénominateur, résoudre des équations du premier et du second degré, c'est tout simple et très mécanique, mais il faut l'avoir fait une bonne dizaine de fois pour que cela devienne un réflexe.
Et si on a pris l'habitude de réfléchir et de faire quelques schémas dans l'espace à 3 dimensions, on finit par voir un peu dans l'espace et les équations de plans et de droites ne vous paraissent plus des énigmes.
De même la théorie des graphes (le peu qu'on en fait en terminale) et l'embryon de statistique, seraient plutôt amusantes par les exercices concrets, si on avait appris les formules et ce qu'elles signifient. Evidemment si on ne les sait pas, on n'ira pas bien loin.
Tout ce que nous retenons, mémoire, données, processus, découle du renforcement des connexions de neurones entre eux, à travers leurs axones, synapses et dendrites. Et ces connexions sont au départ labiles et instables et c'est la répétition qui va les renforcer et les rendre durables. Si je me souviens encore de la plupart des formules que j'ai apprises au lycée ou en prépa, alors qu'elles ne m'ont guère servi depuis, c'est que l'apprentissage et la mémorisation a été faite par de très nombreux exercices.
On n'avait que très peu le temps d'en faire en classe. S'exercer c'était le soir dans sa chambre, devant son bureau (ou il n'y avait ni micro-ordinateur, ni télé, ni smartphone !), qu'on pouvait le faire.
Et là je ne vous ai parlé que de sciences, mais en lettres c'est pire, car il faut beaucoup plus réfléchir, c'est moins automatique, moins logique, moins systéma-tique. L'apprentissage est plus difficile et plus long.
Supprimer devoir et leçons à la maison, c'est à mon avis faire des nuls, inca-pables de suivre ensuite un enseignement supérieur, des personnes qui auront tout oublié de ce qu'elles ont appris en classe, et qui auront omis de développer leur intelligence.
Mais évidemment cela reposerait les parents qui pourraient mettre leur enfant devant le micro ou la télé, et là, ils savent se débrouiller seuls !!Cela dit, les jeunes que j'aide en ont sans doute besoin. Mais je connais aussi des jeunes qui travaillent, qui ont passé brillamment leur bac, ont été reçu(e)s dans des Masters divers, à Normale Sup ou à Polytechnique. Leurs profs leur donnaient pas mal d'exercices à faire et ils les faisaient sans rechigner, sans penser aux distractions qu'ils allaient avoir ou à leurs conversations sur internet avec leurs copains et copines.
votre commentaire -
Par papynet le 19 Octobre 2020 à 08:22
Pendant le confinement et les mois qui ont suivi, j'ai été amené à aider quelques jeunes de terminale et de première en maths et en physique, car l'école par correspondance bouleverse les habitudes et on s'aperçoit alors que la présence réelle du professeur était bien utile, d'autant plus si on n'avait qu'une mauvaise connexion internet. J'ai eu par exemple du mal à faire comprendre que la force centrifuge n'est pas, de même que la force de Coriolis, une véritable force, mais c'est en fait le résultat d'un changement de systèmel de référence.
On m'a parfois posé des questions originales sur l'origine des mathématiques, et je ne connaissais souvent pas les détails des réponses que j'ai dû rechercher. Alors cela peut, peut être, intéresser d'autres personnes et je fais donc un article.L'origine des mathématiques :
Bien sûr les développements très importants sont récents, mais l'origine est très ancienne.
On sait que dans la préhistoire des entailles retrouvées semblent montrer que l'on cherchait à compter les objets, peut être avec peu de nombres (une dizaine, qui pouvait être comptée sur les doigts, puis beaucoup). En fait les chiffres ont dû voir le jour avec l'apparition de l'écriture.Des notions importantes de mathématiques étaient déjà connues trois mille ans avant JC, en Egypte et en Mésopotamie.
En Mésopotamie, les babyloniens utilisaient des tablettes d'argile; on a retrouvé des tables de nombres, de carrés et de cubes, datant de l'époque sumérienne, qui permettaient de calculer surfaces et volumes; il semble qu'ils savaient résoudre les équations des premier et second degré et que la valeur de π était évaluée à 3 + 1/8. Il semble que la relation entre le carré de l'hypoténuse et la somme des carrés des cotés d'un triangle rectangle était connue, relation que Pythagore (grec) démontrera plus tard.
Les Egyptiens étaient moins avancés que les Babyloniens, mais ils ont apporté des formules utilisables notamment en architecture, et ils utilisaient de fractions dont le numérateur était 1.
Ils utilisaient un système numération à base 10, mais sans positionner les chiffres.Pythagore Archimède Euclide
Les mathématiques antiques se sont surtout développées chez les grecs dès le 5ème siècle avant JC. Le mot mathématique vient du grec "mathéma" qui est la"science que l'on enseigne".
Les sages grecs construisaient des concepts, à partir d'axiomes et ils démontraient les propositions qui en découlaient.
Vous vous rappelez sûrement le théorème de Thalès (né en 600 avant JC), sur les parallèles et les triangles semblables.
Pythagore a démontré son théorème, mais il a montré que les racines carrées (par exemple 2 et 3, étaient des nombres irrationnels. (on ne peut les exprimer par le rapport de deux nombres entiers). Ses disciples ont étudié les propriétés des cercles et des sphères et ont appliqué les mathématiques à l'étude des sons musicaux et à l'acoustique.
La valeur de π calculée était alors de 256/81 soit 3,16. C'est Archimède qui a considéré la surface du cercle comme comprise entre celle du polygone inscrit à 96 cotés et celle du polygone circonscrit à 96 cotés et il a abouti à une valeur de 3,14166.
Mais l'usage de la lettre grecque π, première lettre de "περίμετρος" (périmètre en grec) n’est apparu qu’au XVIIIème siècle. Auparavant, sa valeur était désignée par diverses périphrases comme la « constante du cercle » ou son équivalent dans diverses langues.Les Romains par contre s'intéressent peu aux sciences et il n'y a pas eu de progrès par rapport aux mathématiques grecques.
La Chine et l'Inde ont également apporté des apports importants.
Environ mille ans avant JC, les mathématiciens chinois ont d'excellentes connaissances en arithmétique et en calculs astronomiques, et au début de notre être ils savent résoudre des équations linéaires et du second degré. Par la suite ils résoudront des équations jusqu'au 14ème degré et connaissent les coefficients du triangle de Pascal.En Inde, la géométrie des surfaces et des volumes est performante et on trouve des tables des fonctions trigonométriques. Les mathématiciens indiens dans les années 1100, sont les prédécesseurs du système numérique et effectuent dans ce système les quatre opérations, les extractions de racines carrées et cubiques et la règle des proportions multiples (de mon temps on l'appelait la "règle de trois"). Surtout les indiens utilisaient un système décimal avec positionnementnt des dizaines, centaines, mille etc...
Au moyen Age, en France, on se contente d'introduire les notions acquises, mais par contre aux 8 et 9ème siècles, les Arabes ont repris les acquits des Grecs et des Indiens qu'ils introduisent en Espagne : numération, fonctions trigonométriques, règles d'algèbre et leurs travaux seront traduits en latin. Ils inventent l'écriture actuelle des chiffres et le système décimal indien.
De progrès vont encore être faits à la Renaissance en calcul algébrique et surtout en mécanique, mais c'est surtout à partir du XVIIème siècle que de nouveaux outils vont apparaître.
Descartes traite les propriétés géométriques d'une figure par l'algèbre, Cavallièri Newton et Leibnitz inventent l'infiniment petit et l'infiniment grand, les différentielles, et les appliquent au calcul des tangentes d'une courbe représentative d'une fonction. Mais c'est d'Alambert, qui au siècle suivant définira de façon rigoureuse les dérivées et les primitives. Napier, dont le nom, qui en latin s’écrit Neper, va inventer un peu avant 1600, les logarithmes. Euler au siècle suivant développera les exponentielles.Cavallieri Leibnitz Newton
Bref, comme vous le voyez, tout ce que nous apprenons en maths jusqu'en terminale était connu au 17ème siècle, même si la façon d'enseigner ces notions a évolué.
Vous pouvez trouver un bref résumé de l'histoire des mathématiques, par type de notion sur https://perso.univ-rennes1.fr/matthieu.romagny/capes_0809/histoire.pdf
On m'a posé la question : qui a désigné par la lettre "x" les inconnues.
L’histoire de ce « x » remonte au 3ème siècle. A cette époque le mathématicien grec Diophante décide d’appeler l’inconnue “arithmos” qui signifie “le nombre”. Mais ensuite les arabes à l’époque médiévale “shay”, qui veut dire « la chose ». Dans les équations il est représenté par la première lettre de ce mot: « sh ».
Les espagnols, alors sous influence maure, l’écrivent différemment; en caractères latins cela donne “xay”.
Enfin, Descartes au 17eme siècle simplifie “xay” en ne conservant que l’initiale “x”. D’ailleurs c’est à Descartes que l’on doit l’utilisation des lettres minuscules du début de l’alphabet latin a, b, c, d… pour les nombres connus; p, q… pour les entiers et celles de la fin de l’alphabet pour les inconnues x, y z.Je voudrais terminer par une anecdote qui montre les différences d'esprit entre les diverses disciplines et sciences :
Un mathématicien, un physicien et un astronome rentrent ensemble en train d'un congrès de physique théorique en Ecosse et passent devant un champ où ils aperçoivent un mouton noir de profil. L'astronome dit : "en Ecosse, tous les moutons sont noirs". Le physicien répond et corrige : "en Ecosse, certains moutons sont noirs". Le mathématicien prend la parole le dernier : "en Ecosse, il existe un champ dans lequel il existe un mouton dont un côté au moins est noir".
votre commentaire -
Par papynet le 5 Septembre 2020 à 08:10
Que faire pour développer l’intelligence d’un enfant, puis d’un adolescent ?
J’ai souvent dit qu’une grande partie de notre intelligence dépendait de notre mémoire. Je n’ai pas dit de nos connaissances, mais de nos capacités à mémoriser.
Nos instituteurs et professeurs autrefois le savaient bien et faisaient apprendre beaucoup “par coeur”. Poésies, textes, règles diverses, les départements avec les préfectures et sous-préfectures, résumés de connaissances, formules mathématiques et de physique ....
Je ne dis pas que le contenu était toujoursni très utile, ni très agréable à apprendre, mais cela donnait l’habitude d’apprendre et de retenir et on le faisait plus facilement ensuite.
Aujourd’hui, avec les moyens dont on dispose, on pourrait faire cela plus facilement et plus utilement.
Exercer sa mémoire n’est pas retenir uniquement des mots. Avec les moyens multimédias actuels on peut susciter la curiosité de l’enfant pour de nombreuses questions de son environnement, en fonction de ses goûts, et l’entraîner à retenir des notions, des explications, des correspondances : la nature, la botanique, la terre, la mer, l’atmosphère, les animaux, l’énergie, la fabrication de produits, les véhicules, la musique, la peinture .....
Je me souviens qu’étant tout gosse, mon grand-père m’a appris ainsi des tas de choses qui me passionnaient et cela me semblait bien plus intéressant que des jeux.
Et retenir le vocabulaire de langues étrangères est aussi un entraînement de la mémoire.
Jouer la comédie, retenir le texte d’une pièce de théâtre pour la jouer ensuite, cultive à la fois la mémoire, la communication et l’expression des émotions, tout en arrivant à avoir confiance en soi et à vaincre sa timidité.
Au lieu de cela, ceux qui conçoivent l’enseignement (je ne parle pas des professeurs mais des autorités de tutelle, n’exigent même plus que l’on apprenne par coeur les règles de grammaire ou les formules de mathématique et de physique. C’est tout juste si on apprend encore les tables de multiplications, puisqu’on a une calculette pour faire les opérations !!
De plus il ne suffit pas d’apprendre, il faut retenir de façon durable.
Or, je l’ai déjà dit dans des articles, on ne retient que ce que l’on répète de nombreuses fois. C'est la capacité d'apprentissage de notre cerveau qui est ainsi faite.
Pour que l’élève qui arrive au lycée ne soit pas perdu, il faut qu’il ait retenu l’essentiel de ses cours du primaire et du collège.
Pour cela un seul moyen : les exercices répétés. Si j’en crois ce que font les jeunes que je côtoie, on ne fait plus beaucoup d’exercices scientifiques, plus de dictées dans le secondaire et une rédaction ou dissertation de temps en temps, dix fois moins qu’autrefois. Pas étonnant qu’ils oublient tout.
L’intelligence c’est la compréhension et l’usage de la langue. Comment les favoriser.?
D’abord dès que l’enfant sait parler, en l’habituant à ne pas avoir peur de dire qu’il n’a pas compris et à demander la signification des mots qu’il ne comprend pas et en les lui expliquant le plus simplement mais le plus précisément possible. Ne jamais lui dire “tu es trop jeune pour comprendre”.
Cela fait d’ailleurs beaucoup de bien intellectuellement aux parents de réfléchir à une explication simple, d’une notion compliquée.
Ensuite en l’habituant à beaucoup lire, en essayant de lui choisir des livres intéressants et en discutant avec lui de ce qu’il a lu (pour l’habituer sans le lui dire, à résumer ce qu’il a acquis et en vérifiant ainsi s’il a compris sa lecture).
C’est en lisant des livres très variés qu’on acquiert du vocabulaire.
En l’incitant aussi à faire des mots croisés, des mots fléchés...
Par la suite à l’école et surtout au collège et au lycée, les cours de français étaient destinés à cela.
Certes ils existent toujours, mais les professeurs choisissent quelques textes seulement - peut être ceux qu’ils ont vu a à fac ou ceux qu’ils aiment - mais qui n’inspirent pas forcément leurs élèves.
Mes petits enfants et ls jeunes que je connais, savent à peine qui sont Racine et Victor Hugo et ils n'ont jamais entendu parler de Montaigne, Montesquieu, Lamartine ou Anatole France.
Et les élèves ne sont plus confrontés à la diversité des idées et des auteurs et ce n’est ni bon pour leur réflexion, ni pour leur mémoire, ni pour leur culture générale.
Bien peu de collèges et lycées ont gardé l’ancienne méthode, qui consistait à parcourir progressivement la littérature et les divers auteurs, au travers de “morceaux choisis” courts, caractéristiques et différents. Certains nous ennuyaient, d’autres nous plaisaient ou nous intéressaient, mais on était confronté aux multiples idées de nos anciens, avec leur vocabulaire et leurs styles respectifs.
Je parle souvent aussi de logique et de bon sens.
Bien sûr les mathématiques et les sciences sont là pour développer ces qualités mais pas seulement eux.
Mais pour ne pas décourager les enfants (idée bizarre), on a supprimé des programmes des CM 1 et 2, toute l’arithmétique, problèmes simples que l’on pouvait analyser un peu comme on fait un organigramme en informatique, ce qui apprenait à la fois à comprendre un énoncé, à chercher les données connues et inconnues, et les liens logiques intermédiaires.
De même on a presque supprimé le latin qui, par la construction très organisée de ses phrases est une excellente école de logique.
Il existe aussi des tas de petits jeux de logique (genre sudoku).
Apprendre des tours de main de bricolage, l’enchaînement nécessaire des opération est un excellent entraînement au contact avec le réel, pour garder les pieds sur terre et le sens de l’organisation.
L’usage de l’ordinateur (pas pour faire des jeux, ni discuter sur WhatsApp, Messenger ou Facebook ! ), mais en essayant de l’utiliser comme moyen (internet, photo, cinéma, musique, traitement de texte et calculs....), en comprenant en partie ses réactions, est un excellent exercice de réflexion et de logique.
Les capacités de représentation de l’environnement sont importantes
Faire faire des dessins (même de personnages de manga) aiguise l’esprit d’observation et de représentation; l’utilisation des cartes, de jeux de construction et de plans de montages, de représentations géométriques, oblige à se représenter les différentes parties de l’espace les unes par rapport aux autres.
Mais je m’insurge contre le banissement de la géométrie dans le secondaire, je m’étonne que les livres de maths enseignent la représentation des plans et droites dans l’espace (voire de quadriques de révolution et de leurs sections par des plans dans le supérieur), à grand renfort d’équations, sans aucune figure, ni représentation spatiale, et je regrette que dans les écoles d’ingénieurs, il n’y ait plus aucune place pour la géométrie descriptive et que l’on enseigne le dessin mécanique uniquement en 3D, sans être passé par la représentation sur trois plans, qui vous faisait comprendre la positions relatives et obligeait à raisonner pour voir dans l’espace, alors que maintenant c’est l’ordinateur qui le fait seul. On délègue notre intelligence à l’ordinateur, et s’il y a une faille du programme, on peut concevoir une pièce impossible à fabriquer ensuite !! (je l’ai déjà vu dans un bureau d’études).
La créativité, l’abstraction sont aussi des parties importantes de l’intelligence.
Bien sûr mathématiques et philosophie sont les deux mamelles de l’abstrcction et par ailleurs se familiariser avec ce type de raisonnement nécessite déjà un certain développement et donc un certain âge.
Mais on peut familiariser l’enfant avec l’abstraction chaque fois que l’on parle d’un sujet qui, tout en correspondant à une notion concrète, représente en fait, un concept, une convention, un regroupement synthétique ou analytique : la température, la chaleur, les bovidés, les fleurs, les couleurs, les prévisions météo, les sentiments, l’univers, le mouvement de la terre sur elle même ou autour du soleil.... Il lui faut alors imaginer à partir du concret, de ce qu’il peut tirer de sa propre expérience et représentation.
Quant à la créativité. c’est l’art de rapprocher des notions que l’on possède en mémoire, mais qu’on n’associe pas habituellement. Il faudrait s'entrainer à cela.
Finalement le message que je voudrais faire passer, c’est que les enfants ne sont pas intelligents par nature, mais que 90% de l’intelligence s’acquiert et pas en regardant des dessins animés à la télé, en jouant à des jeux sur micro, ou en discutant sur Facebook ou Messenger, mais par l'entraînement et le travail.
Il faut que le bébé et l’enfant soit habitués à suivre des règles et une hygiène de vie (et non à faire ce qu’il désire), que l’adolescent soit habitué à fournir des efforts et du travail, et qu’ensuite son intelligence va dépendre de ce que ses parents et ses formateurs vont lui faire suivre comme entraînements, pour sa mémoire, la maîtrise de son expression linguistique, la logique et le bon sens, les capacités de représentation de l’environnement et de prévision de ses actes, son aptitude à abstraire et à créer.On ne nait pas intelligent, on le devient, mais cela demande des efforts certains.
votre commentaire -
Par papynet le 2 Septembre 2020 à 07:50Comme à l'approche de la rentrée, j’ai des mails inquiets de quelques unes de mes correspondant(e)s, qui se retrouvent au lycée, dans une classe où les élèves ont pris de mauvaises habitudes : celles de médire du voisin et de lancer des rumeurs, voire même d’aller ouvertement en dire du mal à leurs copains.
Ils créent ainsi une atmosphère détestable, qui empoisonnent le début des classes et peut nuire fortement au plan psychologique à certain(e)s des élèves.
Personnellement je considère ce comportement comme irresponsable et peu intelligent.
Malheureusement, même au lycée, l’intelligence n’est plus aujourd’hui quelque chose de si courant que cela, vu le manque d’éducation de certains.
Mais cette plaie, on la rencontre aussi sur les blog, sur Facebook ou sur Twitter et autres réseaux sociaux; je me demande pourquoi les titulaires de comptes sur ces médias, appellent certains du nom d’”amis”, quand on voit ce que ces prétendus amis disent sur eux..
Connaissez vous les “trois passoires” de Socrate; voici cette parabole :
Quelqu'un vint, un jour, trouver le grand philosophe et lui dit :
- Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ?
. - J'aimerais te poser trois questions, répondit Socrate.
Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle les “trois passoires”.
La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
- Non.. J'en ai seulement entendu parler...
- Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.
La deuxième passoire est celle de la bonté.
Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?
- Ah! non. Au contraire.
- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain qu'elles soient vraies.
Mais il reste une passoire, celle de l'utilité.
Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ?
- Non.. Pas vraiment.
- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?
Je trouve que les professeurs de français et de philosophie devraient vous citer cette parabole et vous faire réfléchir sur sa signification.
Je pense qu’avant de dire du mal d’un de ses camarades de classe, on devrait méditer ces trois “passoires” et se demander quel mal on va causer;
Si on persiste après cela, c’est qu’on veut vraiment faire volontairement du mal et là on devrait vous sanctionner.
Quant à ceux qui subissent des tortures psychiques volontaires de la part de leurs camarades, s’il n’est pas possible de ne pas s’en préoccuper, ni de répliquer pour que cela cesse, il faut alors en parler aux parents et aux professeurs, car j’ai connu de nombreux cas où transformer un élève en tête de turc et en souffre-douleur l’a conduit à la dépression.
Il ne faut pas attendre ce stade de dégâts pour en parler.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique