• Nos erreurs lorsque nous cherchons de l'information.

         J’ai lu, dans le même numéro de Cerveau et Psycho un autre article sur les biais de notre cerveau, mais ceux-là,  intervenant essentiellement quand nous cherchons de l’information.  Ce sont le « biais de confirmation » et le « biais d’optimisme ».

    Nos erreurs lorsque nous cherchons de l'information.

    Le « biais de confirmation » :

              Quand vous cherchez de l’information sur internet, ou dans les médias, vous sélectionnez les informations qui vont dans le sens de votre croyance préalable, tout en écartant celles qui vont dans le sens contraire, et on parle alors « de biais de confirmation ».

               Ce biais explique les tendances erronées d’une partie de la population, comme toutes  les croyances fantaisistes sur le Covid, les climatosceptiques, ou les négationnistes et les partisans d’une théorie du complot.  
              C’est une tendance très répandue, à mettre а jour nos croyances davantage lorsque les nouvelles informations que nous recevons confirment nos croyances antérieures que lorsqu’elles les infirment        

    Nos erreurs lorsque nous cherchons de l'information.

    Le « biais d’optimisme » :

               Quand vous cherchez de l’information sur internet, ou dans les médias, vous sélectionnez les informations qui sont des bonnes nouvelles, et écartent les mauvaises.  C’est le « biais d’optimisme ».

              Si par exemple vous demandez à un groupe de personnes d’estimer la probabilité qu’un événement désagréable) se produise dans la population (par exemple le risque pour n’importe quel individu de développer un cancer), et que vous communiquiez ensuite les statistiques réelles, supposons 4%
            Une partie des personnes du groupe ont estimé plus important ce risque, par exemple 6%. Pour eux la réalité 4% est une bonne nouvelle et, si vous les interrogez à nouveau, ils donneront la bonne réponse 4%..
             Une partie des personnes du groupe ont estimé moins important ce risque, par exemple 2%. Pour eux la réalité 4% est une mauvaise nouvelle et, si vous les interrogez à nouveau, ils donneront toujours le chiffre de 2% ou un chiffre inférieur à 4%.
             On tient compte davantage des bonnes nouvelles plutôt que des mauvaises nouvelles quand on révise ses croyances sur la probabilité de certains événements, et ce biais est plus fort pour des événements concernant les participants eux-mêmes.

              Dans la grande majorité des situations, les biais d’optimisme et de confirmation coexistent et s’entremêlent. Nous attribuons а nos opinions et croyances une valeur subjective positive et nous éprouvons du plaisir а « avoir raison » : sélectionner les bonnes nouvelles (biais d’optimisme) ou privilégier celles qui confirment nos croyances préalables (biais de confirmation) revient à peu près au même.

    Que fait notre cerveau ?

            Les chercheurs ont trouvé que ces deux biais étaient liés à notre système d’apprentissage et de récompense (voir mon article du 30/04/17 de la catégorie « cerveau, apprentissage », qui décrit ce système.) Dans cet article, j’ai décrit les centres cérébraux qui participaient aux apprentissages ou aux phénomènes de plaisir et récompense.
           En ce qui concerne le processus, on peut le résumer ainsi, en prenant comme exemple le bébé qui veut attraper un objet dont il a réussi à approcher ses mains jusqu’à une distance de 10 cm.
            Le cerveau du bébé va faire ce que l’on appelle « une prédiction ». Je n’aime pas ce mot peu approprié : personnellement j’appellerai plutôt cela un « objectif » : toucher l’objet avec sa main.
             Il va alors essayer à nouveau de prendre l’objet et
                          • sa main n’arrive qu’à 5 cm de l’objet. C’est un résultat moins bon que nos attentes, que la prédiction : on l’appellera « écart ou erreur de prédiction et il sera alors négatif. Les centres de récompense ne déclenchent pas la libération de dopamine.
                         • sa main arrive à toucher l’objet ou mieux le saisit : le résultat est alors meilleur que prévu : l’écart de prédiction est positif. Les centres de récompense déclenchent la libération de dopamine, qui apporte un plaisir et incite à poursuivre
             L’étape suivante est de se fixer de nouveaux objectifs et cela dépend d’un facteur, le « taux d’apprentissage ».
            Ce taux d’apprentissage est de zéro si les résultats observés ne modifient pas les comportements ultérieurs. Au contraire, si le taux d’apprentissage est maximal, nos objectifs ultérieurs seront très fortement influencés par les résultats immédiats.
           Un bébé a un fort taux d’apprentissage et il va donc se fixer des objectifs ambitieux pour arriver à prendre un objet dans ses mains quelles que soient leurs positions respectives.

    Nos erreurs lorsque nous cherchons de l'information.

           On a longtemps pensé que les objectifs suivant un essai, étaient du même ordre de grandeur, que l’on ait eu un écart de prédiction positif ou négatif.
           Mais les études sur le sujet ont montré qu’au contraire, la réponse était asymétrique et que le taux d’apprentissage dans le cas d’un écart positif était plus important que dans le cas d’un écart négatif.
           Les personnes accordent donc moins d’importance à un mauvais choix qu’à une réussite, dans les tâches d’apprentissage. C’est tout à fait en rapport avec le biais d’optimisme.
           Les études  sous IRM ont permis de pousser plus loin l’analyse et de montrer que l’apprentissage par renforcement repose sur une modification, par libération de dopamine, des synapses situées au niveau d’un centre du système de récompense, le « striatum ».

             Les données anatomiques dont on dispose montrent qu’il existe deux voies neuronales qui relient le cortex préfrontal (qui prend connaissance des informations environnantes) au striatum. L’une de ces deux voies, appelée « voie directe », serait en charge du renforcement positif (la modification des comportements et des représentations mentales en fonction d’informations positives ou confirmant nos croyances préalables), tandis que l’autre, appelйe « voie indirecte », serait en charge du renforcement négatif. La voie directe correspondrait au taux d’apprentissage pour les erreurs de prédiction positives, alors que la voie indirecte correspondrait au taux d’apprentissage pour les erreurs de prédiction négatives.
            Les chercheurs ont pu montrer que l’intensité du biais d’optimisme était corrélée à l’activation du striatum chez les personnes qui recevaient des informations positives. C’est alors la voie directe qui s’active, et ce d’autant plus intensément que la personne présente un puissant biais d’optimisme.

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