• Le principe de précaution est il nuisible (1)

              Mon article sur la gestion des risques et les statistiques m'a valu quelques mails me demandant alors ce que je pense du principe de précaution
              Je ferai donc deux articles, aujourd'hui sur la façon en général de l'appliquer et certains de ses inconvénients, et demain je prendrai des exemples concrets.

    Le principe de précaution est il nuisibleLe principe de précaution est il nuisible

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le principe de précaution a été mis dans la constitution en 1958. Est ce une bonne chose ? 
             

                 Pour moi, le principe de précaution, tel qu'il est appliqué actuellement, ne tient pas compte des repères d'une gestion rationnelle, raisonnable et équitable des risques. Il a manifestement amplifié certaines tendances alarmistes de notre société et de l'opinion publique, en leur donnant une légitimité, il favorise les intérêts individuels au détriment des intérêts collectifs, les manipulations, le principe du parapluie cher à l'Administration et la suspicion vis à vis de toutes les situations incertaines et des paroles des politiques et des médias, qui d'ailleurs, en quête de sensationnel, en rajoutent largement sur ce sujet.           

    Une suspicion généralisée encouragée voire provoquée, par les médias. 

                Le risque zéro n'existe pas, et le plus souvent, des accidents peu probables sont dus à des circonstances exceptionnelles et à des imprudences successives.

                Toute chose ou situation nouvelle, toute action ou réalisation, peuvent avoir des conséquences bonnes ou mauvaises, qu'il faut analyser, au plan de la gravité et de la probabilité de réalisation.
                Mais les médias, à la recherche du scoop, ou des individus pour des raisons personnelles, savent qu'inquiéter les gens vis à vis de leur santé est facile, et ils montent en épingle les éventuels effets négatifs, sans pour autant ni regarder le côté positif, ni faire une analyse rationnelle objective.                
               Je vous ai montré dans des articles sur la "perception immédiate émotive" que, pour exciter un groupe ou une foule, il fallait les gaver d'arguments affectifs et les empêcher de réfléchir objectivement, afin de passer directement de l'émotionnel à l'action, sans passer par le rationnel.
                Ainsi, pour la grande majorité des risques, réels ou supposés, la défiance et la crainte l'emportent sans véritable analyse, qu'il s'agisse des installations chimiques, de la drogue, des maladies professionnelles, des déchets radioactifs, chimiques ou encore des antennes relais, et malheureusement les risques peu importants cachent souvent les risques potentiellement plus dangereux, mais moins connus ou moins spectaculaires.

                Plus grave encore, i[ se développe une suspicion sur la transparence de l'information, car à force de raconter n'importe quoi et de nous prendre pour des imbéciles, de passer aussi à coté de vrais dangers, comme le médiator, on finit par douter de tout et donc d'imaginer le pire, si on est pessimiste, ou de négliger le danger, si on est optimiste.                         

    La débauche des intérêts privés aux dépends des intérêts communs.

                 Le principe de précaution est régulièrement le prétexte invoqué lorsque sont en jeu des intérêts particuliers et privés, face à des besoins publics : la construction d'une autoroute, d'une ligne haute tension, du TGV, d'une éolienne, d'une antenne radio, d'un incinérateur, d'une usine...
                Je ne dis pas que ces actions n'induisent pas des nuisances, mais il faudrait en étudier techniquement et objectivement la portée.

                Mais, en brandissant quelques études inquiétantes souvent inexactes et biaisées, surévaluées et non confirmées, comme on en trouve quel que soit le sujet, notamment en cherchant sur internet, les opposants à l'installation accréditent t'idée d'un débat scientifique majeur et exigent que l'on prouve l'absence totale de risque immédiat et futur, exigence évidemment impossible à satisfaire.
                Le principe de précaution est alors invoqué dans sa forme la plus extrême : s'abstenir, démonter ou détruire.                        

    La gestion rationnelle du risque est remplacée par une lutte d'influences.

                 Le principe de précaution p[ace évaluation et gestion du risque dans un cadre non scientifique et non hiérarchisé, aucune différence n'étant faite entre hypothèse et certitude, entre perception des risques et dangerosité réelle objective des facteurs incriminés.

                Tout devient prioritaire : un risque mis en évidence doit être traité comme s'il s'agissait d'un périt majeur. Le risque n'est plus quantifiable et les mesures de santé publique destinées à s'en prémunir ne sont plus évaluables. On est face à une situation émotionnelle et toute démarche rationnelle d'évaluation des bienfaits face aux risques n'est plus comprise.
                Il devient impossible de mesurer en aval l'efficacité des mesures prises, puisque ces risques n'ont pas été mis en évidence.
                Cette situation conduit à un risque sans prix, sans coût, (comme dans le cas des vaccins antigrippaux il y a quelques années), et la gestion rationnelle des risques cède donc peu à peu la place à une lutte d'influences, qui voit s'opposer médias, groupes politiques, administrations, écologistes, industriels, chercheurs, professionnels de santé, et individus soucieux de leurs intérêts.           
                Nous sommes bien loin d'une élaboration collective des stratégies de lutte contre les risques.
                Bien souvent sont ainsi privilégiés des risques totalement hypothétiques, au détriment de dangers bien réels. Les décisions prises peuvent se révéler arbitraires, coûteuses, dépourvues de bénéfice sanitaire, trompeuses, voire dangereuses.

                Les moyens sont affectés aux grandes peurs plutôt qu'aux grands fléaux.

    L'évaluation du risque, quand elle a lieu, est souvent biaisée.

                 Le climat émotionnel qu'on vient de décrire peut en outre influer sur les évaluations, car les scientifiques y sont eux mêmes sensibles, et d'autre part, eux savent que le risque zéro n'existe pas et que toute mesure comporte une incertitude et que le "calcul d'erreur" n'est pas une chose évidente. Ils réalisent donc des estimations du risque qu'ils jugent prudentes, mais qui sont en réalité des surestimations.

                Face à ces chiffres alarmistes, largement relayés par les médias, la population réclame logi-quement aux pouvoirs publics des actions protectrices, et des réglementations plus contraignantes sont donc adoptées et les limites abaissées, générant des coûts parfois considérables, qui confortent le public dans son inquiétude : la diminution des normes n'est pas considérée non comme un seuil de protection prudente en attendant une meilleure connaissance du risque, mais comme la preuve que ce risque était réel et important.
                L'opinion publique demande donc davantage de mesures, et dans ce cercle vicieux, il se crée, entre la réalité du risque et sa perception dans l'opinion, un décalage qui a été aggravé par le principe de précaution, qui donne ainsi au risque, même mineur, une existence qui n'a plus besoin d'être prouvée.

                 Je ne nie pas les risques, je ne condamne pas le principe de précaution, je constate simplement que son application me paraît aberrante, face à des hommes politiques obnubilés par l'opinion publique, l'hyperactivité, une Administration tatillonne et parapluie, et des médias irresponsables et dénués de connaissances scientifiques, à la recherche du sensationnel et de la course à l'information, sans prendre le temps d'en comprendre le sens et d'en évaluer la véracité et la portée.
      
               Demain je vous donnerai des exemples concrets précis.

     

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