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    Bac 2017; sujets de philo; culture, œuvre d'art

    Encore ce que m’inspirent les sujets du bac 2017.
    Aujourd’hui, je traiterai successivement de deux sujets différents :

    Bac S : Peut-on se libérer de sa culture ?

              Je ne pense pas que le terme se libérer soit équivoque, c’est « faire abstraction de », « s‘affranchir » ou « ne plus subir la contrainte de ».
              Par contre les limites du terme « culture » mériteraient d’être définies.

              Le mot culture recouvre deux notions assez différentes : 
                     - d’une part ce qui relatif à l’héritage de civilisation : mœurs, valeurs, codes sociaux, archétypes chers à CG Jung, y compris des aspects négatifs tels les préjugés.
                    - d’autre part ce qui est relatif à notre vie : éducation des parents qui ont transmis certaines règles morales et de vie et on laissé à leurs enfants plus ou moins de liberté de choix. Instruction ensuite, qui apporte des connaissances de culture générale et de spécialisation, mais surtout une formation (et par là même une déformation par habitude) de l’esprit. Enfin notre evécu ajoutera, renforcera ou diminuera ces diverses influences.
              On pourrait d’ailleurs réfléchir à l’influence du langage sur notre culture, les diverses langues ne permettant pas de décrire tous les notions de la même façon et avec le même détail.
              En fait les habitudes ancestrales dont nous héritons sont certes spécifiques de la culture occidentale et dune certaine façon de vivre qui a évolué, qui a évolué, soit au niveau global, soit au niveau national, soit à celui d’un groupe de société.
               Certaines notions sont devenues universelles (par exemple la suppression du cannibalisme), d’autres assez générales (la monogamie). Des incitations sont universelles propres à l’humain : l’instinct de survie, l’amour la haine, un certain altruisme et ont donc inspiré partout des us et coutumes, mais différents selon les endroits.
              Si l’on examine ces règles sociétales et une partie de celles transmises par l’éducation de nos parents, on s’aperçoit quelles sont de deux sortes :
                    - certaines sont des règles de la vie en commun, morales, religieuses, de bienséance; elles règlent nos rapports avec les autres. Certaines sont assez générales telles les aspirations de liberté et d’égalité, d’autres plus spécifiuqes comme le souhait français de laïcité.
                  - d’autres sont plus personnelles et aboutissent à notre propre jugement sur nous mêmes. Il y a évidemment un certain lien entre elles car le jugement sur nous mêmes peut interférer avec notre conduite vis à vis d’autrui (tu ne tueras point ou tu ne voleras point le bien d’autrui par exemple).
              Par contre l’instruction nous apporte une culture qui nous est propre et personnelle, même si elle est partagée par d’autres.

               Je pense que l’enfermement dans une culture résulte d’une vue trop étroite sur notre environnement. Plus nous sommes solitaire, plus nous sommes dans un milieu replié sur lui même, plus nous sommes sujets à obéir aux règles de ce milieu.
               On le voit bien dans les milieux de ségrégation qui aboutit à un communautarisme ethnique, qui existe dans de nombreux pays.
               A l’inverse, je connais des jeunes qui ont profité de l’enseignement Erasmus, qui se sont frottés à différentes cultures et qui ont appris à relativiser leur acquis culturel en le comparant à celui des autres, tout aussi valable. Cela ne veut pas dire qu’ils ont abandonné leur culture, mais qu’ils ont compris qu’elle n’était pas unique, et qu’il était bon de connaître celle des autres, voire d’en adopter certains éléments.
              Ceci est vrai pour des éléments culturels hérités de notre société, mais aussi pour des éléments personnels : il est certain qu’enfermés sur nous même nous resteront attaché à nos idées, même si nous en souffrons. 
              L’instruction au collège et au lycée qui en français, en histoire et en philosophie, nous ouvre sur les idées des autres, nous aide déjà à relativiser. Mais à coté de ces exemples abstraits, un contact concret avec des personnes d’horizons divers aux idées différentes, obige à discuter de la portée des règles, de leurs origine, de leurs conséquences et de leur efficacité, et les exemples autres nous amènent à évoluer.
             Je dirai que le moyen de s’affranchir de certaines contraintes de notre culture est l’instruction et le contact avec autrui.

              Le plus difficile sera surtout d’être conscient de certaines déformations qu’apportent la culture d’instruction de spécialité;. Il est certain par exemple que ma culture essentiellement scientifique a développe des réflexes, des habitudes et des méthodes rationnelles et logiques, ainsi qu’expérimentales d’aborder les problèmes.
             Cela est bénéfique et il ne s’agit pas de s’en débarrasser, mais cela peut me faire moins bien comprendre ceux qui ont une culture différente, par exemple littéraire. Là encre un effort d’éducation dans un sens différent peut apporter une solution.

     

    Bac ES : Une oeuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

              Là encore le vocabulaire est important : qu’est ce que la beauté.
             Je me rappelle que tous les philosophes et les dictionnaires sont d’ accord pour dire que c’est une é motion, ressentie par une personne après une sensation, une perception causée par un objet ou une personne, notamment la vue. Toutefois les autres sens peuvent intervenir et on peut parler de beauté musicale.

              Certains dictionnaires vous disent que le beau est esthétique et attirant, mais il faut alors dire ce qu’on entend par esthétique.
              Mais après je me rappelle que les philosophes n’étaient pas d’accord et je suis allé consulter mon vieux bouquin de philo des années 45, qui est encore dans un coin de ma bibliothèque.
              Pour Platon, ce qui est beau procure une sensation de plaisir; mais cette sensation peut être dépassée pour parvenir à la contemplation de la beauté, se rapprocher d’un idéal. Elle n’est pas seulement une qualité de l’objet, mais aussi celle de l’individu qui y est sensible. L’objet est beau s’il est fidèle à l’idée qu’on s’en fait.
             Kant ne reconnait pas le plaisir ressenti, mais est un jugement de goût désintéressé, qui est propre à l’individu, mais aussi à l’oeuvre. Il pense que l’oeuvre a cette qualité en elle-même pour tous : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept. » : on ne peut démontrer la beauté d’un objet.
             Hume, au contraire, estime qu’il n’y a pas de beauté universelle. Des personnes différentes n'ont pas le même jugement sur le même objet : « La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente »  Il admet toutefois que l’éducation et l’instruction peuvent amener à un consensus pour trouver certains objets beau. Il associe, lui aussi l’idée de beauté au plaisir ressenti.
             Des philosophes ou des intellectuels ont essayé de définir des caractéristiques logiques, matérielles de ce qui est beau ou plutôt esthétique, mais leurs conclusions n’ont jamais été satisfaisantes.

              Notons qu’on ne nous parle dans l’énoncé du sujet que d’une œuvre d’art.
              Certains philosophes ont en particulier mis un peu à part une oeuvre d’a rt par rapport à la beauté d’une femme ou d’un paysage, plus généralement d’une œuvre réelle de la nature.

              L’œuvre d’art est pour certains par essence une création esthétique, un ressenti qui implique déjà une émotion au moment de la création. « Est qualifié "d’art" une oeuvre, une production de l’esprit, dont on estime qu’elle est belle ».
             Mais qui est ce juge « on »? Si c’est chacun de nous selon ses goûts il n’y aura pas accord sur la beauté d’une œuvre. Est ce la statistique, une majorité de personnes, qui vont définir les standards du goût ? Ou bien peut on donner des critères pratiques précis pour définir la beauté ?
            Dire en effet qu’une oeuvre est nécessairement belle reviendrait à affirmer qu’il existe des critères a priori permettant de déterminer la valeur esthétique d’une œuvre artistique et donc qu’on pourrait établir scientifiquement la beauté d’une oeuvre.
            Personne n’a réussi à quantifier la beauté par des critères divers. Par ailleurs si notre environnement est quantifiable, la vison de l’artiste le transforme, l’imagine autrement, le sublime. Et enfin on ne peut quantifier une émotion, mais encore moins les diverses proportions de ses causes.

             Cela dit la notion d’œuvre d’art est assez subjective et variable, et relativement soumise à la mode, et surtout de nos jours à la mercantilité et à la publicité qui jouit des moyens énormes électroniques.
             Personnellement j’ai visité de très nombreux musées en Europe et dans le monde, et j’ai apprécié la beauté de nombreuses œuvres figuratives.
             J’avoue être assez imperméable aux œuvres non figuratives, par exemple un Picasso connu mais qui représente une femme à la fois de face et de profil, avec des fesses et une poitrine en triangle et le nez et les yeux à des places habituelles. Je ne ressent aucune émotion à cette vue car je trouve cette femme pas du tout à mon goût, mais j’admets que certaines personnes aient une émotion à la vue des couleurs et de leur enchevêtrement.
             Là où je ne comprends lus du tout c’est qu’un appelle œuvre d’art un tablea tout bleu avec une bande rouge au milieu. Qui peut être ému par cette œuvre que n’oserait même pas faire un peintre en bâtiment. Pourquoi pas une toile toute blanche, sans peinture dessus. Où est la création ?
             Mais la publicité, l’appât du gain et la bêtise des gens fait vendre de telles tableaux à des prix démenties vu leur nullité.

             Une oeuvre d’art n’est pas nécessairement belle, mais encore moins une pseudo-œuvre d’art.

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  • Deuxième inspiration des sujets du bac, deux sujets connexes de S et de L :

    Bac 2017 : sujets de philo : droits et justice

    Bac S : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?

    Bac L : Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?

              Là encore, les problèmes de vocabulaire sont importants. Qu’est ce que le droit ou « avoir le droit de «  et quelle est la signification de juste ?
              Ce que l’on a le droit de faire, c’e’st ce qui est autorisé ou n’est pas interdit par le droit (c’est à dire la loi au sens général du terme). On peut évidemment élargir le débat en ajoutant au droit des règles de société, de morale ou de religion, mais cela devient plus flou.
              Le mot « juste » est bien plus difficile à définir. La justice, au plan philosophique, c’est le principe selon lequel les actions doivent être récompensées ou punies en fonction de leur mérite, cela par référence à des règles : de droit, morales, ou autres règles. Le problème est l’évaluation de ce « mérite » et d’autre part la multiplication des règles envisageables. On parle même en religion de justice divine, ce qui est alors parfaitement indéfinissable.

              Le premier sujet paraît évident à priori : il est possible que certains de mes droits ne me soient pas très utiles et que je ne les utilise pas, mais s’ils me sont nécessaires, quel serait l’intérêt de m’en priver ?
              En fait il faudrait poser le problème autrement :
                   - mes intérêts sont ils toujours compatibles avec mes droits ou peut il y avaoir conflit.? Et défendre un droit (existant ou en projet) est il toujours compatible avec les intérêts de ses défenseurs.?
                    - autre aspect, pour le législateur, ou celui qui défend un droit, les motivations sont plutôt la justice et/ou la morale, et non ces intérêts. Cela ne fait que reporter le problème : justice et morale sont elles compatibles avec les intérêts des personnes.?

             Le second sujet a l’intérêt de montrer le flou qu’il y a dans la notion de justice qui peut être assez variable suivant les individus, car on est proche de la notion personnelle morale qu’on peut avoir du bien et du mal. Autrui peut ne pas avoir la même notion et notamment celui qui a conçu les règles des droits.
             Mais évidemment si l’on limite les droits aux aspects civiques, le sujet est alors plus précis.
             Cela dit on trouvera toujours des droits qui semblent injustes, et on peut alors se demander pourquoi ils existent.

             Le premier sujet est donc surtout celui de la compatibilité des droits et des intérêts  et défendre un droit défend il toujours les intérêts du défenseur ou d’autrui.
             On peut trouver des exemples de divergence.
             La personne qui défend le droit de se droguer va en fait à l’encontre de sa santé,  ou de celle des autres si elle-m^me ne se drogue pas et qu’elle défend seulement la liberté.        
             De la même façon la liberté de la presse ou plus généralement d’expression, notamment sur internet, peut aller contre les intérêts de certaines personnes et même conduire à des injustice, dans la mesure où on raconte n’importe quoi et où l’opinion publique attache autant d’importance à une information calomnieuse qu’à une vérité. Des règles peuvent donc s’avérer très injustes dans certains cas.
             Le législateur qui élabore le droit, le fait en général en pensant à l’intérêt du plus grand nombre. S’il interdit le recours à des mères porteuses, c’est parce quil pense que ce type de gestation est néfaste pour la mère et pour l’enfant, dont on sous-estime le lien, même s’il n’a duré que 9 mois.
             Mais quand on aborde des règles morales, à fortiori de bienséance, le but originel de la règle est bien plus flou, et les règles peuvent avoir été édictées pour favoriser une certaine catégorie de population (les classes aisées, ou les hommes au détriment des femmes, dans certaines règles de l’Islam…) et notamment leur donner des avantages financiers ou du pouvoir sur les autres.
             Le problème est également plus difficile quand le droit en cause est très général et de haut niveau : par exemple la liberté ou l’égalité.
             On ne peut avoir une liberté totale : la révolution de 1789 avait précisé que la liberté de chacun s’arrêtait la où commençait celle du voisin, ce qui est évidemment flou, mais est assez pragmatique.        
             Le droit à l’égalité entrainerait d’enlever aux uns pour donner aux autres, ce qui va à l’encontre de l’intérêt des premiers. Cala paraît néanmoins juste dans une certaine mesure, mais malheureusement nous ne naissons pas tous égaux et notre environnement peut être très différents et le principe d’égalité est bien difficle à appliquer. On le voit bien dans l’actualité, en ce qui concerne l’enseignement, ou l’accueil des migrants.

              Le second sujet nous fait réfléchir sur le fait que la justice suppose que l’on sanctionne ou récompense selon le mérite des actions que l’on mène, mais que cette notion de mérite est mal définie.
             Elle est simple si on se limite au droit pur, car on peut penser que le législateur l’a érigé dans un esprit de justice et d’autre part les règles sont précises.
             Mais je viens de parler de la difficulté d’appliquer avec justice des principe tels que la liberté ou l’égalité.
             Par ailleurs je n’ai pas le droit de faire ce qui est interdit, mais je peux en principe, faire tout ce qui ne l’est pas. Il est certain que les règles ne peuvent prévoir tous les cas.
             Mais dès qu’on sort de cette notion de droit légal, tout devient plus flou, parce que le bien et le mal ne sont pas les mêmes selon les sociétés, les groupes, voire même les individus. Certaines tribus admettent le cannibalisme, certains peuples la polygamie, et on a vu dans de nombreux cas, comme celui du mariage pour tous les différences quant aux règles souhaitées et malheureusement la volonté de les imposer à tous quelque soit leurs opinions. C’est actuellement la racine même du terrorisme issu de l’intégrisme musulman, et en fait de tout intégrisme.
            Et dès lors le droit valant pour tous de manière indifférente va peut être se heurter à certaines conceptions de la justice, qui seraient différentes selon les individus, les groupes, ou les sociétés.

            Une particularité qui mérite réflexion est l’action de juges ou des jurés dans un procès. Il y a des cas simples où le prévenu a commis des actes prémédités sans circonstances vraiment atténuantes, mais il y a aussi des cas qui poent problème : je ne citerai que celui de cette femme qui avait tué son mari qui la battait et avait violé ses deux filles ou de médecins qui ont pratiqué l’euthanasie sur des malades condamnés qui souffraient beaucoup.
           Il est certain que les juges sont obligés par le droit d’appliquer une peine minimale, selon la loi du moment, mais que dans ces cas particuliers extrêmes, la loi peut apparaître comme injuste vis à vis des circonstances du drame.

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  •             Tous les ans, après la parution des sujets de philosophie du bac, je m’amuse à écrire des articles les concernant. Ce ne sont surtout pas des corrigés, mais de simples réflexions personnelles qu’ils m’inspirent. Je ne sais pas trop ce qu’en penserait un prof de philo : sans doute que j’ai mal appris mon cours, qui date de 70 ans, (en 1947) quand j’étais en terminale S, qui s’appelait à l’époque « mathélem ».

               Je commencerai par deux sujets d’ES et de T, qui sont assez voisins :

     

    Bac ES : La raison peut-elle rendre raison de tout ?

    Bac T : Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?

                Je n’aime pas la rédaction de ces sujets, mais je pense que c’était fait exprès pour faire réfléchir : qu’est ce au juste que la raison ? C’est vague et discutable.
     On peut le prendre dans deux sens différents :: 

               La raison, c’est la cause d’un phénomène, d’une action. Ce que nous donnons comme justification à nous mêmes et aux autres de nos dires ou de nos actions. Ce sont les arguments lors d’un polémique qui déterminent (ou non), qui « avait raison « .
               Mais c’est aussi une faculté, être rationnel, être raisonnable, analyser causes et conséquences avec logique. C’est un mode de pensée.
              Les deux sont liés car si l’on est rationnel, les raisons que l’on donnera devraient être mieux déterminées, mieux justifiées.
              Les raisons que nous donnons de nos idées et de nos actes ne sont pas toujours fiables, voire peuvent être erronées.
              Même si nous les avons énoncées avec impartialité, même si nous avons essayer de faire une analyse rationnelle et logique avant de les énoncer, des opinions différentes peuvent être tout autant valables.
              Une analyse part de faits, de constatations, de perceptions et chacun ne possède pas les mêmes informations que l’autre. Il faut aussi une méthode et elles ne sont pas identiques. Une raison n’a donc qu’une portée limitée propre à chaque individu.
              Par ailleurs l’analyse n’est pas forcément logique et les phénomènes analysés ne s’y prêtent pas forcément. Notre vécu, nos sentiments, nos émotions interviennent dans notre jugement et vont donc influer sur les raisons que nous donnerons. « Le cœur a ses raisons que la raison de connait pas », disait Pascal.
              Aujourd’hui, les neurobiologistes diraient que le cortex préfrontal qui raisonne et est le support dela logique, est en compétition avec le cerveau émotionnel, et les deux coopèrent plus ou moins de façon prépondérante aux décisions que nous prenons.
             De plus nous pouvons être de mauvaise foi inconsciemment ou volontairement, et, dans ce cas, les raisons que nous allons donner ont toutes chances d’être faussées. Ce sera un mauvais usage de la raison, mais les actes et idées pourront dans ce cas être parfaitement rationnelles : il ne faut pas confondre raison et vérité.

                Examinons maintenant la raison en tant que « faculté de raisonnement », que mode de pensée. On dit de quelqu’un qu’il est rationnel ou qu’il se comporte de façon raisonnable, c’est à dire conforme à la raison.
               Là encore il ne faut pas confondre avec la vérité ou la morale. Il s’agit en fait d’un mode d’analyse et de décision. Il s’agit de la façon d’analyser les données dont on dispose pour prendre des décisions, ou ériger des règles, des théories et comprendre les phénomènes.
              Remarquons d’abord que nous ne sommes pas égaux devant ce problème au plan biologique et psychique.
              Certains d’entre nous sont de préférence cérébrale « logique », c’est à dire que leur cortex préfrontal est prépondérant et que leurs décisions se font après une analyse logique des causes et conséquences, ou des arguments. D’autres au contaire, de préférence « valeurs », feront leurs choix plus instinctivement selon leurs valeurs et leurs goûts : leur cerveau émotionnel aura plus d’influence. Ils seront en général moins rigoureux, mais plus altruistes.
             Mais notons que la psychologie considère que ces deux modes de décisions sont rationnels.

             Mais tous les phénomènes, toutes les pensées ne sont pas non plus propres à une analyse rationnelle.
             Il est certain que les mathématiques sont le terrain de choix dans ce domaine. Les sciences expérimentales (physique ou chimie, physiologie par exemple) sont également un bon terrain, car l’hypothèse peut ensuite être vérifiée et validée par l’expérience et de plus, aujourd’hui, la simulation sur ordinateur permet de valider en partie les hypothèses faites. Certains domaines sont plus incertains, bien que scientifiques, comme la paléontologie eou la psychologie, car l’expérimental qui permet de vérifier le raisonnement rationnel est plus difficile et incertain. Cela devient encore plus difficile quand il s’agit des émotions, et par exemple de l’amour, de la beauté ou de l’art. On peut analyser les situations, mais on ne peut saisir par elle qu’une partie des problèmes.
             D’autres domaines ne se prêtent pas au raisonnement logique : Kant l’a bien montré en ce qui concerne la métaphysique dans la « critique de la raison pure », ouvrage qui, lorsque j’étais en terminale S, en 1947, ne m’a pas laissé un souvenir de lecture facile.

              Une autre différence entre les préférences cérébrales : certains de préférence « perception », accumulent les observations mais tardent à décider et remettent facilement au lendemain. Face aux événements ils ne prévoient pas et s’adaptent.
             D’autres de préférence « Jugement », veulent anticiper sur les événements, les maîtriser et prévoir à l’avance ce qu’ils décideront. Par contre ils ont davantage de mal à s’adapter à un événement imprévu.
             Vouloir « rendre raison de tout » c’est tout vouloir ainsi maîtriser, même l’imprévu, qui pourtant est par définition imprévisible.
             C’est d’ailleurs en ce sens que l’on dit que le « risque zéro » n’existe pas.

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  •             Deux de mes lecteurs m'ont fait remarquer que je n'étais pas très respectueux, dans certains de mes articles, vis à vis de notre ministre de l'Education Nationale.
               C'est vrai, mais elle s'entoure de très mauvais conseillers et ses réformes sont toutes plus absurdes les unes que les autres, car elles vont à l'encontre de l'amélioration de l'enseignement.
               Mes jeunes lecteurs trouvent exagérés mes propos sur  l’école primaire. Ils trouvent notamment que j’exagère les bienfaits de la lecture, d’apprendre par cœur pour exercer sa mémoire et du calcul mental.

        Je pense qu’effectivement qu'on sous-estime l’importance de la mémoire, car elle est responsable d’environ 50% de notre intelligence. 
        Pour raisonner, prendre des décision, notre cortex frontal compare les situations à des situations déjà connues, avec l’aide du cerveau émotionnel. 
        Dans la vie de tous les jours et dans notre métier, nous faisons appel aux connaissances que nous avons déjà emmagasinées, et nous en mémorisons en permanence de nouvelles.
        Même l’imagination et la créativité sont tributaires de la mémoire. Il ne faut pas croire que l’on crée ex-nihilo. Inventer du nouveau, c’est simplement rapprocher des éléments que nous avons en mémoire et que d’autres n’ont pas réunis.C’est agencer différemment des éléments existants.
        Lorsqu’on nous fait apprendre par cœur, ce n’est pas le plus souvent ce que nous apprenons qui est important, c’est de s’exercer à retenir. A l’origine nous n’avons que des mémoires médiocres et c’est en les entraînant qu’elles deviennent performantes.

        A coté des mémoires à long terme, perceptive, épisodique, lexicale, déclarative, nous avons des mémoires à court terme, qui servent à stocker provisoirement des éléments qui nous servent temporairement, en vue de réflexion, de décision, d’action…
        Ces mémoires très importante n’ont qu’une capacité limitée et leurs temps d’accès peuvent être assez longs si nous nous en servons peu.
        Le calcul mental est un excellent moyen pour entraîner ces mémoires tampons à court terme.
        En outre, sur le plan des mathématiques, l’habitude du calcul mental oblige à avoir une notion de la « grandeur » des chiffres, notamment de la place des décimales, et par la suite, en physique, (et dans la vie de tous les jours), cela nous évite des erreurs grossières d’un facteur 10 ou 100, que l’on commet si on ne fait pas attention ou si on se sert mal d’une calculette ou d’un tableur.

        Quant à la lecture, elle est primordiale à plus d’un titre.
        D’une part c’est essentiellement en lisant que l’on acquiert des connaissances de toutes sortes, et que l’on cultive sa mémoire déclarative.
        Mais il y a d’autres retombées : lire oblige à une réflexion et une analyse qui permettront, en plus, d’améliorer la capacité de réflexion et de compréhension.
        Lire permet d’acquérir du vocabulaire, l’orthographe correspondante, mais aussi, si on lit certains auteurs d’acquérir une meilleure façon de s’exprimer, un meilleur niveau d’écriture.
        Toutefois toutes les lectures n’ont pas la même qualité. Dans la lecture dite « rapide », dont on peut apprendre la pratique et qui consiste à lire d’un même regard tout un morceau de ligne, comportant plusieurs mots, l’effort du cerveau est presque inconscient, impulsif, à peine plus exigeant qu’un simple décodage des mots, et on ne retient qu’un aperçu du texte.
    C’est très utile pour faire par exemple un tri de courrier ou de textes, pour séparer ceux que l’on veut relire de ceux que l’on estime peu importants.
        Mais on peut négliger des points importants et, si on veut profiter de sa lecture, il faut alors refaire ce que les linguistes appellent une lecture « immersive », qui appelle notre attention sur la succession des mots et l’analyse du sens des phrases.
        Lire, que ce soit dans des livres ou sur une tablette, de façon attentive est un exercice qui perfectionne notre mémoire, notre imagination, notre capacité de réflexion et d’analyse, notre écriture, et notre façon de nous exprimer et de communiquer.
        De plus, si nous lisons des ouvrages ou articles variés sur un sujet donné, cela nous permet de confronter les idées de divers auteurs et donc d’ouvrir notre esprit sur ce sujet, en évitant donc d’avoir une vue trop étroite ou trop sectaire de la question.

        Je continue donc de penser qu’on ne cultive plus assez ces aspects à l’école primaire, puis au lycée, et qu’ainsi on contribue moins à développer l’intelligences des enfants et des jeunes;

                       

     

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  •  Et enfin les deux derniers sujets, bien différents l’un de l’autre.

    Les deux derniers sujets de philo du bac 2016



        Le premier ne m’inspire pas du tout :
            - Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ? (ES)
            
        Qu’est ce que l’histoire? C’est l’ensemble des faits et événements du passé, mais aussi le récit de ces événements. De plus la plupart des auteurs ajoutent en général des explications ou des jugements personnels, qui ne sont pas forcément exacts, mais résultent souvent d’une interprétation personnelle. Mais il y a vraiment une « science de l’histoire » qui cherche à expliquer les faits et justifier les décisions qui les ont provoqués.
        Certains diront que le passé ne peut se modifier, alors à quoi bon l’étudier. D’autres y sont attachés sentimentalement comme l’histoire de notre famille, de nos ancêtres, de notre pays, de l’humanité. Certains pensent que l’expérience des faits du passé peut nous aider dans nos décisions à venir.

        Il est certain que les faits historiques sont uniques et ne se répètent pas, et donc échappent à l’expérimentation. On ne les connaît que par des récits, très déformés si ces faits n’ont pas fait l’objet d’écrits, mais de tradition orale. Et m^me s’il y a témoignage, d’une part on sait qu’un témoins n’est pas forcément ni fiable, ni impartial, ni objectif.
        L’histoire n’est donc pas une science à proprement parler : elle est subjective.

        Toutefois les histoires des divers peuples, des divers lieux, des régions du monde, ne sont pas indépendantes les unes des autres. En rechercher les différences, les interactions, ce qui est lié à la civilisation, à la géographie, au développement technique, à l’expression des arts, est intéressant et c’est de la culture générale.

        L’histoire est faite par les hommes et par la nature, ses bienfaits et ses catastrophes. Connaître l’histoire, c’est donc connaître une évolution de l’homme,  c’est suivre les progrès et les erreurs (voire horreurs) de l’humanité.
        Des sciences plus exactes peuvent venir à son secours, la psychologie pour étudier les comportement des hommes d’autrefois, les sciences de la nature pour analyser et expliquer les phénomènes naturels.
        L’histoire engendre aussi d’autres sciences souvent aussi hypothétiques qu’elle, telle la paléontologie, l’archéologie, mais aussi des sciences à part entière, communes avec la physique (comme l’étude de l’univers), ou avec la biologie, comme l’évolution des espèces ou l’épidémiologie.
        L’histoire n’est pas une science, mais elle a un intérêt scientifique.

     

    Les deux derniers sujets de philo du bac 2016



        Le second est plus d’actualité : 
              - Travailler moins, est-ce vivre mieux ? (S)
        
        Autrement dit, suffit-il de diminuer le travail pour que le bonheur augmente ou, à contrario, le bonheur découle t’il du temps libre, des loisirs, de l’oisiveté.
        Cela dit qu’entend t’on par travail : est ce le travail rémunéré, fait pour produire et pour vivre, ou est il aussi question du  le travail que l’on fait à titre personnel ?

        Il est souvent vrai que le travail que l’on fait pour vivre est vécu comme une contrainte, que l’on subit par nécessité pour « gagner sa vie ».
    C’est d’autant plus vrai que ce travail est pénible physiquement et donc fatigant.
        Il est certain que celui qui soude de grosses plaques de métal, dans une atmosphère à 40 d°, ou l’ouvrier du bâtiment qui porte de lourdes charges, même s’ils sont fiers de leurs réalisation, seraient moins fatigués s’ils travaillaient moins.
        Je me souviens d’un ingénieur qui, au musée des Arts et Métiers, nous montraient les anciens métiers à tisser qui commençaient à s’automatiser, et nous citait cette phrase d’Aristote  : « l'esclavage disparaîtra quand les métiers à tisser fonctionneront tout seuls ».
        Donc diminuer le temps de travail permet de diminuer la fatigue de certains et de mieux profiter de la vie. Mais cela implique une certaine activité et de ne pas aller jusqu’à l’oisiveté, qui selon le proverbe est « la mère de tous les vices ».

        Mais en fait tout dépend du travail que l’on fait et de l’intérêt qu’on lui porte, dans le masure ou c’est effectivement un travail qui apporte quelque chose à celui qui le fait.
        Il ne faut pas croire que seuls les cadres ont un travail qui les intéresse.
        J’ai connu de bons ouvriers qui réalisaient des pièces mécaniques très difficiles, notamment pour l’aéronautique, et qui s’intéressaient presque passionnément à ce qu’ils faisaient, étant très fiers de ce qu’ils arrivaient à réaliser. Mais c’étaient des ouvriers et techniciens qui connaissaient parfaitement leur métier : ils avaient donc conscience de leurs capacités à travers ces réalisations, et par ailleurs avaient l’impression de faire une œuvre utile.
        J’ai connu aussi des ingénieurs passionnés par leur travail, et qui ne ressentaient pas le besoin de travailler moins.
        J’ai connu aussi des personnes à la retraite, qui ont continué à faire des travaux bénévoles, pour se sentir utile mais aussi pour voir d’autres personnes et avoir des occupations variées, et d’autres retraités qui ne faisaient rien de constructif de leur temps libre, et se morfondaient, en attendant la fin de leur vie.
        Au fond plutôt que « travail », parlons « occupation ». Tout dépend de son intérêt et de sa pénibilité. Diminuer une occupation que l’on aime n’est pas la plupart du temps le moyen de mieux accéder au bonheur.

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