•              Je vais essayer de vous expliquer aujourd’hui ce qu’est l’IRM, utiliséeé pour de nombreux examens médicaux, (vous avez sans doute pour la plupart flippé à l’intérieur d’un scanner IRM, car être enfermé dans ce « cercueil » n’est pas très agréable), mais dont les versions plus récentes sont un outil remarquable d’exploration du cerveau.

              D’abord le principe physique général :

    http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/IRM.jpg          L'imagerie par résonance magnétique (lRM) repose sur le principe de la résonance magnétique nucléaire (RMN) qui utilise les propriétés quantiques magnétiques des noyaux atomiques. L'lRM utilise un champ magnétique puissant et stable produit par un très gros aimant supraconducteur; ce champ crée une «magnétisation» des tissus par alignement des spins, les moments magnétiques élémentaires des noyaux atomiques des atomes des molécules et notamment ceux d’hydrogène, extrêmement courants dans les molécules organiques et dans l’eau (80%), contenue dans les tissus du corps humain.
              D'autres champs, plus faibles, (des radio-fréquences) sont alors appliqués, de sorte que cet alignement est légèrement perturbé et engendre un signal électromagnétique lors du retour à la position initiale.
              L'IRM consiste à localiser I'origine de ce signal RMN, qui est proportionnel au niveau du champ produit par I'aimant. Des aimants de plus en plus puissants ont donc été conçus.
              Il y a, en France, environ 600 appareils d'‘IRM, dont la moitié dotés d'un aimant de trois teslas qui permet une résolution de l’ordre du mm, utilisés principalement à des fins de diagnostic. Un appareil doté d’un aiment de 7 teslas permet des recherches au centre «Neurospin» de Saclay, avec une résolution d’environ 200 microns. (il pèse plusieurs tonnes)

              La France est plutôt en retard quant au nombre de ces appareils de diagnostics et les temps d’attente des malades sont trop longs (3 à 5 semaines).

              Le cerveau est I'organe idéal pour l'IRM, car le signal de résonance magnétique est perturbé et faible quand l'objet à observer est en mouvement, ou quand il présente des interfaces entre le tissu et l'air; or le sujet peut facilement maintenir sa tête immobile dans un appareil d'IRM, 'on la maintient fixe par un bandeau), et il y a peu de contact entre le tissu et l'air dans le cerveau.
              Au début des années 1980, I'IRM était avant tout un outil d'imagerie structurelle: elle permettait d'obtenir en quelques minutes, grâce à l’informatique, une image tridimensionnelle du cerveau avec un contraste important entre substance grise (contenant les corps cellulaires des neurones), et la substance blanche, formée des dendrites et axones myélinisés.
              En 1992 un chercheur japonais, Seiji Ogawa, a utilisé le paramagnétisme de l’hémoglobine, qui dans la sang, transporte l’oxygène. Les neurones actifs consomment davantage d’oxygène et donc le contraste de l’hémoglobine est plus important sur les lieux d’activité cérébrale.
              Aujourd'hui, les chercheurs en neurobiologie utilisent cette «IRM fonctionnelle», (IRMf), pour trouver les principaux réseaux ou circuits neuronaux actifs lors des fonctions telles l'audition, la vision ou la motricité, mais aussi des processus cognitifs complexes tels les mécanismes du calcul, du langage ou de la lecture, et ceux de leur apprentissage.
    Mais comprendre l'activité du cerveau au repos est aussi un thème de recherche important, car même lorsqu'on ne fait rien, le cerveau travaille, et de nombreuses équipes cherchent à « modéliser » les réseaux cérébraux actifs au repos.

              Dans Ie tissu cérébral, le mouvement des molécules d'eau est aléatoire, mais est perturbé par les membranes des cellules et des axones.
               L’'imagerie par résonance magnétique du processus de diffusion de l'eau dans le cerveau (IRM de diffusion), permet de voir in vivo, l'organisation des fibres d'axones myélinisés - les prolongements des neurones - qui se regroupent en faisceaux et forment des autoroutes « véhiculant » l’information d'une région cérébrale à une autre. 
              La résolution est d’une dizaine de microns. Des logiciels s’efforcent de rapprocher ces images d’IRM dif, de celles d’IRMf, afin de comprendre à la fois, structure et fonctionnement.
    Mais il est apparu récemment que la propagation du signal électrique le long des axones perturbait le mouvement des molécules d’eau, et l’IRM dif est un outil de plus en plus utilisé.

    http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/scanIRM.jpg          Actuellement on cherche surtout à augmenter la résolution spatiale, pour permettre de comprendre les fonctions de groupes plus restreints de neurones, dans les grands centres du cerveau aujourd’hui connus.
            Un aimant de 12 tesla " Iseult", a été installé au centre Neurospin de Saclay, et devrait permettre de descendre au dessous des 100 microns de résolution. Il a pris ses premières images il y a deux mois.
              L’appareil est énorme comme le montre la maquette ci-contre (comparer avec la taille de l’homme) . Son aimant pèse 132 tonnes et mesure 5 mètres de longueur par 5 mètres de diamètre extérieur.
            Une enceinte à vide, un blindage actif composé de deux bobines de 4 mètres de diamètre (pour confiner le champ magnétique à l’intérieur) et une seconde enceinte à vide, viennent ensuite confiner l’aimant et son circuit de refroidissement.
           La réalisation a aussi bénéficié d’un partenariat franco-allemand, associant le CEA et l’Université de Fribourg. Plusieurs industriels ont aussi été associés au projet : General Electrics a fabriqué l’aimant à Belfort, tandis que la société Guerbet a mis au point un agent de contraste très performant, et que Siemens-Healthineers était en charge de l’implantation des équipements d’imagerie aux côtés du CEA.

    Ci-dessous, la salle de mise en place ,du patient dans l'appareil :

    Explorer le cerveau, l'imagerie de résonance magnétique ou IRM

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  •              On m’a demandé à plusieurs reprises comment on pouvait savoir ce qui se passait dans le cerveau. J’hésitais à faire un article car c’est assez technique, mais finalement je vais essayer de vous l’expliquer simplement, mais en deux fois pour ne pas être trop long
              Aujourd’hui je parlerai des diverses méthodes, sauf l’IRM que je décrirai demain, ainsi que l’apport des ordinateurs.
             Les méthodes se sont évidemment perfectionnées dans le temps et je suivrai donc la progression chronologique.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/images-copie-1.jpg          Autrefois pas d’électronique, ni d’ordinateur; pas de biochimie non plus. Pourtant même dans l’antiquité on essayait de comprendre ce qu’était le cerveau. Donc le seul moyen était l’autopsie d’animaux et de cadavres. Mais les maladies mentales détruisent rarement les neurones et donc on n’a rien vu dans ce domaine.
              Léonard de Vinci a publié des dessins qui sont de magnifiques atlas du cerveau
              La médecine faisant des progrès, au 18 et 19ème siècles, on a observé des anomalies cérébrales, suite à des accidents ou des thromboses cérébrales. Cela a permis de connaître la fonction de certaines parties du cerveau. On essayait de confirmer par des essais sur animaux.
               Les médecins ont aussi soigné les épilepsies par un traitement barbare, qui consistait à couper des faisceaux d’axones. Ce n’était pas toujours bénéfique, mais on a acquis des connaissances notamment sur le rôle différent des deux hémisphères.
               Les autopsies apportent toujours des renseignements, mais dans des cas extrêmes. Par contre les essais sur animaux permettent encore des études, tant physiologiques que comportementales.
    http://lancien.cowblog.fr/images/Bretagne2/EEG.jpg
               Au 19ème et 20ème siècles, l’électricité et l’électronique ont fait des progrès. On a su mesurer les courants électriques  de l’influx nerveux (plus exactement ce sont des polarisations et dépolarisations dues à des variations de concentrations ioniques de sodium et de potassium, mais extérieurement les manifestations sont les mêmes que celles d’un courant). C’est l’électroencéphalographie (EEG).
               On a pu ainsi mettre en évidence le fonction-nement de certains centres, lors de certaines actions et la communication d’un centre à l’autre. On étudie également la fréquence des oscillations de ces courants qui varient entre 1 et 40 hertz environ.
               L’avantage de la méthode est qu’elle a une très bonne résolution temporelle : la milliseconde. On sait donc « quand cela se passe ».
    Par contre, la résolution spatiale est très médiocre : le cm; on sait mal « où cela se passe ».
               On peut aussi mesurer les champs magnétiques induits par ces courants avec les mêmes avantages et inconvénients.
               Ces méthodes d'EEG sont peu utilisées pour caractériser le fonctionnement des centres en raison de la mauvaise localisation, mais elles sont très utiles en diagnostic médical et pour étudier le sommeil  et toute l’activité oscillatoire des neurones.
             L’appareillage est par ailleurs simple et relativement peu coûteux.


    http://lancien.cowblog.fr/images/Sciences/TEP.jpg           A la fin du 20ème siècle, avec l’arrivée de la radioactivité, de l’électronique rapide à circuits intégrés, et de l’informatique, une nouvelle méthode a vu le jour : la tomographie par émission de positons (TEP).
               Dans l’artère qui mène le sang au cerveau, on injecte un « traceur » formé de deux molécules : la première est choisie pour se fixer sur la structure cérébrale spécifique qu’on veut étudier - c’est le vecteur; la seconde est un atome radioactif de courte durée de vie qui émet un positon (l’antiparticule e+ de l'électron) qui s’annihile rapidement avec un électron e- des cortèges électroniques des atomes, ce qui engendre la production de deux photons gamma de haute énergie. Ces photons émis à 180 degrés l’un de l’autre, sont détectés par un réseau de photomultiplicateurs disposés autour de la tête du patient : on détecte les photons qui arrivent en même temps à deux endroits opposés et l’informatique reconstitue leur trajectoire et le lieu de leur production.
               On utilise en général des dérivés du glucose, consommé par les neurones, et l’isotope 15 de l’oxygène que l’on fixe sur leurs molécules.
               L’activité cérébrale entraîne une consommation accrue de glucose et une accumulation d’oxygène 15, qui est détectée.
               On peut ainsi mesurer le degré d’activité d’un groupe de neurones avec une bonne précision spatiale, le millimètre, mais une faible précision temporelle : la seconde.
               La TEP permet donc  de mesurer le niveau d’activité métabolique des neurones, mais ne renseigne pas sur l’anatomie du cerveau.
             Associée à l’informatique, qui permet de reconstituer des images artificielles de coupes du cerveau, c’est un bon outil de diagnostic, mais il est lourd car l’appareillage est complexe et cher.

               Actuellement on utilise beaucoup plus l’IRM dont je parlerai dans l’article de demain, qui est aussi un procédé complexe et cher, (surtout par l'investissement matériel qu'il nécessite), mais qui donne de bien meilleurs résultats.

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    Cerveau droit et cerveau gauche.

                  Un grand nombre d’erreurs et de bêtises circulent ou sujet des différences psychologiques entre les deux hémisphères, et quant à la dominance de l'hémisphère cérébral gauche ou droit , et quant à la différence des cerveaux des hommes et des femmes.
                Je vais essayer de faire un rapide point sur ces problèmes.

                 Les expériences neuropsychologiques montrent souvent une activité différente des deux hémisphères cérébraux, que l’on appelle « latéralisation ».
                  Par exemple, le chef d’orchestre de nos pensées, le cerveau préfrontal voit sa partie dans l’hémisphère droit plus fortement impliqué dons les réactions émotionnelles, alors que son homologue gauche est surtout impliqué dans la réflexion logique, l’organisation de nos pensées et de nos tâches, la planification, la décision et l’action.
                 Les centres du langage sont localisés dons l'hémisphère gauche (voir mon article du 25/09/2016 sur les centres de Broca, de Wernicke et de Geschwind), alors que le lobe pariétal droit est plus particulièrement activé pendant le traitement des nombres et de l’information spatiale.
                Mais les mesures de l'activité cérébrale réalisées à l’aide de techniques d'imagerie ne montrent que les régions cérébrales qui ont la plus forte activation pour une tâche donnée.

                Cela ne signifie pas que le reste du cerveau soit inactif. Les hémisphères gauche et droit travaillent en permanence ensemble et se complètent.
                Parler d'hémisphère « émotionnel globalisant » droit par opposition à l'hémisphère « logique analytique » gauche, ne correspond pos entièrement à la réalité.

               Les différences psychologiques entre les hommes et les femmes doivent être analysées avec la même prudence. Dons certains tests d'évaluation de l'intelligence, les hommes obtiennent statistiquement de meilleurs résultats que les femmes pour des problèmes de constructions spatiales, alors que les femmes réussissent souvent mieux dans l’expression liée au langage.             Mais ces différences sont faibles, plus marquées chez les jeunes, et les différences entre deux personnes du même sexe sont souvent plus grandes que celles entre personnes de sexes différents.            Les statistiques permettent de calculer des moyennes et des écarts types, mais elles ne rendent pas compte des valeurs et des différences individuelles sur un petit nombre de personnes particulières.


      http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/a12crcon1b.jpg            Les deux hémisphères cérébraux communiquent, Voyons comment.
                La communication entre les deux hémisphères cérébraux est rendue possible par des faisceaux d'axones, qui les relient entre eux. La plus volumineuse, appelée corps calleux, est composée d'environ 200 à 800 millions d'axones qui passent d'un hémisphère à l'autre, ce qui reste peu par rapport aux milliards de neurones que comporte le cerveau, mais énorme, en rapport avec d'autres regroupements de fibres nerveuses.

               Le fonctionnement des hémisphère et de leur communication a été étudié, soit en donnant des drogues qui « endorment » un des hémisphère, soit sur des sujets gravement épileptique, qui avaient subi un sectionne-ment du corps calleux, le foyer de maladie étant localisé dans un seul hémisphère, et l'opération empêchant avec succès la propagation de la crise d'épilepsie à l'autre hémisphère.
                On peut ainsi voir la spécialisation de certains centres par exemple sur la parole.
                Par exemple si l'on présente un mot à l'hémis-phère droit seulement, le sujet répond qu'il ne voit rien, car son hémisphère gauche, dominant pour le langage (centre de Wernicke) n'a effectivement rien vu à cause du corps calleux coupé. Mais si l'on insiste en demandant au sujet d'utiliser sa main gauche pour choisir une carte avec le dessin du mot qu'il a vu, ou de prendre l'objet en question en le palpant, il réussit sans problème. L'hémisphère droit ne peut donc pas s'exprimer avec des phrases complexes, mais il peut clairement reconnaître les mots et leur signification. En temps normal les deux hémisphères collaborent grâce aux informations échangées et tout cela passe inaperçu..
                En fait les deux hémisphères travaillent toujours ensemble, mais suivant les tâches, l’un peut avoir la priorité sur l’autre ; certains traitements se font plus particulièrement dans un hémisphère sans doute pour permettre des liaisons plus rapides entre neurones.
                Il semble que la prééminence d’un hémisphère sur l’autre, lors d’une tâche particulière, proviendrait d’une inhibition partielle d’un hémisphère par l’autre, via le corps calleux.
                Mais chose curieuse, la pensée ayant chez l’homme, pour support le langage, qui est surtout généré par l’hémisphère gauche, alors que les représentations spatiales et certaines représentations émotionnelles sont plutôt ressenties par le cerveau droit, alors il semblerait que le cortex préfrontal imposerait la version du cerveau gauche, en cas d’incohérence et de désaccord entre les deux hémisphères.
                Une autre notion curieuse est la variation de cette latéralisation chez les femmes jeunes en fonction de leur cycle hormonal. Il semblerait que l’inhibition du cerveau droit par le gauche, est maximale pendant la période menstruelle où les taux d’hormones sont faibles, diminue ensuite pendant la période de production d’estradiol et est minimale au moment de l’ovulation, et réaugmente avec la période progestative.
                On constate en effet que pendant la période d’ovulation les femmes résolvent mieux les problèmes (coordination plus grande entre les hémisphères qui s’associent et se partagent les tâches), mais le font plus lentement (échanges plus longs que dans une latéralisation plus poussée). Mais en fait il s’agit de tests simples expérimentaux et pas des tâches complexes de la vie quotidienne, et il serait faux de généraliser ces résultats.
                 Les hormones ont d’ailleurs une importance qu’on ne soupçonne pas sur les différences de comportement entre hommes et femmes.
                Par exemple, après un stress les hommes sont plus agressifs et prennent plus de risques. Le stress a provoqué la production de cortisol, d’adrénaline, mais aussi de testostérone.
                Au contraire, chez les femmes, s’il y a aussi production de cortisol (l’hormone du stress) et d’adrénaline, par contre c’est l’ocytocine qui est sécrétée (c’est une des hormones du lien social et de l’attachement), et elles prennent davantage de précautions et moins de risques

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  •       En 1771 le médecin italien Galvani découvrit que les contractions des muscles de grenouille étaient engendrées par un courant électrique et cela inspira Volta qui en 1800 réalisa la première pile.
        Depuis 1952, on sait grâce aux expériences de Alan Hodgkin et Andrew Huxley, que le courant électrique qui se déplace le long des neurones comme dans des fils conducteurs  constitue le fondement de nos réflexions, de nos pensées et de nos émotions, comme il nous permet de connaître tout ce qui nous entoure, paysages comme êtres vivants.
        Pourtant, en mesurant dès 1850 la vitesse de cet "influx nerveux" et la trouvant égale à quelques mètres par seconde, le physicien et physiologiste allemand H. von Helmholtz démontrait que la propagation de l'influx nerveux dans les nerfs ne pouvait être assimilée à un simple courant électrique parcourant un fil conducteur.

        Dans mes articles sur le système nerveux et le cerveau, j’ai jusqu'à présent assimilé l’influx nerveux à un courant électrique, car c’était très suffisant pour ce que je voulais vous décrire, mais j'ai pensé qu'il fallait essayer de vous expliquer ce qu’est l’influx nerveux, mais ce n’est pas si facile que cela de le faire en termes simples

        Quand vous vous piquez la main avec une aiguille, vous ressentez une douleur avec un léger retard correspondant au temps nécessaire à la propagation d'un signal électrique de la main au cerveau. 
        Ce temps est perceptible, alors que lorsque vous branchez une lampe sur une prise de courant, l’allumage est instantané
        Dans un fil électrique métallique et conducteur, les charges électriques (des électrons) se déplacent aisément dans le sens longitudinal (le long du fil).
        Au contraire, dans un axone de neurone, la membrane est isolante, et les charges se déplacent perpendiculairement à la membrane du neurone et de l’axone; c'est ce courant transversal qui engendre une différence de potentiel nommée “potentiel d'action”, transmise de proche en proche, grâce à des phénomènes physico-chimiques, très lents par rapport au déplacement des électrons dans un fil concucteur.

        Comment ces potentiels d'action sont-ils créés dans le neurone ? 
        C’est un processus assez extraordinaire.

        De part et d'autre de la membrane d'un neurone que ce soit le corps du neurone, mais aussi tout le long de l’axone règnent des concentrations d'ions sodium Na+ et d'ions potassium K+, la concentration de ces ions dans l’organisme étant régulée de façon précise. Ces ions provenant en général de chlorures ( notamment le sel ClNa), il y a aussi des ions négatifs Cl- . Par ailleurs d’autres ions (par exemple le magnésium) interviennent aussi, mais à moindre titre et nous les négligerons.
        Sur la membrane du neurone tout au long de l’axone ou des dendrites les membranes comportent de nombreuses protéines qui sont ce que l’on appelle des “canaux ioniques” ou des “pompes à ions” (voir le schéma ci dessous)..

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/axonenormal.jpg

        La pompe à ion utilise une molécule qui, dans tous les organismes vivants, fournit lors de son hydrolyse, l'énergie nécessaire aux réactions chimiques des cellules : l’adénosine triphosphate (ATP).  
        Cette protéine-pompe à ions se sert de cette énergie pour sortir de l’intérieur du neurone les ions sodium et faire entrer des ions potassium, ceci en permanence et en faible quantité. Il en résulte une différence de concentration les ions K+ étant plus nombreux à l’intérieur et les ions Na+ beaucoup plus nombreux à l’extérieur de la membrane cellulaire.La pompe à ions fait entrer plus d'ions K+ qu'elle ne fait sortir d'ions NA+, cartes ions K+ sont plus petits et passent donc plus facilement par la protéine pompe à ions.
        Cette différence de concentration entre l’extérieur et l’intérieur du neurone ou de l’axone, entraîne donc une inégalité des charges électriques de part et d’autre et une différence de potentiel négative , appelé “potentiel de repos”, qui est de l’ordre de de l'ordre de -70 mV environ, entre la face intracellulaire de la membrane du neurone et sa face extracellulaire.
        Compte tenu du fait que cette membrane est très fine (quelques nanomètres) le champ électrique engendré par cette différence de charges est très fort et les ions sodium s’ils le pouvaient entreraient rapidement dans la cellule.
        Les canaux ioniques sont des protéines qui laissent passer une certaine sorte d’ion dans un sens. Ce sont en général des molécules en forme de ressort spiralé qui changent de structure dans certaines conditions (en général des phosphatations), et le ressort s’écarte, laissant passer les ions, le champ électrique favorisant le passage de la concentration la plus forte vers la plus faible. Il existe des canaux ioniques spécifiques des ions Na+, K+, Ca++, Mg+ Cl-....qui ne laissent passer que des ions du type approprié.

        Une aiguille qui “appuie” sur la membrane du neurone excite un canal moléculaire moléculaires qui laisse pénétrer sélectivement les ions sodium. Cette entrée  va agir sur les canaux voisins qui s’ouvrent également et il y aura donc une entrée massive d'ions Na+ chargés positivement  (voir schéma ci dessous).

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/axoneexcite.jpg

        Du fait de cette entrée de charges positives, le potentiel monte brusquement de 100 mv environ, passant localement de -70 à + 30 mv (phase 1).
        Ces ions sodium provoquent une répulsion électrostatique des ions K+ chargés aussi positivement et qui sont en bas du canal ionique potassium, provoquant son ouverture, comme en agissant sur deux leviers. 
        L'excès de charges positives provoqué par l'entrée d'ions sodium est compensé par une fuite de charges positives due à la sortie d'ions potassium, ce  qui rééquilibre les charges positives de part et d'autre de la membrane du neurone et la tension retrouve son niveau initial, (phase 2), voire même un niveau un peu inférieur (phase 3)puis remonte à la normale sous l’effet de la pompe à ions.(phase 4)
        Il en résulte localement une impulsion de tension représentée sur la figure ci-dessous : c’est ce que l’on appelle une “dépolarisation”.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/potactionneurone.jpg

        Le signal se propage parce que les canaux s'ouvrent de proche en proche du fait des augmentations de concentration et donc de charges positives. Cette dépolarisation se produit donc successivement tout le long de la dendrite ou de l’axone, avec un petit retard et tout se passe comme si cette impulsion se propageait le long de l’axone, mais à vitesse beaucoup plus réduite que s’il s’agissait d’électrons, comme dans le cas de la conduction électrique. 

        Certains produits chimiques peuvent perturber le fonctionnement de ces canaux ioniques. Le venin de tarentule, par exemple, bloque l'ouverture des canaux potasium, provoque une paralysie générale des sensations et des mouvements, qui s'étendrait, au cerveau s’il n'était entouré d'un filtre efficace retenant de telles toxines, et donc empêcherait nos pensées elles-mêmes. 
        La présence des canaux ioniques, moteurs du mouvement de l’influx nerveux, est déterminée génétiquement. Hommes, rats, vers de terre, tous possèdent les séquences d'ADN qui garantissent leur présence. Si l'une d'elles ne fonctionnait pas correctement, l'effet serait désastreux.

        J’espère que ce “cours de SVT” vous a permis de comprendre comment se propageait l’influx nerveux et que cela n’a pas trop fatigué votre cerveau !!

       
     

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  •  

    Cerveau et ordinateur

              Dans un article sur l'apprentissage de l'enfant, j'avais dit que nous naissons avec un cerveau "vide", car juste capable de nous faire vivre et avec des mécanismes d'apprentissage qui nous donnaient un énorme potentiel de progression physique et intellectuelle.
              Un correspondant m'a écrit : c'est comme dans un ordinateur, un disque dur ou un DVD vide, avant que l'on enregistre des infos dedans, avec juste le système de l'ordinateur, qui lui permet de fonctionner à notre profit et de nous obéir.
              C'est une comparaison qui est relativement bonne, car effectivement le cerveau est, à notre naissance, prêt à recevoir tout ce qu'on va lui apprendre, mais est encore relativement “vide”, comme un cd ou un disque dur
              Mais là s'arrête la comparaison car le cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur, et il y a quatre différences fondamentales :

                            - le fonctionnement du cerveau n'est pas aussi simple que celui d'un ordinateur et il repose autant sur des phénomènes biochimiques très complexes que sur la circulation de potentiels électriques.
               Il y a cependant quelques analogies mais uniquement de principes théoriques généraux, mais pas de fonctionnement. La reconnaissance des sons et des couleurs par exemple se ressemble un peu dans leurs principes généraux la reconstitution des couleurs à partir de 3 couleurs fondamentales). De même le cerveau “vide sa mémoire” la nuit d'où nos rêves.

                           
    - Le cerveau a beaucoup de mémoire mais ce ne sont pas des emplacements précis comme sur un cd ou un disque dur, emplacements dont on a changé la nature physique par un phénomène par exemple magnétique ou laser.
              Sur le plan de la mémoire, le cerveau est putôt comparable à un central téléphonique qui établit des connexions entre les neurones, chaque neurone ou groupe de neurones, (comparable au récepteur téléphonique), pouvant donner une caractéristique comme la couleur, le son, le nom, une propriété, le possesseur ... d'un objet ou rassembler des caractéristiques d'une image.
              Ce sont ces connexions renforcées par des phénomènes électro - biochimiques, qui sont un peu comme les fils qui relient nos téléphones au central qui lui les faits communiquer entre eux.
              Nous n'avons pas d'outil assez fin actuellement pour repérer les “postes téléphoniques” et nous ne savons repérer que les centres nerveux qui sont les “centraux téléphoniques”.

                        - la troisième caractéristique très importante est qu'un ordinateur, c'est bête  ( et pas forcément méchant même quand il vous fait des misères LooL), car il ne fait qu'obéir aux instructions des programmes qu'il abrite.
              Le cerveau est capable de fabriquer ses propres programmes, graâce aux phénomènes d'apprentissage et de récompense, et par ailleurs il peur être créatif, c'est à dire assembler des idées existantes pour créer une idée, un concept nouveau. Et il est ainsi capable de raisonnements très abstraits, qui justement lui permettentde créer les programmes des ordinateurs. Et notre inconscient se livre à des prévisions et des calculs du genre probabilités,(en consultant la mémoire), dont nous n'avons pas conscience, mais qui pèsent dans nos décisions. L'intelligence artificielle ne rivalisera sans doute jamais avec notre inconscient.
              On commence seulement à faire de bien pâles imitations de notre cerveau dans des robots, purement électroniques et qui n'auraont jamais les capacités chimiques des connexions de notre cerveau.
              Cependant le cerveau comme l'ordinateur a ses “bogues”

                            - la quatrième différence, qui d'ailleurs est une conséquence des deux précédentes, est que le cerveau humain, grâce aux mécanismes de récompense qui fait ressentir ce qui est agréable (ou désagréable) et ce qui est bénéfique (ou mauvais) pour nous, et parce qu'il est capable d'avoir des pensées très complexes, crée ce que nous appelons des “sentiments”, et des "émotions"
               Notre cerveau notamment est capable d'amour et de haine.

              Ces quelqques lignes sont bien entendu, un peu caricaturales par leur simplicité, la réalité étant bien plus complexe.
        Mais je crois que la réflexion qui m'avait été faite et était très sensée, méritait un petit complément.

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