• Les neurones miroirs : communication avec autrui.

             J'ai déjà fait un article sur les neurones miroirs, le 25 août 2017. Mais je viens de lire dans la revue "Cerveaux et Psycho" de juin 22, un article qui fait le point sur les études dans ce domaine.

            Les neurones miroirs ont été découverts en 1992, par une équipe l'Institut de physiologie humaine de la ville de Parme, en Italie, dirigée par Giacomo Rizzolatti. .
            Les chercheurs enregistraient la réponse de neurones du système moteur de singes (et notamment les centres de préparation des commandes du langage, près de l'aire de Broca), et ils ont vu avec étonnement, que certains neurones "s'allumaient" aussi bien lors les chercheurs prenaient des cacahouètes que lorsque les singes les prenaient eux-mêmes.
           Chose amusante, le New York Times a enjolivé cette histoire, en racontant qu'un chercheur revenait du restaurant d'entreprise en léchant une boule de glace dans un cornet et que, lorsqu'il a porté à la bouche son cornet, dans le champ de vision du singe, alors que le singe n'a lui fait aucun geste, des neurones se sont déclenchés dans son système moteur.
           C'était la découverte de neurones qui "imitent" les mouvements d'autrui, alors que l'on ne fait aucun de ces mouvements.
           Ces études ont fait alors grand bruit, tant dans le milieu scientifique que dans la presse.
           De très nombreux neurones miroirs ont été ensuite repérés notamment en 2010, par des chercheurs israéliens, dans les neurones moteurs du temporal (en vert) et en 2012 dans la synthèse de 125 études faite par un chercheur australien (voir le schéma ci-dessous, en rouge).

    Les neurones miroirs : communication avec autrui.

           Mais les données IRM n'ont souvent pas une résolution suffisante pour affirmer qu'il s'agit des mêmes neurones qui s'activent lorsque l'on fait une action, ou lorsqu'on la voit faire.
           Bref on attribué maints pouvoirs aux neurones miroirs, notamment dans les relations affectives et sociales,  et l'article que je résume, essaie de faire le point sur l'exactitude des ces données.

            Les neurones miroirs permettent de reconnaître et imiter les actions d'autrui.
            Des patients dont le neurones miroirs ont subi des dommages, ont effectivement des difficultés dans ce domaine et de nombreuses expériences montrent que cette propriété des neurones miroirs est réelle.

           Les neurones miroirs sont les principaux acteurs de la "théorie de l'esprit", cette appellation barbare indiquant la capacité de comprendre et prévoir les actions et les états mentaux de nos semblables, et donc reconnaissent non seulement les actions d'autrui, mais prévoient aussi leurs intentions.
           
    Les expériences menées pour prouver cette propriété ont été plutôt négatives et ce sont les centres du cortex préfrontal qui semblaient essentiellement utilisés.

           Les neurones miroirs sont à la base du langage. du fait de la présence de neurones miroirs dans le voisinage du centre de Broca, on pouvait penser que la confrontation du mouvement d'autrui avec son propre mouvement provenait du langage commun pour désigner ces mouvements.
           Cette hypothèse n'est pas correcte. le centre de Broca permet démettre le langage, mais sa compréhension est le fait du centre de Wernicke. Néanmoins l'inhibition de neurones miroirs des centres promoteurs de la parole perturbe la compréhension de la parole d'autrui, sans doute parce que le centre de Wernicke collabore avec le centre de Broca, pour comparer les sons entendus avec ceux qu'on émettrait soi-même.

             Les neurones miroirs provoquent l'empathie.
             Il existe des cellules nerveuses qui sont actives aussi bien quand on éprouve une émotion, que lorsqu'on voit une personne éprouver une émotion semblable, notamment dans le cortex cingulaire.
    Toutefois cela suffit il pour créer de l'empathie. Tout dépend de ce que l'on entend par empathie.
    Ressentir les mêmes émotion n'entraine pas forcément la volonté d'aider la personne dont on comprend l'émotion.
             Attribuer cette propriété aux neurones miroirs est trop simpliste.

             La défaillance des neurones miroirs est à la base de l'autisme.
             C'est vrai que les neurones miroirs sont sollicités dans les relations sociales. Les autistes imitent également moins bien autrui, mais ce sont surtout dans le cas de situations complexes et non de simples mouvements. Finalement ce ne sont pas les neurones miroirs qui sont les principaux responsables, mais les centres du cortex préfrontal qui analysent les situations et prennent les décisions.

             En définitive si les neurones miroirs ont une action certaine en ce qui concerne l'imitation élémentaire de gestes d'autres personnes ou la compréhension des émotions d'autrui, ils ne semblent pas à la base des sentiments complexes d'empathie et encore moins responsables de l'autisme.
             En fait il existe des neurones miroirs très différents et en fait initialement cette appellation était réservée à des neurones du système moteur.

             

     

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  • Exposition solaire et cancers de la peau.

         Cet été a été très chaud, notamment dans le sud de la France, et pourtant la télé nous a souvent montré des personnes qui se faisaient bronzer, allongées au soleil sur la plage.
        En les voyant, je frémis en pensant aux futurs cancers de la peau.

       En fait 40% des cancers pourraient être en partie évités, car il ne sont pas spontanés mais correspondent à dermiques que nous prenons. Le schéma ci dessous montre ces divers facteurs de risques et, même si les deux plus importants sont le tabac et l'alcool, l'exposition aux UV représente néanmoins 3% des cancers.

    Exposition solaire et cancers de la peau.

       Le cancer de la peau augmente en Europe de 5 à 7 % par an. En France, environ 70 000 carcinomes et 10 000 mélanomes sont diagnostiqués chaque année.
        L'exposition aux UV solaires augmente le risque de cancer de la peau, c’est connu, mais on pense que cela n’arrivera qu’aux autres. Mais il existe des nuances concernant le type d'exposition et la période au cours de la vie qui sont importantes.
       Selon les chiffres de 2020, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recense chaque année :

                    - 130 000 cas de mélanomes dans le monde ;
                    - 1,2 millions de carcinomes (en 2020).
                   - Un doublement du nombre de cas tous les 10 ans depuis 1945 a été constaté, avec une oscillation de 3 à 7 % selon le pays considéré.
        Chez l’homme, le nombre de cas incidents de mélanome de la peau a presque été multiplié par 5 (+ 371 %) entre 1990 et 2018 et a été multiplié par 3 (+ 189 %) chez la femme.
        L'incidence a atteint des sommets en 2018 avec 14,2 hommes sur 100 000  et 14,2 femmes sur 100 000.

          Des chercheurs de l'université Brown, à Providence (États-Unis), dont les études font toujours référence, ont analysé les liens entre type d'exposition et cancer de la peau chez 109 000 infirmières américaines, suivies pendant vingt ans entre 1989 et 2009. Ils ont recensé 6955 carcinomes baso-cellulaires, 880 carcinomes épidermoïdes et 779 mélanomes.

        Les carcinomes cutanés, basocellulaires et épidermoïdes, représentent 90% des cancers de la peau.
        Les carcinomes basocellulaires
    , les plus fréquents (70 % des cancers cutanés), sont aussi les moins graves. En effet, leur développement, à partir de la couche basale de l'épiderme, (les cellules souches) reste local. Ces carcinomes ne métastasent pas et leur ablation complète assure donc la guérison du patient. Leur traitement doit néanmoins être précoce car ces tumeurs peuvent s'étendre en surface.

        Les chercheurs américains ont montré que les carcinomes baso-cellulaires, dégagent une odeur particulière susceptible d'être détectée grâce à des «nez électroniques», qui vont être mis au point à des fins de diagnostic.
       
        Les carcinomes épidermoïdes sont plus rares (20 %) mais plus agressifs que les carcinomes basocellulaires. Ils se développent à partir des couches supérieures de l'épiderme et ont la capacité d'envahir les ganglions lymphatiques et, à partir de là,de se disséminer dans d'autres organes (métastases). D'où, là encore, la nécessité de détecter ces carcinomes précocement.
       
        Les mélanomes de la peau représentent 10 % des cancers cutanés. Le mélanome cutané peut apparaître sur peau saine (70 à 80 % des cas) ou résulter de la transformation maligne d'un grain de beauté. Ce sont des cancers avec un très bon pronostic lorsqu'ils sont détectés à un stade précoce et qu'il n'y a pas de métastase. Le traitement est alors chirurgical. Un diagnostic tardif réduit en revanche considérablement les chances de guérison, car le mélanome peut s'étendre rapidement aux relais ganglionnaires et à d'autres parties du corps par la dissémination de métastases.
       
        Alors que les carcinomes touchent essentiellement des personnes de plus de 50 ans, les mélanomes peuvent affecter des personnes jeunes La survie dépend du stade de la maladie au moment du diagnostic : la survie relative à 5 ans est de 98 % au stade localisé, de 62 % en cas d'extension proche, et de 15 % en cas de métastases.

        L’analyse statistique américaine a montré que parmi les infirmières interrogées, les femmes qui se sont le plus exposées au soleil au cours de leur vie ont près de deux fois et demi plus de risque de carcinome que celles qui se sont protégées. En revanche, cette exposition chronique n'a pas augmenté le risque de mélanome.
        Les femmes qui ont subi au moins cinq coups de soleil avec cloques avant l'âge de vingt ans ont 80% de risque en plus d'avoir un mélanome que celles qui n'ont pas connu ce type d'incident. Ces coups de soleil augmentent également le risque de carcinome de 68%.
        Les risques sont encore plus élevés chez les sujets sensibles, blonds et roux à peau claire.
        Les sujets qui ont une quantité de mélanine plus importante (noirs, populations autochtones de certains pays) sont peu sensibles et n’ont que très peu de risques. En Australie, le risque de cancer a été importé avec les anglais à peau blanche.

        Face à l’augmentation importante des cancers de la peau au cours de ces dernières années),il est donc très important de se protéger contre tous les rayons ultraviolets et à tous les âges de la vie. L'Institut national du cancer recommande d'éviter de s'exposer entre 12 et 16 heures, de se couvrir en cas d'exposition (vêtements, lunettes, chapeau) et d'utiliser de la crème solaire régulièrement en cas de baignade. Il met en garde contre l’utilisation des cabines ou appareils de bronzage.
        Et au moindre élément suspect sur la peau, il convient de le montrer au médecin.

       Il y a beaucoup d'études sur les crèmes solaires et et souvent les chiffres trouvés sont  différents de ceux indiqués par la publicité correspondante.
        Il semble qu’il y ait une grande dispersion entre les résultats d’essais en laboratoire, car ils dépendent des peaux utilisées (les résultats de protection sont plus élevés avec des peaux sensibles), ainsi que certains produits ajoutés, comme les anti-inflammatoire, qui retardent l'apparition de l'érythème et font artificiellement augmenter l'indice lors des tests réalisés sur la peau, alors qu’il n’apportent aucune protection supplémentaire.
        En particulier, pour faire plaisir aux écologistes, les industriels cherchent à remplacer les filtres organiques utilisés traditionnellement (et qui polluent l’eau), par des composés minéraux, comme le dioxyde de titane et l'oxyde de zinc, mais avec lesquels il est impossible d'obtenir de forts indices égaux ou supérieurs à 50.

        Théoriquement au laboratoire, sous une source qui émet un rayonnement constant dans le temps et pour une crème qui inclut des produits photostables, si une personne a un coup de soleil au bout de 10 minutes sans protection, un indice de Protection de  15 signifie qu'il faudra 150 minutes (soit 15 fois 10 minutes ou 2h30) pour obtenir le même coup de soleil avec ce produit solaire. Donc plus l'indice est élevé, meilleure est la protection, contre le coup de soleil. Mais il ne faut pas perdre de vue que toutes les personnes ne sont pas égales au regard des risques, et que par ailleurs la source d’exposition qu’est le soleil sur une plage n’est pas constante dans la journée, notamment en raison de la couche d’atmosphère traversée, beaucoup plus faible aux environs de midi (14 heures heure, locale).
        Les crèmes solaires ne sont pas destinées aux bébés, qui ne doivent pas être exposés au soleil.
        En Europe et au Japon, les produits solaires sont considérés comme des cosmétiques, alors qu'en Australie, au Canada et aux États-Unis ils sont classés comme des médicaments.
        Le terme « écran total » est interdit en Europe depuis 2006 pour les crèmes solaires, car aucune d'entre elles, même à haut indice de protection, ne peut bloquer 100 % des UV.

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  • Un homme et une femme ont ils le même cerveau ?

        On trouve souvent des articles de journalistes, tantôt machos, tantôt féministes, sur le différence entre le cerveau des femmes et celui des hommes, avec évidemment un certain nombre d’inexactitudes visant à favoriser l’un ou l’autre sexe.
        En fait jusqu’à présent on n’avait pas trouvé grand chose de différent.
        Mais l’étude est difficile. Les mesures de l'activité cérébrale réalisées à l’aide de techniques d'imagerie ne montrent que les régions cérébrales qui ont la plus forte activation pour une tâche donnée et non les détails concernant de petits groupes de neurones.
        On sait par exemple que les divers centres du cerveau émotionnel sont en général impliqués dans tout ce qui est sentiment et émotions, mais ils participent aussi aux réflexions rationnelles; le chef d’orchestre de nos pensées, le cerveau préfrontal voit sa partie dans l’hémisphère droit plus fortement impliqué dons les réactions émotionnelles, alors que son homologue gauche est surtout impliqué dans la réflexion logique, l’organisation de nos pensées et de nos tâches, la planification, la décision et l’action.
         Les centres du langage sont localisés dons l'hémisphère gauche, mais l’hémisphère droit évalue l’aspect émotionnel d’une phrase.
        Parler d'hémisphère « émotionnel globalisant » droit par opposition à l'hémisphère « logique analytique » gauche ne correspond pas à la réalité, car les hémisphères gauche et droit travaillent en permanence ensemble et se complètent.
        Les différences physiologiques et psychologiques entre les hommes et les femmes doivent être analysées avec la même prudence.
       
        La seule partie vraiment différente est une toute petite partie du cerveau central qui régule notre vie, dans
    l’hypothalamus : c’est un petit centre de l’hypothalamus qui gère notre sexualité, et gère notamment l’hypophyse, qui donne des ordres chimiques aux autres glandes et notamment contrôle les sécrétions hormonales.

        Il est donc normal que cette partie soit différente en fonction du sexe, puisque les hormones concernées le sont aussi.
        Chez une partie des hommes homosexuels, ce centre de l’hypothalamus ressemblerait plus à la version féminine qu’à la version masculine, ce qui pourrait peut être expliquer en partie leur orientation.

        Les deux hémisphères du cerveau travaillent toujours ensemble, mais suivant les tâches, l’un peut avoir la priorité sur l’autre ; certains traitements se font plus particulièrement dans un hémisphère sans doute pour permettre des liaisons plus rapides entre neurones. Il semble que la prééminence d’un hémisphère sur l’autre lors d’une tâche particulière proviendrait d’une inhibition partielle d’un hémisphère par l’autre, via le corps calleux, qui est le faisceaux d’axones (200 à 800 millions) reliant les deux hémisphères.
                Mais chose curieuse, la pensée ayant chez l’être humain, pour support le langage, qui est surtout généré par l’hémisphère gauche, alors que les représentations spatiales et certaines représentations émotionnelles sont plutôt ressenties par le cerveau droit, il semblerait que le cortex préfrontal imposerait la version du cerveau gauche, en cas d’incohérence et de désaccord entre les deux hémisphères.

        Certains tests ont donné des résultats assez étonnants, mais toutefois peu précis.
        Il semblerait que, pour les femmes, l’inhibition du cerveau droit par le gauche, est maximale pendant la période menstruelle où les taux d’hormones sont faibles, diminue ensuite pendant la période de production d’estradiol et est minimale au moment de l’ovulation, et augmente à nouveau avec la période progestative.
                On constate en effet que pendant la période d’ovulation, les femmes résolvent mieux les problèmes (coordination plus grande entre les hémisphères qui s’associent et se partagent les tâches), mais le font plus lentement (échanges plus longs que dans une latéralisation plus poussée). Mais en fait il s’agit de tests simples expérimentaux et pas des tâches complexes de la vie quotidienne, et il serait faux de généraliser ces résultats.
        Les hormones ont d’ailleurs une importance qu’on ne soupçonne pas sur les différences de comportement entre hommes et femmes.
                Par exemple, après un stress les hommes sont plus agressifs et prennent plus de risques. Le stress a provoqué la production de cortisol, d’adrénaline, mais aussi de testostérone.
                Au contraire, chez les femmes, s’il y a aussi production de cortisol (l’hormone du stress) et d’adrénaline, par contre c’est l’ocytocine qui est sécrétée (c’est une des hormones du lien social et de l’attachement), et elles prennent davantage de précautions et moins de risques
       
        Les différences psychologiques entre les hommes et les femmes doivent être analysées avec la même prudence. Dons certains tests d'évaluation de l'intelligence, les hommes obtiennent statistiquement de meilleurs résultats que les femmes pour des problèmes de constructions spatiales, alors que les femmes réussissent souvent mieux dons l’expression liée au langage et les interprétations liées aux expressions des visages.
                Mais ces différences sont faibles, plus marquées chez les jeunes, et les différences entre deux personnes du même sexe sont souvent plus grandes que celles entre personnes de sexes différents.
                Les statistiques permettent de calculer des moyennes et des écarts types sur une nombreuse population, mais elles ne rendent pas compte des valeurs et des différences individuelles sur un petit nombre de personnes particulières.

        Une étude a essayé d’expliquer en partie ces résultats, menée sur les cerveaux de 428 hommes et 521 femmes, grâce à une technique spéciale d’imagerie cérébrale permettant de voir le « câblage » des neurones : la substance blanche composée des axones entourés de myéline pour en accélérer l’influx nerveux.
        Il semblerait que le cerveau masculin comporte plus de connexions à l’intérieur d’un même hémisphère alors que le cerveau des femmes comporterait davantage de connexions interhémisphères (leur corps calleux comprendrait davantage d’axones).
        Cela privilégierait donc chez les hommes les tâches qui s’effectuent uniquement dans un hémisphère et chez les femmes celles qui exigent une collaboration poussée entre les deux hémisphères.
        Mais il ne faut pas trop donner d’importance à cette différence et on ne sait pas, en particulier, si elle est innée ou acquise.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Animaux1/4210429.jpg

        J’ai été plusieurs fois témoin de faits pour lesquels les chiens étaient venu en aide leur maître lors d’un accident. Lorsque mon père est mort, mon petit York, Truffe, lorsque nous venions voir ma mère dans son appartement, cherchait partout Papa et a mis longtemps à admettre qu’il n’était plus là. Certes parler d’altruisme est peut être exagéré, mais cela montrait leur attachement à un être humain. Et je pense qu’on pourrait citer de nombreux exemples analogues.
        Evidemment ,tout dépend de la définition que l’on donne à l’altruisme : on dit en général que c’est « un comportement amenant un bénéfice pour le receveur, et un coût sans bénéfices immédiats pour le donneur. »
        Bien entendu des études ont eu lieu chez des singes et ont montré un altruisme certain, surtout chez les grands singes les plus évolués. On sait que les éléphants "veillent" leurs morts pendant un certain temps, et on a vu un hippopotame protéger contre des crocodiles un buffle qui s'était enlisé dans un marais.
        Ce n’est pas si simple, car certains comportements habituels peuvent être simplement le fait d’un héritage génétique (comme chez les oiseaux quand le mâle nourrit la femelle qui couve, ou les comportements agressifs de certains oiseaux vis à vis d’un opérateur, pour en protéger d’autres.
        En particulier
        Il faut donc trouver des circonstances inhabituelles, qui ne relèvent pas de la vie normale des animaux.

        J’ai lu avec amusement dans la revue « Science », une étude par des neurologues de l’université de Chicago sur les « sentiments d’empathie des rats ».

        Dans un premier essai, ils ont enfermé 30 rats deux par deux dans des enclos, et l’un des deux rats était enfermé dans une cage dont la fermeture était assurée par une simple petite barre de bois engagée dans une petite ferrure en L, de telle sorte qu’en la soulevant, on pouvait ouvrir la cage.
        Les rats enfermés étaient un peu prostrés et geignaient. Les rats en liberté dans l’enclos montaient une agitation certaine et tournaient autour de la cage, et communiquaient manifestement avec leurs congénères malheureux. Puis ils essayaient d’ouvrir la cage et au bout de quelques jours trouvaient le mécanisme.
        Si l’on recommençait l’expérience, le rat allait tout de suite au secours de son congénère, et de même si on permutait les rôles des deux rats.
        Cela montrait à la fois leur intelligence et leur souci d’aider leur semblable.   

        Pour essayer de montrer davantage leur altruisme, les chercheurs ont donné aux rats des morceaux de chocolat, et en temps normal, chaque rat dévorait la totalité du repas avec délice.
        Mais lorsque son compagnon était enfermé, dans la moitié des cas, le rat l'a libéré afin de partager le chocolat avec lui, même s'il avait parfois commencé le festin tout seul.
        Tous les rats ne faisaient cependant pas preuve du même degré d’altruisme. Les expériences répétées ont montré que les femelles étaient plus altruistes que les mâles.
        
        Dans le cas de comportements sociaux plus proche de la vie normale, un chercheur du CNRS de Montpellier, Pierre Boursot, a étudié la génétique de «  souris moissonneuses » d’Europe centrale.
        Ces animaux, répartis par groupes, à l'approche de l'hiver, construisent un réseau de galeries souterraines au-dessus desquelles ils édifient un tumulus (monticule d'environ 1 m de diamètre et 60 cm de hauteur, formé de couches de terre et de végétaux, constituant une sorte d'ensilage). Au sein de ces demeures se regroupent durant l'hiver quelques adultes, mais surtout un groupe de jeunes immatures (jusqu'à 11, alors que la taille d'une portée excède rarement 6).
        Les chercheurs de Montpellier ont montré que, génétiquement, les jeunes cohabitant dans un même tumulus sont issus de plusieurs couples parentaux, et sont plus apparentés entre eux qu'avec les jeunes occupant les autres tumulus. Cela signifie que les différents parents des jeunes d’un même tumulus étaient eux-mêmes plus apparentés entre eux qu'avec le reste de la population.
        Ils ont, en outre, montré que cet « excès » d'apparentement provenait des différentes mères de ces jeunes cohabitant plutôt que de leurs pères.
        Il semble donc que les mères étaient très apparentées entre elles, mais étaient fécondées par des mâles moins apparentés entre eux, ce qui favorise la diversité génétique et évite une trop forte consanguinité.
        Ces comportements « normaux » résultent de la sélection naturelle qui favorise la reproduction des espèces et donc ne sont pas véritablement des altruismes.
        Le comportement des rats décrit ci-dessus, ne correspondait pas à de tels cas prévus par la nature.

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  • Les risques d'une anesthésie.

        L'anesthésie générale est un acte courant. Chaque année, 9 millions sont faites en France, soit près de 25 000 anesthésies générales par jour.
        Le risque zéro n'existe pas mais les risques de décéder pendant une anesthésie générale sont très faibles : la mortalité directement imputable à l'anesthésie est désormais inférieure à 1 pour 100 000 anesthésies. Il peut y avoir des effets indésirables, mais globalement, ils sont de mieux en mieux contrôlés, à la fois parce que les produits anesthésiques ont fait des progrès, mais surtout parce que l’état du patient est mieux contrôlé avant (consultation préalable), pendant, et après l’opération (salle de réveil).       
         Pendant l’anesthésie, de nombreux paramètres sont surveillés : fréquence cardiaque, respiration, pression artérielle, saturation des gaz du sang, surtout l’oxygène, température…
        Les produits anesthésiques ont une durée d’action plus courte, on les dose au minimum en fonction de l’opération, et on renouvelle au besoin l’administration pour que le patient ne se réveille pas. On peut éventuellement être allergique à certains de ces produits, mais cela est en général détecté lors de l’entretien préalable, et la surveillance est particulièrement faite dans ce domaine en début d’anesthésie.
        Des systèmes d’assistance respiratoire et d’intubation sont prêts à être mis en place pour aider éventuellement à respirer.

        Certains effets de l’anesthésie sont possibles, mais pas forcément graves.
        L'équipe du docteur Laure Pain (Hôpitaux universitaires de Strasbourg) a montré qu’il pouvait y avoir une perturbation par l'anesthésie des rythmes circadiens, ces horloges biologiques qui régulent l'alternance veille-sommeil sur une durée d'environ 24 heures. (chez les mammifères, ils dépendent d'un noyau situé dans l'hypothalamus et sont synchronisés par des stimuli environnementaux, principalement la lumière du jour. voir mes articles des 30 et 31 mars 2018 ).
        Le « propofol », anesthésique hypnotique à effet bref et réveil rapide, qui est très utilisé dans des examens comme la gastro ou coloscopie pour une durée brève de quelques dizaines de minutes, entraînerait un décalage d’une heure, si l’injection est proche de la période de transition entre activité et repos.
        Plus sérieux, parce que non réversibles, des neurones pourraient être détruits dans l’hippocampe, l' « aiguilleur de la mémoire », ce qui pourrait entraîner des difficultés passagère de mémoire. Ce phénomène serait beaucoup plus marqué chez les enfants de moins d’un an, dont le cerveau n’est pas entièrement mature. Chez les adultes, il faudrait subir plusieurs opérations successives dans un temps restreint pour que le phénomène soit sensible.

        D'autres effets indésirables se font parfois ressentir après l'opération, mais disparaissent rapidement, comme la raucité de la voix, des difficultés de déglutition, des nausées et vomissements, ou des problèmes de miction (évacuation de l'urine).
        La position prolongée sur une table d’opération peut entraîner la compression de certains nerfs avec apparition d’engourdissement ou, exceptionnellement, la paralysie d’un bras ou d’une jambe. En général, ces atteintes guérissent complètement en quelques jours ou semaines.
        De petites blessures de faible durée peuvent résulter de la mise en place du cathéter d’injection ou d’un tube d’intubation dans la trachée.
        Pour traiter la douleur post-opératoire, l'anesthésiste dispose d'un large choix de médicaments et de techniques. Il les administre en fonction des besoins du patient. Ce sont le plus souvent des opiacés.

        Par contre quelques semaines avant une opération, il est recommandé d’arrêter de fumer ou de boire de l’alcool, et il est impératif d’être à jeun le jour de l’opération, pour éviter le passage de liquide dans les poumons, les réflexes habituels qui empêchent ce risque étant bloqués par le produit myorelaxant.

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