• Problèmes de l'exploitation du gaz de schiste. (2)

                Les objections à l'exploitation du gaz de schiste proviennent surtout des problèmes rencontrés aux USA dans cette exploitation, essentiellement en ses débuts, mais dans un contexte très différent du contexte français, problèmes que j'ai évoqués dans l'article précédent.            
                En effet, aux Etats-Unis le sous -sol appartient au propriétaire du terrain, alors qu'en France, il appartient à l'Etat.           

                Il en résulte que, les premières exploitations de gaz de schiste ayant été faites par un tout petit producteur, il y a eu ensuite de nombreux petits exploitants. Ces petits propriétaires de ces petits gisements ne sont pas affiliés à la puissante "International Association of Drilling Contractors (ADC) et ne sont parfois pas très respectueux des règles officielles et cherchent à minimiser leurs coûts. Certains ont eu tendance à choisir le sous-traitant d'exploitation le moins-disant, n'ayant pas une expérience suffisante et mal outillé.           
                Il en est résulté de nombreux problèmes.
                 L'Etat américain, conscient de ce problème a considérablement durci la réglementation d'exploitation, et les grosses compagnies, qui ne s'étaient pas à l'origine intéressées à ce type d'exploitation, ont, devant les promesses de gain, racheté presque toutes les petites exploitations et les problèmes ont pratiquement disparu.           
                En France, seules les grandes compagnies ont le droit d'exploiter sous licence de l'Etat, et les permis, comme les conditions d'exploitation sont très étroitement encadrées et des organismes de contrôle existent depuis longtemps.
     Les conditions d'exploitation, si elles étaient autorisées seraient donc très différentes.

                Examinons techniquement les risques envisagés par l'exploitation des pétroles et des gaz de schistes :

                            1 - Pollution des nappes phréatiques.

     Problèmes de l'exploitation du gaz de schiste.           Les nappes phréatiques sont à faible profondeur avec un maximum de 600m dans le bassin parisien.             
                Compte tenu de la profondeur des gisements, (2000 à 4000 m), des nombreuses couches rocheuses imperméables, soit des millions de tonnes de roches, aucune pollution n'est possible à partir de la zone fissurée contenant l'huile ou le gaz.                       
                Le risque provient du fait que tous les tubes des puits traversent les aquifères, mais il est négligeable si les règles de l'art ont été respectées.
    Tous les puits sont en effet tubés par des tubes en acier spécial épais sans soudure (vissés) dont l'espace annulaire est cimenté. Avant l'opération de cimentation, le diamètre du trou de forage est mesuré tout le long  du puits, pour déterminer exactement le volume de laitier à injecter. La cimentation est ensuite contrôlée pour vérifier qu'il n'y a pas de vides et que l'adhérence du ciment est correcte.           
                Aux USA une quarantaine de cas de pollution auraient élé signalés, en particulier à Pavilion au Wyoming, où le gisement est à 600 m, (donc près des nappes aquifères), alors que plus de 450 000 forages gaziers ont été faits dont 80 000 pour les gaz de schistes, sans pollution. Ces cas de pollution sont en général imputables à de tous petits entrepreneurs qui n'ont pas toujours les compétences techniques nécessaires et, à plus forte raison, les moyens financiers.           
                 Des centaines de milliers de puits dans le monde traversent des nappes aquifères sans problème. Les grandes compagnies pétrolières maîtrisent de longue date la technique nécessaire pour réaliser des puits parfaitement étanches. 

                            2 - Les forages profonds sont la cause de la pollution.            

                C'est inexact. Les forages pétroliers à 3000 ou 4000m ne sont pas profonds mais très courants. Le record du monde ou Texas est de 10 000 m. Certains puits à Lacg ont dépassé 6 000m, dans les années 50, sans aucune fuite.

                            3 - La fracturation hydraulique est mal connue.              

                C'est aussi inexact. Ce n'est pas une nouvelle technique comme l'ont dit les médias, mais une technique de production, vieille de plus de 40 ans, développée par de grandes sociétés de service, et utilisée dans tous les champs pétroliers. Plus de deux millions de fracturations hydrauliques ont été exécutées dans le monde.           
                La zone fracturée est de faible épaisseur, à forte profondeur, dans des roches solides,  et aucun effondrement n'est à craindre.

                            4 - Emprise au sol. Dégradation des sites.            

    Problèmes de l'exploitation du gaz de schiste.            Des progrès pour minimiser l'emprise ou sol ont été faits. Une installation complète de forage occupe environ 30m X 50m; on translate la sonde de quelques mètres pour forer les puits suivants. Les têtes de puits sont rassemblées dans une enceinte dont l'emprise au sol est bien moindre que pour les éoliennes.           
                Pour la fracturation, il faut une quantité de matériel et d'équipement sur une courte période: plusieurs camions de pompage de grande capacité, des mélangeurs, des camions de transport du sable, une unité de commandement, en tout une quarantaine de véhicules gros porteurs. L'emprise au sol peut atteindre 100m X 100m y compris les bassins de décantation des eaux usées et les bassins à boue. Ensuite il ne reste sur place que quelques têtes de puits distantes de 3m, dons un enclos grillagé. A la fin du chantier, les opérateurs sont dans l'obligation contractuelle de remettre le site dans son état initial. Les canalisations doivent âtre ensouillées à au moins trois mètres.            

                Mais il n'y aura jamais en Europe autant d'appareils de forage qu'aux Etats-Unis où la densité de population est bien plus faible.

                            5 - La consommation d'eau.             

                Elle est de 10 000 à 20 000 m3 au maximum, (soit six piscines olympiques ou la consommation annuelle de moins de 50 personnes) pour la fracturation hydraulique, et 1000 à 2000 m3 pour la boue de forage. L'eau saumâtre peut être utilisée pour la fracturation hydraulique. Il n'est pas nécessaire d'utiliser de l'eau potable, que par ailleurs on utilise abondamment en Fronce (35 milliards de m3 / an) pour les wc, le lavage des voitures et l'arrosage des jardins, contrairement aux Etats-Unis où pour ces usages, on utilise del'eau non traitée, sur un deuxième compteur.                 
                Dans quatre grands gisements des USA, où des centaines de puits sont forés par an, la consommation d'eau n'a représenté au plus que 0,8% de la consommation régionale. Pour produire la même quantité d'énergie, le gaz de schiste utilise deux fois moins d'equ que le nucléaire, quatre fois moins que le pétrole, six fois moins que le charbon, et 500 fois moins que l'éthanol combustible "vert" dérivé du maïs. 

                            6 - Pollution des sols par une fuite de gazoducs.             

                Celle-ci ne peut être que minime car toute baisse de pression est automatiquement détectée et commande la fermeture automatique des vannes de sectionnement. 

                            7 - Le risque sismique.             

                Deux cas auraient été constatés en Grande-Bretagne avec des secousses très faibles (2-3) sur l'échelle de Richter, secousses assez courantes dans certains endroits en France.  Les études sismiques préalables permettent de détecter les failles. Les emplacements de forage sont sélectionnés en connaissance de cause.

                            8 - Inconvénients sonores.            

                Les forages effectués ou Cap Ferret, résidentiel et station estivale réputée, ont été réalisés avec des appareils entièrement insonorisés. Les habitants de Lacq et de Parentis, dans les Landes, ne se sont jamais plaints. Le trafic des camions peut être limité à la journée.           
                L'activité la plus intense a lieu pendant la phase de forage, qui dure de 6 à 8 semaines et la phase de stimulation qui dure quelques jours, rnême si l'opération proprement dite ne dure que quelques heures.          

                 Ensuite une fois que les tètes de puits sont installées, il n'y a plus aucun bruit pendant les 20 ou 30 ans de l'exploitation à part les quelques jours de maintenance des puits.

                            9 - Contamination chimique.             

                Les additifs chimiques pour la fracturation, certains bio-dégradables, sont utilisés en quantités minimes et leur nature est clairement et obligatoirement divulguée publiquement. Tous ces produits sont utilisés dans la vie courante.           
                Ces produits sont remontés peu à peu avec l'eau et le gaz produit. Ils peuvent aussi contenir des matériaux naturellement radioactifs (radium notamment), et du benzène. L'eau et ces additifs sont séparés du gaz en surface. La teneur de radioactivité est mesurée à la sortie de la tête de puits et l'eau est épurée par traitement. 

                            10 - Risques pour la santé.             

                On a reproché au gaz de schistes d'être la cause de traces de benzène dans l'organisme, qui est un  toxique dans le sang. Or il s'est avéré que toutes les personnes testées étaient des fumeurs et que là était l'origine du benzène.            
                Les médias ont aussi affirmé, que dans les régions d'exploitation de ces gaz, le nombre de cancers avait augmenté. Aucune étude sérieuse ne l'a constaté. La présence de benzène cancérigène dans certains gaz naturels conventionnels ou non conventionnels oblige à pratiquer un traitement spécifique pour éliminer, en même temps, tous les composés organiques volatils et le soufre. Aucun additif chimique pour la fissuration n'est cancérigène. 

                            11 - Le permis d'exploration est forcément suivi du permis d'exploitation.             

                Ce n'est pas le cas en France. où de nouveaux dossiers doivent être déposés et examinés après enquêtes publiques. Le préfet statue finalement par arrêté après consultation du CODERST, (conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques). 

                            12. L'aggravation du réchauffement climatique.             

                C'est le dilemme de tous les pouvoirs publics : comment subvenir aux besoins énergétiques sans aggraver l'effet de serre. Il faut rappeler que la France, grâce à ses centrales nucléaires et ses barrages est le grand pays le moins polluant du monde (deux fois moins de rejets de CO2 que l'Allemagne), et seulement 1,5% des rejets mondiaux.
                Certes le gaz naturel n'est pas l'énergie idéale, non polluante, sûre, économique, pérenne, mais c'est une ressource bien utile pour nos économies tant que l'on ne saura pas stocker à grande échelle, l'électricité produite par les éoliennes et les capteurs solaires, capter et séquestrer le CO2, développer la géothermie profonde. mieux utiliser la biomasse et, plus tard,utiliser la fusion thermo-nucléaire.            
                De plus le développement des énergies renouvelables forcément intermittentes, est favorable à la demande de gaz naturel, qui est le meilleur et moins cher moyen de produire de l'électricité à la demande, quand il n'y a pas de vent ou de soleil et que la demande d'électricité est maximale. 

                            13 - Le développement de cette ressource va entraver le développement des énergies renouvelables.            

                Les énergies renouvelables actuelles, même très subventionnées ne peuvent subvenir aux besoins énergétiques pour le présent et pour le futur proche, même si leur coût diminue. De plus cette ressource du gaz n'empêche pas la poursuite des économies d'énergie indispensables, rentables et bonne pour l'environnement. Il n'y a pas lieu d'opposer l'exploitation des gaz de schistes, financée par le privé, à la nécessité d'économiser l'énergie, les deux activités étant favorables à l'emploi.  

                            14 - Pollution de l'air.             

                Elle n'est pas spécifique du gaz de schistes mais de tous les hydrocarbures quand des tests de mise en production sont effectués et que le gaz est brûlé à la torchère. Ces essais sont nécessaires pour évoluer la capacité du réservoir. C'est une procédure classique, courante, de courte durée, pratiquée depuis plus de cent ans.            
                
    Quant aux émissions de méthane dons l'atmosphère, elles représentent 10% de l'ensemble des gaz à effet de serre (la plus importante après le CO2, étant la vapeur d'eau) mais seuls 3% proviennent des puits de gaz, des gazoducs et des fuites de réservoirs de stockage. Les 7% restants proviennent des dépôts d'ordures ménagères, des mines de charbon et de la fermentation stomacale du bétail. Les fuites de gaz attribuables aux gaz de schistes sont négligeables.  

                En définitive, certes l'exploitation des gaz de schistes a certains inconvénients, comme toute action industrielle. Mais ces inconvénients sont faibles, et les connaissances actuelles et une réglementation sévère permettent de les minimiser.  
                Il faut constater malheureusement le rôle négatif de nos médias, qui ont failli dans leur rôle non seulement d'information non biaisée, mais aussi de pédagogie, et ont distillé avec les "verts" la peur dans l'opinion publique.
                Il faut espérer que les pouvoirs publics ne ne continueront pas à passer à coté de cette opportunité de redresser notre balance commerciale, assurer notre dépendance énergétique, créer des emplois non délocalisables, et développer notre industrie pétrolière, qui a tendance actuellement à rechercher des marchés hors de France, puisque l'exploitation de gaz de schistes y est impossible temporairement.           
                De plus, les compétences acquises, notamment dans la connaissance géologique du sous-sol français, préparerait la mise en place de la géothermie profonde et de la transition énergétique. La géothermie profonde est la seule énergie thermique illimitée, permanente, non polluante, pouvant être installée à peu près partout, pour des investissements du même ordre que ceux des forages pétroliers et sensiblement inférieurs à ceux de l'éolien. (Le gradient de température est de 3,3 d°/ 100 m de profondeur).           
                La France est, parmi les grands pays, l'un des mieux placés pour réussir cette transition énergétique et disposer ainsi avec son hydraulique, son nucléaire, sa biomasse, le gaz et les énergies renouvelables, d'un avantage compétitif unique. Elle dispose déjà d'un prix de l'électricité avantageux qui lui permettrait d'implanter rapidement un parc d'automobiles électriques peu polluantes. 
                Il est dommage que l'on n'ait pas, dans un  premier temps, au moins autorisé la prospection des gisement de gaz de schiste, qui elle ne polluait rien.

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