• Qu'héritons nous de nos ancêtres (4) : nos aptitudes

    Qu'héritons nous de nos ancêtres (4) : nos aptitudes

     

              Dernier article sur notre hérédité : qu’héritons nous de nos parents au plan de nos aptitudes et de notre personnalité.
               Autant on peut rechercher des antécédents lorsqu’ils s’agit d’organes de notre corps, qui sont composés de cellules bien déterminées, autant c’est une mission impossible en ce qui concerne nos aptitudes et notre personnalité, car ce sont des données complexes de nature psychologique, qui ne mettent pas en jeu quelques centres spécifiques, mais en réalité l’ensemble du cerveau.
               Les données que l’on a sur l’origine génétique de nos aptitudes sont donc le plus souvent très partielles, incertaines, voire critiquables, alors que les preuves de l’influence de l’environnement et notamment de l’éducation et des études, ainsi que de l’expérience de la vie sont extrêmement nombreuses.
               
    En effet pour faire de telles études, il faut une définition précise de l’aptitude que l’on étudie, il faut pouvoir la mesurer de façon assez précise, il faut ensuite obtenir ces chiffres sur une population importante composée d’individus ayant des niveaux différents de cette aptitude; il faut ensuite analyser leur ADN, et examiner si la fréquence de certains gènes varie en fonction des chiffres d’aptitude.

    Qu'héritons nous de nos ancêtres (4) : nos aptitudes



               Un exemple qui donne lieu à beaucoup de discussions est « l’intelligence », car les études sont multiples, aux résultats contradictoires et souvent critiqués.
            
      Premier problème Il n’existe pas de définition unique de ce qu’est l’intelligence ni comment la mesurer. En biologie, le terme désigne souvent les capacités cognitives générales d’un être humain, c’est-à-dire la mémorisation, l’attention, le langage, la capacité de raisonnement ainsi que toutes les fonctions exécutives jouant un rôle dans le traitement de l’information par notre cerveau.

                Il existe de très nombreuses définitions de l’intelligence (voir mes articles dans la rubrique « Cerveau - intelligence, langage »).
                Certaines des études utilisent deux aspects de l’intelligence : celle qui consiste à penser logiquement et résoudre des problèmes dans des situations nouvelles, indépendantes de l'acquisition de connaissances. par exemple lorsque l'on cherche à résoudre des problèmes de logique et l’autre qui est la capacité à utiliser les compétences, les connaissances et l'expérience acquises et mises en mémoire.
                 Les études les plus nombreuses utilisent le QI qui peut être mesuré, mais qui n’est pas représentatif de toute l’intelligence. Des études ont notamment été faites sur des jumeaux et sur des jeunes surdoués.
                  D’autres études utilisent à contrario les maladies mentales qui privent ou troublent l’intelligence, notamment schizophrénie et Alzheimer.

                Certes on pourra obtenir des résultats tant qu’on se limite à notre « espèce humaine » et à la configuration de notre cerveau.
                Par exemple des chercheurs de l’’institut Max Planck, en Allemagne, ont publié en 2022 une étude qui déterminait un gène qui expliquerait en partie que nous sommes devenus plus intelligents que les singes.
                Ils ont repéré un gène qui existe chez tous les humains, mais n’existe chez aucun autre primate, chez aucun autre animal. iIs ont alors inséré ce gène dans le génome de cellules souches de chimpanzés, puis ont cultivé ces cellules pour qu’elles se multiplient et se transforment en neurones. Au bout de deux semaines, ils ont vu les neurones se multiplier de façon anormale pour un cortex de chimpanzé. Ils ont même vu apparaître ces plis caractéristiques de notre cerveau – qu'on ne retrouve dans un aucun autre animal.
                 Puis ils ont pris des cellules souches humaines, lui ont retiré ce gène. Résultat : le mini cortex artificiel humain n’a plus de plis.

                 Mais quand il s’agit de l’intelligence de chaque personne, c’est un autre problème.

                  De très nombreuses études ont eu lieu et ont montré qu’on pouvait établir une corrélation entre l’intelligence et quelques milliers de gènes, situés dans tous les chromosomes sauf l'Y. Mais ceux-ci ont une faible influence et assez peu précise. Si on en croit l’étude GWAS de 2019, la plupart d’entre eux ont une influence sur le développement du cerveau :
                             - Neurogénèse à partir de cellules souches : 1355 gènes;                         -                                                                                                                             
                             - Régulation du développement du système nerveux :  722;
                             - Différentiation et projection neuronale : 1900;
                             - Régulation du développement de cellules : 808;
                             - Plasticité de synapses : 717;
                             - Myélinisation du système nerveux : 1037
                  En aucun cas l’étude génétique de l’ADN ne permet de déterminer l’intelligence d’un individu. Les spécialistes estiment que les gènes auraient une influence sur l’intelligence qui ne dépasserait pas 20 à 40% au maximum.

                 On peut aussi se demander quelle est l’influence de la génétique sur notre personnalité et par exemple sur les critères des préférences cérébrales ou du BigFive.
                 
    Des études expérimentale ont comparé les caractéristiques des parents et celles des enfants et on n’a pas mis en évidence des corrélations importantes.

                  Les psychologue ont essayé également de déterminer la part d’innéité et d’acquit  dans ces préférences. On peut en effet observer chez de  très jeunes enfants l’apparition de certaines de ces préférences, par exemple extraversion/introversion, Jugement/perception, logique/valeurs, optimisme/pessimisme.
                   Il existe une part d’innéité (mais qui n’est pas héréditaire), car chaque préférence de la paire correspondante, reste vraie toute la vie. Mais par contre son intensité dépend fortement de l’éducation, des études, de l’environnement et du mode de vie, elle peut soit diminuer, soit croître par rapport au niveau inné.
                  Le fait que ces préférences soient innées et non héréditaires n’est pas étonnante, car il faut se rappeler que, lors de la croissance initiale des axones et des dendrites, ceux-ci sont guidés par des marqueurs chimique jusqu’au voisinage des centres de destination, mais les jonctions finales se font au hasard.
                Je n’ai par contre jamais trouvé d’étude qui fasse correspondre les préférences cérébrale ou les items du big-five avec le fonctionnement du cerveau. Ce n’est guère étonnant car les spécialistes de ces types de personnalité que j’ai connus, ne connaissaient guère le fonctionnement du cerveau et les neurobiologistes ne s’intéressent pas au big-five ou aux préférences cérébrales.
               Je ferai un article à ce sujet dans quelques temps

                En fait nos aptitudes demandent l’utilisation de nombreuses capacités de notre cerveau, notamment à l’origine prendre le commandement de nos membres et découvrir notre environnement, ensuite parler, lire et écrire, puis mémorisation, attention, maîtrise du langage, logique et capacité de raisonnement, capacité de communication, compréhension de la pensée d’autrui, empathie, sentiments…..
                Lors de sa naissance le cerveau de l’enfant assure seulement le contrôle de ses organes vitaux mais il possède une immense capacité d’apprentissage. Une part est innée et en partie héréditaire, et elle peut être variable d’un bébé à l’autre.
                Mais l’attention que les parents vont apporter au développement et à l’éducation de leur enfant, va, soit fortement développer cette capacité d’apprentissage, soit au contraire la faire stagner.
                Toutes les capacités du cerveau vont alors se développer peu à peu par des exercices multiples, grâce à l’éducation, l’instruction et l’expérience de la vie.
                C’est ce développement qui finalement conditionne notre intelligence.
                Quelque soit l’apport important des gènes de l’intelligence, malheureusement une personne ùagée dont  la mémoire a presque complètement disparue, et même si elle manie encore le langage, n’arrive plus à mener des actions logiques et intelligentes et à s’adapter aux circonstances de la vie de tous les jours.

               En définitive notre hérédité conditionne de nombreux aspects de notre physique, mais peu de nos aptitudes intellectuelles, qui dépendent surtout de nos apprentissages.

                          

     

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