• Qu'est ce que l'épigénétique ?

    Qu'est ce que l'épigénétique ?

          Quelques centaines d’années avant J.-C., des savants grecs se sont mis à réfléchir sur notre développement. Dans quelle mesure sommes-nous programmés plutôt que façonnés par notre environnement ? Plus de deux mille ans ont passé et pourtant, le verdict n’est pas encore tombé.

         Certaines de mes correspondant(e)s m’ont demandé à plusieurs reprises si je pouvais faire un article sur l’épigénétique, que j’ai évoquée à plusieurs reprises dans mes articles sur l’ADN et d’autres me demandent si une maladie mentale peut “s’attraper”, car elles apparaissent parfois soudainement.

        C’est un sujet difficile à expliquer et je vais essayer de le faire le plus simplement possible, en deux articles, en empruntant des schémas à Edmund Higgins, psychiatre et chercheur à l’Université de Caroline du Sud aux Etats Unis.

         Même si nous ne savons pas grand chose sur les maladies mentales et les dépressions, la neuro-biologie a fait des progrès dans ce domaine et la génétique vient à son aide, car les progrès sur la connaissance du génôme humain ont été importants ces dernières années.
         Pour les neurobiologistes, les troubles psychiatriques seraient en grande partie d'origine génétique, le bon fonctionnement du cerveau est contrôlé par diverses protéines qui interagissent entre elles, chacune étant codée par un gène.   
         Il suffit qu'un de ces gènes soit (ou devienne) défectueux pour que la protéine correspondante ne puisse plus remplir sa fonction dans le fonctionnement complexe cérébral.
        Mais il ne faut pas prendre génétique au sens seulement de l’hérédité. Les vrais jumeaux, qui sont dotés du même patrimoine génétique issu des parents, n'ont pas nécessairement les mêmes maladies mentales, comme par exemple, Ia schizophrénie.
         Les maladies psychiatriques résulteraient plutôt d'une interaction complexe de I'environnement avec certains gènes, et l'on commence à peine à comprendre comment I'environnement modifie le cerveau et déclenche des troubles mentaux.
        Les expériences de la vie peuvent changer le comportement d'un individu en modifiant I'expression des gènes qui contrôlent le fonctionnement de son cerveau.

      
      Je ne vais pas refaire un article sur l’ADN, et je vous renvoie pour ceux qui ne se rappellent pas à mes articles du 28/11/2016.


        J’ai montré dans ces articles que l’ADN était une très grande molécule hélicoïdale, avec des “montants” et des “barreaux”, et que l’hérédité est due à la nature et l’arrangement des “bases puriques” qui constituaient ces barreaux. (A pour adénine,T pour thymine, C pour cytosine et G pour guanine ).
        Un traumatisme, la consommation de drogues ou le manque d'affection n'altèrent pas la séquence des bases dans les gènes mais ils conduisent à Ia “greffe chimique” de molécules satellites sur I'ADN. Ces additions influent sur I'expression des gènes, inhibant ou activant la production des protéines qu'ils codent, ce qui risque de perturber le fonctionnement du corps humain ou du cerveau, et l'état mental des sujets, entre autre.
        Ces processus ou l'expression des gènes est modifiée par des mécanismes qui laissent inchangées les séquences d'ADN sont dits “épigénétiques” (épi signifiant au-dessus ou au-delà .... des gènes).

        En 1997, ie neurobiologiste Michael Meaney et ses collègues de l'Université McGill, au Canada, ont comparé des rats qui avaient été abondamment léchés et toilettés par leur mère pendant les dix premiers jours. de leur vie avec d'autres rats auxquels les mères avaient prodigué peu de soins.
    Confinés dans un tube étroit en plastique pendant 20 minutes, Ies jeunes rats ayant des mères attentionnées étaient moins anxieux et moins stressés que les autres.
        Ces expériences montrent que le bon comportement maternel d'une mère rat peut, par exemple, renforcer la résistance émotionnelle de ses jeunes en favorisant I'expression d'un gène diminuant le stress et l'anxiété. A I'inverse, des événements traumatisants chez ces jeunes rats arrêteraient, par un mécanisme épigénétique, la fabrication d'une protéine responsable de la croissance neuronale, et entraîneraient une dépression.
        Ceci est également vrai pour les humains : des enfants qui reçoivent beaucoup d'affection et d'attention peuvent devenir émotionnellement plus résistants et récupérer plus vite d'un stress important, et ensuite, être moins sujets au stress à l'âge adulte, que les enfants qui n'ont pas eu cette chance 'avoir une mère aimante, qui avait le temps de s'occuper d'eux..
        Des travaux récents montrent également que des changements épigénétiques joueraient un rôle dans des pathologies telles que I'addiction aux drogues et Ia schizophrénie, ainsi que dans les troubles de la mémoire à long terme.
        En élucidant les mécanismes moléculaires de ce type dans les maladies mentales, les neurologues pourraient mettre au point de nouveaux traitements contre les maladies psychiatriques. Ainsi, de futurs médicaments pourraient "nettoyer" I'ADN afin d'éliminer les modifications moléculaires que l’on aurait décelées et qui favorisent des maladies.

        Demain je vous donnerai un peu plus de détails sur ces processus.

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