• Les femmes, les sciences et les techniques.

         http://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures1/16733249.jpg    

         L'article que j'ai fait avant hier sur les inégalités homme-femme m'a valu quelques mails, certains approbateurs, d'autres indignés, et on me demande d'où je tire mes opinions et sur quoi j'appuie ma réflexion. Je vais donc compléter mon précédent article.

         J'ai dans ce domaine une expérience personnelle. A l’époque, maintenant lointaine, où j’avais la responsabilité d’un gros laboratoire d'études, j’avais parmi mes collaborateurs autant de femmes ingénieurs ou techniciennes que d’hommes. Mais pas dans les mêmes spécialités.
        J’avais davantage d’ingénieurs femmes en physique, en chimie et en biologie, mais plus d’hommes en mécanique, en électronique et en informatique (dans ce dernier domaine,  c’était des physiciens-matheux qui programmaient des simulations).
        Nous ne faisions pas de différence, ni de responsabilité, ni de salaire à qualité de travail égale, entre hommes et femmes. C’était donc une question d’orientation des métiers d’hommes et de femme.
        J’ai encore pas mal de contacts avec les entreprises et les chercheurs, et donc j’essaie de voir ce que deviennent, dans le domaine scientifique, les carrières des hommes et des femmes, mais je lis aussi diverses études qui paraissent dans des revues scientifiques.

        Entre 2000 et 2005, diverses études ont constaté que l’intérêt pour les études scientifique diminuait globalement, et qu’il y avait moins de femmes que d'hommes dans certains domaines scientifiques, mais que toutefois leur nombre augmentait.
         Aux Etats-Unis en 2003, les femmes représentaient 46 % des travailleurs, mais seulement 27 % dans ce secteur (scientifiques et ingénieurs confondus). .        
        Ces études ont identifié de nombreux facteurs qui influent sur le choix de carrière : le sexe, l'éducation, les influences biologiques, les stéréotypes, la discrimination et les rôles sociaux sexués.

        La question de “l’aptitude scientifique” des femmes a été posée, ce qui est, à mon avis une erreur.
        D'abord, il n'existe aucune capacité intellectuelle isolée qui puisse être désignée sous le terme “d'aptitude scientifique”.
        Les compétences nécessaires a la réussite scientifique incluent un sens de la logique et de la méthode, des capacités mnésiques pour comprendre et se rappeler d'événements et d'informations complexes, des capacités de modélisation mathématique, statistique, et de visualisation des objets, données et concepts. des capacités verbales, par exemple pour rédiger des publications destinées aux joumaux scientifiques, et pour bien communiquer avec ses collegues. Le terme “d'aptitude scientifique” repose donc sur de nombreuses qualités intellectuelles.
        Ensuite, les femmes et les hommes peuvent très bien présenter des différences relatives à ces compétences, sans que cela soit prohibitif (certaines compétences rattrapent la faiblesse d’autres), ni que de telles différences soient immuables. En effet, si l'entrainement et l'expérience n'avaient aucun effet sur le développement des capacités des élèves, à quoi serviraient les écoles et les universités?
        L'une des difficultés rencontrées dans ces études des différences de capacités entre hommes et femmes vient du fait que l'on peut parvenir a des conclusions différentes selon la façon dont on évalue ces capacités.

        Les filles ont de toute évidence les qualités requises pour réussir dans le domaine scientifique. Les notes moyennes obtenues par les filles dans le systeme scolaire sont aujourd'hui meilleures que celles des garçons dans toutes les disciplines - y compris les mathématiques et les sciences. (je pense que c’est dû en grande partie au fait que les garçons travaillent moins).
        Et pourtant, en dépit de leur réussite scolaire, les résultats moyens obtenus par les filles dans les écoles d’ingénieurs, à l'université et en troisième cycle sont inférieurs à ceux des garçons. Les garçons sont plus nombreux que les filles à s'inscrire dans les filières scientifiques et l'écart se creuse à mesure que le niveau des études augmente. Les filles sont encore très minoritaires en nombre à Polytechnique et à Normale Sup - Sciences, et pourtant certaines d’entre elles que j’ai connues ou que j’ai eues sous mes ordres, sont aussi capables que les garçons qu’elles côtoient dans ces écoles.
        En France, les filles représentaient en 2006, 40 % de I'effectif dans les classes de terminales scientifiques, et 46,5 % en 2016, environ 40% dans les filières scientifiques à I'université et 24 % dans les écoles d'ingénieurs. 
        Le graphique ci dessous donne une répartitions homme/femmes dans le domaine des études supérieures scientifiques en 2016, par nature des études, ce qui montre des choix d'orientation (et donc des préférences) différentes:

    Les femmes, les sciences et les techniques.


        Par ailleurs le graphique ci-dessous donne une idée des répartitions dans les grandes catégories de métiers:

    Les femmes, les sciences et les techniques.

         Si la question des répartitions filles garçons dans le domaine des études, vous trouverez un excellent rapport du Ministère de l'Education Nationale "Filles et garçons sur le chemin de l'égalité de 2018 (document PDF), à l'adresse suivante  :
    Fillet+et+gar%C3%A7ons+Sur+les+chemins+de+l%27%C3%A9galit%C3%A9+2018

        En moyenne, garçons et filles présentent les mêmes capacités cognitives précoces liées à la pensée quantitative (la capacité d'énumérer des objets, par exemple) et à la connaissance des objets de leur environnement.
        Cependant, des différences commencent à se manifester entre filles et garçons dès l'école primaire :
            - les filles ont de meilleurs résultats dans le domaine des aptitudes verbales.
            - les filles dament également le pion aux garçons dans le domaine de la mémoire des visages et de la mémoire épisodique, c'est-a-dire la mémoire des événements qui se sont produits à un moment précis.
            - les garçons ont de meilleures capacités visuo-spatiales, c'est-à-dire qu'ils se repèrent mieux mentalement dans I'espace, ce qui leur donne un avantage dans la résolution des problèmes mathématiques qui reposent sur la création d'images mentales.
            - les filles obtiennent de meilleures notes en mathématiques à tous les niveaux de la scolarité, et réussissent mieux aux tests d'algèbre (peut-etre parce que la structure de cette discipline s'apparente quelque peu à celle du langage). Mais les garçons réussissent mieux dans la partie mathématique des tests, et les résultats sont stables depuis une trentaine d'années.
    http://lancien.cowblog.fr/images/Prefcerebrales/QIHomfem.jpg    Cependant, lorsque l’on évalue I'ensemble des données concernant les compétences quantitatives, on constate que la différence entre filles et garçons est relativement faible.
        Par contre les études statistiques montrent une différence de répartition qui explique en partie ces résultats, les filles ayant une meilleure moyenne que les garçons mais un écart type plus réduit, de telle sorte qu’elles ont en moyenne de meilleurs résultats, mais un moins grand nombre atteint un niveau très élevé.

        Mais depuis dix ans la situation a évolué et un plus grand nombre de filles obtient un score élevé.

        Dès qu'il est question de sexe et d'intelligence, le problème des facteurs biologiques se pose, et notamment des hormones, qui jouent un rôle déterminant pour le développement des capacités cognitives des mâles et des femelles, dans toutes les especes animales
        Des études récentes ont montré que les hormones  jouent un rôle dans le développement cognitif tout au long de la vie et notamment chez les transsexuels.
        Les femmes soumises à un traitement hormonal pour acquérir le sexe masculin passent plus facilement les tests de repérage visuo-spatial, et réussissent moins bien dans les tests verbaux.
        La structure du cerveau humain est déterminée en partie par les hormones, ce qui aboutit à des différences anatomiques entre hommes et femmes : en général, les femmes ont une proportion de substance grise supérieure, des zones de forte densité neuronale et un flux sanguin rapide, tandis que les hommes ont un plus gros volume de substance blanche, (de fibres nerveuses entourées d'une gaine isolante de myéline). De surcroit, les hommes ont généralement une proportion supérieure de substance grise dans l'hémisphère gauche, cette asymétrie ne se manifestant pas chez les femmes.
        L'activation symétrique des deux hémisphères cérébraux chez les femmes s'accorde avec un avantage dans le traitement du langage, tandis que les hommes excellent dans les tâches faisant appel à l'activation du cortex visuel.            
        Lorsque les hommes et les femmes réalisent aussi bien une tâche donnée, certaines études suggèrent qu'ils utilisent parfois des aires différentes de leur cerveau ou des séquences de traitement différentes pour y parvenir.

        Mais il ne faut pas croire que les différences cérébrales soient innées : elles peuvent résulter d'apprentissages, de l'influence de l'éducation ou des parcours des hommes et des femmes dans la société.

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