•      Un ami, avec lequel je discutais de musique m'a dit un jour :

    “ ... la musique est omniprésente de nos jours
        
    On l'écoute chez soi, sur la chaîne, à la radio ou sur l'ordi.
         On l'écoute même dans la rue, dans la voiture, dans lemétro.
        De plus en plus de personnes vivent avec des écouteurs sur les oreilles.
            Une manière de mieux se détendre?
            Une manière de se couper d'un monde qu'on apprécie moins?
            Une manière de s'isoler au milieu de la foule?
        Ou tout simplement.... la musique serait elle devenue une drogue ? ...”
        

        Alors je me suis posé la question à moi même.
        C'est vrai que j'écoute souvent de la musique classique en travaillant sur mon ordinateur dans mon bureau. Pourquoi ?
        Pas pour m'isoler du bruit; le bruit voisin ne m'a jamais empêché de travailler. J'ai été habitué à travailler dans une pièce où deux malheureux révisaient une prochaine interrogation tandis que les quatre autres occupants chahutaient parce que la leur était passée.
        Pas pour découvrir ces morceaux, je les connais tous.
        Par plaisir, sûrement, mais je fais autre chose en même temps, donc je ne les goûte pas pleinement.
        Alors c'est un fond sonore qui sans doute me fait plus volontiers accepter un travail parfois fastidieux. Un environnement qui me plaît, que je trouve agréable,  intime. D'ailleurs je ne choisis pas des morceaux trop bruyants, pas d'opéra, et surtout pas du moderne dissonnant.
        Je suis comme mon petit chien Truffe, un yorkshire qui venait autrefois se coucher devant les bafles quand j'écoutais Mozart ou Haydn, qui hurlait à la mort pour de l'opéra (sa façon de chanter avec eux) et qui fuyait à l'autre bout de l'appartement si je mettais du Boulez dissonnant!

        Une de mes petites filles aimait la musique “métal",  et j'avoue que certains des morceaux  qu'elle écoute me font penser aux cris des cochons que l'on égorgeait vivants quand j'étais enfant.
        Mais j'ai lu récemment une étude d'un psychologue anglais, Adrian North de l'université d'Edimbourg, et ce qu'il disait m'a réconcilié avec ma petite fille :

        “...Comme les mélomanes, les fans de métal sont créatifs et bien dans leur peau, Ils partagent avec eux un "amour du grandiose", qui les prédispose à apprécier également certaines oeuvres de musique classique.
           A part leur différence d'âge, ce sont fondamentalement le même genre de personnes.... Beaucoup de fans de heavy metal vous diront qu'ils aiment aussi Wagner, parce que c'est grandiose, bruyant et exubérant." 
        L'étude montre aussi que, contrairement aux idées reçues, les amateurs de heavy metal ont plutôt un tempérament doux.
         Ils ne sont pas les plus ardents au travail et manquent de confiance en eux. A contrario, toujours à en croire cette étude, les amateurs de musique classique ont une bonne opinion d'eux-mêmes.!!
         Etpuis j'ai découvert de la musique "métal" qui m'a paru audible : elle ressemblait à des mélodies irlandaises!

        J'écoute aussi la radio en voiture, “radio classic” en général. Pas trop fort et je préfèrerais qu'il n'y ait aucun blabla. Il ne faut pas me distraire de la conduite.
    Donc fond sonore aussi.

        Les écouteurs : j'ai essayé un jour ceux de ma petite fille et j'avoue que cela m'a agacé, ce truc qui vous résonne dans les oreille et vous empêche d'entendre les autres bruits.
    Je suis toujours interloqué quand à coté de moi, dans le métro, une personne écoute ainsi et que son voisn se croit à coté des hauts parleurs d'une chaîne : elle va casser les cils de sa cochlée et devenir sourde !!

        Je n'apprécie pas beaucoup notre monde, mais je n'ai pas envie de m'isoler au milieu de la foule. J'aime bien observer les gens autour de moi.

        Alors oui, j'en ai bien peur, la musique est peut être pour moi une drogue.
    Mais après tout il vaut mieux en écouter que prendre des anxiolytiques !!

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  •       J'ai fait, en juin dernier des articles sur l'ouïe et la perception des sons mais je n'ai pas parlé des altérations correspondantes et notamment des dangers de la musique.


          Il y en a trois importants :
              - écouter de la musique à un niveau trop élevé ce qui est souvent le cas des jeunes.
              - se laisser distraire alors qu'on devrait être concentré (en voiture notamment)
              - se plonger dans un univers musical  monotone, triste et déprimant.

        Je traiterai aujourd'hui le premier cas qui est de loin le plus dangereux.
       
        Vous pouvez jeter un coup d'oeil sur les articles de juin 2018 dans cette même catégorie,  où je décrivais le mécanisme de l'audition et quelques notions de physique comme les décibels.
        Vous verrez que dans l'oreille interne la cochlée et notamment des cils vibratiles reliés à des neurones, nous permettent d'entendre les diverses fréquence des sons et donc sans eux nous ne pourrions pas écouter un “air” de musique, ni d'ailleurs saisir la parole.
        Avec l'âge notre sensibilité auditive diminue, parce que ces cils vibratiles sont usés certains cassés.

    Attention à vos oreilles : les dangers de la musique.


        Comme le montre le graphique ci dessus, tiré d'un livre médical, on constate que cette perte de sensibilité atteint en particulier la partie haute du spectre audible, celle qui correspond à l'intelligibilité du langage qui est atteinte. La partie “grave” reste indemne. Mais elle ne participe pratiquement pas à la communication verbale, et partiellement à l'esthétique musicale
        Notre cerveau s'accoutume de ces pertes de sensibilité et les compense partiellement, ce qui fait que globalement on ne réalise pas vraiment cette dégradation de l'audition mais plus fréquemment une perte au niveau de l'intelligibilité de la parole, en particulier dans les milieux bruyants, de conversations multiples ou de bruits ambiants divers.

        On constate que lorsque les cils vibratiles sont soumis à de forte pressions, ils fatiguent, voire se cassent.
    Le seuil dépend du niveau sonore et du temps pendant lequel on le subit car l'oreille récupère en partie pendant les silences.
        Ainsi une pression acoustique de 120 dB pendant 1 seconde ne laissera généralement aucune trace, une pression acoustique de 100 dB, (c'est à dire une pression acoustique 10 fois moins importante) pendant une heure sera préjudiciable à une écoute fine le reste de la journée.
        SI on trace un diagramme analogue au précédent, après avoir été soumis à un niveau sonore de 110 db pendant 10 minutes, et cela après 1minute de repos, puis 15 minutes, une heure, un jour après on constate de très fortes détériorations qui s'atténuent peu à peu, mais qui peuvent ne pas revenir complètement à la normale.

    Attention à vos oreilles : les dangers de la musique.


        Vous constatez la ressemblance des deux graphiques.
        Au sortir d'un concert qui peut dans de nombreux cas atteindre les 110 db, vous avez une audition aussi dégradée que la mienne à 86 ans !!
        Evidemment c'est vrai également pour toute personne travaillant dans un milieu sonore très élevé de machines (par exemple un marteau piqueur, un chaudronnier....mais aussi certaines motos et tondeuses à gazon).

        Toute personne qui, à la suite d'un concert bruyant a souffert de sifflements d'oreilles ou de bourdonnements (on appelle cela des acouphènes), est une personne dont les qualités auditives ont été atteintes pour quelques heures ou définitivement.
    Lorsque l'on souffre de tels désagréments, il est déjà trop souvent trop tard, le mal est fait, et même si cela n'est pas immédiatement perceptible, c'est généralement irrémédiable.
         Dans un pareil cas, vous avez moins de 24 heures (limite extrême, 72 heures) pour trouver un ORL, spécialiste de ce genre d'accident, et vous faire traiter dans l'urgence. Après c'est trop tard !

        Je suis toujours effaré du niveau sonore de l'écoute des lecteurs mp3 ou des téléphones portables, alors que les oreillettes utilisées sont dans l'oreille de la personne, ou du niveau sonore de radios de certaines voitures arrêtées sous mes fenêtres.
        Pourquoi écoute-t-on aussi fort un appareil avec des oreillettes qui mettent le son tout près du tympan ?
        En partie pour compenser l'absence de vibrations abdominales générées par les graves que les basses les plus efficientes traduites par un casque ne peuvent provoquer.
        Certaines personnes écoutent aussi leurs musiques de façon forte car il y a du bruit aux alentours, elles sont dans le métro, le bus, le RER, le tramway par exemple.
        Mais d'autres personnes font exprès d'écouter leurs musiques très fort pour se faire remarquer, pour sortir du lot.

        En principe tous les ensembles “Walkman + casque” (balladeur, iPod,  CD, MP3 ou smartphones), mis sur le marché  ne doivent pas pouvoir délivrer une pression acoustique supérieure à 100 dB.
        Mais infliger à vos oreilles des heures durant, des niveaux voisins de 100 dB suffisent à détruire peu à peu la cochlée.
        Les musiques à la mode comme le rap et la techno, voire le rock, sont particulièrement dangereuses car la dynamique (écart maximum entre les niveaux faibles et forts) est inférieure à 3 dB et donc le niveau sonore peut être en permanence supérieur à 97 db, alors que certaines musiques de variétés, le jazz ou musiques dites classiques, présentent des écarts pouvant dépasser facilement les 25 dB, ce qui donne un temps d'exposition aux niveau élevés plus faible et permet un certain repos de l'oreille.
        Même la musique classique, si elle atteint un niveau supérieur à 90 dB dans l'oreille, peut causer les même problèmes. Pratiquer la flûte traversière sans protection est aussi dangereux que la guitare électrique. Les sons purs stridents de la flûte attaquent et détruisent les cils de la cochlée
        C'est pour cela que les musiciens des orchestres classiiques sont équipés de protecteurs qui limitent le niveau sans déformer les autres caractéristiques des sons.

        Alors, faites attention à vos oreilles !

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  •           Dans les articles sur l'oreille et l'ouïe, j'ai montré une figure graduée en décibels et on me demande de préciser ce que c'est.

               Je vais donc faire un article, qui, je l'espère, ne vous rebutera pas trop, bien qu'il ressemble à un cours de physique ou de SVT du lycée.

               L'air est constitué de molécules essentiellement d'azote et d'oxygène, qui s'agitent en permanence de façon plus ou moins désordonnée (on appelle cela le mouvement Brownien). Plus la température est élevée, plus cette agitation est importante. (plus les molécules vont vite et loin).
               Ces molécules en mouvement engendrent des chocs sur toute surface qu'elles rencontrent et les forces crées sur chaque unité de surface constituent ce que l'on appelle la “pression” des molécules du gaz.

               Un objet en vibration (cordes d'un instrument de musique, anche d'un instrument à vent, diapason, nos cordes vocales, la membrane d'un tambour ou d'un haut parleur ...) induit des mouvements périodiques des molécules dans l'air et donc des variations de pression, avec une certaine fréquence et une certaine intensité, en relation avec celles de l'objet en vibration.
               Les molécules de l'air en se cognant les unes contre les autres, transmettent ces variations de pression. Le mouvement périodique induit par l'objet en vibration va donc se propager dans l'air à une vitesse de l'ordre de 365 mètres/seconde : c'est le "son".
               Des propagations analogues du son ont lieu dans les liquides et les solides, mais à des vitesses plus élevées parce que les atomes et molécules sont liés beaucoup plus rigidement, ont moins de liberté pour s'agiter, et donc transmettent alors plus vite leur vibration à la molécule ou l'atome voisins.
               Les fréquences sont comptées en nombre de vibrations par seconde (Hertz; un Hz = une vibration par seconde)

     Quelques rappels de la physique des sons.          
    L'oreille va être plus ou moins sensible à ces variations de pression et donc aux sons de diverses fréquences, en général de 20 à 16 000 Hz, avec un maximum de sensibilité vers 1 800 Hz.
               Un son “pur” a une fréquence unique. Tous les musiciens connaissent le LA 4 qui a une fréquence de 440 hz. 

               Mais ce que nous entendons est souvent un mélange de fréquences, soit parce qu'on émet en même temps des sons différents, soit parce qu'il y a des déformations de la transmission par les molécules d'air  (ou les matériaux des émetteurs), et la création de ce que l'on appelle les “harmoniques", c'est à dire des fréquences multiples de la fréquence initiale émise.

    Quelques rappels de la physique des sons.           La figure ci-contre montre la fondamentale de fréquence 50hz  et les harmoniques de rang 3 (fréquence multipliée par 3 de 150Hz) et ( (250 Hz) et la somme des trois qui se propage et qui est donc un son assez déformé par rapport au son pur initial.
               
             Face à un son dont on ne connait pas,la fréquence, on peut faire, avec un appareil de mesure ce que l'on appelle une “analyse de Fourier” (ou un “spectre de Fourier”).  
               Cela consiste à repérer la fréquence du son principal et les diverses harmoniques et à évaluer la participation en pourcentage de chacune d'entre elle au son complet
              L'oreille fait une analyse des sons analogue.

              Les bons instruments à cordes et à vent produisent peu d'harmoniques, mais celles ci-sont différentes d'un instrument à l'autre comme le montent les deux figures ci-dessous.

    Quelques rappels de la physique des sons.

     Quelques rappels de la physique des sons.

     

           

     

     

     


              Les harmoniques forment une structure bien déterminée, qui définit le timbre d'une voix ou d'un instrument. Cette structure "harmonique" est propre à chaque type de son.

              De plus l'objet en vibration communique une certaine énergie chaque seconde aux molécules de l'air (on appelle cela une puissance) et donc le son qui se propage est donc plus ou moins fort. On appelle l' “intensité” du son. 
             En acoustique on utilise une unité d'intensité bizarre dont vous avez certainement entendu parler : le décibel

              On prend pour référence la pression correspondant au plus petit son P min., audible par l'oreille à 1000 hz de fréquence
              Pour un son dont l'intensité correspond à la pression P son, le nombre de décibels est lié au rapport des deux pressions Pson / P min.
              Pour ceux ou celles d'entre vous qui ont fait un peu de maths :  D (en décibels) = 20 log de base 10 (Pson / Pmin.)
              Pour les autres rappelez vous seulement que chaque fois que l'on ajoute 20 au nombre de décibels la pression est multipliée par 10. (par exemple pour P min, D = zéro décibel et un son de D = 80 décibels correspond à un son ultra fort de pression 10 000 fois plus grande que Pmin ( 4 zéros puisque 80 = 20 X 4). Une trop forte pression détruit les cils de l'oreille interne (vers 120 décibels). Une plus forte pression encore crève le tympan.
      
              Pour vous donner une idée :
    Nombre de décibels          effets       
    zéro                                 seuil de l'audition P min
    20                                    un murmure
    60                                     une conversation
    80                                     des hurlements très forts, on n'entend plus distinctement les autres.
    90 / 100                           début de danger pour l'oreille bruits insupportables.
    120                                    douleur et dégâts à l'oreille interne avec surdité partielle définitive.
                            (120 décibels correspond à un million de fois la pression minimale d'audition).

       La règlementation interdit dans les salles de concert ou de danse  une intensité supérieure à 102 décibels, (et 94 pour les enfants) mais cela n'est pas toujours respecté et il est dangereux pour les oreillesd'être trop près des baffles.  

     

    Quelques rappels de la physique des sons.

       

     

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  •           Nous avons vu dans les précédents articles, que la cochlée analysait intensité et fréquence des sons et transmettait l'influx nerveux à un centre du cerveau, comment celui-ci traitait les sons.
              Je ferai aujourd'hui un article reliant les précédent à la musique et à la parole.
              Je voudrais d'abord souligner que l'on trouve beaucoup d'études de livres et d'articles sur le langage, mais très peu sur la perception de la musique.

              Rappelons d'abord la zone de perception des sons en fonction de leur fréquence, pour une ouïe humaine, de 20 à 16 000 hz environ.
              Le schéma ci dessous donne la zone de perception de l'oreille humaine en fonction de l'intensité du son en décibels et de la fréquence en herz.
              Il y a d'une part un seuil d'audibilité et d'autre part une limite supérieure en intensité au delà de laquelle il y a douleur et les cils de la colchée sont endommagés
              La zone en vert foncé montre que la parole n'utilise qu'un quart environ de ces fréquences. La musique couvre une zone beaucoup plus importante (en bleu).

    Le cerveau musicien.


                        Traitement de la parole

              Sur le schéma ci-dessous on voit les zones du cerveau de l'hémisphère gauche qui contribuent à l'interprétation des sons et à l'utilisation du langage. (voir les articles déjà écrits sur le langage dans ce blog).
              On y voit l'aire du cortex auditif primaire qui fait l'interprétation physique, (en violet), puis l'aire secondaire (en rose foncé), qui nous donnent une “représentation des sons” avec des fonctions différentes des deux hémisphères cérébraux.
              On voit que l'aire de Wernicke qui interprète les sons relatifs à la parole, se trouve immédiatement en dessous (en ocre). Elle est évidemment reliée également aux aires visuelles car elle participe aussi à la compréhension du langage écrit.
              La petite zone orangé (aire supramarginale) est impliquée dans la mémoire de la phonologie et de l'articulation des sons et elle est en relation avec les aires de Wernicke et de Broca (production de la parole). L'aire supplémentaire du cortex moteur commande les muscles qui nous permettent de parler.
              Enfin la zone en vert est aussi appelée centre de Geschwind et c'est le siège d'une partie de la mémoire sémantiue des mots.

    Le cerveau musicien.


              Dans l'hémisphère droit on retrouve des zones analogues, mais plus petites qui concernent l'interprétation des mélodies et du contexte émotionnel du langage.
              Des études ont montré que chez l'enfant qui ne sait pas encore parler, , c'est d'abord l'hémisphère gauche qui apprend à reconnaitre les rythmes dans la phrase (vitesse, accentuation) et qui reconnait (sans comprendre), la langue maternelle et la voix de sa mère par rapport à d'autres langues (il y fait plus attention).
              Puis après six mois, l'enfant apprend peu à peu à reconnaître la “prosodie”, c'est à dire la mélodie du langage et son intonation émotionnelle (il ne comprend pas “oui” ou “non” mais le ton d'acquiècement (même si on dit non) et le ton de refus (même si on dit oui). C'est le rôle surtout de l'hémisphère droit.
              Puis l'hémisphère gauche et les centres de Wernické et de Broca reprennent la direction des opérations d'apprentissage des mots et du langage..
       
                        Venons en à la musique

              La figure ci-dessous montre en activité le cerveau d'un musicien, (en haut) et d'un non musicien (en bas) écoutant le même morceau.

    Le cerveau musicien.

              On voit que dans l'hémisphère gauche une aire beaucoup plus importante est activée chez le musicien; les neurobiologistes l'appellent l'aire de “l'oreille absolue”, c'est la partie qui identifie une à une les notes, (leur ”hauteur”) et permet de les différencier au milieu d'autres sons musicaux, de savoir si par rapport à une référence cette note est la bonne (c'est ce qui permet au musicien de jouer “juste” et au chef d'orchestre de suivre ce que joue un musicien particulier).
              Cette aire s'est développée peu à peu au cours de l'apprentissage du musicien (de même que dans l'aire de Broca et dans le cortex moteur primaire, des aires qui permettent de jouer d'un instrument.)
              Dans l'hémisphère droit le volume des centres en action est également plus grand chez le musicien, mais la différence est moindre. Ce sont les centres qui reconnaissent et suivent la mélodie, avec un aspect émotionnel.
              Une mélodie (notes successives) met surtout en jeu l'hémisphère droit, alors qu'une suite d'accords (notes simultanées implique plutôt l'hémisphère gauche.
              Il est à peu près certain qu'une place plus grande dans l'aire de Geswind d'un musicien (ou dans des zones autres) est réservée à la mémoire des morceaux de musique, de même que celui qui lit énormément à une place plus grande consacrée à la mémoire de ses lectures.
              Mais je n'ai pas trouvé d'étude importante, simple et claire sur ces sujets.
              Il existe des études sur le mécanisme de reconnaissance au son des instruments de musique, mais leurs résultats sont très complexes.

              Vous avez maintenant un aperçu assez complet de la façon dont nous percevons les sons et comment nous les interprétons.

              Je voudrais appeler votre attention sur le fait suivant :
              La musique, les sons la parole, ne sont que des vibrations dans l'air.
              La parole, un mot ce n'est qu'une suite de sons de diverses fréquences avec un certain rythme, des variations d'intensité.
              De même une mélodie, cela n'existe pas : ce sont des instruments qui envoient ensemble, un horrible mélange de vibrations sonores dans l'air.
              Et pourtant nous écoutons avec délices un orchestre, un morceau de musique et nous avons parfois les larmes aux yeux en écoutant les mélodies que nous aimons.
              Ceux qui sont musiciens parmi nous, lorsqu'ils jouent un air, ont la mélodie qui chante dans leur tête. J'ai souvent vu un chef d'orchestre chanter tout doucement certaines parties du morceau qu'il dirigeait.
              C'est notre cerveau qui crée, qui invente une “représentation” des sons et de la musique et cette “sensation qu'il a créée devient notre réalité, et nous finissons par croire que c'est le monde réel.

                  Je pourrais vous montrer que c'est la même chose pour les couleurs et la vue. Les couleurs ne sont que des photons animés d'une certaine énergie, et ce qui nous environne des amas de moolécules et d'atomes.
              Mais notre cerveau en fait des “images” et ces images deviennent pour nous le monde qui nous entoure.
        

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  •           Je vous ai montré hier comment fonctionnait l'oreille et nous avons vu que la cochlée transmettait, par environ 30 000 fibres nerveuses, les informations recueillies par les cils vibratiles quant aux fréquences et intensité sonores, des sons transmis auparavant par le tympan et amplifiés par les osselets.
            Aujourd'hui nous allons voir ce que fait le cerveau de ces influx nerveux et comment il traite ces informations.

            Le schéma ci-dessous indique d'abord le trajet des influx nerveux dans le cerveau.
            Ils passent en effet par plusieurs relais avant d'aboutir à un centre qui va faire une interprétation détaillée des sons.
            Chaque relais fait des prétraitements mais pour ne pas compliquer les choses je ne rentrerai pas dans le détail.

    L'interprétation des sons par le cerveau.


            Le premier relais est au niveau du “tronc cérébral” au dessus de la colonne vertébrale. Ce relais peut commander des actes réflexes si le traitement effectué décèle un son anormal qui peut avertir d'un danger . Il compare entre autre les sons provenant des deux oreilles et détermine des différences qui renseigner sur la position de l'émetteur.

            Le deuxième relais est au niveau des tubercules quadrijumeaux; le traitement  décèle là aussi des sons associés à certains dangers ou situations anormales et il y a alors alerte des centres amygdaliens que nous connaissons bien, et qui contrôlent peur, colère, réaction de défense ou de fuite, stress.

            Le troisième relais est dans le thalamus. Ce centre interroge nos cinq sens tous les 1/40èmes de seconde et envoie les signaux vers les centres spécialisés d'interprétation. Mais il fait aussi des synthèses entre les diverses perceptions : vue, ouïe, toucher, odorat et goût, pour caractériser leur origine afin de renseigner le cortex central.

            Les signaux vont enfin être interprétés par un centre spéciailisé dans l'analyse des sons : on l'appelle le “cortex auditif” et il comporte des “couches” spécialisées dans certains traitements.
            C'est ce traitement que nous allons détailler un peu plus, à partir du schéma ci-dessous, en différenciant ce que font les hémisphères droit et gauche.

    L'interprétation des sons par le cerveau.

            Nous allons d'abord parler d'un premier traitement qui est fait à la fois par le tronc cérébral qui échange des informations reçues des oreilles droite et gauche, par les tubercules quadrijumeaux et un “sous-centre” du cortex que j'appelerai pour simplifier “où ?”
            Ces centres analysent l'écart de temps entre les signaux provenant de chacune des deux oreilles, et qui ne sont pas simultanés sauf si le son provient de la direction face à la tête (devant ou derrière : égale distance des deux oreilles).
    Ils analysent aussi les différences d'intensité, notamment pour savoir si le son provient de devant , derrière, en haut ou en bas. (grâce aux réflexions dans le pavillon de l'oreille)..
            Ce traitement est fait plutôt sur la partie “aigue” du son.
            Pour une tête d'adulte, une inclinaison d'undegré d'angle correspond à un écart de 10 microsecondes. Un adulte bien entraîné arrive à localiser l'origine du son avec une précision d'environ 10 degrés quant à sa direction.
            Il détecte aussi si le son est proche ou lointain, mais avec une précision faible. Une alerte peut être envoyée aux centres amygdaliens pour prévenir un danger.

            Les diverses couches du cortex auditif font surtout trois types de traitement d'interprétation des influx nerveux qu'ils reçoivent.
            Un premier groupe de neurones va mesurer la durée et l'intensité du son.        
            Un second groupe va mesurer la “hauteur” du son, c'est à dire la fréquence de base hors harmoniques, en quelque sorte le détail des notes isolées les unes des autres.
            Un troisième groupe plus important va faire une analyse de Fourier et déterminer le “timbre” du son, c'est à dire l'importance des différentes fréquences.et des diverses harmoniques
            Ces trois centres font donc une analyse physique du son, à partir des signaux nerveux reçus de la cochlée.
            C'est le traitement primaire.

            Le cerveau va ensuite faire un traitement secondaire plus évolué  à partir de ces diverses informations données par les couches primaires.
            Un premier centre, situé dans l'hémisphère gauche, que j'appellerai le “QUOI”  va essayer d'identifier le son, en travaillant plutôt sur les fréquences graves. Il va transmettre l'information au thalamus et au cortex qui compareront à une base de données de notre mémoire et pourront dire : c'est une voiture, un avion, un chant d'oiseau, une musique, de la parole....
            Un deuxième centre situé également dans l'hémisphère gauche du cerveau,  va séparer les sons un peu comme le ferait un analyseur digital et il va identifier et comparer les notes isolées. Il va entre autres, analyer le rythme de la succession des sons, ce qui est très important notamment dans le domaine musical ou de la parole.
    C'est ce centre qui est très actif lorsque le musicien accorde son instrument, sur le "la" puis sur les diverses notes.   
            Un troisième centre, qui lui est principalement situé dans l'hémisphère droit, va analyser la mélodie, le chant, la suite des notes. Il est particulièrement actif lorsque nous écoutons de la musique ou quelqu'un parler.
            Les centres auditifs de l'hémisphère gauche vont donc analyser les éléments rationnels des sons, alors que ceux de l'hémisphère droit vont examiner les "impressions", les données émotionnelles et sentimentales des sons.

            En urgence (quelques millisecondes), des informations d'alerte et de danger sont transmises directement par les tubercules quadrijumeaux et le thalamus aux centres amygdaliens.
            Toutefois le cerveau élimine d'office des sons “habituels” (par exempla le bruits des autos sous vos fenêtres ou du métro sous votre immeuble...), pour réserver l'alerte à des cas d'urgence.
            Tous les renseignements que le Thalamus juge importants, des centres auditifs sont transmias au cortex frontal qui va analyser ces informations, faire appel à la mémoire, et comparer avec ce qu'il sait déjà, redemander des précisions afin de pouvoir prendre éventuellement des décisions et agir.
            Les sensations d'ordre émotionnel sont transmises dans l'hémisphère droit aux centres du cerveau limbique (émotionnel) et notamment dans le gygus cingulaire aux centres qui vont gérer nos émotions.

            Dans un futur article j'essaiera de décrire succintement ces éléments et en particulier les traitements de la musique et de la parole et comment le cerveau, à partir d'éléments  purement physiques (vibrations de l'air) imagine et crée une "réalité fictive" : les sons, la musique, la parole.

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