• Effacer des souvenirs, est-ce possible ?


       
    J’ai été assez inquiet, après avoir lu un compte rendu d’une étude menée depuis des années par I'équipe de Joseph LeDoux, a I'Uníversité de New York, sur le fonctionnement d’une molécule, le “UO 126”, qui a la capacité d'effacer certains souvenirs.
        Schématiquement, cette molécule empêche la fabrication, dans le cerveau, de protéines qui créent des souvenirs en renfonçant les connexions entre neurones.

        Injecter le produit UO 126 à un patient rendrait impossible la mémorisation des événements désagréables. En ce qui concerne les souvenirs déja stockés, on pourrait les effacer d'une façon très simple : iI suffirait de les réactiver temporairement et d'injecter le produit, juste au moment ou ils sont “réveillés”
        Valérie Doyere (CNRS, Uníversité París-Sud) a créé des souvenirs traumatiques chez des souris (par exemple, en leur envoyant une décharge électrique dans les pattes après leur avoir fait entendre une clochette, ce qui crée le souvenir d'une douleur associée a un son), puís elle a réactivé brièvement le souvenir de la douleur en faisant tinter la clochette, et a injecté le composé UO 126. Quelques jours plus tard,  les souris ont perdu la trace de cette expérience. Elles ne présentent plus aucun signe d'angoisse en entendant la clochette.
         L' équipe a montré que le produit a effacé les connexions entre les neurones activés par la clochette et ceux qui déclenchent la peur. Cette dissociation du souvenir est observée dans une zone clé de la mémoire traumatique, les noyaux latéraux ds centres amygdaliens.
        En outre, les neurobiologistes ont constaté que d'autres souvenirs traumatiques ne sont pas effacés par cette manipulation, tant qu'ils ne sont pas réactivés.

        Au moment où un souvenir est réactivé, les neurones qui participent à ce souvenir échangent des influx nerveux intenses, et iI semble que les connexions soient alors dans un état instable, prêtes à se défaire ou, au contraire, à se renforcer.
        C'est comme si le cerveau attendait un signal pour savoir s'iI doit renforcer ou non les connexions en jeu, et le composé UO 126, en privant le cerveau de nouvelles protéines qui viendraient renforcer les connexions importantes pour tel ou tel souvenir, détruit ces connexions, qui sont les seules activées au moment de l’injection, et pas les autres

        Comme toutes les découvertes, celle-ci peut être utilisée à bon ou à mauvais escient.

        En thérapeutique, ce produit pourarit être utilisé pour supprimer des souvenirs traumatiques, liés a des événements désastreux, choquants ou effrayants., tels que víols, accidents ou attentats, voíre certaines phobies.
         Je pense que ceci serait bénéfique à deux conditions : que ce soit sous surveillance médicale et avec l’accord du patient.
        L’utilisation serait ausi possible quand une personne est, par exeple, dans un état voisin de la dépressuion après un deuil douloureux.
        Mais je pense qu’alors le médecin ne devrait pas avoir le droit de pratiquer un tel effacement sans l’accord du patient et il faudrait alors en mesurer toutes les conséquences, ce qui suppose encore de nombreuses études.
        Dans ma jeunesse, j’ai été très touché par la mort accidentelle d’un être cher et le souvenir des jours qui l’ont suivie me sont certes très pénibles. Mais je me rappelle surtout maintenant les souvenirs des jours heureux passés avec cette personne et je ne voudrais pas perdre ces souvenirs en effaçant ceux qui me sont pénibles.

        Par contre ce qui m’inquiète, ce serait une utilisation hors thérapeutique, si par exemple un patient disait “ce souvenir ne me plaît pas, celui-ci est bien, celui-Ià non, éliminez cet épisode qui m’est inutile...”, se livrant ainsi à une sorte de “lifting mnésique”, en faisant le ménage parmi ses souvenirs : une rupture amoureuse difficile, (cela arrangerait certain(e)s), des amis que I'on ne souhaite plus fréquenter, ou oublier une femme que l' on a trop aimée.
        Un petit coup de balai neuronal, et l' on pourrait se créer une existence à la carte, grâce à la molécule UO 126.
        Et en allant plus loin des personnes indélicates pourraient supprimer les souvenirs d’autres personnes, par exemple des témoins gênants ! Voilà qui intéresserait les dictateurs et la raison d’Etat !
        Tout cela me paraît par contre assez dangereux.
     
         Mais on ne trouve pas de publication récente sur ce sujet, les principaux travaux ayant eu lieu entre 2007 et 2012. Il est possible, soit que le procédé soit moins efficace que prévu chez l'homme, soit que les chercheurs se soient rendu compte du danger potentiel.
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