• Les chemins de la douleur (2)

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               Quand je me donne un coup de marteau sur un de mes doigts en bricolant, j'ai tout de suite une sensation de douleur , qui pour moi provient du doigt, mais ce n'est pas le doigt qui a mal mais moi !
                Les nerfs sensitifs de mon doigt transmettent d’abord leurs influx nerveux à la moelle épinière qui les transmet à son tour au cerveau. Et c’est l’activité nerveuse de certaines régions du cerveau qui va alors me faire ressentir de la douleur à cet endroit précis., puis me faire crier de gros mots, et frotter mon doigt jusqu'à ce que la douleur disparaisse. Sans doute aurai je ensuite un "bleu", mais c'est alors un phénomène sanguin.

                Quelles sont ces régions du cerveau et comment collaborent-elles pour nous faire ressentir les nombreux aspects de la douleur (localisation, intensité, choc, coupure ou brûlure, aspect psychologique....).
                C'est en fait assez compliqué : il n’y a pas de "centre de la douleur" unique dont la seule activité pourrait rendre compte de toutes les facettes de la douleur et donc, aucune lobotomie d’une région particulière du cerveau ne ferait disparaître complètement la douleur, et je vais être obligé de beaucoup simplifier, en partant du schéma ci dessus, emprunté à l'université Mc'Gill de Montréal, que jai un peu complété.

              Les centres du cerveau qui participent à ces sensations sont reliés entre eux par un réseau que les chercheurs appellent "le réseau de la douleur".
                 Nous avons dit que le signal nerveux de douleur remontait la colonne vertébrale dans les nerfs qui suivent la moelle épinière, et ils arrivent à l'entrée du cerveau, dans la partie intermédiaire entre la moelle et le cerveau que l'on appelle le "tronc cérébral", et plus particulièrement dans ce qu'on appelle la "formation réticulée".
                L’activation de la formation réticulée contribue aux réactions d’éveil et de vigilance associées à la douleur. Ses neurones peuvent agir sur le rythme cardiaque, la pression artérielle, la respiration et d'autres fonctions vitales que la douleur peut affecter. C’est aussi la formation réticulée qui fait qu’une douleur peut passer inaperçue, si notre attention est focalisée sur une tâche captivante.           

                Les voies ascendantes de la douleur vont ensuite dans le grand relais sensoriel qu’est le thalamus et notamment dans un petit centre dont nous n'utiliseront que l'abréviation, le VPL (ce n'est pas le carburant pour voitures, mais le "noyau ventral postlatéral").
                Ce noyau VPL est relié au cortex somato-sensoriel qui voit arriver toutes les sensations de toucher venant du corps (d'ailleurs par l'intermédiaire du VPL), et donc il y a alors localisation de la douleur.
                La partie médiane du thalamus est ensuite reliée au cortex moteur (en avant du somatosensoriel, mais non représenté) qui va participer à l'élaboration des réactions motrices liées à la douleur. (nous éloigner par exemple un membre de la zone dangereuse).
              Les noyaux intralaminaires du thalamus situés tout près de la région médiane, vont envoyer des connexions vers le cerveau émotionnel, notamment les noyaux amygdaliens et les cortex insulaire et cingulaire antérieur.
                Il est donc impliqué dans la composante émotionnelle désagréable de la douleur et à la réponse comportementale destinée à l’amoindrir.
                Puis environ 300 ms après tout ce périple, l'information arrive au "patron", le cortex préfrontal, avec tous les éléments concernant l'interprétation de la douleur. Il va prendre à son tour des décisions qu'il enverra aux régions du cerveau concernées (par exemple frotter mon doigt ou lui mettre de la glace dessus).
                Le cortex préfrontal est impliqué dans la conservation de l’attention, mais aussi dans l'apprentissage des sensations de douleur, et donc dans le développement d’un sentiment négatif associé à ces situations, ainsi qu'au maintien temporaire d’idées, d’informations ou de pensées en vue d’un contrôle cognitif, afin de jouer un rôle dans l’anticipation d’un soulagement.
             D’autres structures sous-corticales contribuent à différents phénomènes associés à la douleur, notamment l’envoi d'informations nociceptives à la structure régulatrice végétative qu’est l’hypothalamus et aux centres amygdaliens, qui seront à l'origine de l’augmentation de la sécrétion des hormones de stress et de l’activation du système sympathique provoquant des réactions au niveau du coeur, de la circulation sanguine notamment....
                Les mêmes projections, en activant le striatum, favoriseront les réponses motrices d’alarme en grande partie automatiques déclenchées par une stimulation douloureuse.

                 Nous avons parlé du chemin "ascendant" de la douleur; il existe aussi un chemin "descendant", qui commande des "portes", qui, tout au long des voies ascendantes de la douleur, peuvent se fermer pour rendre plus difficile le passage de l'influx nociceptif de douleur ascendant.
               
    Le même degré d'activité d'un signal de la douleur ne va donc pas conduire à la perception de la même intensité douloureuse selon le degré d'ouverture de ces portes situées au niveau des principaux relais des voies de la douleur.

    Les chemins de la douleur (2)          On distingue trois types de contrôle exerçant ce rôle de filtre biologique pouvant réduire le passage de l'influx douloureux : 
                            - des contrôles situés dans la moelle épinière d'origine périphérique;
                            - des contrôles déclenchés par la douleur montante au niveau du bulbe rachidien et du tronc cérébral;
    
                         - des contrôles centraux, dont le cortex préfrontal est l'un des principaux acteurs.                       

                Le contrôle est exercé par des neurones qui reçoivent des influx qui leur font émettre un influx négatif, qui va bloquer ou diminuer le signal des neurones qui transportent l'information montante de la douleur.

                 Les synapses de tous ces neurones permettent la transmission du signal douloureux ou de son blocage et à leur niveau interviennent des neurotransmetteurs chimiques.
                 Nous en parlerons dans l'article de demain.

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