• Le cerveau n'est pas multitâches.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Images3/imageaxd.jpg

         Dans mes articles sur le cerveau, j'ai souvent parlé de la difficulté à faire du multitâche j’ai reçu un mail de  jeunes lecteurs de mon blog, qui m’affirment qu’ils n’ont aucun mal à faire leurs devoirs, en même temps qu’ils surfent sur internet, répondent à un SMS ou mettent une remarque sur le facebook d’un ami.
        Ces jeunes oublient de me dire si leurs devoirs ont eu de bonnes notes, et pour eux, on peut à la fois travaiuller et s’amuser en même temps.
        Bien sûr je ne suis pas un « mutant », né avec un smartphone et une tablette dans les mains, mais pendant toute ma vie j’ai eu une multitude de tâches devant moi, et j’ai un microordinateur depuis 1980, j’ai une tablette (qui m’horripile car elle me semble faite, non pas pour des gens intelligents, mais pour des idiots désordonnés; elle fait tout à votre place et ne vous laisse aucune initiative) et un téléphone (mais je fais très peu de sms, car je trouve que, si on veut effectivement dire suffisamment de choses, cela va beaucoup plus vite par la messagerie à partir d’un clavier, et puis les 27 pouces de mon vieux Mac et les 40 pouces de mon "mini Mac", sont quand même plus agréables et confortables que les 4 pouces du téléphone, surtout pour les photos. ( Mais j'ai vu des jeunes regarder une partie de tennis sur leur smartphone. Voyaient ils la balle ?).
        Et j’ai toujours constaté que je pouvais faire plusieurs choses à la fois, mais déjà deux choses à la fois dégradaient fortement la qualité et la vitesse de ce que je faisais et plus entraînait beaucoup d’erreurs. Et pour moi, le travail et le jeu n’ont jamais fait bon ménage. Ils sont tous deux nécessaires, mais séparément.

        En fait le cerveau, comme votre ordinateur ne fait jamais plusieurs tâches en même temps, même sur un même travail : il décompose en micro-tâches qui sont effectuées successivement.
        Alors pour l’ordinateur, comme il ne lui faut que quelques microsecondes voire moins, pour accéder à des données ou faire une micro-tâche, alors il en fait un très grand nombre pendant le temps qu’il vous faut pour voir ce qui se passe sur votre écran (au mieux 50 millisecondes), et vous avez l’impression que votre ordinateur exécute les tâches simultanément.
        Mais dans votre cerveau ce n’est pas pareil : une information met en général une centaine de millisecondes pour être transmise au cortex central et il lui faut plusieurs secondes pour réfléchir et décider d’une action. Par ailleurs pour sortir des données de la mémoire, il faut encore quelques dixièmes de seconde et la mémoire tampon de stockage des informations transitoires est limitée à 6 ou 7 items. 
        Si donc nous faisons plusieurs tâches à la fois, le ralentissement de chacune d’elle est considérable, même si nous faisons attention à chacune. De plus, si les tâches sont voisines, on a un risque de mélange de données. Et le cerveau doit partager son énergie entre les deux tâches.
        Un point cependant : ce que j’appelle une tâche, c’est un comportement maîtrisé et intentionnel, c’est-à-dire qu’au moment d’exécuter la tâche, le sujet doit déjà avoir en tête l’objectif de son geste.  Des actions sans objectif précis et voulu et coordonné par le cerveau, ne sont pas des tâches pour l’objet de cet article. (des automatismes par exemple). L’écriture d’un texte est une tâche unique, car la tâche intelligente est la réflexion sur ce qu’on va écrire, car pour une personne entraînée (mais pas pour un  enfant qui apprend à écrire), l’écriture elle même est ensuite automatique. De même la lecture est automatique, la tâche intelligente étant la compréhension du texte.

        Mais ce n’est pas le seul inconvénient : si les tâches sont trop différentes, comme faire un devoir et consulter facebook, notre attention se relâche, saute de l’une à l’autre, ou risque d’être focalisée sur la plus simple, la plus facile (et ce n’est pas le devoir).
    Ecrire un SMS et consulter Facebook à la fois, serait déjà pénalisant en matière de rapidité, mais les deux tâches n’ayant besoin ni d’une grande réflexion, ni d’une grande précision, cela sera possible. Par contre faire une opération facile, en même temps qu’une difficile, se fera forcément au détriment de la rapidité et de la qualité de cette dernière. Si c’est une opération demandant réflexion et créativité, ce sera même mission impossible.


        Autre problème, des études ont montré que si on effectuait plusieurs tâches, ou même si l’on saturait  le travail de mémorisation, le cerveau ne conservait plus ses capacité de jugement et pouvait plus facilement être influencé.
        En cas de saturation de la mémoire, on conserve mieux les premières notions mémorisées que les dernières. Nos éléments de réflexion et de décision sont donc faussés. 
        Les chercheurs ont par ailleurs montré que lorsque nous sommes distraits, ce ne sont pas nos attitudes qui sont modifiées, mais nos capacités de réflexion, de compréhension et de jugement qui sont fortement amoindries.

        Le laboratoire de neurosciences de l’INSERM à l’Ecole Normale Supérieure de Paris a montré par IRM, que lorsque nous effectuons une tâche unique, les deux hémisphères cérébraux collaborent en communiquant par le « corps calleux », faisceau de millions d’axones reliant les deux hémisphères. Par ailleurs une partie du lobe frontal traite la tâche et une autre le but 
        Quand le cerveau effectue deux tâches à la fois, il essaie de les exécuter dans chaque hémisphère, notamment au niveau du cortex préfrontal, chaque hémisphère traitant l’objectif et l’exécution. Mais une troisième zone du cerveau préfrontal est obligé de coordonner les deux tâches, car les ressources ne sont pas infinies, et par ailleurs certains centres sont spécialisés, notamment ceux du langage. Cette troisième zone assure en particulier, pendant qu’un hémisphère travaille sur la tâche 1, la conservation des données qui seront ensuite utilisées par l’autre hémisphère pour la tâche 2.
        Il est évident que si on veut mener 3 tâches, il n’y a pas 3 hémisspères cérébraux, et le travail va devenir très difficile, entraînant de nombreuses erreurs et une grande lenteur.

        Finalement lorsque nous utilisons un ordinateur, une tablette, un téléphone portable, internet ou un logiciel, ce ne sont que des outils et c’est notre cerveau qui est aux commandes. Ces outils peuvent sembler, grâce à leur rapidité et leur capacité de stockage intermédiaire, faire plusieurs tâches à la fois. Mais notre cerveau ne le peut pas et c’est lui qui limite l’opération. Par contre il est intelligent et innovant pour traiter un problème, à condition d’y être attentif, alors que les moyens informatisés sont idiots et ne font qu’appliquer un processus préprogrammé (sauf maintenant; en partie, avec l'intelligence artificielle).
        La « capacité multitâche » du cerveau est donc un mythe et le sentiment de puissance que nous donnent les moyens multimédias est totalement illusoire. Le multimédia ne nous rendra pas intelligent, mais risque de nous rendre plus paresseux, alors que notre cerveau à un énorme potentiel à notre naissance, mais l’intelligence ne s’acquiert que par le travail, l’apprentissage répétitif et la mémorisation..
        Si l'on veut faire plusieurs tâches le plus vite possible et surtout avec le moins d'erreurs possibles, il faut les faire les unes après les autres, et une seule à la fois.

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :