• Les jeunes et la mort.

         De mes relations avec mes jeunes correspondant(e)s, j’ai acquis l’impression que nos idées et notre confrontation à la mort sont très différentes.
        Paradoxalement, moi qui en suis plus proche, je la voit d’un oeil plus serein.

        Les articles de psychiatres que j’ai pu lire sur la vision de la mort d’un enfant, semblent également montrer que, même s’il est inévitablement influencé par les conditions de vie et les façons de penser de sa famille mais aussi de la société dans laquelle il vit, sa façon de voir la mort n’est pas celle d’un adulte.
        Tous les enfants et les adolescents se confrontent à la mort, à sa réalité autant qu’aux questions qu’elle pose. Elle est pour eux un élément de la réalité, en particulier par l’absence qu’elle provoque, mais aussi une question, en raison de l’inconnu qu’elle représente.
        Mais aujourd’hui, pour de nombreux enfants, la mort n’est plus en relation seulement avec la vieillesse, l’accident ou la maladie, car même s’ils ne sont pas confrontés directement ou par le récits de parents, à des famines, des catastrophes naturelles, des guerres civiles ou des génocides, les médias montent tellement de scènes de ce type, notamment à la télévision, qu’ils ne peuvent plus ignorer les horreurs morbides correspondantes.
        Les risques sanitaires font aussi la une des médias et, actuellement des jeunes voire des enfants, ne peuvent ignorer le risque de mourir de maladie..
        Par contre les rites funéraires et le culte des morts ont considérablement diminué, notamment en raison de la dispersion des familles.
        Certains adolescents sont attirés par des éléments culturels dans lesquels la fascination de la mort est présente, (gothique et satanique, par exemple, jeux violents...), par des manifestations de violence, des sports extrêmes, des conduites à risques, l’usage de drogues etc...
        Mais, dans son approche de la mort, l’enfant est aussi influencé par les événements de sa vie et par son environnement culturel et religieux, mais aussi par l’attitude de ses parents et les décès qui interviennent dans sa famille, voire même par la mort d’un animal familier.

        Les psychiatres et psychologues décrivent diverses conceptions de la mort chez l’enfant. Certains considèrent que l’enfant passe par de grandes étapes de développement, dont le rythme peut varier d’un enfant à l’autre mais qu’il est supposé suivre dans un ordre identique.
        Jusqu’à deux ans, l’enfant ne peut avoir de conception abstraite, qui ne viendra vraiment qu’avec le langage.
        Jusqu’à sept ans environ, l’enfant pense aux choses pour les réaliser, aux désirs pour obtenir, mais il a acquis la notion d’absence, de séparation de ses parents partis travailler, mais le caractère irréversible de la mort lui échappe et elle lui apparaît comme un sommeil, un voyage, une absence provisoire.
        Il n'en reconnaît ce caractère universel et irréversible que vers neuf ou dix ans et encore j’ai vu des jeunes de cet âge, très férus de jeux sur ordinateur, s’étonner que des personnes réellement mortes n’aient pas “plusieurs vies”, comme dans leurs jeux.
        Ce n’est que vers une douzaine d’années qu’il commence à avoir plus conscience, avec angoisse, de la réalité de la mort et de sa complexité ainsi que de sa propre mortalité.

        Pour d’autres psychologues, de telles étapes de développement existent bien mais elles ne sont pas homogènes et chacun des différents thèmes partiels qui constituent la conception de la mort évolue à son propre rythme.
        Cette conception de développement hétérogène distingue cinq principaux thèmes concernant la mort :       
            - l’arrêt des fonctions vitales que l’enfant attribue à tout vivant (manger, respirer, bouger, parler, etc.) ;
            - l’irréversibilité (la mort est définitive) ;
            - l’universalité (nul n’y échappe) ;
            - la causalité (la mort a une cause : un acte violent ou un accident, ; des causes naturelles, comme la maladie, ou surnaturelles pour les plus âgés, comme, par exemple, l’effet d’une justice immanente) ;
            - sa propre mortalité (lui aussi est mortel)..

        Certains psys, un peu torturés par les conceptions freudiennes sur les relations parents-enfants, considèrent que c’est la façon dont l’enfant perçoit la place de ses parents dans sa vie et sa propre place dans sa famille qui est au coeur de sa conception de la mort.
        L’enfant découvre que ses parents sont à l’origine de sa vie, et en conséquence il se demande s’ils n’auraient pas aussi le désir de la lui retirer ; il les considère pendant longtemps tout-puissants, et attend donc tout d’eux, bien au-delà du raisonnable et du réaliste, par exemple qu’ils le protègent de tout danger, de toute maladie, et donc de la mort. Personnellement je ne crois guère aux théories freudiennes.
        À l’adolescence il a besoin de trouver son autonomie, quitte à imaginer la mort de ses parents pour pouvoir trouver sa libre place dans le monde ; il fait ainsi la découverte bouleversante de leur nature mortelle et donc de sa propre mortalité, mais aussi de la peur d'un grand chagrin et de la crainte de l'abandon.
        Après la crise de l’adolescence, dans laquelle ce questionnement sur la mort et les relations complexes et parfois tumultueuses à ses parents qui en découlent, occupent une place importante, il accepte cette nature mortelle d’eux et de lui, et assume son statut d’adulte et notamment l’idée de transmettre la vie à son tour.
        Par contre la mort d'une autre personne apporte une perte et en général rien de positif en échange.
        L’enfant fait en permanence l’expérience de la perte de quelques chose, mais il trouve en général une compensation par un élargissement de sa vie :
        - la séparation fusionnelle du bébé et de sa mère, mais il va alors mieux connaître les autres membres de sa famille, et le sevrage qui change ses habitudes mais lui fait découvrir les aliments.
        - l’acquisition du langage lui fait certes perdre la complicité intime avec ses parents, qui le comprenaient sans qu’il ait besoin de parler, mais elle lui procure d’innombrables avantages relationnels.
        - à l’adolescence, il perd beaucoup des éléments de l’enfance auxquels il tenait, et en particulier l’image rassurante de la toute puissance de ses parents qui devaient le protéger de tout. Il connaît maintenant leurs défauts et leurs limites. Ils sont mortels, et lui aussi.
        Mais en revanche il découvre peu à peu la liberté et l’autonomie.
        La mort évoque donc, pour l’enfant, l’expérience de la perte douloureuse, négative : la mort d’un parent, par exemple, est souvent pour lui la perte majeure de tout ce qu’il aime, de tout ce qui lui donne son sentiment de sécurité et là, il n’y a pas de compensation.
        La relation à la mort existe aussi dans les pulsions agressives ainsi que dans les « voeux de mort » de l’enfant vis à vis de ses parents ou camarades et dont les parents devraient l’aider à prendre conscience de leur signification et à en faire un meilleur usage.
        L’enfant cherche à donner un sens à la mort, une explication(une punition, l’effet de voeux de mort), une justification (« pour laisser la place aux autres »), l’attribue à la vieillesse (qui est un temps si lointain qu’il pense ne jamais l’atteindre, et donc son angoisse est limitée).

        A l’adolescence, les questions sur la mort vont ressembler à celles que se posent les adultes, même si le langage est différent; elles portent surtout sur les modalités de la mort, sur l’angoisse et la souffrance (ça fait mal ?), sur ce que pense celui qui meurt (a-t-il peur, regrette-t-il sa vie, en veut-il aux vivants),sur ce qu’il devient dans leur vie (est-il oublié, etc. ?).     La mort représente la solitude, le temps qui ne passe plus, l’impossibilité de faire ce qu’on faisait avant, le fait de ne plus être avec les autres, etc.
        Si cette présence de la mort peut se traduire parfois par des conséquences bénéfiques, par exemple des vocations médicales (vouloir combattre la mort) ou artistiques (représenter l’irreprésentable, faire intensément exister l’image, de ce qui n’est plus là...), elles peuvent aussi s’exprimer par l’attrait pour certaines oeuvres (livres de fantômes ou livres policiers), dans les sports dangereux (qui peuvent apparaître comme un jeu avec la mort, comme pour la défier ou s’en approcher au plus près, par curiosité), ou dans des comportements violents ou d’autodestruction (comme si la personne se sentait obligée de reprendre à son compte la violence insupportable de la mort pour ne pas lui laisser ce privilège).
       
        J’ai bien des fois été confronté à des adolescents qui pensaient trop à la mort. Pour certains c’était normal, car ils avaient une maladie grave, mais je pense que même dans ce cas, si cela est plus compréhensible, c’est tout de même à éviter le plus possible car dans la lutte contre la maladie et pour qu’il reste une joie de vivre, l’espoir est indispensable.
        Mais pour un adulte, c’est beaucoup plus difficile de comprendre un adolescent pour lequel la mort est une obsession, alors qu’il a tout pour être heureux, ou que du moins, ses problèmes ne sont ni majeurs, ni vitaux, et cela d’autant plus qu’en général, il ne sait pas expliquer son attitude. Il faut alors beaucoup l’écouter, questionner, essayer de comprendre son environnement, mais c’est effectivement difficile de savoir comment l’aider à sortir de cette phase dépressive et dangereuse pour lui.
       Quant aux suicides, les jeunes que j'ai côtoyés et qui avaient des pensées morbides, n'avaient pas réellement envie de mourir et en avaient même peur, mais ils souffraient et à un moment ils avaient une "overdose de souffrance" qui arrivait comme une pulsion, et risquait de les entraîner vers l'acte fatal.

     

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  • La mort et nous, adultes.

      J’ai eu l’occasion ces temps derniers, à la suite de la pandémie actuelle et de tout ce que l'on voit à la télévision, de parler, avec certain(e)s de mes correspondant(e)s d’un sujet pas très gai et un peu tabou, “la mort”, et je crois qu’il n’est peut être pas inutile d’en parler parfois et d’y consacrer quelques articles.
        Déjà un de mes correspondants m’avait demandé si je craignais la mort et je lui avais répondu, que je craignais beaucoup plus de souffrir que de mourir, mais que ma préoccupation actuelle était plus de vivre et d’arriver à faire tout ce que j’entreprenais, occupations peut être un peu trop nombreuses pour le temps dont je dispose, et que parmi ces occupations, il pouvait y avoir aussi celle de préparer ma mort, non pas pour moi, qui n'en aurai plus rien à faire, mais pour ceux qui seront encore vivants après moi (et de préparer ainsi la vie.des autres).

        Aujourd’hui je voudrais voir de façon plus générale l’attitude de l’homme adulte face à la mort. Mais bien sûr je n’aurais pas la hauteur philosophique des “philosophes” et je dirai  que je ne suis qu’un scientifique plus habitué à la logique qu’aux altitudes de la pensée.
        Mais j’essaierai aussi de réfléchir un peu à ce qu’est la mort pour un enfant ou un ado, car je crois que l’approche est très différente de celle d’un adulte.

        La mort, et plus précisément “sa propre mort” (pas le fait de mourir mais celui d’être mort) est pour tout humain, enfant ou adulte, impensable, irreprésentable, inimaginable.
        Mais c’est justement parce qu’elle est impensable qu’elle occupe une place si importante dans la psychologie de chacun, et qu’il faut y penser, l’apprivoiser, pour qu’elle ne reste pas une inconnue effrayante et qu’elle ne suscite pas des images perturbantes et obsédantes.
        La mort est un sujet difficile et, dans notre civilisation actuelle occidentale, relativement tabou. D’un point de vue philosophique, ce thème est bien entendu étroitement lié à celui du temps et de la religion. Qu’elle soit religieuse ou philosophique, toute réflexion sur la mort a un aspect paradoxal et plein de contradictions.
        De plus la mort a une composante sociale puisque l’homme est le seul animal qui enterre ses morts au cours de cérémonies rituelles, et qui se souvient d’eux (plus plaisamment, on peut dire aussi que l’homme est le seul animal qui connaisse ses grands parents).
        Et tant qu’on y est l’homme est le seul animal qui sache qu’il doit mourir un jour, les autres animaux ne s’en rendant compte qu’à l’approche immédiate de leur mort.

        Je me souviens de mes cours de philosophie au lycée et d’avoir été assez frappé par ce que nous présentait notre professeur : la vie, parcours dans le temps entre deux néants, l’avant naissance et l’après mort. Alors à quoi bon vivre, puisque je ne pourrai réaliser tous mes désirs et mes projets.? Cette conception m’avait paru très intellectuelle et peu réaliste, car au fond que valent nos désirs et quel est le réalisme de nos projets, dans la vie, indépendamment de toute mort ?
        Mais il nous avait fait comprendre que le mort était quelque chose de difficile à imaginer : une “irréalité”. On conçoit mieux la mort d’un autre que la sienne propre !
        Cela et “l’être” et le “non être”, qui n’est pas le néant,  de quoi avoir mal au crâne pour un pauvre élève de terminale.!
        Mais de mes cours de philo et de français, je me souviens aussi des philosophes qui, comme Sartre (reprenant Epicure), niaient presque la mort, avec finalement un réalisme assez logique et fataliste : "tant que j’existe, la mort n’est rien pour moi, et quand elle est passée, je n’existe plus et elle ne me concerne plus. Alors où est le problème ?"
        Je me souviens aussi des auteurs de la renaissance de Villon et ses pendus, Ronsard et du Bellay et leurs incitations à trouver belle la vie et en profiter.

        Nous mourons tous d’un arrêt du coeur et du fonctionnement du cerveau, mais ce n’est pas si simple que cela et la question de passage de la vie à la mort est une transition qui apparaît pour tous, même aux non croyants, comme un mystère angoissant.
        En fait un simple arrêt cardio-circulatoire, et de réactions cérébrales est qualifié de "mort clinique" et  "l’Organisation mondiale de la santé " considère la mort comme « la disparition irréversible de l’activité cérébrale mise en évidence par la perte des réflexes du tronc cérébral », le tronc cérébral contenant les neurones qui par leurs pulsations régulièrement cadencés, comman-dent le fonctionnement de tout le cerveau et notamment des organes vitaux et de l’horloge biologique (voir mes articles à ce sujet).

        Je ne me lancerai pas dans le problème de l’âme, de la vie éternelle, voire de la résurrection des corps ou de la réincarnation. C’est une question de religion et donc de foi, qui par définition ne se démontre pas. Il y a sur internet des articles très intéressants sur les pensées et les usages, sur les rites aussi, des diverses grandes religions, voire même de certaines sectes.
        La seule remarque que je ferai est que la mort est associée au “mérite de l’au delà” et donc au respect de règles morales, qui varient grandement selon les époques et les endroits et sont édictées par les prêtres ou les personnes se prétendant telles, puisque cela peut aller jusqu’à promette le paradis aux kamikazes qui font des attentats contre les “ennemis de leur religion”.

        Quand j’étais jeune, c’était la guerre et tout jeune enfant, j’ai vu des fusillades entre résistants et allemands et des hommes mourir devant moi dans la rue. C’était choquant et pendant des semaines je ne suis plus repassé par cette rue, qui pourtant était le plus court chemin pour aller en classe. Mais c’était plus de la peur que la conscience de la mort.
        Puis adolescent, j’ai vu mourir mes grands parents et d’autres personnes que j’aimais beaucoup et là j’ai pris la mesure de l’absence, du vide que cause la mort, de la disparition de l’autre que l’on aimait et qui n’est plus là et qui vous manque énormément.
        Alors je me pose des questions quand je vois le journal télévisé qui chaque jour, fait 80% de son contenu avec les morts dans les guerres internes et attentats dans le monde, tous les assassinats et accidents en France et maintenant le coronavirus, et où les journalistes interrogent à n’en plus finir les proches, malgré leur peine, les voisins, les autorités et s’ils le pouvaient, les assassins, pour leur demander leurs impressions.
        Quelle en sera la conséquence, sans doute parfois la peur de la mort, surtout chez les jeunes qui sont sensibles, mais aussi une banalisation qui peut mener au suicide et au crime.

        Malgré tout, je crois que la mort n’est réellement pensée que lorsqu’il s’agit de la mort d’autrui. En ce qui concerne notre propre mort, et bien que se sachant mortel, on ne peut l’envisager en toute sérénité, on ne sait pas ce qu’elle sera, ni quand (heureusement d’ailleurs) et c’est un événement angoissant.
        Je crois que l’erreur à ne pas faire est de se dire “à quoi bon vivre si je dois mourir ?” Au contraire c’est la mort qui donne un sens à la vie, car, en nous obligeant à faire face aux hasards et à la brièveté des choses, elle nous oblige à agir et à donner un sens à notre existence. .
        Nous n’avons pas de temps à perdre, il faut réaliser le plus vite possible ce à quoi nous aspirons, les buts que nous nous assignons pour nous et pour ceux qui nous entourent.
        Je peux vous assurer que, même quand on est vieux et proche de cette mort, si on déborde d’activité, on n’a guère le temps de penser à elle.


        Mais pour les enfants et les ados, la conception de la mort est différente et ce sera le sujet de mon prochain article.

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  •  

    Dépression fait de société.

       La dépression touche aujourd'hui 10 à 15 pour cent de la population française.
         J’ai côtoyé des personnes en dépression dans mon travail, et surtout certain(e)s de mes correspondant(e)s de blogs, se sentaient mal, au bord de la dépression.
         C’est toujours délicat, car on ne sait pas bien comment s’y prendre, le raisonnement logique étant tout à fait perturbé et le pessimisme poussé à l’extrême.
         Ce qui m’étonne c’est que je n’ai pas souvenir d’avoir vu en dépression, quand j'étais très jeune, des adultes et surtout des jeunes parmi mes camarades, sauf  quand ils avaient subi une catastrophe, le deuil d’un être très cher notamment. Pourtant on sortait de la guerre et la période n’avait pas été très rose.

        Est ce donc notre époque actuelle qui veut cela?
        Mal conjoncturel, la dépression est interprétée par le sociologue Alain Ehrenberg comme le symptôme d'une société individualiste qui a fragilisé le lien social autrefois fondé sur la famille, la hiérarchie des classes et les conventions.        
        Condamné à improviser, à s'inventer et à faire à chaque instant la preuve de sa valeur personnelle, l'individu s'est de plus en plus centré sur lui-même (notamment sous la pression des discours visant à développer l'initiative personnelle, la consommation, la libre entreprise et le narcissisme des théories à la mode du « développement personnel »).
        Selon A. Ehrenberg, la dépression est la part réservée à tous ceux qui, ayant cherché leur accomplissement personnel, n'ont pas rencontré le succès attendu : isolés, déçus et épuisés par les efforts consentis, ils subissent la violence d'une société sans compassion à laquelle ils ont l’impression d’être inutiles. Ceux qui en sont atteints, souffrent d'une solitude auto-centrée et d'une perte de socialisation.

        Or, la dépression est une maladie, où le fragile équilibre des neuromédiateurs est perturbé. L’activation de certaines zones cérébrales apparaît modifiée lors d’examens IRM du cerveau.
        On sait que la sérotonine est l’un des neurotransmetteurs qui détermine le plus nos humeurs, notre moral.
        Comment expliquer que la concentration cérébrale de sérotonine d'un individu centré sur lui-même baisse et que ses ressources cognitives diminuent ?

        Les animaux ne sont pas à l’abri de telles manifestations :  une souris régulièrement agressée et repoussée par ses semblables se replie sur elle-même, évite tout contact même avec les animaux bienveillants et dépérit, privée de tissu social.
        Le neurobiologiste Olivier Berton et son équipe de neurosciences fondamentales de l'Université du Texas ont découvert qu’une molécule qu’ils ont appelée BDNF (Brain Derived Neurotrophic Factor), pourrait faire le lien entre le cerveau déprimé et l'environnement social:
        Cette substance est libérée dans le cerveau d'animaux qui subissent un rejet social, et si on supprime chimiquement l'action de cette molécule dans le cerveau de souris de laboratoire, on constate que les souris privées de cette molécule ne sont plus sujettes à la dépression lorsqu'elles ont été rejetées par leurs congénères .
        Chez une souris normale, un réseau de neurones  établit des ordres de préférence, que ce soit dans le domaine de la nourriture ou des relations sociales. Chez la souris rejetée par ses congénères, le BDNF est synthétisé en excès, et ce réseau devient incapable de faire ces choix liés aux relations sociales.

        Les généticiens et biochimistes auteurs de cette découverte soulignent son potentiel thérapeutique. Selon eux, en plus des antidépresseurs classiques, de nouvelles molécules enrayant l'action du BDNF éviteraient aux exclus sociaux de se replier sur eux- mêmes et d'accentuer leur isolement. Toutefois, cette étude souligne surtout l'impact déterminant des conditions de socialisation des animaux sur leur fonctionnement cognitif.
        Hélas, la dépression est probablement un produit de notre société moderne, qui devient de moins en moins humaine.

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  • Il ne faut pas céder à l'anxiété, face à un échec.

              La photo ci dessus rest celle d'un superbe château de sable, réalisé sur une plage de Bretagne, lors d'un concours. Mais un château de sable, c'est fragile et la pluie ou la marée vont le détruire hélas. Faut il désespérer de cette catastrophe ?

                Le 3 mars 2019, j'avais publié et commenté l'exercice codé suivant que je réédite ci-dessous pour vous amuser, mais j'en donne tout de suite la traduction, car ce texte est important pour moi.

    > > > UN B34U JOUR D'373, 
    > > > J'37415 5UR L4 PL4G3 37 J3 R3G4RD415 D3UX J3UN35 F1LL35 JOU4N7 D4N5 L3 54BL3. 3LL35 CON57RU15413N7 UN CHÂ734U D3 54BL3, 4V3C 7OUR5, P4554G35 C4CH35 37 PON7-L3V15. 4LOR5 QU'3LL35 73RM1N413N7, UN3 V4GU3 357 4RR1V33 37 4 7OU7 D37RU17, R3DU154N7 L3 CH4734U 3N UN 745 D3 54BL3 37 D'3CUM3.J'41 CRU QU'4PR35 74N7 D'3FFOR7, L35 F1LL37735 COM3NÇ3R413N7 4 PL3UR3R, M415 4U CON7R41R3 3LL35 COURRUR3N7 5UR L4 PL4G3, R14N7 37 JOU4N7 37 COMM3NÇ3R3N7 4 CON57RU1R3 UN 4U7R3 CHÂ734U. J'41 COMPR15 QU3 J3 V3N415 D'4PPR3NDR3 UN3 GR4ND3 L3ÇON. NOU5 P455ON5 UN3 GR4ND3 P4R713 D3 NO7R3 V13 4 CON57RU1R3 D35 CHO535 M415 LOR5QU3 PLU5 74RD UN3 V4GU3 L35 D3MOL17, L35 53UL35 CHO535 QU1 R3573N7 5ON7 L'4M1713, L'4MOUR 37 L '4FF3C71ON 37 L35 M41N5 D35 G3N5 QU1 5ON7 C4P4BL35 D3 NOU5 F41R3 5OUR1R3. 

    “....J'étais sur la plage et je regardais deux petites filles jouant dans le sable. Elles construisaient un château de sable, avec tours, passages secrets et pont-levis. Alors qu'elles terminaient, une vague est arrivée et a tout détruit, réduisant le château en un tas de sable et d'écume.
        J'ai cru qu'après tant d'efforts, les fillettes commençeraient à pleurer, mais au contraire elles courrurent sur la plage, riant et jouant et commencèrent à construire un autre château. 
        J'ai compris que je venais d'apprendre une grande leçon. Nous passons une grande partie de notre vie à construire des choses, mais lorsque, plus tard, une vague les démolit, les seules choses qui restent sont l'amitié, l'amour et l'affection et les gens qui sont capables de nous faire sourire. “

             L'attitude de ces enfants est pour moi un exemple, et un message que j’essaie souvent de faire passer auprès des jeunes qui m’écrivent et qui traversent un mauvais passage dans leur vie, parce quelque chose ou quelqu’un auquel ils tenaient beaucoup vient de sortir de leur existence.

             Il faut alors s’occuper pour penser à autre chose, travailler le mieux possible : reconstruire un autre château de sable. 
             Et puis il faut s’appuyer sur les amis, sur la famille, pour faire des choses ensemble, se changer l’esprit, rire à nouveau.`    
             Bien sûr on a envie de pleurer, mais il faut surmonter cette envie. Rester dans son coin à le faire ne sert à rien, si ce n’est à faire tourner les pensées tristes dans votre cerveau et à stresser encore plus.
             Certes c’est dur de tourner la page, d’oublier le passé, de ne pas se reprocher ses erreurs, mais cela sert à quoi de ressasser tout cela sinon à être encore plus mal.
              Il faut changer de registre, rêver à nouveau, refaire des projets réalistes à partir de ses rêves, et se donner les moyens de les réaliser avec motivation et volonté.
             A deux reprises, dans ma jeunesse,”la mer a détruit mon château de sable” et je vous assure que le seul moyen d’en sortir c’est d’avaler ses larmes, de serrer les dents et de repasser à l’action, d’essayer de le reconstruire, avec l’aide de la famille et des amis.
             Et parfois on trouve aussi, à la fin, un nouvel amour, une nouvelle passion. 

              Je ferai demain un article sur la dépression. Bien entendu lorsqu'on est vraiment en dépression, il faut aller voir un médecin et se faire soigner, car c'est un dérèglement de l'organisme et du cerveau, et donc c'est analogue à une maladie. Et les médicaments que prescrit le médecin sont alors nécessaires.

             Mais la plupart du temps, malgré de grands chagrins nous ne sommes pas en dépression. Nous traversons seulement une mauvaise passe, nous sommes stressés, anxieux. Depuis plus de 15 ans que je suis sur mes blogs successifs, j'ai aidé plus d'une centaine de jeunes qui se trouvaient dans cette situation.
              Beaucoup d'entre eux se sentaient mal, l'esprit vide et ressassaient des idées tristes, mais sauf s'ils avaient subi un traumatisme particulier et avéré, ils ne savaient pas me dire pourquoi ils se sentaient ainsi diminués, incapables d'agir efficacement.
               La première chose à faire dans ce cas, c'est d'examiner son environnement, le déroule-ment de sa vie, ce qui s'est passé récemment, nos rapports avec d'autres, bref essayer de trouver ce qui s'est mal passé, quel est le château de sable qui s'est détruit ou menace de s'écrouler, quel est la ou les causes de notre mal-être.
               On pourrait croire que c'est facile. Eh bien non ! Notre cerveau essaie de nous défendre contre ces éléments qui nous blessent et pour cela il nous les occulte, il essaie de nous les faire oublier. Ils sont dans notre inconscient, bien cachés et il faut réfléchir pour les trouver, les traquer avec logique et bon sens, un peu comme dans une enquête policière.
                Et souvent, nous ne voulons pas voir ces causes, parce qu'elles nous dérangent, que nous avons des sentiments divers vis à vis d'elles, comme la culpabilité par exemple. Et puis nous avons des émotions, des sentiments et donc nous ne sommes pas insensibles devant ces causes, et cela nous empêche souvent de les traiter logiquement, froidement , en "spectateur".
                C'est pour cela que  dans ces situations on a besoin souvent que quelqu'un vous aide, reprenne avec vous les causes possibles, vous aide à les analyser objectivement et à faire la part des choses, la recherche des raisons de votre mal être.
                 Une fois les causes trouvées, on peut alors examiner la situation, tirer les leçons du passé et tourner la page, examiner le présent et l'avenir, chercher les remèdes, réparer ce qui est possible et sinon se reconstruire, refaire un nouveau château de sable.

                C'est déjà difficile pour un adulte, cela l'est encore plus pour un ado, car il est encore fragile, qu'il veut rester dans l'enfance dans le présent, à l'abri du nid familial, mais doit aussi se projeter dans l'avenir et devenir capable de voler de ses propres ailes et de conquérir l'indépendance et la responsabilité de sa vie future. C'est là où les conseil d'un ancien peuvent lui suggérer des images d'un avenir possible, qu'il n'imagine pas facilement, car il n'en a pas encore l'expérience.


       

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  • Savoir tourner la page.

           Dans l'article d'hier je vous disais qu’une partie de votre peine était due à des regrets ou des remords. Peut on maîtriser notre tendance à ainsi regretter ?

            Nous regrettons souvent les conséquences néfastes ou non désirées de nos actes ou des événements de notre passé : ce sont nos remords.
            D'où un premier" conseil, de lucidité: face aux événements, “n'oubliez jamais d'imaginer tout ce qui aurait pu se passer, y compris ce qui aurai pu être pire et pas seulement ce qui aurait pu être mieux!”.
        Pensez à ceux qui sont dans des situations bien plus difficile que vous et relativisez donc les inconvénients de votre situation. Et voyez aussi que celle-ci a certes des inconvénients mais aussi des avantages. Alors pensez aussi à ces cotés positifs.
        Et puis si vous aviez fait différemment, vous ne savez pas ce qui se serait passé. La vie ne se vit qu’une fois ! Alors les résultats du “si j’avais su...” sont toujours hypothétiques.

            Les sujets perfectionnistes, cherchant toujours à atteindre le meilleur résultat et à faire les meilleurs choix possibles, sont globalement moins satisfaits de leur existence, car ils sont plus exposés aux remords et regrets que ceux qui se contentent d'un « choix acceptable ».
             D'où un deuxième conseil, de sagesse : “apprenez, dans divers domaines de votre quotidien, à renoncer à l'idéal, et à apprécier des résultats même modestes.”
            Cette attitude n'est pas une acceptation de la médiocrité, mais une recherche du juste milieu et du meilleur rapport entre coûts et bénéfices dans les actes quotidiens.
        Certaines de mes guenons en perpétuelle recherche du bonheur, rêvent toujours de situations et d’êtres parfaits et du coup, sont toujours déçues. Ce ne sont ni leurs actes ni leurs conséquences qui font leur malheur, mais l’impossible attente d’une solution idéale qu’elles avaient imaginée et qui ne peut arriver.

            Certaines personnes ont tendance à tout reporter au lendemain, et l’habitude de subir les événements, voire pire, de renoncer à agir. C’est une préférence de notre cerveau, qui poussée à l’extrème, nous incite à rassembler toujours plus d’information, sans passer à la décision et à l’action.
            Puisque les regrets liés à l’inaction sont les plus graves, et que l’inaction entraîne une encore plus grande hésitation à agir, , on pourrait conseiller “dans le doute il faut toujours agir”
            Un tel conseil doit cependant être adapté : chez les personnes qui ont l’action facile, les regrets sont moins importants en cas d’échec lié à une action que si l’échec est lié à une inaction, mais c’est l’inverse chez les personnes hésitantes et inhibées, pour lesquelles les échecs liés à l’action sont plus douloureux.
            D’où l’utilité de connaître sa propre personnalité.
            Et puis évidemment, agir ne veut pas dire: faire n’importe quoi.

            En fait il est impossible de ne rien regretter car chaque choix se fait au détriment d’un autre.
            Plutôt que de viser la maîtrise totale des meilleurs choix (impossible) ou l'évitement total du moindre choix (inefficace), la meilleure option semble être d'apprendre à gérer intelligemment ses regrets.
            Il faut apprendre à faire le  bilan de nos actes, et à en tirer des leçons pour l'avenir. Pour se libérer de la peur de l'échec et des regrets anticipés, le plus efficace n'est pas de renoncer à agir, mais d'augmenter sa tolérance à l'échec, et surtout d'apprendre à en tirer les enseignements, afin de transformer les occasions de regretter en occasions d'apprendre
             « Si vous perdez, ne perdez pas la leçon.»


    “Surtout ne te retourne pas, ne reste pas dans le passé, tire la leçon de tes erreurs, essaie de bien définir ce qu’il ne faut pas recommencer dans une telle situation et tourne la page. Ne garde que les bons souvenir du passé et tourne toi résolument vers l’avenir, vers les projets et les décisions que tu dois prendre, vers les actions que tu dois mener sans rechercher l'impossible ni la perfection.”

        C’est ce que me disaient mes grands parents quand j’étais ado.

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