• Le grand débat populaire ?

    Cette votation est initiée en Suisse par la communauté Hornkuh (en français vaches à cornes). Elle milite pour le retour des vaches à cornes dans les exploitations helvètes. 

    Le grand débat populaire ?

     

              L'organisation d'un grand débat, d'un grande consultation citoyenne est la grande réponse d'Emmanuel Macron à la contestation des gilets jaunes.Il entend donner la parole aux Français sur un certain nombre de sujets, considérant que le temps du dialogue est désormais venu.
              Officiellement ce grand débat est pour aujourd’hui 15 janvier, mais personne ne sait vraiment comment il va se dérouler.
              En fait c’est la grande pagaille et cela n’est pas étonnant. Quand en entreprise, le patron veut lancer une consultation, c’est une opération que l’on prépare soigneusement des mois à l’avance, On dialogue avec les représentants du personnel (qui ont horreur d’un débat qui les court-circuite). On prépare et informe le personnel sur les sujets à discuter et les limites de la discussion (sinon cela part dans tous les sens), et on essaie de les instruire quant au dossier, à ses impératifs techniques et financiers et à ses conséquences. Pour répondre à des questions, il faut un minimum de connaissance du dossier.
              Et surtout si on lance une telle opération, il faut être sûr ensuite de pouvoir prendre un minimum de mesures qui réponde aux aspirations qui vont se manifester.     

              Au niveau d'une nation,c’est bien plus compliqué que dans une entreprise. Les sujets sont très généraux, très complexes, les personnes mal informées et, pour répondre aux questions posées par M. Macron dans sa lettre, il faudrait être un spécialiste de ces problèmes
              Par ailleurs, la diversité des conditions personnelles va amener une pléiade de réponses différentes, correspondant souvent aux intérêts et situations de chaque intervenant, et la synthèse sera hasardeuse.
              De plus comment être sûr que le débat n’est pas faussé par des groupes particuliers, par ceux qui hurlent le plus fort, ou ceux qui savent parler et que les réponses soient effectivement celles d’une majorité de personnes.
             Comment faire des statistiques dans de telles conditions? 

              A mon avis, l’opération actuelle est improvisée et on va à la catastrophe.
              J’ai lu soigneusement, dimanche soir, la « lettre aux français » d’Emamnuel Macron,
             J’attends aussi des précisions sur la « plate-forme en ligne » et la façon de s’en servir et ce qui va se passer au niveau de ma commune (pour le moment silence radio).
             Je comprends d’ailleurs qu’un maire ne soit guère enclin à mettre en place des moyens et donc des frais, pour une opération dont on ne sait pas à quoi elle va servir.

              M. Macron pose des question assez précises dans sa lettre, mais elles sont du niveau d'un gouvernement et pas du commun des mortels qui ne connaissent ni le dossier correspondant, ni les conséquences de leurs réponses. Je vais prendre quelques exemples ci-après

              Que risque t’on de récolter :
                      - d’une part des revendications multiples sur tous les problèmes personnels de chaque individu qui apparaissent dans les cahiers de doléances (alors que l’on cherche des solutions pour la collectivité).
                     - les revendications qu’on connaît déjà au plan financier, car ce sont celles des personnes pauvres et défavorisés, face aux ponts d’or qu’on a fait aux très riches : augmentation du SMIC, revalorisation des retraites au niveau de l’inflation, construction de milliers d’HLM, suppression de l’impôt sur la fortune et du plafonnement des taxes sur les intérêts, la taxation des multinationales…. même si M. Macron a dit par avance qu'il n'en tiendrait pas compte.
              J'ai trouvé sur internet une "lettre au président qui exprime très justement ces revendications : https://www.mesopinions.com/petition/politique/lettre-ouverte-president-republique-emmanuel-macron/53626

                      - le référendum d’initiative citoyenne.
               Qu ‘est ce ? : « La création d’un site internet lisible et efficace, encadré par un organisme indépendant de contrôle, où les gens pourront faire une proposition de loi. Si cette proposition de loi obtient 700 000 signatures alors cette proposition de loi devra être discutée, complétée, amendée par l’Assemblée nationale qui aura l’obligation (un an jour pour jour après l’obtention des 700 000 signatures), de la soumettre au vote de l’intégralité des Français. »
              Il faudrait d’abord préciser quelles sont les lois qui pourraient être proposées. Si l’on propose d’utiliser ce mécanisme pour « supprimer une loi injuste » et « révoquer le mandat d’un représentant », c’est tout à fait contraire au fonctionnement actuel de la démocratie représentative et au droit constitutionnel.

              A la différence des systèmes existant actuellement en France, et que presque personne ne connait, ni le gouvernement ni les députés ou sénateurs ne seraient associés au lancement de ce référendum, et le nombre de signatures à obtenir serait sensiblement moins élevé.
              Et comment s’assurer sur un site de l’identité des votants, et d’éliminer les doubles votes. Et que feront les gens qui ne sont pas habitués à internet ?

              Et sur les questions que pose M. Macron (une trentaine) ?

    "Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ?
    Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique.
    Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? A l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?"

              Comment répondre à la première question sans aucun renseignement sur le dossier ?Chacun va demander à baisser ses impôts personnels !
              On doit baisser les dépenses publiques, mais on peut aussi trouver d'autres rentrées d'argent, mais cela  a été exclu du débat !
              Et on déplore plutôt la diminution des services publics, surtout en campagne; alors certes il faut les réformer pour les rendre plus efficaces, mais les besoins existent et pas nouveaux, mais résultant de suppressions : poser la question ainsi, c'est de la provocation ou une ignorance totale de la réalité.

    "Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ?"

              Comment faire des proposition concrètes à une question aussi générale et d'un niveau aussi élevé. Sait on seulement de façon précise ce qu'est notre pacte social ?

    "Le deuxième sujet sur lequel nous devons prendre des décisions, c’est l’organisation de l’Etat et des collectivités publiques. 
    Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?

    Comment voudriez-vous que l’Etat soit organisé et comment peut-il améliorer son action ? Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ?" 

              Comment voulez vous faire des propositions concrètes alors qu'on ne connaît pas suffisamment le fonctionnement des services de l'Etat, pour savoir quelles seraient les conséquences des propositions que l'on ferait. La majorité des réponses sera donc divergente et sans fondement sérieux. M Macron pourra ainsi choisir les réponses qui lui plaisent, faites par des personnes aux ordres.

    "Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?
    Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?"

              Le dossier du climat est extrêmement complexe sur le plan technique et financier, tellement complexe que les gouvernements successifs le traitent en dépit du bon sens. Alors comment voulez vous que chacun puisse répondre à ces questions, à son niveau.

    "Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques?
    Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Economique, Social et Environnemental  doivent-ils jouer pour représenter nos territoires et la société civile ? Faut-il les transformer et comment ?"

              Comment voulez vous qu'on réponde à de telles questions, sans aucune connaissance en droit constitutionnel et sans avoir aucune idée des conséquences des propositions que l'on fera.

    "En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ? Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?"

              Quels chiffres proposer sans aucune idée des problèmes concrets et financiers (voire internationaux) posés par cette question.?

    " La question de la biodiversité se pose aussi à nous tous.
    Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ? Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos producteurs ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ? "

              Bien sûr les agriculteurs peuvent faire part de leurs difficultés, mais pour savoir comment faire au niveau européen, il faudrait être le ministre des affaires étrangères! Quant à la biodiversité, il faut le demander aux scientifiques compétents et pas à ceux qui ne connaissent pas la biologie végétale et animale.

              Et je n'ai pris que quelques exemples ! Je crains qu'avec ce niveau de questions, les personnes peu instruites et les jeunes qui n'ont pas encore d'expérience, soient peu tentés d'essayer de répondre. La représentativité sera faussée, ce qui est anormal, car ce sont eux qui souffrent le plus, avec les chômeurs, de la situation actuelle et mériteraient le plus de profiter de certaines réformes.

               Alors je me pose une question : M Macron est il utopique, naïf et dépourvu de bon sens au point de croire que nous pouvons donner des réponses valables à ses questions de conduite de la Nation. Cela m'étonne.
             Ou bien sait il que les réponses qu'il aura, seront des réponses peu pertinentes par méconnaissance des dossiers, et il pourra alors appliquer les solutions qu'il veut, en faisant croire qu'elles ont été proposées par le peuple, alors qu'elles auront été données par des personnes auxquelles on aura soufflé les réponses correspondantes.

             J'ai vraiment l'impression qu'on nous prend pour des imbéciles !
             Raison de plus pour participer à cette consultation, et j'attends avec impatience de savoir comment je pourrai le faire.

              
              
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