•    Nous avons vu avant hier ce qu'étaient les mémoire. 
       Avant de parler de nos souvenirs de façon pratique et pragmatique, de leur conservation et de leur transformation, je voudrais examiner brièvement les mécanismes de consolidation de la mémoire et l’influence des émotions.

        L'émotion est en effet une dimension essentielle de la vie affective, qui modifie I'ensemble des composantes de la mémoire, notamment en augmentant la quantité de détails mémorisés et le sentiment de réalité d'un souvenir et en participant, par des rappels, à la consolidation de celui-ci.
     
        Nous avons déjà vu que le cerveau, composé de plusieurs centaines de milliards de neurones interconnectés en réseaux, qui communiquent par un code véhiculé sous forme d'impulsions électriques - les potentiels d'action -, peut remodeler, reconfigurer en permanence ses propres circuits, grâce à la plasticité des connexions entre neurones : les synapses.
        Dans ces réseaux d'une extrême complexité, l’information est représentée par l'activité de neurones qui change dans le temps et dans I'espace. Une telle carte d'activation est formée des trains d'impulsions électriques rythmés qui se propagent de neurones en neurones, avec un relais chimique dans les synapses, qui agissent comme un filtre, puisqu’elles ne réagissent qu’à certains neurotransmetteurs spécifiques.
        Ces activités se propagent à différentes aires cérébrales, dites « associatives », ou se combinent les informations de diverses modalités sensorielles, logiques, et émotionnelles, associées au langage, et également atteignent des régions cérébrales capables de coordonner ces groupes de neurones et de rassembler ainsi un ensemble de représentations centrales spécifiques, d’un moment et d’un lieu et de son environnement matériel et humain, qui constituera un souvenir.
        Si, à chaque souvenir, correspond une conflguration particulière d'activité des neurones qui se propage de proche en proche dans les réseaux de neurones activés, ces activités électriques sont, par nature, éphémères, elles ne peuvent persister au-delà de quelques minutes, voire quelques secondes. Comment alors les souvenirs peuvent-ils persister durant des mois ou des années, en retenant leur identité, alors que l'activité neuronale qui représente ces souvenirs a disparu ?   
    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/i07cltra1acopy.jpg
        Cette pérennité du souvenir repose sur un renforcement de certaines connexions que l’on appelle “potentialisation à long terme” (LTP) et sur une plasticité des réseaux neuronaux qui vont se modifier en fonction de l’activité des neurones et de certains facteurs externes.
        Le modèle simplifié de la LTP est principalement dû aux travaux d’un chercheur canadien, Donald Hebb, qui  dans les années 50 supposa que l’intensité d’un signal neuronal et surtout sa répétition, ainsi que l’influence de signaux en provenance d’autres neurones, pouvaient renforcer la connexion entre deux neurones particuliers, constituant ainsi une connexion renforcée plus stable, qui se faisait ensuite plus facilement à un seuil de signal plus faible, , alors que d’autres connexions au contraire , voyaient diminuer leur probabilité d’interaction.
        Un chemin privilégié stable serait ainsi constitué entre tous les neurones qui constituent un souvenir.

        Cette consolidation serait due à des phénomènes biochimiques non encore complètement élucidés, mais par exemple ce peut être l’augmentation de neurotransmetteur en réserve dans les synapses. C’est aussi la “mise en service” de récepteurs (ou “boutons”) synaptiques de neurotransmetteurs, (notamment de glutamate), qui en temps normal sont inactifs et qui après potentialisation, deviennent actifs par transformation de certaines de leurs protéines, de telle sorte que des quantités d’ions calcium plus importantes entrent dans la synapse, déclenchant l’influx nerveux pour une faible sollicitation.
        Dans certains cas, davantage liés à des apprentissages, on constate que dans les circuits de réalisation de certaines actions, non seulement cette potentialisation a lieu, mais encore le nombre de synapses, voire de dendrites augmente, et même des neurones consacrés à d’autres actions sont détournés de leur fonction première, pour renforcer les actions issues de l’apprentissage.
        En fait les phénomènes chimiques sont très complexes, initialisés par une activation des gênes du neurone, qui vont entraîner la synthèses de protéines, qui entraîneront des modifications de l’environnement des synapses.

    Nos souvenir.s se consolident ou disparaissentNos souvenir.s se consolident ou disparaissent




    Nos souvenir.s se consolident ou disparaissent






     


     

     

     

     

     

     


    Ceci est un mécanisme élémentaire, mais quel est le macromécanisme.   Il est basé sur 3 actions :
            - la force du signal initial : si le souvenir est peu important pour nous, rassemble peu d’éléments, le signal sera plus faible et le renforcement moindre.
            - la répétition : si le souvenir est important, nous y penserons souvent après l’événement et la répétition de ces évocation entraînera le renforcement. Nous verrons que cette répétition peut être inconsciente lorsque nous dormons.
            - l’influence d’autres centres  - par exemple émotionnels, - dont les synapses liées aux dendrites d’un neurone vont participer au renforcement du signal sur son axone.


        L’imagerie cérébrale a montré que des personnes subissant un apprentissage répétaient mentalement dans leur cerveau, pendant leur sommeil lent, les processus et gestes de leur apprentissage, renforçant ainsi les connexions entre synapses et neurones, mémorisant mieux l’apprentissage et celles-ciétant ensuite plus performantes que celles des personnes n’ayant pas dormi.
        On suppose que pendant le sommeil lent et profond, le cerveau repasse mentalement les éléments des souvenirs importants des jours récents, (alors que pendant le sommeil paradoxal, il se débarrasse plutôt des souvenirs superflus ou néfastes), et repassant ainsi nos souvenirs en boucle, notamment dans le cerveau émotionnel (voir mes précédents articles sur la mémoire et le “circuit de Papez”), il les renforce et les rend durables.
        Il semble également que le sommeil lent s’accompagne d’un “recalibrage de la puissance synaptique", afin d’économiser l’énergie dans le cerveau.
        Pour fixer les idées, supposons que la puissance moyenne de synapses soit de 100 et qu’après potentialisation une synapse soit passé à 140 tandis que sa voisine est restée à 100, pendant le sommeil, des transformations moléculaires ramèneraient les deux puissances à 120 et à 80, pour ne pas augmenter la puissance moyenne et le besoin énergétique. 

        Je viens de vous donner une idée très simplifiée de la façon dont nous fixons dans notre mémoire nos souvenirs. Mais j’ai dit que des événements extérieurs pouvaient aussi agir sur notre cerveau pour accroître ce renforcement, ou le modifier.
        Demain, je traiterai le renforcement émotionnel des souvenirs et leur transformation dans le temps, de telle sorte que ce que nous nous rappelons n'est souvent pas très fiable et ne correspond pas forcément à la réalité.

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  • "La mémoire perceptive" :

              Nos cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût) réalisent de très nombreuses perceptions (environ 40 fois par seconde quand nous sommes éveillés). Un centre de notre cerveau émotionnel, le thalamus les coordonne et les trie. La majorité de ces informations n’a une durée de vie que de quelques secondes, puis elles sont détruites. (par exemple vos yeux voient l'image de votre environnement, mais rien n'appelle votre attention).
              Certaines plus pertinentes, sont interprétées par les centres spécialisés, (comme celui de la vision à l'arrière du crâne), puis les informations sont stockées, dans une mémoire à court terme, dans les aires associatives, qui lient les informations des différents sens à un moment donné et éventuellement des éléments linguistiques. Elles y resteront tant que nous en avons besoin (par exemple où ai-je garé mon vélo dans une rue, ou mon caddie dans le magasin).
             Enfin, sur ordre du cortex préfrontal, ou parce qu'elles ont une valeur émotionnelle, certaines mémorisations vont, après avoir été interprétées par les centres spécialisés, être "consolidées" grâce à l'hippocampe, et seront stockées dans la mémoire à long terme pour constituer des souvenirs.
              La mémoire perceptive est automatique et inconsciente, mais, à condition de faire attention et d'être concentré sur l'environnement, nous pouvons orienter nos perception et en partie forcer leur mémorisation, au moins pour une certaine durée.
              Par ailleurs les événements qui ont suscité en nous des perceptions fortement émotionnelles (voire traumatiques), sont beaucoup plus mémorisés, certains pour toujours.

    "La mémoire épisodique" :

              C'est l'ensemble des souvenirs datés des événements de notre vie (ce peut être une information ponctuelle, ou toute une scène complexe).
    Mieux utiliser notre mémoire.  attention, l'article n'est pas fini          Sur le moment les perceptions qui sont liées au souvenir ne sont que temporaires. Pour les rendre durables, il faut renforcer les liaisons entre synapses des neurones qui vont intervenir dans le rappel du souvenir. On pense que, pendant la nuit, l’hippocampe et le thalamus, jouent à la « pompe à souvenirs », et font circuler toutes les données des souvenirs récents, qui « tournent en rond » dans ce qu’on appelle le circuit de Papez (voir schéma ci-contre).
              Les modifications intervenant au niveau des neurotransmetteurs, renforcent les liaisons entre les synapses des neurones concernés, renforçant ainsi le souvenir par ces répétitions successives de l’information à mémoriser.
              Le souvenir est alors stocké dans la « mémoire épisodique à long terme », qui va garder les souvenirs quotidiens de notre vie. Les images sont en général stockées dans l’hémisphère droit, alors que les éléments de langage sont stockés dans la « mémoire lexicale », dans le centre de Geschwind, dans l’hémisphère gauche.

              Un souvenir complexe est fait de très nombreuses données. Notre attention peut ne pas être portée sur tous ces détails et certains ne sont peut-être pas transmis au patron, le cortex préfrontal. Celui-ci peut aussi négliger certaines informations qu’il ne juge pas importantes.
              Donc si l’on mémorise une scène, il est probable que de nombreux détails ne seront pas consolidés dans la mémoire à long terme et seront peu à peu détruits.
              Mais à l’inverse l’hippocampe fait un « paquet » des informations du souvenir, et donc va stocker ce paquet, (ou plus exactement les « adresses « des connexions entre neurones qui le composent), y compris sans doute des informations sans intérêt.
              Le souvenir sera composé non seulement de sensations, mais aussi « d’étiquettes », qui sont des mots associés aux objets ou actions, et finalement, il s’accompagne d’une description par le langage et d’une certaine datation dans le temps.

              Mais un grand nombre de détails de la scène n’ont pas été mémorisés, ou l’ont été pendant un certain temps, puis, comme ils n’étaient pas importants ou n’étaient pas souvent rappelé, ils ont peu à peu disparu. Car il faut, pour qu’un souvenir reste, que les liaisons privilégiées entre synapses restent renforcées, et pour cela, qu’on rappelle de temps à autre le souvenir pour que ces liaisons reprennent de la vigueur, faute de quoi, elles s’affaiblissent jusqu’à presque disparaître : c’est l’oubli.
              Le plus souvent ces morceaux de souvenir oubliés ne disparaissent pas complètement, mais restent enfouis dans l’inconscient. L’hippocampe ne connaît plus les adresses des neurones correspondants. Un fait particulier peut servir d’amorçage et le souvenir revient.

     "La mémoire lexicale" :

              C'est la mémoire des mots, du vocabulaire, de son utilisation et donc de la grammaire et de la syntaxe.
              Elle résulte de la collaboration de plusieurs centres de la parole : le centre de Broca qui élabore les phrase, le centre de Wernicke qui traduit les sons entendus en mots et en phrases, et le centre de Geschwind, qui stocke le vocabulaire par type d'objet ou d'action.
              On peut apprendre par cœur une liste de mots sans signification. Ce sera d'autant plus facile que la mémoire est entraînée à cet exercice. Mais l'efficacité sera meilleure si les mots ont une signification (celle de la langue parlée). La mémorisation sera encore plus efficace si les mots sont reliés entre eux en formant des phrases, et encore meilleure si ces phrases racontent une histoire.
              Mais, dans tous les cas, la mémorisation ne se fera que si on a la volonté de la faire et qu'on y consacre attention et motivation.

    "La mémoire déclarative" :

              C’est l’ensemble des connaissances et de l’expérience que nous avons acquise, non pas sous forme de souvenir de vie, mais sous forme d’acquisition par apprentissage.
              Elle se forme sur ordre et travail du cortex frontal et des centres d’acquisition (image, langage lecture, son ..) grâce à la stimulation des centres d’apprentissage, et le renforcement se fait par rappel des données dans le circuit de Papez, pendant le sommeil. (on se rappelle mieux des données étudiées la veille au soir après avoir dormi).
     Mieux utiliser notre mémoire.  attention, l'article n'est pas fini         Cette mémoire est organisée en items, assemblés logiquement et hiérarchiquement, rattachant ainsi les connaissances entre elles, l’une appelant l’autre, en reconnectant les groupes de neurones.
              Elle est aussi interconnectée avec la mémoire lexicale, la mémoire perceptive et la mémoire épisodique, le schéma ci–contre montrant comment le mot « canari », peut appeler des connaissances, des souvenirs passés et des perceptions, le tout accompagné des mots correspondants.
             Là encore le rôle de l’hippocampe est primordial, puisqu’il organise les connaissances en reliant ensemble le groupes de neurones suivant des liens logiques croisés, et il est aussi le bibliothécaire, car connaissant ces liens, c’est lui qui rappelle ainsi les connaissances quand le cortex préfrontal le demande, s'il n'est pas capable de le faire seul.
              La mémoire déclarative, qui est à l'origine de l'acquisition de toutes les connaissances est donc basée sur la compréhension de ce que l'on doit apprendre, la mise en place dans une structure de classement logique, et la répétition de l'information pour la prise en compte par le système d'apprentissage.

    "La mémoire émotionnelle" :

              Nos émotions sont présentes dans les souvenirs de la mémoire épisodique.
              La notion de mémoire émotionnelle ne doit pas être interprétée comme un emplacement particulier pour les souvenirs chargés d'émotion.
              En créant cette catégorie, les neurobiologistes veulent simplement attirer l'attention sur le fait que les souvenirs ayant un fort caractère émotionnel sont mieux et plus fortement mémorisés et cela de façon en partie inconsciente et automatique.
               C'est principalement dû au rôle des centres amygdaliens, qui contrôlent notamment les émotions fortes, la peur, la colère, le stress...
               On se rappelle mieux et pendant plus longtemps les détails des événements qui nous ont touché sentimentalement, de tous ceux qui nous ont apporté du bonheur, mais aussi de ceux qui nous ont marqués négativement, voire nous ont traumatisés. C'est le cas par exemple des accidents, attentats, catastrophes dont on a été témoin, et qui marquent de façon presque indélébile notre inconscient.

    " Les mémoires procédurales" :

               Enfin les « mémoires procédurales » concernent tous les automatismes que nous avons appris et qui sont devenus presque inconscients.
              Ce sont des « automatismes", des « procédures d’actions physiques » dans lesquelles notre « cervelet », coordonne de façon inconsciente (sans appel au cortex préfrontal), nos sens, notamment vue, ouÏe et toucher, ainsi que nos centres moteurs, qui commandent les mouvements de nos membres.
              Ces actions, ce sera par exemple marcher, faire du vélo, conduire une voiture, nager, jouer d’un instrument de musique, lire, écrire, ou taper sur un clavier…..

               Lors de l’acquisition, le cortex frontal est obligé de travailler avec les centres d’appren-tissage, les centres de perception et les centres moteurs. Puis au fur et à mesure que les automatismes sont appris, il passe le relais au cervelet.
              Il existe toutefois des automatismes où ce n’est pas le cervelet qui agit, mais nos centres amygdaliens (défense contre un danger), ou nos centres du langage notamment Broca (procédures mathématiques) ou lors d’automatismes verbaux (le rôle d’un acteur).

    Conclusion :

     

     De ce bref tour d'horizon de la biologie de la mémoire, que devons nous retenir ?

             - D'abord que nous mémorisons une multitude de sensations mais pour une durée brève, et que seuls des événements ou données importantes sont mémorisées à long terme.

             - Que la plupart des processus de mémorisation, notamment ceux du déroulement de notre vie (mémoire épisodique), sont automatiques et inconscients, mais que les souvenirs mémorisés à long terme, peuvent être rappelés volontairement en mémoire. Toutefois, si nous ne les rappelons pas ainsi, les liaisons entre les neurones qui les composent, s'affaiblissent et le souvenir passe peu à peu dans l'oubli. Il peut également se transformer par l'ajout d'éléments extérieurs (récits, photos..).

               - Que les souvenirs qui nous touchent émotionnellement sont plus fortement fixés dans notre mémoire et donc à plus long terme.

               -  Que les domaines dans lesquels nous avons une mémorisation volontaire sont ceux du vocabulaire et de son emploi (mémoire lexicale), de nos connaissances (mémoire déclarative) et de nos automatismes (mémoire procédurale).
               Dans ces domaines,
                        • la mémorisation exige un effort de volonté, d'attention, de concentration.
                        • la mémorisation est basée sur la répétition du processus de mémorisation (système d'apprentissage)
                        • la mémorisation nécessite la compréhension de ce qu'on veut mémoriser et, le plus souvent, son classement dans un processus et une structure logique.
                        • la mémorisation est meilleure si on associe plusieurs sens : par exemple, pour retenir un texte, le lier (vue) le prononcer à voix haute (ouïe), et l'écrire (mouvements de la main).

    et surtout :

                 - que la mémoire n'est pas innée, mais qu'elle s'acquiert en l'exerçant, en mémorisant de nombreuses choses diverses, et en l'entretenant tous les jours.
                 - que la mémoire c'est 50% de l'intelligence : sans le recours aux choses mémorisées, nous ne pouvons réfléchir, prévoir, organiser, décider agir.      

              
              Le schéma ci-dessous montre l'emplacement des divers centres du cerveau qui ont été cités ci-dessus.

     

    Nos mémoires (2)

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  • J’ai déjà fait plusieurs articles sur notre mémoire (voir catégorie cerveau- mémoire de mon blog en mars 2016).
        Mais je reçois toujours des questions sur ce sujet ainsi que sur l’évolution de nos souvenirs.
        Je vais donc refaire quelques articles dans lesquels j’essaierai d’expliquer les choses autrement.

        Aujourd’hui je vous présenterai un schéma de principe de nos mémoires, que j'ai élaboré à parti de schémas partiels plus détaillés, admis par les neurobiologistes.

        Notre cerveau possède trois grandes sortes de mémoires :
             - une mémoire à court terme qui permet de garder présent à l’esprit pendant de courts instants des données que nous allons ensuite traiter.
            - une mémoire à long terme où nous conservons de très nombreuses informations de toutes nature, pour les rappeler ensuite et nous en servir à des fins diverses. Elle est répartie dan tout le cerveau.
            - une mémoire procédurale où nous stockons des modes opératoires que nous appliquons ensuite, souvent de façon presqu’automatique.
          
        L’ensemble de ces mémoires est dirigé par un administrateur central, le cortex préfrontal, qui oriente la recherche d’information, leur destination et leur stockage éventuel.
        Un "bibliothécaire", l'hippocampe, va tenir à jour une banque de données de nos souvenirs et il orientera à la demande, les connexions temporaires entre les différents neurones qui constituent un souvenir particulier.
         Un outil, le système d'apprentissage et de récompense va permettre d'acquérir de nombreuses notions qui seront ensuite stockées en mémoire.

         Dans l'article d'aujourd'hui, je parlerai de ces trois moteurs de notre mémoire; dans les prochains articles, je détaillerai les mémoires, puis je parlerai des souvenirs et enfin de la façon dont on peut améliorer ses mémoires.

     Le cortex préfrontal : 

           
      C'est sous notre front, la partie du cerveau qui réfléchit, calcule, prévoit, organise, commande, agit. C'est le patron, le chef d'orchestre. Les mémoires sont à son service.
              Entre cet administrateur central et les diverses mémoires, deux "mémoires tampon"  de travail stockent l'une du langage, l'autre des représentations, notamment images et cartes visuelles, pendant le temps nécessaire à l'utilisation de leurs données, qui sont ensuite remplacées par d'autres pour la poursuite de la réflexion et de l'action. Ces mémoires ne peuvent stocker que peu d'information (six ou sept paquets) et nous ne pouvonns donc faire de façon précise plusieurs tâches à la fois.
               Par ailleurs une mémoire relais permet les transferts des informations, du cortex et des mémoires de travail aux diverses mémoires et réciproquement.
               Pour les souvenirs bien établis (et souvent anciens);, le cortex préfrontal sait auprès de quels neurones il peut trouver les informations qui constituent le souvenir. Mais, pour les souvenirs nouveaux, il a besoin de l'hippocampe pour les consolider et relier entre eux les neurones constitutifs.

     
     L'hippocampe :

         C'est un centre du cerveau émotionnel, en deux parties cerveaux droit et gauche, qui a différentes fonctions. il contrôle notre navigation dans notre environnement (voir mes articles des 7 et 9 novembre 2016 sur le GPS de notre cerveau). Il a un rôle inhibiteur pour bloquer certaines actions indésirables. 
          Dans le domaine de la mémoire, il reçoit des informations de l'ensemble du cerveau, trie les informations nouvelles et les renvoie aux neurones d'où elles sont issues, ce qui renforce les connexions entre neurones. Si ces informations sont importantes, ces aller et retours vont se faire plusieurs fois, notamment pendant le sommeil, et les connexions entre neurones formant un souvenir sont renforcées. Le souvenir à court terme, devient un souvenir à long terme.
          Pour des souvenirs peu utilisés le cortex préfrontal qui veut les consulter demande à l'hippocampe de remettre en communication tous les neurones le constituant. Mais à force de consulter souvent un souvenir, le cortex préfrontal finira par savoir lui même faire ce travail de remontée du souvenir.

    Le système d'apprentissage et de récompense :

           On ne peut continuer l'étude de la mémoire sans parler du système d'apprentissage et de récompense. Le cerveau émotionnel comprend un ensemble de centres qui permettent les apprentissages élémentaires des enfants, puis les apprentissages durant les études et dans la vie, en réagissant aux résultats et au plaisir  ou déplaisir de nos actions : ils engendrent un sentiment de satisfaction par la libération de dopamine, un neurotransmetteur qui apporte une "récompense". 
              Que ce soit pour le bébé qui essaie d'attraper un objet, pour le jeune qui fait un exercice ou par la suite l'adulte qui tente une action, le processus est le même : 
               On tente un essai et s'il est réussi, la libération de dopamine apporte récompense et satisfaction. Si dans l'essai suivant le résultat est moindre, pas de dopamine et donc sanction. S'il est meilleur nouvelle récompense. Peu à peu, le résultat se perfectionne et on a acquis le processus recherché, que ce soit pour le bébé saisir un objet ou apprendre à marcher, ou pour l'enfant apprendre à faire du vélo, à jouer du piano, ou apprendre à lire et écrire ou à faire des exercices de maths.
                 La mémorisation met également en jeu le système d'apprentissage.

                Par la suite, ce système reconnait les situations qui apportent satisfaction et plaisir et c'est lui qui est à la base de la mémorisation de ce qui nous est bénéfique.
                 La mémorisation est donc basée sur la répétition des situations et actes à mémoriser.

         Demain je décrirai les diverses sortes de mémoires.

    Nos mémoires (1)

     

        

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures1/apprendre.jpg

        Trouvera-t-on un jour dans le commerce des casques de stimulation magnétique permettant de mieux apprendre ses leçons ? Si I'on ne tient pas compte du prix considérable de tels équipements, c’est possible, mais cela ne dispenserait pas les élèves de travailler et d’une part de l’apprentissage de la leçon et d’autre part de sa compréhension.

        De récentes expériences ont en effet montré que l’on pourra peut-être améliorer sa mémoire en posant quelques électrodes sur son crâne avant d'aller dormir.
        Des neurobiologistes de I'Université de Lübeck,en Allemagne,ont stimulé pendant leur sommeil, le cortex préfrontal de volontaires avec des impulsions magnétiques, produites par un électro-aimant, et ils ont constaté que cela renforçait leur mémoire de mots qu'ils avaient appris juste avant de s'endormir.
        Les impulsions reproduisaient le rythme naturel d'oscillation des neurones pendant la première phase du sommeil, le sommeil profond, avec un rythme d'une oscillation par seconde. (1 Hz).
        Les volontaires devaient apprendre une liste de mots avant d'aller se coucher et on leur faisait passer un test le lendemain pour savoir combien ils en avaient retenu. Le traitement à base d'impulsions magnétiques leur a permis d'en retenir deux fois plus !

        Comment peuvent agir ces ondes magnétiques ?
        Elles instaurent un rythme périodique de polarisation et de dépolarisation des neurones (cycles analogues à des décharges électriques) dans le cortex préfrontal et dans le cortex pariétal, où tous les neurones connectés déchargent alors en même temps.
        Ces oscillations lentes favorisent la communication d’une part entre le cortex frontal qui “dirige les opérations”, l’hippocampe, où les souvenirs sont fraîchement stockés (et qui sera ultérieurement la table des matières des souvenirs), et les zones où ils sont consolidés dans le cortex pariétal.
        En quelque sorte, les souvenirs « s'échapperaient » plus facilement de l'hippocampe sous I'effet des ondes lentes et iraient plu rapidement et de façon plus durable, se consolider dans le cortex pariétal.

        En outre, ces oscillations lentes engendrent un autre type d'activité neuronale plus rapide connue sous le nom d'activité en fuseaux, à la fréquence de dix oscillations par seconde environ. De telles oscillations provoqueraient une entrée de calcium dans les neurones du cortex, renforçant I'efficacité des synapses et, par conséquent, le stockage des souvenirs.
       
        Mais cette acticvité de tri des informations et de mémorisation a lieu naturellement pendant le sommeil (même sans casque lol, voir mes articles des 8/04/2018, 19/09/2019 et 25/11/2019)

        C’est la raison pour laquelle il ne faut pas faire votre travail au dernier moment. Vous avez intérêt à commencer à le faire, à y réfléchir plusieurs jours avant (surtout les dissertations, mais même les problèmes de math et physique), car votre cerveau triera les informations pendant votre sommeil et de nouvelles idées vous viendront le lendemain,.
        Elles étaient “noyées dans la masse d’informations” la veille, et vous ne pouviez les voir, alors que le lendemain les détails superflus ayant été éliminés et les informa-tions classées, tout sera plus clair, plus simple et ces idées pourront émerger dans votre cortex, votre cerveau ayant renforcé les connexions s’y rapportant pendant votre sommeil .
         Par ailleurs on retient mieux en général une leçon apprise avant de se coucher, alors qu’on résout mieux les problèmes et qu’on a davantage d’idées le matin quand le cerveau est débarrassé de tous les souvenirs superflus.


        En prime, 10 conseils pour réussir à bien apprendre ses leçons :

        1. - Ecouter en classe le professeur expliquer la leçon.
        2. - Etre dans un endroit calme et confortable avec tout le matériel nécessaire.
        3. - Apprendre ses leçons tout de suite en rentrant de l’école et les relire avant de s’endormir.
        4. - Lire le texte plusieurs fois dans sa tête puis à haute voix.
        5. - Chercher les mots que l’on ne comprend pas bien dans le dictionnaire.
        6. - Demander à quelqu’un ou à ses parents de nous poser des questions sur la leçon.
        7. - Apprendre paragraphe par paragraphe pour ne pas s’emmêler et bien structurer les idées..
        8. - Décrire ou écrire ce que l’on a retenu de la leçon.
        9. - Ecrire sans regarder la leçon, ce qui est le plus important, un résumé.
        10. - Faire des petits exercices pour vérifier si l’on a bien compris la leçon.

        J’ai trouvé ces conseils sur internet, mais, quand j’étais enfant, mes grands parents m’avaient donné et fait appliquer presque les mêmes recettes.

     

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  •    
    J’ai été assez inquiet, après avoir lu un compte rendu d’une étude menée depuis des années par I'équipe de Joseph LeDoux, a I'Uníversité de New York, sur le fonctionnement d’une molécule, le “UO 126”, qui a la capacité d'effacer certains souvenirs.
        Schématiquement, cette molécule empêche la fabrication, dans le cerveau, de protéines qui créent des souvenirs en renfonçant les connexions entre neurones.

        Injecter le produit UO 126 à un patient rendrait impossible la mémorisation des événements désagréables. En ce qui concerne les souvenirs déja stockés, on pourrait les effacer d'une façon très simple : iI suffirait de les réactiver temporairement et d'injecter le produit, juste au moment ou ils sont “réveillés”
        Valérie Doyere (CNRS, Uníversité París-Sud) a créé des souvenirs traumatiques chez des souris (par exemple, en leur envoyant une décharge électrique dans les pattes après leur avoir fait entendre une clochette, ce qui crée le souvenir d'une douleur associée a un son), puís elle a réactivé brièvement le souvenir de la douleur en faisant tinter la clochette, et a injecté le composé UO 126. Quelques jours plus tard,  les souris ont perdu la trace de cette expérience. Elles ne présentent plus aucun signe d'angoisse en entendant la clochette.
         L' équipe a montré que le produit a effacé les connexions entre les neurones activés par la clochette et ceux qui déclenchent la peur. Cette dissociation du souvenir est observée dans une zone clé de la mémoire traumatique, les noyaux latéraux ds centres amygdaliens.
        En outre, les neurobiologistes ont constaté que d'autres souvenirs traumatiques ne sont pas effacés par cette manipulation, tant qu'ils ne sont pas réactivés.

        Au moment où un souvenir est réactivé, les neurones qui participent à ce souvenir échangent des influx nerveux intenses, et iI semble que les connexions soient alors dans un état instable, prêtes à se défaire ou, au contraire, à se renforcer.
        C'est comme si le cerveau attendait un signal pour savoir s'iI doit renforcer ou non les connexions en jeu, et le composé UO 126, en privant le cerveau de nouvelles protéines qui viendraient renforcer les connexions importantes pour tel ou tel souvenir, détruit ces connexions, qui sont les seules activées au moment de l’injection, et pas les autres

        Comme toutes les découvertes, celle-ci peut être utilisée à bon ou à mauvais escient.

        En thérapeutique, ce produit pourarit être utilisé pour supprimer des souvenirs traumatiques, liés a des événements désastreux, choquants ou effrayants., tels que víols, accidents ou attentats, voíre certaines phobies.
         Je pense que ceci serait bénéfique à deux conditions : que ce soit sous surveillance médicale et avec l’accord du patient.
        L’utilisation serait ausi possible quand une personne est, par exeple, dans un état voisin de la dépressuion après un deuil douloureux.
        Mais je pense qu’alors le médecin ne devrait pas avoir le droit de pratiquer un tel effacement sans l’accord du patient et il faudrait alors en mesurer toutes les conséquences, ce qui suppose encore de nombreuses études.
        Dans ma jeunesse, j’ai été très touché par la mort accidentelle d’un être cher et le souvenir des jours qui l’ont suivie me sont certes très pénibles. Mais je me rappelle surtout maintenant les souvenirs des jours heureux passés avec cette personne et je ne voudrais pas perdre ces souvenirs en effaçant ceux qui me sont pénibles.

        Par contre ce qui m’inquiète, ce serait une utilisation hors thérapeutique, si par exemple un patient disait “ce souvenir ne me plaît pas, celui-ci est bien, celui-Ià non, éliminez cet épisode qui m’est inutile...”, se livrant ainsi à une sorte de “lifting mnésique”, en faisant le ménage parmi ses souvenirs : une rupture amoureuse difficile, (cela arrangerait certain(e)s), des amis que I'on ne souhaite plus fréquenter, ou oublier une femme que l' on a trop aimée.
        Un petit coup de balai neuronal, et l' on pourrait se créer une existence à la carte, grâce à la molécule UO 126.
        Et en allant plus loin des personnes indélicates pourraient supprimer les souvenirs d’autres personnes, par exemple des témoins gênants ! Voilà qui intéresserait les dictateurs et la raison d’Etat !
        Tout cela me paraît par contre assez dangereux.
     
         Mais on ne trouve pas de publication récente sur ce sujet, les principaux travaux ayant eu lieu entre 2007 et 2012. Il est possible, soit que le procédé soit moins efficace que prévu chez l'homme, soit que les chercheurs se soient rendu compte du danger potentiel.
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