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Le sommeil est indispensable à notre mémoire.
J'ai 91 ans et avec l'âge, l'efficacité de la mémoire diminue car un certain nombre de neurones meurent tous les jours, notamment dan l'hippocampe, "l'aiguilleur" de la mémoire. Mais je n'ai pas à me plaindre. Ma mémoire épisodique fonctionne encore très bien et seule ma mémoire lexicale a quelques ratés : il m'arrive de ne pas trouver un mot lorsque j'écris un texte et je mets une ou deux minute à ce qu'il me revienne en mémoire. C'est en général un mot que je n'ai pas utilisé depuis un moment.
Mes capacités d'apprentissage ont diminué. Lorsque je lis un article technique ou scientifique, je retiens les grandes lignes, mais j'ai plus de difficultés qu'il y a 10 ans à retenir des détails.
Par ailleurs je suis amené à aider la nuit, une personne de ma famille et donc, il y a des jours où je dors suffisamment, mais d'autres où je ne dors pas assez. Ces jours là, je me rends compte qiue je retiens moins bien ce que j'ai lu ou écouté la veille.
C'est la démonstration de ce que je répète souvent et ai déjà écrit dans ce blog : le sommeil est indispensable à notre mémoire.
J’ai déjà fait de nombreux articles à ce sujet (voir la catégorie « notre cerveau, mémoire ») et j’ai plusieurs fois développé le rôle du sommeil d’une part dans l’élimination des souvenirs inutiles, de la diminution d’intensité des souvenirs nocifs, et au contraire, du renforcement des données que nous souhaitons garder en mémoire.
Je vais à nouveau résumer et compléter ces informations.Nos sens fournissent tous les 1/40 ème de seconde des informations multiples que notre cerveau interprète. La plupart sont effacées dans les secondes qui suivent. Mais beaucoup de ces informations sont stockées en mémoire à court terme, pour quelques minutes ou quelques heures, voire plus si elles sont liées à une émotion, ou si nous avons procédé à une répétition des informations, comme lorsque nous cherchons à retenir un cours.
On ne connait pas bien le processus de cette mémoire à relativement court terme, dans laquelle les neurones qui représentent l’information retenue, sont liés entre eux, leurs connexions ayant été renforcées, mais étant encore peu stables et donc fragiles..
En examinant à l'IRM fonctionnelle le cerveau des volontaires pendant l'apprentissage, des chercheurs ont constaté que l'activité de l'hippocampe, « l'aiguilleur » de la mémoire, était plus forte lorsque l'on essayait de retenir un mot que lorsque l'on essayait de l’oublier. L'hippocampe procéderait, lors de l'apprentissage, à une sélection des groupes de neurones associés aux informations que l'on veut retenir, qui recevraient ainsi une sorte de marquage.
Ensuite intervient le sommeil, comme je l’ai plusieurs fois décrit.
Les souvenirs considérés comme inutiles, sont rappelées par l’hippocampe et de façon inconsciente, renvoyés vers les centres d’interprétation et les connexions des neurones correspondants sont éliminées. Cela permet de rendre disponibles ces neurones pour le futur.
De même nous avons des souvenirs qui sont nocifs pour l’équilibre du cerveau, des préoccupations obsédantes dont nous voudrions bien nous débarrasser, des problèmes que nous avons ressassées avant de nous endormir. Le cerveau ne peut les éliminer totalement mais il essaie d’en diminuer l’importance. Il renvoie donc ces souvenirs avec ceux inutiles vers les centres d’interprétation. Les connexions ne seront pas éliminées, mais légèrement amoindries.
Toutes ces sensations sont envoyées vers les centres d’interprétation, notamment les images vers les centres d’interprétation de la vue, et ceci de façon désordonnée et en vrac.
Cela se fait de façon inconsciente, puisque nous sommes endormis, mais s’il se produit un réveil, même un micro-réveil de quelques secondes, le cortex préfrontal qui est le chef d’orchestre du cerveau à l’origine de nos pensées, est tout à coup conscient de ces images et sensations, et il essaie de les interpréter, ce qui n’est pas possible, puisqu’elles sont aléatoires et incohérentes.
C’est l’origine de nos rêves et il ne faut pas d’étonner d’une part qu’ils soient illogiques voire farfelus, et d’autre part qu’ils correspondent souvent à certaines de nos préoccupations ou aux problèmes auxquels nous avons pensé avant de nous endormir, mélangés à des souvenirs de la journée précédente, par exemple aux images que nous avons vues la veille à la télévision.
A l’inverse de cet oubli, pour les souvenirs ou informations que nous voulons conserver et qui ont été étiquetées comme telles par l’hippocampe, celui ci va les les réévoquer plusieurs fois et en quelque sorte les faire circuler dans tous le cerveau émotionnel, dans ce que l’on appelle le « circuit de Papez ». les connexions entre neurones, constituant un souvenir ou une connaissance, se renforcent alors à chaque évocation, et le souvenir est alors renforcé à plus long terme.
Le sommeil est donc indispensable pour que nous retenions ce qui s’est passé, mais aussi les connaissances que nous voulons acquérir, en augmentant la capacité de connexion des neurones qui les constituent.
Ce processus sera plus facile du fait que le sommeil aura aussi éliminé les souvenirs et informations inutiles, faisant ainsi de la place dans notre cerveau.
Les biologistes estiment que, pour un jeune, pour être dans une configuration normale d’activité de son cerveau, il faut au minimum 8 heures de sommeil et de préférence 9 ou 10 heures, pour reposer l’organisme et permettre à la mémoire de se mettre à jour, et qu’au dessous de ces 8 heures, de façon répétée, les mécanismes de mémoire et d’attention ne sont plus suffisants pour permettre des études normales.
Pour un vieil homme comme moi 6 heures suffisent, mais les performance de mémoire sont moins bonnes.
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