• Perceptions subliminales; publicité interdite et lavage de cerveau.

         Je vous avais dit hier que, après avoir parlé du rôle du Thalamus en matière de perceptions, j'aborderai les perceptions inconscientes et notamment ce que l'on appelle les "perceptions subliminales". Ce sera l'objet de cet article.

        Pour chaque sens, mais notamment la vue et l'ouie, il existe un seuil au dessous duquel la sensation qui arrive sur l'organe de sens (l'oeil ou l'oreille), est toujours perçue, est transmise et analysée dans des centres spécialisés, du cerveau, mais cependant nous n'avons pas conscience d'avoir reçu cette sensation.
        C'est ce qu'on appelle des "sensations subliminales". (en latin au dessous du seuil ).
        Ensuite pour une valeur encore plus basse du stimulus, nos sens ne perçoivent plus rien ou le  cerveau n'analyse plus les informations transmises et donc rien n'est interprété : il n'y a alors plus de perception..

        Je vais prendre maintenant deux exemples de ces sensations subliminales :

    Thalamus et perceptions.

        D'abord un exemple d'images subliminales :

        Nous savons que le thalamus ne peut détecter deux sensations séparées par moins de 12,5 millisecondes (car ses neurones oscillent à 80 Hz; voir mon article précédent).
        Mais supposons que nous projetions sur un écran d'ordinateur une lettre pendant 15 millisecondes. L'oeil la voit, les centres d'interprétation de la vue reçoivent l'information et la traitent et pourtant nous ne voyons pas cette lettre.
        Faisons cette projection pendant des temps plus longs. Brusquement à partir d'une durée de 50 millisecondes, nous voyons la lettre et nous pouvons la lire. Mais toutefois avant de la reconnaître nous mettons plusieurs centaines de millisecondes.
        Si on examine l'activité des centres du cerveau, on s'aperçoit qu'au dessous de 50 ms, le thalamus ne transmet pas l'information à une "mémoire tampon" située dans le cerveau préfrontal et que notre cortex frontal qui pense et réfléchit, ne reçoit aucune information.
        Je rappelle que les perceptions interprétées par un groupe de neurones sont transmises au thalamus à une fréquence de 40hz (un balayage sur deux) c'est à dire toutes les 25 ms. Tout se passe comme si, pour des raisons de fiabilité de l'information, celle ci n'était transmise au cortex préfrontal que si deux images successives reçues par le thalamus étaient sensiblement les mêmes d'où la durée de 50ms nécessaire (= 2 fois 25ms)
        Nous n'avons donc conscience de voir les images que si non seulement notre cerveau les interprète, mais encore que notre cortex préfrontal ait reçu l'information.
       
        Mais les choses sont plus complexes.
        Si nous voyons avec nos yeux et que les centres d'interprétation du cerveau à l'arrière du cerveau interprètent une image terrifiante d'approche d'un danger, qui est d'une durée inférieure à 50 ms, nous n'en avons pas conscience et pourtant nous en avons peur, notre pouls s'accélère et nous nous préparons à prendre la fuite. Comment est ce possible ?
        Le thalamus n'a pas transmis limage au cortex préfrontal, mais il la transmet immédiatement dans un délai de l'ordre de la milliseconde aux centres amygdaliens qui gèrent notamment la peur et la colère. Ces centres réagissent par mesure de sécurité à toute image de danger, à condition d'avoir été préalablement “programmés” pour les reconnaître.
        Cette “programmation” est innée pour certains dangers et relève de notre expérience de la vie pour d'autres. Certains parmi nous ont une “peur des araignées” innée et nous avons du mal à la vaincre, mais par contre la peur de l'obstacle intervient quand l'enfant apprend à marcher et s'y heurte, et la peur d'une voiture quand il traverse une rue, lorsqu'il en aura imaginé et réalisé le danger.
        Les centres amygdaliens alertent le cerveau émotionnel dont ils font partie, (nous ressentons la peur) et de plus préparent l'organisme aux réactions de survie ou de lutte (crier au secours, fuir ou écraser la pauvre araignée! lol).
        Et comme l'hippocampe, qui est le “professeur de notre mémoire” fait partie du cerveau émotionnel, il est averti et peut mémoriser l'évènement même si celui ci est inconscient.

        Une constatation qui a été utilisée par la publicité, mais qui est maintenant interdite.
        Supposez que dans un film ou une émission télévisée, vous glissiez entre les images projetées une image de durée inférieure à 50 ms, mais qui puisse être vue inconsciemment, que vous répétez ainsi un grand nombre de fois. Nous ne la “voyons” pas, en ce sens que nous ne sommes pas conscient de la voir, mais cependant elle est transmise à notre cerveau émotionnel qui, du fait de la répétition la mémorise !!
        Façon vicieuse de faire de la publicité ou de la propagande !!

        Deuxième exemple : une audition subliminale :
        Supposons que nous diffusions des sons - une phrase - suffisamment bas pour que nous ne l'entendions pas. Au dessous d'un certain seuil l'oreille effectivement ne perçoit rien; mais ensuite elle perçoit et transmet, les sons sont interprétés par le cerveau, mais ne sont pas transmis au cortex préfrontal.
        Donc nous n'avons pas conscience d'avoir entendu quelque chose!
        Cependant le centre de Wernicke qui interprète la parole, reçoit l'information, la décode et la transmet aux centres amygdaliens, déjà prévenus par le thalamus qu'il y avait un son et qui auraient déjà réagi s'il s'agissait d'un simple son alarmant (une explosion par exemple).
        La phrase décodée par Wernicke est donc inconsciemment transmise à notre cerveau émotionnel.
        Or  que si nous posons
    par exemple une question à laquelle on peut répondre par deux solutions et donc au hasard avec une chance sur deux de réussite, on constate dans deux populations de "cobayes" qui ont des écouteurs aux oreilles que les deux populations ont autour de 50% de réponses exactes, ce qui est normal.
        Si par contre on envoie dans les écouteurs d'une des populations d'expérimentateurs une phrase subliminale qui donne la solution, cette population n'a pas conscience de l'entendre, mais pourtant la proportion de réponses exactes monte à 80% environ. Ce n'est plus le hasard !!
        On n'a pas encore découvert la raison exacte du phénomène. Il est probable que le cerveau émotionnel participe à l'élaboration de la réponse aux cotés du cortex préfrontal, qui réfléchit, par tout un réseau de transmission entre les grand centres du cerveau, qui utilise des neurones sensibles au même transmetteur chimique dans leurs synapses : la dopamine.
        Mais certains services secrets ou de propagande ont utilisé ce phénomène pour “conditionner” des otages ou des prisonniers, en diffusant par des hauts parleurs dissimulés dans leur prison, des informations “orientées” sous forme subliminaire, et en général ils affaiblissaient en outre le pouvoir de contradiction de leurs victimes par des médicaments : c'est ce qu'on nommait le “lavage de cerveau”.

      Donc "être conscient" c'est non seulement percevoir notre environnement, interpréter nos perceptions, mais encore que ces interprétations soient transmises à certaines zones du cerveau qui “pensent et réfléchissent", notamment le cortex préfrontal.
        Cette transmission n'est faite qu'au dessus de certains seuils.
        Au dessous de ces seuils la perception peut cependant être interprétée et transmise au cerveau émotionnel - et notamment les centres amygdaliens et l'hippocampe - et nous pouvons avoir des réactions émotionnelles - notamment de sauvegarde - et même une mémorisation inconsciente.

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