• Un vaccin contre le paludisme.?

       On a beaucoup parlé de l'hydrochlorokine à propos du Covid 19 et il ne semble pas, d'après les derniers essais que ce soit le médicament miracle.
        Mais c'est un bon médicament contre le paludisme, mais ce n'est pas un vaccin.
        Des recherches ont lieu depuis 30 ans dans ce domaine, et des essais sont en cours en Afrique.
        J'ai pensé que quelques renseignements sur ce vaccin intéresserait peut-être certain(e)s de me lectrices et lecteurs.

        Le paludisme ou malaria (la “maladie des marais”), est une maladie parasitaire qui a fait  en 2009, 225 millions de malades et 780 000 morts, principalement des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes, et surtout en Afrique subsaharienne.
         C’est un moustique femelle, l’anophèle, qui injecte à la victime, un parasite,  protozoaire du genre “Plasmodium” de quelques microns, après avoir pompé le sang d’un animal (ou homme) à sang chaud, infecté par la maladie.
         Un protozoaire, si vous ne l'avez pas appris au lycée, est un organisme unicellulaire eucaryote (c’est à dire avec un noyau), qui se nourrit par phagocytose (il ingère d’autres cellules, de la même façon que les globules blancs ingèrent les bactéries), en se fixant sur la “proie”, en l’ingérant dans la cellule et en la digérant et éventuellement en rejetant ensuite des déchets.
          La maladie est répandue par un moustique  Le moustique pompe dans le sang infecté des malades, des “gamétocytes” mâles et femelles qui se réunissent et donnent naissance à de petits bâtonnets de quelques microns de longueur que l’on appelle des “sporozoïtes”.
        Les sporozoïtes du genre  “Plasmodium “ sont les protozoaires du paludisme, qui infectent le sang de la personne piquée par le moustique.


    http://lancien.cowblog.fr/images/ClimatEnergie/paludisme.jpg

        Véhiculés par le sang, ces sporozoïtes atteignent le foie en une trentaine de minutes et infectent les cellules du foie (les hépatocytes), chargées de la synthèse du glycogène, notamment à partir des graisses, de l’élimination de produits de dégradation de l’hémoglobine, ou d’autres substances toxiques et de la production de la bile.
        Les sporozoïdes vont subir une intense multiplication dans ces cellules du foie pendant 6 à 12 jours, devenant une “sorte d’oeuf bleu” de 40 à 80 microns, qui donne naissance à des vésicules qui produisent certaines protéines qui les emêchent d’être reconnues et phagocitées par les globules blancs. Ces vésicules libèrent dans la circulation sanguine des cellules appelées “mérozoïtes”
        Ces mérozoïtes infectent les globules rouges (hématies) du sang et s’y multiplient et les font éclater, puis vont coloniser d’autres globules rouges.
        Ils vont ensuite se transformer 15 ou 20 jours plus tard, en gamétocytes que pourront pomper des moustiques et le cycle est bouclé !. (je rappelle au passage que seules les moustiques femelles piquent et pompent le sang, nécessaire à l’éclosion de leurs oeufs et contrairement à ce qu'on raconte souvent, elles n'ont pas les yeux bleus !).

        L’infection provoque d’abord la fièvre, puis une atteinte du foie et ensuite une destruction massive des globules rouges qui entraîne une énorme anémie.
        Suivant la nature du Plasmodium (il y  en a plusieurs sortes plus ou moins nocifs), on peut avoir des crises périodiques de fièvre suivie d’anémie, mais non mortelles. Mais dans les cas graves, surtout pour les jeunes enfants, l’anémie peut entraîner la mort.

        Comment faire un vaccin contre le paludisme ?
        Des dizaines de recherches ont eu lieu depuis plus de soixante ans, mais la tâche n’est pas facile. Les voies de recherche utilisées sont résumées sur le schéma ci-dessous.

    http://lancien.cowblog.fr/images/ClimatEnergie/IMG.jpg

        Au début de chaque étude, il faut essayer de trouver un “antigène” adapté;
    c’est une macromolécule, la plupart du temps une protéine, reconnue par des anticorps ou des cellules du système immunitaire et capable d'engendrer une réponse immunitaire, c’est à dire une mobilisation des globules blancs qui “apprennent” à reconnaitre l’agent infectieux et à le phagocyter.
        Antigènes et anti-corps sont des molécules (souvent protéines) qui se correspondent et de reconnaissent par leur structure chimique et spatiale et cette reconnaissance déclenche les réactions de défense.
        L’étude la plus avancée avait commencé en 1960 à rechercher ces antigènes et avait trouvé en 1980, une solution prometteuse pour cibler le parasite du paludisme, à son entrée dans le corps et avant qu’il n’infecte les globules rouges. Le vaccin a été mis au point, mais il fallait l’essayer et une difficulté se présentait alors, car il faut passer par l’expérimentation animale avant de le tester sur des humains..

        Le parasite responsable du paludisme“Plasmodium falciparum” est spécifique de l’homme : il n'infecte pas la souris, par exemple. Ia recherche vaccinale se fait donc sur des souris infectées par le Plasmodium spécifique des rongeurs. Mais les deux parasites ne sont pas identiques. Des vaccins efficaces chez l,a souris ne le sont donc pas forcément chez l'homme.
        Pour contourner ce problème, plusieurs équipes ont développé des souris dites “humanisées”, des souris mutantes, aux défenses immunitaires affaiblies, auxquelles on a greffé des globules rouges humains. Lorsqu'elles sont infectées par le parasite humain, l'étape du cycle où le parasite se multiplie dans les globules rouges est ainsi reproduite, ce qui permet d'évaluer rapidement l'efficacité d'un candidat vaccin.

        Le premier vaccin essayé en 1990 et baptisé RTS-S n’avait malheureusement qu’une faible efficacité.  Les chercheurs ont alors développé des adjuvants qui augmentent son action.
        A la suite d’essais encourageants sur l’animal une première campagne d’essais sur des enfants a eu lieu en 2003 au Mozambique lieu d’infection importante, qui touchait de nombreux enfants, mais les essais étaient encourageants mais limités. (phase 2)
          Les recherches ont continué et le vaccin a été amélioré. Des essais cliniques dits "de phase 3" ont été menés pendant plus de 5 ans (de 2009 à 2014), sur environ 15 000 enfants en bas âge et nourrissons, dans 7 pays d'Afrique subsaharienne.
          Le vaccin a évité environ 4 cas sur 10 (39 %) de paludisme, pendant 4 années de suivi, et environ 3 cas sur 10 (29 %) de paludisme grave, avec des baisses sensibles du nombre global des admissions hospitalières, comme de celles dues au paludisme ou à l’anémie sévère. Le vaccin a aussi fait baisser de 29 % les besoins de transfusions sanguines requises pour traiter les cas d’anémie le plus souvent mortels dus au paludisme.
         Lors de l’essai de phase 3, le vaccin a été bien toléré en général, avec des réactions indésirables faibles, semblables à celles constatées avec les autres vaccins de l’enfance.

          Ces résultats sont encourageants, mais les chercheurs se sont aperçu que le vaccin cessait son action dès que les sporozoïtes infectaient les hépatocytes du foie et se transformaient en mérozoites, le transfert vers le foie se faisant très vite ( en 30 minutes).
         Il faut donc une réponse immunitaire plus rapide et un nouvel adjuvant a été mis au point et des essais importants ont été préparés depuis 2015 et les vaccinations ont commencé à partir d'avril 2019 dans 3 pays : Ghana,  Kenya et Malawi. (phase 4). Environ 360 000 enfants devraient recevoir chaque année ce vaccin, tout en continuant à mener les campagnes contre les piqûres de moustique et les soins médicamenteux pour les personnes infectées.
    On espère atteindre une efficacité de l'ordre de 50%

        L’Agence européenne des médicaments (EMA) a procédé à une évaluation scientifique du RTS,S et a publié un « avis scientifique européen » sur le vaccin en juillet 2015, dans le cadre de la coopération avec l’OMS, et a conclu que, dans une perspective réglementaire, la qualité du vaccin et son profil risque-avantage sont favorables.
         La recherche médicale, c’est très complexe, mais très important pour sauver des vies.
         

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