•   Je continue mon petit examen des sujets qui auraient pu être donnés cette année si le virus avait aimé la philosophie.

    Les sujets de philo du bac, il y a 10 ans (2)

    Les sujets de philo du bac, il y a 10 ans (2)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Est-ce la loi qui définit ce qui est juste?

         Ce sujet m’a beaucoup intéressé, car je ne l’avais jamais traité en classe (pourtant à l’époque on avait une dissertation de philo à rendre toutes les semaines, même en S) et je n’avais pas eu l’occasion d’y réfléchir particulièrement depuis.
        Au départ il paraît simple : que veut dire le mot “juste” c’est être conforme à la loi, aux règles instituées par la société.
        La loi est censé éviter le recours à la force, à la vengeance personnelle, en instituant des règles qui permettent de régler les conflits et éventuellement de sanctionner en fonction de la gravité des fautes commises.
        Donc tout paraît réglé : la loi définit ce qui est juste. Etonnant qu’un sujet soit traité en 3 lignes, et effectivement si on réfléchit un peu, ce n’est pas si simple.

        Prenons d’abord le juridique, les textes de loi élaborés dans un pays démocratique comme le nôtre : ces textes sont ils justes aux yeux de tous ?
        Certes ils sont élaborés par nos élus et sont donc censés ne pas être partisans, mais représenter l’opinion de tous et ils devraient donc nous paraître justes parce que conformes à ce que nous pensons.
        Mais d’une part ces textes sont souvent un compromis entre prévention et répression, et évaluer la gravité des fautes n’est pas mathématique, donc l’erreur ou simplement l’écart entre opinions est possible.
        D’autre part les textes d’un moment sont élaborés par une majorité ayant ses opinions, ses électeurs. Une majorité représentant les riches peut elle élaborer des textes qui soient vraiment justes pour les pauvres ?
        Et chaque cas est particulier, en fonction des circonstances, et la loi ne peut traiter chaque cas; elle est donc partiellement imprécise et heureusement il y a des juges et des enquêtes.

        Que dire alors quand la loi est élaborée dans un pays non démocratique, par exemple au bon vouloir d’un dictateur par exemple.?
        Et par ailleurs la loi élaborée dans un pays peut paraître tout à fait injuste à des personnes d’un autre pays : la loi américaine, basée sur la jurisprudence nous paraît moins garantir le juste traitement des parties et que dire de pays où l’on coupe la main du voleur, où l’on lapide la femme adultère, ou l’on condamne à mort les homosexuels.! Un génocide même justifié par la loi est il tolérable?
        La loi définit donc ce qui est censé être juste, mais la loi n’est pas universelle et son élaboration ne peut garantir la justice pour tous.

        Mais la “loi juridique “ est elle toute la loi? A coté d’elle des règles tout aussi contraignantes existent : les règles morales, religieuses, sociales et sociétales.
        Agir conformément à la loi est souvent très au dessous de ce que nous imposent ces autres règles. Et aux juges se substituent les moralistes et les éducateurs, les prêtres et l’opinion et le jugement des autres, tous aussi terribles.
        Les moralistes ont pour guide leur éducation personnelle, leurs propres convictions, leurs intérêts, leur subjectivité dans un domaine qui n’a aucune rigueur scientifique. De même pour les prêtres, soumis en outre à la pression de leur église, et parfois comme le montre l’histoire, imbus du pouvoir qu’ils ont sur les fidèles qui leur sont soumis. Quant à l’opinion des autres, elle est totalement subjective et irrationnelle, soumise à la mode, à des délires moutonniers et parfois cruelle comme le montrent les plaintes de certains élèves soumis au haro de leurs camarades de classe.

        Mais allons plus loin, celui qui se soumet à la loi est il juste pour cela, et est il souhaitable que toutes ces règles nous soient imposées sans que nous puissions les discuter.?
        Freud indique qu’après avoir admis enfant les règles que l’on nous a données, nous faisons une analyse et nous gardons celles que notre intime conviction a considérées comme justes : c’est le “surmoi”... à moins que nous ayons gardé celles qui nous arrangent, dans notre intérêt.

        Finalement le problème de la loi et des règles est plus une confrontation avec le problème de liberté individuelle.
        La loi est un minimum imposé pour que la vie dans une société donnée soit possible (et harmonieuse ?). et au plan juridique ce qui n’est pas interdit par la loi est autorisé, ce qui est quand même préférable au droit du plus fort. Mais certaines sociétés préfèrent dire que tout ce qui n’est pas autorisé est interdit.
        A coté de la loi existent des règles basées sur des valeurs (morales et religieuses lentes à s’adapter), qui sont plus liées aux notions de “bien” et de “mal” qu’aux notions de justice, et sur des us et coutumes sociétales, qui évoluent plus rapidement, mais sont plus arbitraires.
        Et finalement c’est à chacun de trouver la place de ces règles propres dans le cadre d’un respect des lois et de la liberté du voisin.

    "Ressentir l'injustice m'apprend-il ce qui est juste ?"

        J’avoue que ce sujet ne m’emballe pas, parce qu’il est ambigu.
        Là encore question de sens des mots de définition.
        Qu’est ce que la justice ? Des règles juridiques ou morales, auxquelles l’homme doit se conformer pour vivre en société et au regard desquelles les comportements peuvent être sanctionnés ou récompensés selon leurs manquements ou leurs mérites.
        Je me souviens un peu de mes cours de philo, de Platon souhaitant l’harmonie entre les vertus humaines et l’ordre de la cité, et Aristote qui distinguait la justice individuelle et morale (la vertu) de la justice globale et communautaire (les lois) et je me souviens de traductions de Cicéron sur ce sujet.
        La phrase me paraît aussi ambigüe car à priori les règles qu’elles soient morales ou surtout juridiques sont rationnelles et “ressentir” est une impression, presque une émotion, donc peu objective et peu rationnelle.
        Injustice, c’est essentiellement une erreur de justice, avoir accusé ou condamné quelqu’un pour une erreur qu’il n’a pas commise, pour une faute contre les règles qu’il n’a pas commises.
        Normalement pour être sensible à une injustice, il faudrait être objectif, et d’une part connaître la loi (ou les règles) et d’autre part connaître les faits, les actions reprochés.
        En fait ce n’est pas aussi simple, car notre connaissance des lois et des règles n’est pas aussi bonne ni aussi précise et celle des faits non plus (sauf si ce sont ceux de nos actions personnelles).
        D’où ressentir l’injustice, car c’est plus un sentiment qu’un raisonnement.
    Donc un sentiment qui peut être fallacieux et qui n’est pas forcément objectif par rapport aux règles et aux faits.
        J’aurais volontiers fait une digression sur les règles morales, qui sont loin d’être universelles et où chacun de nous s’est approprié certaines d’entre elles : le “surmoi” de Freud.
        Et puis je suis souvent confronté aux plaintes de jeunes, qui s’indignent et souffrent d’être accusées à tort par leurs parents, leurs profs ou leurs camarades, de “méfaits” qu’ils n’ont pas commis.
        Ce sentiment d’injustice est profondément ancré en nous, indépendamment des lois et règles et davantage associé à toute critique, tout reproche, mais bien sûr, pour que ceux-ci soient “injustes”, il faut que nous ayons conscience d’avoir ou non enfreint les règles ou porté préjudice à autrui.
        A mon avis, ressentir l’injustice suppose que je connais au moins approximativement ce qui est juste, mais je ne pense pas que cela m’apprenne davantage sur ce qui est juste, sauf si je vais faire cette recherche de façon réfléchie et volontaire.
        D’ailleurs ne dit on pas “c’est injuste” pour “ce n’est pas mérité”, devant des catastrophes qui s’abattent sur des innocents.?

       - "Peut-on avoir raison contre les faits ?"

        Je devrais demander à ma femme, elle sait parfaitement raisonner ainsi !!
        Je crois qu’il y a au départ un problème de vocabulaire.
        Les faits qu’est ce?
        A priori c’est ce qui a eu lieu, ce qui a été fait, sur ce qui est arrivé.
        Mais si on accordait une certaine véracité aux faits, parce qu’on supposait que c’était ce qui s’est passé réellement, de nos jours avec l’engouement des médias (et l’esprit voyeur du public), pour les “faits divers”,  sans vérification de ce qui s’est passé réellement, l’incontour-nabilité des faits est de venue un mythe.
        C’est tout de même resté  dans certaines expressions : prendre quelqu’un sur le fait, les faits qui s’opposent aux dires.....
        Je ne sais pas trop ce que l’on enseigne en philo aujourd’hui; autrefois ce problème des faits était vu surtout sous l’angle de la science expérimentale, et plus généralement de l’attitude de la raison face aux faits.
        Il y avait donc les faits et l’interprétation qu’on en fait dans les domaines scientifiques et pseudo scientifiques, mais finalement face à toute expérience.
        Je me souviens d’un cours de notre prof de philo sur la paléontologie, où il nous montrait que, dans ce que nous savons sur les dinosaures, il y avait peu de faits réels (les squelettes et ce qui est enterré autour) et beaucoup de déductions, mais certaines très raisonnées et basées sur de nombreuses analogies et déductions, et d’autres plus aléatoires. On rejoignait les cours sur “la science et l’hypothèse” d’Henri Poincaré.
        Un autre aspect de la question, plus proche du fait divers que de la science, c’est la déformation qu’apporte la communication (langage autrefois et image également aujourd’hui), dans la présentation de ce qui se passe.
        Je me rappelle au moment de la première guerre Amérique, Irak, la télévision faisant état de la fuite d’avions irakiens à Malte et présentant des images d’atterrissages de F16 américains, en les faisant passer pour les avions irakiens.
        On ne peut être crédible en paroles et en images sans des preuves, ces preuves ce sont les faits, à condition qu’on ne les travestisse pas. “Je ne crois que ce que je vois” disait Saint Thomas.
        On peut évidemment faire le tour de tout ce qui permet “raisonnablement” c’est à dire volontairement, de vouloir travestir les faits. Je ne me lancerai pas dans cette longue énumération et je pense que les meilleurs connaisseurs sont sûrement les hommes politiques.
        Mais les sentiments peuvent aussi nous éloigner des faits : ‘l’amour est aveugle” dit le proverbe.

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  •       Tous les ans, quand arrive le bac, je me délecte méchamment avec les sujets de philo et de français.
         Cela d’une part me rappelle ma jeunesse et d’autre part je me rassure en me disant que je pourrais encore passer le bac !
        Je faisais donc tous les ans 3ou 4 articles sur ces sujets.
        Mais cette année, le coronavirus m'a privé de mon jeu favori. Alors j'ai été rechercher des sujets de 2010-2011, ceux qui ne me plaisaient 

    http://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures1/guillotine.jpg

        Mais, avant d’être sérieux je sélectionne pour vous cinq perles de bac” qui m’ont fait sourire :

    “Louis XVI a été guillotiné parce qu’il avait triché au jeu de paume ! “

    “Comme Bonaparte, Jules César pouvait dicter plusieurs lettres à la fois, c’était un dictateur. “


    “Charlemagne se fit châtrer en l’an 800. “


    “Les dolmens étaient des espèces d’abribus postés tous les 100 mètres. “ (candidat breton, bien sûr !).

    “ Néron était un empereur romain qui organisait des combats de radiateurs.”


    Passons aux choses sérieuses : les sujets de philo du bac :

    http://lancien.cowblog.fr/images/images/Artmoderne23951.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/images/ArtModernelarge08.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/images/bostonterrierpopdogartcollage.jpg
    Ces tableaux sont exposés dans des musées

    L'art est il un moyen d'accéder à la vérité?

      
     
    Je n’aime pas beaucoup ce sujet car il me paraît reposer sur la signification du vocabulaire et il n’y a rien de plus propre à malentendu car les interprétations peuvent être divergentes.

        Qu’est ce que l’art? Nous connaissons tous la peinture, la sculpture, la musique, la littérature, la photographie, le cinéma ..... Ce sont les actions menées par des “artistes”, une façon pour eux de s’exprimer, mais souvent également de communiquer. Cet action aboutit souvent à une réalisation qui s’adresse surtout à nos sens , nos sentiments et nos émotions.
        En général cette action a un souci, un but esthétique.
        On parle d’oeuvre d’art, encore que le contenu de ce terme soit très variable et mal défini (cf les neuf muses), et l’on va jusqu’à dire que “un objet d'art, par définition, est l'objet reconnu comme tel par un groupe d’individus”.!!
        J’ai été étonné de voir au musée d’arts modernes ou vendus très chers, des tableaux comportant quelques bandes de couleur sur un fond blanc : des enfants en font d’analogues à la maternelle. Sont ils des artistes ? Mais ils ne vendent pas leurs oeuvres !
        Mais dans des expressions comme “l’art de faire telle chose”, ou autrefois “la médecine est un art” ... l’art est alors la manière de faire une chose selon une méthode, selon des procédés.

        Qu’est ce que la vérité? C’est tout aussi flou ! C’est la qualité de ce qui est vrai, c’est à dire réel, ce qui est conforme aux faits, ce dont on peut apporter la preuve.
        Mais c’est là l’aspect de la réalité juridique, historique et scientifique. Car dès que nous parlons de pensées, d’imaginaire, de concepts abstraits, la vérité devient plus floue, c’est quelque chose de conforme à des représentations (de préférence les nôtres!). Elle est le contraire de l’erreur et est liée au jugement.
        C’est finalement la conformité de ce qu'on dit, de ce qu'on pense avec ce qui est, de ce qu'on dit avec ce qu'on pense.
        Les cours de philo donnaient maintes interprétations et définitions de philosophes, que j’ai bien sûr oubliées : Aristote, Descartes, Kant, Spinoza, Nietzsche...mais que connaissent peut être les élèves de L d'aujourd'hui.

        Même si les sentiments, les émotions sont des faits réels, ce sont des ressentis personnels, différents de l’un à l’autre, très imprécis, que nous avons bien du mal à décrire, et même à comprendre. L’émotion esthétique, le sentiment de beauté en font partie. Nous avons tous des ressentis différents devant tel type de peinture ou de musique. Le beau s’éprouve alors que la vérité se prouve.
        Un film peut vouloir prouver ce que son auteur considère comme une vérité  (sur un procès par exemple), mais ce n’est pas le coté artistique du film qui lui est lié aux images, aux acteurs aux émotions ressenties, peut être certes liées au sujet, mais indépendamment de la vérité ou de l’inexactitude de celui-ci.
        A la limite l’art, qui est une représentation imaginaire et originale, peut même nous détourner de la réalité.

        Par contre l’art , en tant que méthode, manière de faire une chose demande des qualités analogues à celles nécessaires en sciences, en justice, en histoire pour accéder à la vérité : imagination,observation, perspicacité, rigueur, opiniâtreté et habileté, mais aussi des connaissances techniques du métier

    "L'art est-il moins nécessaire que la science ?"

        Traiter ce sujet m’aurait embarrassé car je le trouve très mal posé, mal rédigé.
        Quelque chose n’est pas nécessaire, utile en soi.
    Je ne peux pas décréter que , si je trouve quelques chose d’utile pour noi, il doit l’être pour tous.
        La science comme l’art sont utiles à quelque chose, nécessaire à certains et pour certaines raisons.
        A mon sens l’utilité et la nécessité de la science et de l’art sont de nature très différentes et on ne peut guère les comparer.
        La science c’est la recherche de la connaissance et de la compréhension du monde, l’expression de la curiosité intellectuelle.
        L’art c’est la recherche de la beauté, de l’émotion par nos sens, l’expression d’un besoin d’un désir, d’une création personnelle.

        Il y a cependant un lien entre utilité de la science et de l’art que l’on peut évoquer, leur pratique et leur apprentissage est formateur pour l’esprit.
        Or ils mettent en oeuvre des qualités intellectuelles voisines :  travail, imagination, créativité, une certaine rigueur, le sens de l’observation, une idée des ordres de grandeur et des proportions, un souci du détail allié à une vision globale des choses, ce qui est parfois contradictoire.

        Alors oui l'art est moins nécessaire que la science pour comprendre le monde, mais la science est moins indispensable pour comprendre la beauté.


    - "La culture dénature-t-elle l'homme ?"

        Je crois que l’un des problèmes du sujet vient en partie du vocabulaire :
    qu’est ce que la culture, et qu’appelle t’on dénaturer.
        On utilise souvent le mot "culture" pour désigner presque exclusivement l'offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres, mais c’est un abus de langage
        En sociologie, la culture est définie comme "ce qui est commun à un groupe d'individus, à une catégorie sociale, à un peuple... et qui le "soude"., lui donne sa personnalité.
        En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature, c'est-à-dire ce qui est de l'ordre de l'acquis et non de l'inné.
        Dénaturer c’est rendre non conforme à la nature. Mais c’est trop restrictif car alors il va de soi que culture et nature sont antinomiques.
        Dénaturer au sens large c’est changer, , mais c’est souvent péjoratif : c’est déformer, altérer.
        Si l’on accepte ces définitions, c’est aussi un “sujet bateau”; du moins autrefois : c’était le cours sur ce qui est inné : hérédité et formation du foetus qui apporte son lot de prédispositions, extrême importance de l’éducation des premières années de l’enfance, puis de l’éducation et de l’instruction en classe, puis de l’expérience que l’on acquiert peu à peu.
        Mais évidemment ce que l’on apprend forme et donc “déforme” l’esprit.
        Ce que nous apprenons nous conditionne.
        C’est aussi le problème du bien et du mal, l’homme est il bon de nature et la société le rend il mauvais ou bien l’homme n’est ni bon ni mauvais, mais la société le rend bon et mauvais selon les circonstances.?
      On pourrait discuter longuement sur ces notions !

     

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    La méthode Freinet

    La méthode Freinet      J'ai parlé hier de la méthode Montessori; il me parait normal de parler d'une autre méthode connue d'enseignement, la méthode Freinet, du nom d'un enseignant qui a créé une école à Vence.

              Sa méthode est moins développée que la méthode Montessori, mais elle a le mérite de ne pas demander des investissements aussi importants et donc de pouvoir s'adresser à des parents aux ressources plus modestes.
              Par contre, je n'ai lu que des articles faits par les professeurs qui emploient cette méthode et non par des chercheurs critiques indépendants.

             Comme la méthode Montessori, la méthode Freinet est basée sur la motivation des enfants d'âges différents, pour un travail qui les intéresse, et sur un travail individuel ou en groupe choisi par le ou les enfants, à l'intérieur d'un programme guidé par l'enseignant pour atteindre les objectifs d'enseigne-ment fixés par l'Education Nationale en français, sciences, maths .... L'enfant qui se passionne se discipline automatiquement et ne rechigne pas au travail.

             Mais les moyens pour les atteindre sont différents : 
                      - les sujets d'étude sont choses tous les matins en écoutant toutes les suggestions des enfants qui évoquent leur vie de tous les jours. Mais évidemment, c'est l'enseignant qui définit ensuite la façon de mener le travail pour que l'enseignement soit efficace.
                      - les travaux se font par atelier et sont des "travaux pratique", mettant en jeu la réflexion, le travail intellectuel, mais aussi le travail manuel pour que tous les sens coopèrent à la mémorisation. En outre les enfants ont la satisfaction de la "chose réalisée". 
             Il ne s'git pas de jeu, mais d'activités partant de situations réelles - cela peut être du bricolage, de la peinture, de la menuiserie, du jardinage, la comptabilité de l'école ... mais ce sont des cadres pratiques, issus de l'environnement quotidien des enfants, pour ensuite acquérir des notions demandées par les programmes scolaires.
                      - les travaux se font par "tâtonnement expérimental", pour respecter le rôle de nos centres d'apprentissage : il faut plusieurs essais après des échecs partiels pour arriver au but satisfaisant. chaque élève dispose d'un plan individuel de travail - même s'il est fait en équipe - avec des objectifs  et des tâches à accomplir. Des fiches permettent à l'élève de comparer ses réalisations à ses objectifs et l'enseignant l'aide au besoin à détecter et corriger ses erreurs. Eventuellement un camarade peut aussi en aider un autre.
              Les sécrétions dopaminergiques des neurones des centres d'apprentissage entraîne le plaisir de l'enfant suite à la réussite de son action.
                      - ces travaux souvent manuels sont le prétexte pour apprendre des notions par exemple de mathématiques, de sciences ou même de technologie. Mais la rédaction de journaux de classe, d'échanges avec d'autres ateliers ou d'autres écoles, de documents sur les réalisations faites sont l'occasion d'apprendre le français, l'orthographe, la rédaction, la description .... Certaines de ces documents sont envoyés aux parents, qui encouragent le travail de leurs enfants.
                      - le travail en groupe et les échanges sont l'occasion de s'entraîner à la communication et aux contacts sociaux.

             Je cirerai un exemple cité dans un article d'Olivier Houdé, , ancien instituteur Freinet et professeur de psychologie à l'université Paris : le "projet bouclier" effectué dans une classe d'élèves de 5 à 8 ans, dont l'un d'entre eux s'était passionné pour les boucliers des chevaliers et avait motivé toute la classe. Le professeur a alors organisé un atelier de fabrications de boucliers, pendant une partie du temps de deux semaines.
             La décoration a été l'occasion d'étudier des figures géométriques, de calculer des dimensions, des surfaces, de calculer le prix d'achat des fournitures (carton, colle...). Il y a un travail manuel, mais aussi une organisation : atelier de découpe, de collage, de dessin, de décoration... Puis les élèves ont rédigé un document sur l'emploi du bouclier par les chevalier. Ils ont mimé des combats et ont dû les raconter. Un petit document  été publié et envoyé aux parents.
             C'est évidemment à l'enseignant à harmoniser des actions pour qu'elles cadrent avec les programmes officiels de connaissances;

             Comme pour la méthode Montessori les résultats en sciences sont équivalents à ceux obtenus par les méthodes classiques, mais par contre les résultats en français et expression écrite et orale sont meilleurs. Par ailleurs les violences et les d'incivilités ont disparu et l'attention et la motivation des élèves est beaucoup plus grande.

             L'un des points que j'ai retenu est le rôle du "tuteur" assuré par l'enseignant, mai aussi par un camarade vis à vis d'un autre, et qui est aussi un facteur d'apprentissage pour l'élève qui aide l'autre (et cela je l'ai expérimenté moi-même quand, enfant, j'étais en classe, car à l'époque c'était une règle que suivaient les professeurs).
             Ce rôle introduit un sentiment de confiance entre élève et tuteur, très différent pour l'enseignent de celui qu'il peut inspirer dans un discours magistral pédagogique collectif depuis son bureau et le tableau noir ou blanc.
             Mais il est sans doute plus difficile pour lui, car il doit sans cesse inventer des sujets et des tâches nouvelles. il lui faut susciter le concours de l'enfant à la pêche demandée, lui préciser, la simplifier éventuellement, détecter ses erreurs, l'aider à se mettre sur la voie des solutions, lui éviter un sentiment d'échec, mais l'aider à se réorienter, à mesurer ce qui lui reste à faire pour atteindre l'objectif. Lui faire aussi percevoir l'organisation et l'enchaînement des tâches.
             C'est sûrement passionnant, mais cela demande beaucoup plus de travail et d'engage-ment de la part de l'enseignant.

             Enfin, alors que la méthode Montessori  est surtout utilisée en maternelles, CP et CE1, la méthode freiner est tout à fait utilisable dans tout le primaire et même en 6ème et 5ème et semble y donner les mêmes bons résultats.
            Je n'ai pas trouvé d'article sur son emploi dans les lycées techniques où elle devrait aussi donner de bons résultats. 

    La méthode Freinet

                
         

     

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  • La méthode Montessori

     La méthode Montessori
                 Quand j'étais gosse et que j'avais des tentations de flemme, ma grand-mère, qui avait été institutrice dans sa jeunesse, me disait : "Rappelle toi que quand tu es né, tu n'avais rien dans le cerveau, seulement un énorme potentiel d'apprentissage; alors rappelle toi aussi que c'est en écoutant tes parents et tes professeurs que tu deviendras intelligent."

             Je n'ai jamais oublié ces paroles et j'ai, tout au long de mes études, puis en écoutant tous ceux qui m'ont appris de nouvelles choses, essayé de devenir plus intelligent.
             Alors je suis inquiet quand je vois certaines statistiques concernant les 12 millions de cerveaux qui font leurs études, qui passent en moyenne 4 heures par jour devant un écran - télévision, tablette ou ordinateur - et de plus consultent deux milliards de fois leur smartphone grâce à une connexion sur internet.
             Les rapports de l'Education Nationale évoquent une baisse de 40 % des performances de lecture et de calcul, et je constate qu'une jeune de 30 ans de mon entourage, qui a toujours eu en main une calculette, et a des diplômes de bac +3, ne sait plus faire, à la main, une division avec décimales.
             Je suis aussi souvent en contact, par mes blogs, avec des jeunes et je constate que la pensée critique, le bon sens, la confiance en soi et la capacité à se motiver et à soutenir son attention, et à résoudre des problèmes de manière simple et flexible, sont souvent faibles.
             La société a terriblement évolué depuis la jeunesse de ma grand mère (un peu plus de 100 ans) et on peut se demander si les méthodes d'enseignement, notamment primaires, sont encore adaptées à notre évolution.

             J'ai déjà lu des article sur une méthode innovante d'enseignement, la méthode Montessori, mais je ne trouvais pas d'avis très pertinent, d'une part parce que c'était le plus souvent les personnes qui mettaient en œuvre la méthode, qui la jugeaient, et d'autre part parce que les comparaisons avec l'enseignement classique étaient biaisées, car l'échantillon de population était particulier, cette méthode n'étant pratiquée que dans des écoles privées, d'un coût élevé, et donc fréquentées par des enfants de parents très aisés, ou faisant un énorme effort financier pour leur éducation.
             Pour la première fois, je viens de lire un article sur une étude faite sur 200 élèves d'une école publique, par un chercheur en neurosciences au CNRS, Jérome Prado et sa doctorante Philippine Courtier, en collaboration avec Alexis Gascher, enseignant à la maternelle Ambroise Croizat.
              A titre d'information, on compte en France presque 200 écoles utilisant cette méthodes, 115 maternelles regroupant 455 professeurs, 64 écoles primaires et 4 collèges, la plupart privées.   

             En quoi consiste la méthode Montessori et pourquoi a t'elle été utilisée ?

             Les neuro-scientifiques ont attiré l'attention sur le fait que la capacité d'apprentissage et le rythme de travail est très variable d'un enfant à l'autre. L'âge n'est pas un critère absolu, surtout pour la maternelle et les écoles primaires, car la capacité d'éveil et son développement sont  très variables selon les structures des cerveaux et l'environnement familial.
            La méthode actuelle, qui consiste à classer les enfants par classes de même âge et faire un enseignement collectif groupé, n'est peut être pas la mieux adaptée (j'ai déjà fait un article à ce sujet le 05/05/2019). L'enseignant qui fait des cours derrière un bureau, face aux élèves, n'est peut être plus adaptée et la motivation et l'initiative des élèves sont faibles, et cela se ressent au collège où les élèves ne sont pas assez attentifs et où le professeur passe une partie du temps à imposer la discipline et à essayer d'appeler l'attention de ses élèves. De plus le système de concurrence engendré par la notation ne motive pas énormément les meilleurs et dégoûte les moins bons.

             La méthode Montessori veut réagir face à cette constatation en laissant aux enfants beaucoup de libertés pour choisir ce qu'ils vont étudier - en apparence seulement car un matériel pédagogique très élaboré et l'aide de l'enseignant qui va de l'un à l'autre, assure cependant un programme précis.(malheureusement ce matériel pédagogique et cher et rend la méthode onéreuse).
             Dans une école Montessori, les enfants sont groupés par tranches d'âges d'au moins 3 ans et ils étudient selon les moments et leur envie, seul ou avec un autre qui peut être plus ou moins âgé. Les tables sont rangées de façon à favoriser le travail individuel et par secteur (mathématique, lecture, français, arts..), avec à chaque fois des matériels adaptés à plusieurs niveaux d'apprentissage, ces matériels comportant une reconnaissance d'erreur pour indiquer à l'enfant qu'il doit refaire l'essai (c'est le principe de base de l'apprentissage du cerveau). Il n'y a ni punition ni notes, mais l'enseignant évalue en permanence les progrès des élèves.
             L'enfant a une grande liberté de choix de son emploi du temps et de son choix de travail, progressant à son rythme, guidé bien sûr par le professeur.
            Il en résulte un enseignement très individualisé où l'enfant est censé s'engager pleinement, suit ses motivations et collabore éventuellement avec d'autres, mais évidemment guidé par l'enseignant.
    (en particulier pour qu'il varie ses activités et ne se consacre pas à une matière unique)

            A vrai dire cela ne m'apparait pas si nouveau que cela, car, il y a 80 ans certaines méthodes analogues existaient déjà.
            Je n'ai pas connu la maternelle car mes grand parents m'avaient appris à lire écrire et calculer et je suis entré directement en CE2, mais dans l'école où j'étais les enfants de la maternelle n'étaient pas séparés par âge et CP et CE1 étaient ensemble, les tables étaient disposées en demi cercle autour de celle du professeur derrière laquelle était le tableau noir, et les instits, après un cours commun,  allaient d'un  élève à l'autre pour l'aider. Tout au long de mes études secondaires les professeurs demandaient aux élèves qui comprenaient plus vite, d'expliquer à ceux dont l'apprentissage était moins rapide, et j'ai compris et appris au moins autant les cours en essayant de les expliquer aux autres qu'en écoutant le professeur. Mais bien sûr celui-ci surveillait ce que nous faisions et rectifiait si nous faisions une erreur d'explication.
           Par contre les emplois du temps étaient plus rigides que dans la méthode montessori et tous les élèves (sauf en maternelle) faisaient le même genre d'activité à un moment donné. Mais les exercices étaient adaptés à chacun, suivant ce qu'il avait déjà compris et était capable de faire et le professeur passait plus de temps à aider ceux qui avaient le plus de mal à suivre, mais ceux qui avaient compris plus vite ne s'ennuyaient pas et ne consultaient pas leur smartphone (qui n'existait pas encore), car on leur donnait des exercices plus nombreux et plus difficiles à faire.

          Revenons à la méthode Montessori : que dit l'étude qui a été faite pendant 3 ans, dans cet établissement public d'un secteur prioritaire de Vaux-en-Velin, donc dans un quartier où les difficultés sociales compliquent la réussite scolaire ? Dans cette école la moitié des élève a suivi une formation classique tandis que l'autre moitié une scolarité inspirée des méthodes Montessori, 
          Que dire des enfants de cette seconde moitié.?

          D'abord les élèves semblent motivés et content de ce qu'ils font; bien que très actifs ils sont calme, ne chahutent jamais, même s'il travaillent plusieurs ensemble, et le professeur peut se consacrer entièrement ) l'enseignement sans être obligé de maintenir en permanence la discipline.
    Ils s'engageaient plus facilement dans l'apprentissage et avaient autant de maîtrise de soi et de capacités sociales que les élèves du système classique, et par contre les conflits étaient moins fréquents.
         Les résultats calcul se sont avérés équivalents dans les deux types d'enseignement.
         Par contre les enfants des classes de maternelle Montessori sont beaucoup plus performants en lecture, et en maîtrise du vocabulaire et cela pour l'ensemble des élèves, ce qui est important puisque tout enseignement est basé sur le langage et la consultation de textes écrits.
        Ce meilleur résultat semble dû à la méthode utilisée par le matériel pédagogique : elle n'essaie pas au départ de reconnaître des mots associés à des objets, ni même d'assembler des syllabes, mais elle apprend initialement à associer les "phonèmes "- les sons, la prononciation, et les "graphèmes" :- la façon dont ils s'écrivent -. Ce n'est que lorsque ce mécanisme sera acquis que l'on passera aux syllabes, puis aux mots. Et cet apprentissage est fait uniquement en lettre cursives : l'enfant apprend à écrire en même temps et par ailleurs l mémorisation est meilleure car les centres de commande des mouvements de la main y participent. On construit les mots avec la vue, l'ouïe et le mouvement de la main.

         Par contre l'inconvénient de la méthode Montessori est d'être chère en investissements de matériel pédagogique.

         Les résultats de cette étude sur la méthode Montessori sont très encourageant, mais ils ne portent que sur des élèves de maternelle. Personnellement je voudras bien voir une études jusqu'en CM2 !. Par ailleurs il est très difficile de différencier l'apport de l'organisation de la classe, de celui du matériel pédagogique et des méthodes pédagogiques elles mêmes, telle que celle de la lecture, qui effectivement tiennent davantage compte du fonctionnement de notre cerveau.
        Mais certaines parties de la méthode mériteraient sûrement d'être généralisées.
        J'aimerais connaître l'avis des professeurs des écoles, qui nombreux fréquentent Eklablog. J'ai déjà lu quelques blogs sur ce sujet.

    La méthode Montessori

     

     

     

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  • La lecture rapide

         A la suite de mes articles sur l'apprentissage à l'école et l'utilisation de notre cerveau, j'ai eu pas mal de questions. Je vais essayer de répondre à celle-ci :
                  ”La vitesse de lecture joue-t-elle un rôle dans la facilité et la qualité des acquisitions?”

        Je vais essayer de répondre à ces questions en expliquant comment on peut acquérir une plus grande vitesse de lecture et comment je l’ai fait moi-même quand j’avais une trentaine d’année, avec l’aide d’une collègue psychologue qui faisait de l’orientation professionnelle et s’intéressait à l’enseignement de la lecture.
        Mais cette augmentation de vitesse de lecture se traduit par une baisse de la qualité de compréhension.

        Pendant longtemps l’homme n’a connu que la “tradition orale”, mais les informations étaient mal transmises et peu à peu déformées.   
        Puis, pendant des siècles, le livre, d’abord manuscrit, puis, après Gutemberg, imprimé, a constitué le seul moyen d’enregistrement, de conservation et de transmission de la connaissance.
        Mais, depuis quelques dizaines d’années, la radio, le CD, le DVD, le film et Internet remplissent le même office : ils nous transmettent les messages sous une forme plus facile et plus séduisante que ne le faisait l’austère imprimé. En effet, il est plus reposant d’écouter un journaliste que de lire un quotidien. Nous prenons plus de d’intérêt à la vision d’un documentaire télévisé qu’à la lecture d’un livre sur le même sujet.
        Or, à la surprise générale, et contrairement aux prévisions émises il y a quelques décennies par les spécialistes, la production de textes imprimés n’a pas baissé face à cette redoutable concurrence.
        La raison de cette supériorité du texte sur le langage sonore est simple : on lit beaucoup plus vite qu’on ne parle.
        Tandis que l’auditeur d’un conférencier, d’un disque, de la radio, le spectateur d’un film, d’une émission de télévision, perçoivent le message à la vitesse d’articulation orale du  speaker  à un rythme moyen de 150 mots à la minute, un lecteur  lit entre 300 et 500 mots par minute.

        Peut on lire plus vite ?
        On peut vraiment augmenter sa vitesse de lecture de 30 à 50%, mais il faut savoir parfaitement lire et avoir déjà beaucoup lu, avoir une bonne mémoire et  avoir un cerveau préfrontal presque totalement mature (donc disons plutôt étudiant qu’élève)
       
    Les méthodes de lecture rapide sont à proscrire totalement pour un enfant qui ne sait pas encore parfaitement lire, car on risque de perturber considérablement de façon durable sa façon de lire.


        Les méthodes sérieuses de lecture rapide comportent en effet cinq types d’entraînement :
            - d’abord apprendre à se concentrer au maximum.
            - éliminer la subvocalisation. (la vocalisation interne inconsciente de notre cerveau qui prononce mentalement les mots).
            - élargir physiologiquement son champ de lecture et maîtriser les saccades de ses yeux.
            - apprendre à repérer les termes importants.
            - apprendre à résumer et retenir l’essentiel d’une lecture,
    méthodes qui ne sont pas à la portée d’un enfant et empêchent au contraire le bon apprentissage initial de la lecture.

        Contrairement à ce que l’on croit, la lecture rapide demande une attention plus grande que la lecture habituelle, et il faut se concentrer et demander un effort beaucoup plus grand à notre cortex préfrontal. On se fatigue donc plus vite et on ne peut pas lire ainsi tout un roman : ce type de lecture est réservé à des documents peu volumineux et des temps de lecture séparés par des temps de repos entre les documents lus (par exemple du courrier).
        Il faut apprendre à se concentrer au maximum et surtout à maintenir sa concentration. C’est une question de volonté et de fatigue.

        La subvocalisation est le phénomène consistant à prononcer mentalement les mots lus lors d'une lecture silencieuse c'est-à-dire que la lecture devient un discours intérieur.. Elle est inutile et ralentit beaucoup la lecture sans améliorer la compréhension car le cerveau n'a pas besoin d'« entendre » le mot pour en comprendre le sens.
        Mais contrairement à ce que l’on dit ce n’est pas un défaut. Elle est nécessaire au moment de l’apprentissage de la lecture, de la même façon que lorsque, sachant écrire à la main, vous apprenez à taper de vos dix doigts sur le clavier : au début vous épelez les mots pour chercher les touches et ce n’est que lorsque vous vous serez débarrassé de cette habitude que vous taperez vite en anticipant mentalement sur votre frappe, comme vous le faisiez sur votre écriture.
        On arrive avec l’habitude à se forcer à ne pas subvocaliser, mais on constate alors que les erreurs de compréhension et de mémorisation sont alors plus nombreuses.

        On sait aujourd'hui que I'œil d’un enfant ne peut voir plus d'un mot complet. En raison du câblage des cellules photo-réceptrices de la rétine au cerveau, nous ne voyons avec précision qu’un tout petit secteur sur le papier, et les enregistrements réalisés avec des caméras  montrent que les yeux de l'enfant réalisent de courtes pauses sur les lettres au rythme de trois par seconde, saisissant de petits groupes de lettres les uns après les autres.
        Un adulte peut augmenter ce champ de vision  en déplaçant un carton muni d’une fenêtre devant le texte, cette fenêtre étant agrandie progressivement à deux puis trois mots au cours de l’apprentissage, de même qu’on augmente la vitesse de déplacement de la fenêtre et que l’on diminue ainsi les temps de pause.
        On peut ainsi augmenter le champ de vision des mots et la vitesse de parcours du texte, mais ceci n’est possible qu’à une distance assez précise du document qui dépend de votre vision.

        Mais ceci ne suffit pas et vous risquez de ne pas bien assimiler ce que vous lisez et il faut un entraînement complémentaire cognitif pour faire travailler davantage et mieux votre cerveau frontal.
        Les connaissances ou souvenirs stockés en mémoire à long terme peuvent durer des semaines, voire toute une vie (si on les rappelle régulièrement). Les connaissances ou souvenirs stockés en mémoire à court terme (les mémoires “tampon” dont se sert le cortex préfrontal), ne durent qu’au plus quelques secondes si un effort n’est pas fait pour se les rappeler (par exemple par répétition).
        Il y a trois états possibles d’une connaissance : un état de non-acquisition; un état d’acquisition instable (stockage en mémoire tampon); un état d’acquisition stabilisé (stockage en mémoire à long terme). Des expériences ont montré que l’utilisation d’une méthode qui choisit selon certains critères les items à réétudier optimisait l’efficacité des études.
        La lecture rapide va de pair avec une bonne mémoire, d’une part à court terme et d’autre part une bonne transformation en un souvenir à moyen terme.
        Un lecteur qui ne peut conserver en « mémoire immédiate” tous les mots d’une phrase, trébuche mentalement, revient en arrière : il lit donc plus lentement et retient mal.
        Il arrive à l’oeil du bon lecteur et aux mécanismes mentaux qui le commandent, d’anticiper certains des mots des phrases qu’il lit et donc de les lire plus vite. De même notre cerveau préfrontal fait des prévisions par exemple celle de la signification du mot. (soit « venir » soit « apparaître » pour le mot « venir ») ou la nature syntaxique du mot (substantif, verbe, adjectif...) ou son genre (masculin, féminin).
        Ce n’est plus la lecture proprement dite qui va plus vite, mais le mécanisme de reconnaissance et de compréhension dans le cortex frontal et les centres associés de la mémorisation des mots (centres de Wernicke et de Geschwind, dont j’ai déjà parlé dans des articles sur la parole).
        On peut donc d’une part faire des exercices pour améliorer sa mémoire à court terme et la transformation des données en mémoire à moyen terme et d’autre part des exercices qui font reconnaitre dans le texte qu’on lit, sujet, verbes, complément et adjectifs, prépositions ou adverbes importants (par exemple les négations !), en négligeant en quelque sorte les autres mots.
        Un bon entraînement consiste également à résumer des textes en en sortant les idées principales.
        Ainsi, la recherche de “mots signaux” dans une page et la sélection des parties essentielles permettent au lecteur de démultiplier sa vitesse de lecture, en augmentant la vitesse de traitement de notre cortex frontal et des centres associés, notamment de la mémoire des mots.

        J’ai fait il y a 50 ans un tel apprentissage de lecture rapide et je peux vous certifier que l’on augmente sa vitesse de lecture de façon notable, mais sur des textes courts et au détriment de la compréhension des nuances et des détails.
        Mais cela permet par exemple de gagner un temps précieux sur la lecture du courrier.
        Vous vous rappelez les lettres que vous avez lues, les sujets et en gros ce qu’elles disaient.
        Mais si l’une d’elle est très importante et comporte des points particuliers, en général vous la mettez de coté pour la relire à vitesse normale, en pesant tous les termes.
        C’est vrai également pour un contrat, pour un article scientifique. Cela vous permet d’en parcourir vite les pages et de cocher certains paragraphes importants, que vous viendrez relire ensuite, pour mieux en saisir les nuances.
        Je ne conseille pas à mes correspondant(e)s littéraires de lire ainsi les livres nécessaires à leurs études, ni aux étudiant(e)s de prépa ou de médecine de lire leurs cours pour les apprendre en lecture rapide
     
       La lecture rapide n’est qu’un survol de reconnaissance d’un texte.

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