• Les chemins de la douleur (1)

             Avant de parler de la sensation de douleur, il faut d’abord voir quels sont les nerf présents sur la peau; le schéma ci-dessous le résume.


    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau3/schemadesrecepteurspeau.jpg

                 Juste sous l’épiderme, très près de la surface du derme, des récepteurs qui sont sensibles aux très faible pressions et un simple effleurement déclenche un influx nerveux.
    Ce sont les véritables récepteurs du toucher. Ils sont aussi sensibles aux vibrations.
                 Plus bas dans le derme, des récepteurs sensibles aux très fortes pressions; ils détectent des appuis très forts et des chocs.
                 Mais une pression trop forte pourrait détruire les tissus si une alerte ne nous faisait pas retirer le membre. Il y a donc, très près de la surface également, des terminaisons libres, qui sont les récepteurs de la douleur (mais il y a des récepteurs analogues dans les muscles, les viscères, les tissus vasculaires et articulaires). J’ai décrit le cheminement des informations de la douleur dans mes articles des 10, 11 et 16 octobre 2012.
                 Ces « nocirécepteurs » de douleur peuvent être activés par toutes sortes de stimuli qui peuvent potentiellement altérer les tissus, et pas seulement des stimulations mécaniques comme les pinçures, les piqûres ou les morsures. Des températures extrêmes, des chocs électriques, un manque d’oxygène ou encore des expositions à des substances toxiques peuvent également les activer. Si certains nocicepteurs sont plus sensibles à un type de stimulus qu'à un autre, la plupart sont toutefois polymodaux, c'est-à-dire qu'ils peuvent répondre à plus d'un type de stimulus.
                 Par ailleurs se trouvent également dans le derme, des récepteurs de la chaleur, sensible aux élévations de température.

               D'abord un premier point sur les nerfs qui, venant des divers organes, notamment la peau et les muqueuses, véhiculent les influx nerveux correspondant au toucher à la position et à l'état de nos muscles ou de nos organes, et aux sensations de température, de brûlure et de douleur.http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/d03cldou1b.jpg           
                
    Les fibres nerveuses qui viennent par exemple de la peau vers la colonne vertébrale et la moelle épinière, contiennent quatre grands types de nerfs, véhiculant des signaux différents.                        

                 Les fibres A-alpha, qui véhiculent les signaux de "proprioception", c'est à dire sur l'état de nos organes; elles sont de gros diamètre (de l'ordre de 15 microns) entourées d'une gaine graisseuse isolante de myéline et donc à haute vitesse, vers 100m/s (la vitesse d'un avion à réaction au décollage).
                Les fibres A-béta qui véhiculent les informations du toucher, de diamètre moindre (environ 10 μ), myélinisées, rapides (environ 60 m/s une voiture de course).
               Les fibres A-delta, pour les signaux de douleur aigue et brutale, mécanique et thermique, de diamètre plus faible (quelques μ), myélinisées, avec une vitesse d'une quinzaine de mètres/seconde (celle d'un cycliste).
                Enfin les fibres C, très fines (< 1 μ) et dépourvues d'isolant myélinisé, et donc à propagation lente (1m/s, l'homme à pied), qui véhiculent des douleurs d'origine mécanique et chimique plus ou moins permanentes.
                Il faut remarquer que la vitesse de l'information est adaptée au danger et à la nécessité pour l'organisme de réagir vite, en ayant les informations adéquates.
                 Le schéma assez complexe ci-dessous représente, de façon très simplifiée le parcours de ces fibres à la rentrée dans la moelle épinière et dans leur trajet vers le cerveau.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/a03cldou1c.jpg
                Il y a trois circuits concernant la douleur, représentés en vert, rouge et bleu. Ils ont des noms horriblement barbares qui ne sont utiles qu'aux médecins et je vous en fais grâce.
                Le circuit "vert" est le plus ancien dans l'évolution, très fragmenté avec de multiples synapses. Il véhicule une information rapide, vers le tronc cérébral, puis la thalamus, puis vers l'hypothalamus et vers les centres du cerveau émotionnel, contribuant ainsi à la réaction psychique à la douleur.
                Le circuit "rouge" constitué de fibres lentes C a une destination analogue dans le cerveau, mais il apporte plus d'informations au niveau du tronc cérébral, qui informe plus largement le cerveau et l'alerte pour mettre en jeu un mécanisme de contrôle de la douleur.
                La voie nociceptive la plus récente d'un point de vue évolutif, n'existant que chez les mammifères supérieurs, est la voie "bleue", et elle véhicule la voie rapide de la douleur qui nous informe de la nature du stimulus douloureux (piqûre, brûlure, etc) et de sa localisation précise sur notre corps, ainsi que la sensation de température. Après le thalamus cette voie va vers le cortex somatosensoriel pour localiser la douleur, et provoquer des réactions musculaires d'évitement.
     
                Parallèlement aux voies nociceptives, des faisceaux de nerfs Alpha et Béta conduisent les information de proprioception et de toucher. Ils ne sont pas représentés sur la figure ci-dessus et comportent des voies ascendantes, mais aussi des voies descendantes qui donnent des ordres aux muscles.
                Les neurones relais le long du circuit bleu, spécifiques de la douleur, ont des relais vers vers des neurones n'appartenant a à aucun des circuits, des neurones "non spécifiques", mais qui ont eux mêmes des axones liés aux voies descendantes vers les muscles. C'est un circuit court, qui sans passer par le cerveau, produit un réflexe de retrait pour ôter le contact d'un membre avec une source de chaleur, un contact électrique ou chimique ou un objet entraînant un choc mécanique. 
                 Ce circuit permet de retirer instantanément par exemple la main, si un doigt touche la paroi d'un four chaud qui risque de la bruler gravement

     http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/a03cldou2a.jpg           Voyons maintenant le contrôle descendant de la douleur qui est lui aussi très complexe.
                Une première réaction se fait au niveau du bulbe rachidien et du tronc cérébral (coupe 2 sur la figure) dont les neurones, excités par le flux nerveux ascendant provoqué par la douleur, vont agir par voie descendante (en rouge) sur un neurone non spécifique, (coupe 2 de la moelle), qui va envoyer un signal négatif sur le neurone relais de la voie ascendante et donc diminuer son signal en atténuant la douleur.
                 La douleur est ainsi automatiquement atténuée pour éviter sa pénibilité. 


    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/a03cldou2b.jpg
            Un deuxième circuit provient du cerveau central (3), par la même voie, les cortex insulaire et cingulaires du cerveau émotionnel, réagissant à la douleur, ainsi que le cerveau frontal qui lui raisonne et fait des prédictions sur ce qui risque d'arriver, vont mettre en action un circuit nerveux utilisant des endorphines comme neuromédiateurs, lequel activera les neurones du tronc et du bulbe.                                                   
                 Par contre le cerveau proprement dit, malgré ses milliards de neurones, ne possède pas de récepteurs à la douleur. Quand on a "mal à la tête", c'est aux vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau que l'on a mal, et pas aux neurones qu'il contient. Ces vaisseaux se contractent ou se dilatent anormalement, ce qui est perçu et traduit en influx douloureux par les nocicepteurs de leur paroi.  

              
    Nota : les schémas sont empruntés au site de l'université Mc Gill de Montréal. Je les ai simplement un peu simplifiés et complétés pour que cela corresponde à mon explication.
     
     

     

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  • Je suis complètement piqué.

                C'est fait, j'ai reçu ma seconde injection de vaccin Pfizer et je devais donc être vacciné d'ici 15 jours, quand mon corps aura produit des anticorps en quantité suffisante.

                Je vais pouvoir voir plus souvent mes enfants, revoir mes 8 petits-enfants et mes 3 arrières-petits-enfants.

                Mais il ne faut pas faire n'importe quoi pour autant. D'abord l'effet protecteur ne sera complet que d'ici 15 jours.
                Cela m'empêchera d'avoir une forme grave de la maladie si je suis contaminé par le covid19.
                Mais je peux être contaminé et attraper quand même le coronavirus, mais j'aurais peu d'effets qui resteront bénins car mon système immunitaire devrait tuer mes virus
                Cependant pour cela il mettra un certain temps et donc je pourrais alors contaminer d'autres personnes pendant quelques jours.
                Donc quand j'irai faire les courses à Auchan ou dans d'autres magasins, je continuerai à porter le masque et à me laver les mains en rentrant.
                Je vais pouvoir revoir mes petits-enfants, nous pourrons manger ensemble, ne pas porter de masque dans l'appartement, mais on continuera à rester à un mètre les uns des autres et à ne pas encore s'embrasser. Et si je prends dans mes bras mes arrières-petits-enfants, qui sont des bébés, je me laverai les mains et je mettrai mon masque.
                Mais cette vaccination me rassure vu mon âge (89), car les risques d'être hospitalisé ou de décéder des suites de ce virus augmentent de façon exponentielle avec l'âge : par rapport aux 40-44 ans, le risque est doublé chez les 60-64 ans, triplé chez les 70-74 ans, multiplié par 6 chez les 80-84 ans et par 12 chez les 90 ans et plus.
               
    C'est la raison pour laquelle je pense que toutes les personnes qui ont plus de 60 ans ou qui ont des états de santé à risque, ont intérêt à se faire vacciner, car c'est préserver leur vie.

                Se pose ensuite le problème d'essayer de diminuer puis d'arrêter la circulation du virus dans la population.. C'est très important car c'est en circulant, en se reproduisant que le virus risque de muter, et un virus muté qui résiste aux vaccins actuels peut naître.
                Pour cela il faut qu'il y ait suffisamment de personnes vaccinées, environ 70% de la population. Mais un problème : les jeunes font autant circuler le virus que les adultes et pour le moment leur vaccination n'est pas prévue - du moins en France car on en parle déjà aux USA).
                Comme ils représentent environ 15 % de la population, il faudrait vacciner environ des adultes. Y aura t'il assez de volontaires, vu la crédibilité de nos concitoyens pour les fausses nouvelles, surtout si elles sont inquiétantes.? Quelqu'un m'a dit par exemple qu'il ne voulait pas être vacciné à cause de l'aluminium présent dans les vaccins. Sauf qu'il n'y a pas un atome d'aluminium dans les adjuvants des vaccins contre le coronavirus.
                Alors il sera nécessaire de vacciner les enfants, mais il faut que les laboratoires aient d"terminé les doses adéquates. Il faudra sans soute attendre plusieurs mois, mais, pendant ce temps on vaccinera les adultes.

                En outre le problème de l'Astra Zeneca risque de ralentir la vaccination, vu l'énorme publicité négative que l'on fait autour de cette affaire, à croire qu'on veut se venger de ce que les Anglais se soient vantés que, grâce au Brexit, ils ont pu mieux vacciner que l'Europe.
                Il semble effectivement probable que les quelques cas de thrombose constatés aient un lien avec la vaccination. Les personnes atteintes auraient moins de 50 ans et seraient en majorité des femmes. On ne connait pas la cause exacte de ces accidents : il semble qu'ils soient dus à une sensibilité très rare du système immunitaire qui attaquerait les plaquettes du sang dont les "cadavres" entraineraient des caillots, puis l'absence de plaquette entrainerait des saignements.
                Ces phénomènes sont rares puisque qu'en Grande Bretagne où l'on a vacciné 18,1 millions de personnes, ils a eu 30 cas de thrombose dont sept mortels. La probabilité de 30/18millions est inférieure à 2 par million de personnes vaccinées. Certes il faut le déplorer pour les personnes qui ont été les victimes, mais c'est un taux très faible même par rapport à la médecine courante.

                Tout médicament comporte un risque 
                On compte plus de 10 000 morts par an, en France, dû à un mauvais usage des médicaments et plus de 135 000 hospitalisations. Le paracétamol, que nous utilisons tous a fait plus de 100 000 accident en 10 ans.

                Utilisées par 4,27 millions de femmes (chiffres de 2011), les pilules contraceptives, toutes générations confondues, provoquent chaque année "en moyenne" 2 529 accidents thromboemboliques veineux (formation de caillots dans les veines) et "vingt décès prématurés" de femmes, selon un rapport, diffusé en 2014 par l'Agence du Médicament.et qui porte sur les années 2000 à 2011.
                Si l'on avait une information sur les médicaments comme pour ce vaccin et que l'on raisonne de la même façon, on ne se soignerait plus !
                Et dans le cas de l'AstraZénéca, le bénéfice qui est de ne plus risquer de mourir du covid 19 pour les personnes âgées, alors que le risque de thrombose, entraîné par la vaccination, est pratiquement nul au de la de 50 ans, fait que je n'aurais pas hésité une seconde si on m'avait proposé de me vacciner avec ce vaccin.
                Tout au plus pourrait on, en attendant d'en savoir plus pour les causes de ces accidents, le réserver aux plus de 50 ans comme certains pays l'ont fait.

               Deux incidents m'ont choqués ces jours-ci, qui montrent la bêtise humaine.
                Les nombreuses personnes qui se sont réunies dans une église de Paris pour entendre une messe, sans masque et sans respecter les distances, prêtres compris et qui risquent d'avoir ainsi fait une centaine de malade de plus du covid19.
                Le prêtre qui célébrait la messe disait qu'il avait pris des précautions en essuyant avec des lingettes son ciboire. Mais ce n'est pas ce contact qui le mettait en danger mais tous les participant l'étaient pour avoir été enfermés dans une salle pendant plus d'une heure, sans masque, ce qui exposait chacun aux aérosols produits par tous. Lui arrive t'il de réfléchir?
                Et une vieille bigote disait que l'on ne pouvait pas se présenter devant Dieu sans masque !!!, et que chacun était libre de faire ce qu'il voulait selon sa foi. Je croyais que la doctrine catholique était avant tout l'amour du prochain et par ailleurs la loi françaises'applique quelle que soit la religion, et elle peut poursuivre ceux qui mettent en danger la vie d'autrui.
                Sans doute comptaient ils sur Dieu pour les empêcher d'attraper le covid, mais je me demande que s'ils se rendent compte que, que l'on soit athée ou très religieux, on mourra tous un jour et aucune foi n'empêchera de mourir. Les martyrs hélas, le savent bien.

               Le second fait qui m'a choqué est celui d'un couple qui s'est rendu chez le pharmacien pour faire un test de covid. La femme est positive, l'homme négatif. La femme reste chez elle et l'homme va faire la fête chez ses copains en clamant combien il est fort et plus fort que le virus.
                Huit jours après l'homme est transporté à l'hôpital pour un cas grave de corona et il a contaminé trois de ses copains.
                Le fait d'être négatif aux tests de coronavirus, ne veut pas dire que vous n'avez pas la maladie. Il signifie seulement que vous ne l'aviez pas à 5  jours avant, car il faut, selon la quantité initiale de contamination, 3 à 5 jours pour que les virus se soient suffisamment multipliés pour que vous soyez positif au test. Donc vous pouvezz parfaitement avoir contracté la maladie pendant ces 3 à 5 jours. Dans le cas en cause, l'homme aurait dû rester en quarantaine dix jours comme cas contact, car il avait de fortes chances que sa femme lui passe le virus.

                Malheureusement les cas contact ne me semblent guère surveillés et trop d'entre eux circulent malgré leur contagiosité possible.

                        

     

     

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  • L'intelligence des autistes.

     

                On entend  souvent dire que les autistes ne sont pas intelligents, notamment parce qu'ils rencontrent souvent des difficultés dans l'apprentissage du langage, qu'un autiste sur dix ne parle pas ou très peu et qu'ils ont souvent des résultats faibles aux tests de QI..
                Pourtant, certains enfants autistes font des apprentissages surprenants, voire spectaculaires, alors même que leur intelligence mesurée par le QI leur attribue une déficience intellectuelle : certains apprennent à lire par eux-mêmes vers deux ans, à utiliser un ordinateur pour communiquer, à mémoriser de grandes quantités d'information, à monter et démonter des composants électroniques ou à décomposer un nombre en facteurs premiers.
                On sait aujourd'hui que le développement cognitif des autistes diffère en termes de langage, de perception, de mémoire. Or ces capacités sont précisément ce que mesurent les tests QI d'intelligence, ce qui explique pourquoi les diverses mesures d'intelligence donnent des résultats erronés pour mesurer les capacités d'apprentissage des autistes.
                Les performances des autistes sont souvent égales, et même parfois supérieures à celles des non autistes, mais mais ils utilisent des régions cérébrales différentes pour réussir la tâche. 
                Le cas du langage illustre à lui seul la différence autistique, dans sa richesse et sa singularité. Le langage autistique pose d'ailleurs une énigme aux neuroscientifiques.Certains autistes ne parlent pas ou quasiment pas, alors que d'autres parlent un langage d'une perfection syntaxique exemplaire et ne font aucune faute d'orthographe. Certains autistes ne parlent pas ou peu jusqu'à l'âge de quatre ans, (au lieu de 2 chez un enfant non autiste), puis développent un langage fait de répétitions plus ou moins reliées au contexte, et finissent par parler tard, de façon correcte, mais particulière, ou en présentant des anomalies de langage.
                Autre fait étonnant : certains des autistes les plus marqués, pendant la période où ils ne peuvent communiquer par le langage, présentent souvent une hyperlexie, c'est-à-dire une avance de plusieurs années sur les autres enfants pour le déchiffrage des mots écrits et la lecture. Cette capacité est associée à une recherche assidue de matériel écrit, alors que ces enfants ne communiquent pas par le langage oral et ne comprennent pas tout ce qu'ils lisent. Toutefois, ces mêmes enfants finiront le plus souvent par parler, lire et écrire correctement.
                Ainsi, les autistes acquièrent le langage d'une façon singulière, mais qui peut être efficace, et qui défie les lois du développement habituel des enfants.C'est pourquoi  le professeur Mottron, de l'Université de Montréal, recommande, dans la prise en charge des enfants autistes, de suivre leurs modes d'apprentissage particuliers (par exemple, les exposer précocement à l'écrit) plutôt que de leur faire suivre un parcours de développement mentalal normal, à l'école avec les autres enfants, ce qui est à la fois douloureux pour eux, peu efficace et n'améliore pas leur qualité de vie.
                Une étude a été réalisée par ce professeur, sur plus de 1 000 enfants autistes de tous âges et de tous niveaux, afin de mieux comprendre comment les autistes traitent l'information et le dialogue, Elle a montré que leur univers mental est profondément différent de celui des personnes "normales" (au sens "dans la norme", si tant est qu'on puisse faire de ce dernier groupe un ensemble homogène).
                La place de l'imagination semble fondamentalement différente.L'univers mental des autistes paraît donner une importance plus grande au maniement des environnements où le sujet humain est absent, alors que l'imagination "normale" tend à mettre en scène l'individu dans une sorte de " film" dont il est le héros, le centre.
                De même, les attentes, les émotions et le langage paraissent moins déformer la perception de ce qui nous entoure, qui serait ainsi perçu et mémorisé de manière plus conforme à la réalité.
                Cependant les autistes ont une créativité, qui s'exerce dans les arts aussi bien que dans les sciences, mais cette "imagination plus véridique" orienterait spontanément Ies autistes vers ce qui est structuré, par exemple l'écriture ou la musique plutôt que vers le langage oral, et permettrait de mémoriser des correspondances terme à terme entre des structures et favoriserait ainsi la créativité, l'activité scientifique et le réalisme dans l'art.
                Certains autistes ont une mémoire étonnante de la chronologie des faits historiques, d'autres une "oreille absolue" remarquable (la reconnaissance des notes dans référence d'un diapason). 

                Actuellement on a tendance à associer différence (par exemple, les signes d'autisme) et déficit, alors que,  "être plus autiste" ne signifie pas forcément "être moins adapté".
                Les sociétés avancées ont une faible tolérance à l'égard de la différence. On mesure la réussite d'une technique de prise en charge à sa capacité à faire disparaître des signes d'autisme, et non à sa capacité de faire progresser l'adaptation et les techniques d'intervention précoce les plus élaborées ont une action à peu près nulle sur l'adaptation, et l'illusion persiste pour l'autisme que nous pouvons - et surtout devons - réduire cette différence.
                Le harcèlement scolaire reste ainsi la difficulté majeure des autistes intégrés dans le système scolaire normal et le monde du travail ne s'est pas non plus adapté à leurs particularités.
                La demande de s'adapter à un monde majoritaire, fondée sur une logique du plus grand nombre est une logique intolérante ou éiectoraliste, et ne devrait pas concerner les différences neurobiologiques qui existent dans la famille humaine.

    Les autistes Asperger :

                 Le syndrome d’Asperger (c'est le nom du psychiatre qui l'a étudié le premier),est une forme particulière d'autisme correspondant à des sujets avec un passé d’autisme infantile précoce plus ou moins prononcé, mais ayant accédé au langage oral et écrit, sans anomalies et manies motrices, mais qui peuvent rester maladroits, et qui souffrent surtout d’anomalies du contact social très particulières : isolement, incompréhension des émotions et des intentions de l’autre. Ils ont aussi souvent associés à des centres d'intérêt restreints, mais parfois aussi à un intérêt démesuré pour un domaine précis ou une compétences spécialement développée.
                 Les différences avec l’autisme typique concernent surtout le langage qui est souvent d'excellent niveau, et un QI proche de la moyenne.
                Le syndrome affecte 8 garçons pour une fille.

                 Les qualités d'une personne Asperger sont les suivantes :
                              - Perfectionnisme et sensibilité aux détails;
                              - Grand respect des règles;


                              - Une pensée analytique;


                              - Une autre forme d'intelligence;
                              - Une logique indéniable

;
                              - Une très bonne mémoire;
                              - Une objectivité et honnêteté sans faille.(noter toutefois qu"'une personne de préférences cérébrales I S L a des caractéristiques voisines de celles-ci.).

                  Par contre ses difficultés seront :
                             
    - Des difficultés pour saisir la signification profonde de ce qu'on leur dit, surtout dans les domaines des sentiments et émotions;
                              - La difficulté à comprendre les intentions des autres, à se mettre à leur place;
                              - Une certaine incompréhension de l'humour et de l'ironie;
                              - Ils ne comprennent pas les conventions sociales, agissent à contresens, et leurs attitudes bizarres, obsessions et fixations sont souvent mal interprétées.
                             - Du fait de l'altération des interactions sociales, á cause de leurs difficultés de décodage, ils ont de la difficulté à comprendre les règles sociales, si bien qu'ils se trouvent isolés. Ils ont par conséquent des difficultés à se faire des amis malgré leur désir de nouer des contacts et de rencontrer des gens;
                              - Ils ont tendance à être frustrés par l'incapacité à entrer dans les critères de "normalité". Un isolement social s'en suit accompagné d’intolérance, d’opposition et d’hostilité.Ils sont gravement perturbés par tout changement et toute modification de leurs habitudes ou de leur environnement. Une vie routinière et structurée leur convient.

                On ne trouve pas grand chose dans la littérature sur des études particulières de ces personnes au plan neurologique.
                Il semble qu'elles soient moins douées que les autres autistes au plan visuospatial, mais par contre beaucoup plus à l'aise dans les tests de langage et obtiennent donc des notes de QI moyennes ou même plus élevées.
                Leur mode de raisonnement semble être verbal alors que celui des autres autistes est plutôt de nature perceptive.
                 Certains chercheurs et des personnes atteintes du syndrome d'Asperger ont mis l'accent sur le fait de considérer le syndrome d'Asperger comme une différence plutôt que comme un handicap qu'il faut traiter ou guérir. Les limitations handicapantes, socialement en particulier, sont associées à une singularité qui se révèle parfois être une compétence exceptionnelle. 
                Je n'ai pas connu personnellement d'enfant atteint du syndrome d'Asperger, mais deux de mes collaborateurs ingénieurs étaient autistes d'Asperger et j'ai souvent été amené à correspondre avec des personne fortement ISL (voir mes articles sur les préférences cérébrales) et certains de leurs comportements étaient voisins.
                 Je pense qu'avec un peu d'habitude et d'habileté en communication, on doit pouvoir aider des autistes Asperger pour diminuer leur isolement et se sentir plus intégrés dans la société et finalement ils ne sont pas si différents des autres personnes.. 

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  • L'autisme et les interactions sociales.

               Je comptais faire aujourd'hui un article sur l'intelligence de certains autistes, mais j'ai remis cet article à demain car j'ai reçu hier quelques mails qui m'ont demandé de préciser qu'elles étaient les difficultés des autistes dans leurs interactions sociales. Alors j'ai repris quelques notes anciennes que j'ai actualisées.

               Ce que l'on appelle le" retrait autistique traduit une incapacité à développer des relations interpersonnelles, un manque de réactivité aux autres, ou d’intérêt pour eux.
    L’enfant autiste établit rarement le contact, paraissant même l’éviter, le refuser : il ne regarde pas en face, mais jette de brefs regards périphériques, ou bien le regard est vide, transparent. Le contact oculaire pour communiquer un intérêt ou attirer l’attention n’est pas utilisé. L’enfant peut être agacé, inquiet, lorsqu’il est sollicité.
               Dans les années 1980, le Britannique Simon Baron-Cohen et ses collègues ont émis l'hypothèse que les autistes auraient des troubles de la capacité à attribuer à autrui des pensées. (Ils avaient baptisé cette capacité du nom pompeux de "théorie de l'esprit).
                L'impossibilité de se représenter les pensées des autres permettait d'expliquer des symptômes apparemment très différents, tels que les difficultés des autistes à comprendre les intentions du langage (par exemple, ils sont peu sensibles à l'humour et l'ironie), ou le fait qu'ils ne savent pas "faire semblant" et bien mentir.
                Plusieurs situations expérimentales ont montré que les autistes devinent moins bien les pensées des autres que la moyenne et certains neurobiologistes pensent à une certaine déficience au niveau des "neurones miroir" qui nous permettent de se mettre à la place des autres par imitation. .            

              Les interactions sociales de l'autiste ont certaines particularités caractéristiques  
                 Les interactions sociales mettent en jeu des processus perceptifs spécialisés qui nous informent sur des caractéristiques telles que l'identité, les émotions, les comportements adoptés par nos partenaires, et notamment les expressiosn de leurs visages.

                Les études montrent plusieurs points :
                          - les autistes reconnaissent les visages par leurs détails. En particulier ils ont des performances meilleures que les non autistes, si on leur présente un visage à l'envers, ou si on modifie des distances ou proportions caractéristiques.
                           - leur mémoire des visages, ainsi que le traitement de la région des yeux, semble moins efficace, pour des raisons encore inconnues.
                            - les régions cérébrales impliquées dans la reconnaissance des expressions faciales et la détection des mouvements vivants s'activent en général moins chez les autistes que chez les non-autistes.
                            - on constate des différences dans l'activité électrique ou métabolique du cerveau lors des mouvements des yeux, des différences entre autistes et non-autistes. 
               Mais on ignore si ces faibles activations cérébrales sont une cause ou une conséquence des particularités sociales des autistes.
               Le manque d'intérêt pour l'environnement social est l'un des signes les plus précoces de l'autisme. Alors qu'au cours du développement typique,les bébés sont fascinés par les visages et les voix, les bébés futurs autistes regardent moins les yeux, davantage la bouche et la périphérie des visages. Ils fixent plus le décor et leur attention est davantage attirée par les aspects sensoriels de l'environnement (textures, couleurs, mélodies) que par ses aspects sociaux (sourires, regards).             Les autistes suivent moins la direction du regard de leurs interlocuteurs.
                Les autistes savent que le regard montre ce que la personne voit, et face à un visage faisant une saccade oculaire, (un clignement des yeux), les réactions du cerveau chez les autistes et les non-autistes semblent similaires. Par contre, chez les non-autistes, l'activation diffère selon que le regard présenté est dirigé vers un objet, ou un être vivant, ou dans le vide. (c'est à dire la direction du regard d'autrui). Cette différence n'apparaît pas chez les autistes.

                 Un autre aspect de nos interactions sociales est l'attention que nous portons à notre réputation. 
               Nous sommes prêts à beaucoup d'efforts pour elle. Ainsi, nous essayons de nous montrer sous un jour favorable en mettant en avant nos succès plutôt que nos échecs, ou encore nous faisons preuve de modestie ou de flatterie selon la situation.
                Les autistes n'attachent pas beaucoup d'importance à ces problèmes : ils semblent peu doués pour pratiquer hypocrisie comme flatterie et ils ont tendance à conserver le même comportement, qu'ils soient observés ou non.
                Il est difficile d'interpréter ces résultats comme une simple insensibilité à la présence ou à l'absence d'un témoin. Les autistes ont plaisir à montrer leurs talents à quelqu'un plutôt que de les exercer seuls. Ils réussissent mieux certaines tâches fastidieuses en présence d'un observateur.            On ne peut donc pas interpréter la baisse de l'hypocrisie chez les autistes comme le résultat d'une insensibilité générale à la présence d'autrui. On ignore si les autistes ne sont pas hypocrites et ne flattent pas leurs interlocuteurs parce qu'ils ne veulent pas ou ne savent pas le faire.
                On a tendance à beaucoup critiquer le comportement social des autistes, mais leur irréductible probité, l'indifférence à leur propre réputation, une grande indépendance, voire une certaine naïveté, ont pu, bien avant que la psychiatrie ne s'intéresse à eux, conduire à considérer certains autistes comme des modèles moraux.
                Ce n'est pas nier ou banaliser le handicap dramatique et les souffrances associés à l'autisme que de rappeler que le comportement social normal gagnerait par certains aspects, à être plus autistique.       

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  • Le cerveau des autistes.


                 Le Professeur Laurent Mottron, titulaire de la chaire de neurosciences cognitives à l'Université de Montréal, et spécialiste de l'autisme, a publié des articles remarquablement intéressants où il essaie de montrer que, dans de nombreux cas, l'autisme n'est pas vraiment une maladie mentale, qui résulterait d'un dysfonctionnement du cerveau.

                 Il pense que certes il existe des autistes profonds, dont le cerveau a subi une dégénérescence, mais qu'il ne s'agit pas alors de véritables autistes et qu'il faudrait appeler autrement ce syndrome.
                Mais pour les autres il estime que le cerveau des autistes n'est pas déficient, mais qu'il fonctionne différemment de celui des non-autistes, et que d'ailleurs il y a des gradations dans ces différences, chez les autistes, comme chez ceux qui en sont pas déclarés tels. Il montre notamment qu'on n'a pas étudié de façon efficace l'autisme au plan psychologique, car on a élevé jusqu'à présent les autistes avec les mêmes méthodes que les non autistes, ce qui a empêché le développement de leurs potentiels.
                En particulier les tests de QI sont basés sur des statistiques à partir d'enquêtes sur des non autistes, et ils ne sont pas adaptés à un fonctionnement différent du cerveau.Trouver un QI faible aux jeunes autistes est normal de ce fait, mais ne veut pas dire qu'ils ne sont pas intelligents. Ils ont une forme d'intelligence différente à laquelle il faudrait s'adapter pour les voir se développer de façon efficace. 
                La matière grise (les corps des neurones) et la substance blanche (les dendrites et les axones myélinisés pour les isoler et accélérer la vitesse de l'influx nerveux), sont différents chez les autistes.  
                Les neurones sont plus petits et plus nombreux. Dans certaines régions du cerveau, on en dénombre 60% de plus ! Les "minicolonnes" de neurones sont plus rapprochées.A l'inverse les axones sont moins nombreux, et donc il y a moins de communication entre les régions du cerveau.
               Le corps calleux qui est le faisceau de fibres nerveuses qui fait communiquer les hémisphères droit et gauche et contient des centaines de millions d'axones, est en moyenne, 15% plus petit chez les autistes.
                En étudiant le synchronisme d'activité de certaines régions, on constate que, pour une tâche donnée qui exige la communication entre deux régions du cerveau, celle-ci est moins synchrone chez les autistes, et tout particulièrement s'il s'agit de deux régions homologues des deux hémisphères.Cette différence se manifeste dès deux ou trois ans dans les centres du langage.
               Par contre, la connexion locale intérieure à un centre est plus importante.

                Malgré ces différences les autistes réussissent aussi bien que les non-autistes, certaines tâches nécessitant une communication importante entre centres éloignés. Il ne s'agit donc pas d'une communication déficiente, mais d'une communication différente.D'après Kamila et Henry Markram, de l'École polytechnique de Lausanne, cette hyperconnectivité neuronale locale accompagnée d'une excitabilité excessive de certains sous-ensembles de neurones produirait localement un traitement et un stockage excessifs de l'information.En raison d'une faible connectivité entre ces circuits locaux et le cortex frontal, cette hyperexcitabilité serait amplifiée, et le cortex frontal n'exercerait pas le contrôle et la régulation des activités cognitives qu'il assure normalement.
                Il existe également des différences de spécialisation fonctionnelle des aires cérébrales: par exemple, certains autistes ont des capacités visuelles exceptionnelles, et les autistes en général réussissent mieux les tâches visuo-spatiales (par exemple faire tourner mentalement une forme ou reproduire une figure). Ces capacités reposent sur une redistribution des rôles des régions cérébrales. On constate chez les autistes, une augmentation de l'activité des zones du cerveau (à l'arrière du crâne), responsables de la perception visuelle, et plus spécifiquement du gyrus fusiforme, essentiel à la reconnaissance des visages et des objets. De nombreux autistes présentent une imagerie mentale performante, et ils réussissent bien les tests de "matrices de Raven", (si vous voulez vous amuser avec ce type de test d'intelligence par association d'images, consultez le site www.zebrascrossing.net ). 
                Mais si le même réseau cérébral du raisonnement, incluant des portions des lobes pariétaux et frontaux, est activé chez les personnes autistes et non autistes, leur activité diffère. Les non-autistes utilisent pour les problèmes faciles des aires que les autistes mobilisent aussi pour les raisonnements complexes, qu'ils réussissent pourtant aussi bien et plus rapidement que les non-autistes.
                Le raisonnement autistique serait caractérisé par une plus grande utilisation des processus perceptifs (la reconnaissance de détails et des structures visuelles, le maintien en mémoire de travail de l'information visuelle, l'élaboration et la manipulation d'images mentales et des représentations visuospatiales).
    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/autisteamygdale.jpg 

     

     

     

     

     

      

     

     

     


                 La différence qui semble avoir le plus de conséquences entre autistes et non autistes, semble être le fonctionnement du cortex préfrontal.Chez un enfant non autiste (à gauche sur la figure), l'information sensorielle est relayée vers I'amygdale et le cortex préfrontal. Ces deux aires sont connectées, les interactions se faisant dans les deux sens. Chez l'enfant autiste (à droite),la connectivité entre le cortex préfrontal et I'amygdale est insuffisante.
                 Dès lors, certaines réactions face à des stimulus, même anodins, sont excessives et inappropriées. L'amygdale, qui traite les émotions, serait surstimulée : les sujets ressentent comme menaçants des stimulus anodins de I'environnement, et cherchent, à les éviter.Le schéma ci dessous montre les problèmes engendrés au niveau du cortex péfrontal et de ses communications avec les autres centres du cerveau.:


    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/autistecerveau.jpg
                  En définitive la plupart des aires cérébrales, chez l'autiste, font leur travail, même si celui-ci est fait différemment. Une prise en charge précoce et adaptée permettrait de développer leurs capacités et qu'ils trouvent une place dans la société, mais la scolarisation normale n'est pas une solution efficace, car les méthodes d'apprentissage ne sont pas adaptées à leur mode de fonctionnement.

    Après-demain je parlerai de l'intelligence et de l'imagination des autistes.

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