• L'ordinateur dira si vous êtes menteur !

    L'ordinateur dira si vous êtes menteur !

              Je savais que les chinois faisaient des recherches sur la reconnaissance faciale à l’aide d’intelligence artificielle, (IA), et qu’ils s’en servaient pour surveiller la motivation des élèves et des ouvriers. Mais n’étant pas chinois, je n’avais pas cherché à me renseigner.
              Et il y a quelques jours en ayant fait probablement une erreur sur des critères de recherche, je suis tombé par hasard sur une page très critique, émanant de l’association  « i.BorderCtrl No », et j’avoue ne pas avoir compris le problème; alors j’ai cherché des renseignements et j’ai appris que des chercheurs, notamment de la Manchester Metropolitan University, avaient développé un projet de logiciel européen, « i.BorderCtrl »  dont le but était, à partir d’observations des réactions corporelles et d’IA, de déterminer si une personne mentait ou non.

               L’université très connue de Montréal, McGill a aussi développé un logiciel analogue, mais basé sur l’analyse d’indicateurs faciaux;Ses concepteurs, Lin Su et Martin Levine, ont indiqué qu’il s’agissait de plusieurs dizaines de comportements faciaux : mouvements de la bouche, froncement de sourcils, plissement du front, direction du regard……

              En ce qui concerne i.BorderCtrl, il s’agirait de « microgestes », d’infimes contractions musculaires qui durent plus ou moins longtemps, mais dont la liste n’a pas été révélée.Le logiciel comporte un détecteur automatique du mensonge (Automatic deception detection system), dont le premier but aurait été d’équiper les aéroports.

               Il est certain que l’homme, livré à lui même n’est pas doué pour détecter les mensonges chez autrui. Notre taux de réussite est d’environ 54 %, à peine mieux que le hasard ! De nombreux a-priori nous empêchent de trouver des critères valables.
              Par exemple la croyance veut que quelqu’un qui ment soit nerveux. Or il peut y avoir des menteurs très calmes et en apparence indifférents, alors que des personnes disant la vérité sont nerveuses, par peur de pas être crues., ou pour des raisons étrangères au sujet traité. Alors nous associons au mensonge diverses manifestations de nervosité et de stress ; agitation excessive, clignements des yeux, tics faciaux, regars fuyants mais qui ne sont pas spécifiques du mensonge.                           
              Il n’y a, hélas, pas de nez de Pinocchio !
              C’est donc normal que l’on cherche à mettre au point des outils qui pallieraient notre faiblesse dans ce domaine.La télé ou le cinéma nous ont montré de tels logiciels qui détectaient les « micro-expressions » humaines, qui révélaient les sentiments et les émotions cachées.

               Hélas la réalité est différente, car ces micro-expressions sont très difficiles à capter et pour la plupart non spécifiques du mensonge.ou de la vérité. Même si certaines apparaissent souvent chez le menteurs, elles ne constituent qu’un indicteur et non une preuve.
              Pour mettre au point le logiciel, les chercheurs demandent au logiciel de rechercher certains indicateurs et lui soumettent de nombreux cas de mensonges et de vérité, et le logiciel « apprend » à détecter les menteurs.
              Cela fonctionne mais pas de façon absolue et les études statistiques menées ont montré un taux de réussite de 74%. (et donc d’erreurs de 26%).
              Malheureusement en cas d’utilisation douanière ou antiterroriste, c’est notoirement insuffisant : j’emprunte le schéma ci-dessous à un exemple d’emploi dans un aéroport, décrit par la revue « Pour la Science », et on constate que les 242 personnes accusées à tort de mentir, engendreraient des contrôles supplémentaires prohibitifs, alors 3 personnes seraient passées malgré l’emploi du détecteur.

    L'ordinateur dira si vous êtes menteur !

               Et l’exemple porte sur 1000 personnes, mais il y avait (avant le covid19) des centaines de millions de voyageurs par an dans les aéroports.

               Devant ces difficultés d’autres chercheurs ont essayé d’employer des indicateurs linguistiques ou verbaux (ton de la voix, taille des arrêts entre mots et phrase…), et comportements non verbaux (gestes, postures, mouvements faciaux…), mais le modèle est forcément testé sur un nombre restreint d’individus, et il est alors difficile à généraliser, notamment pour des personnes parlant des langues différentes (sans compter les accents spécifiques nationaux), ou ne niveaux culturels différents.

              La revue « Pour la Science » pose même une question intéressante sur le principe de validité de tels logiciels, face à la nature humaine.
              Le jeune enfant ne sait pas mentir, mais il apprned vite à essayer de comprendre les intentions d’autrui, et à adapter ses réactions en conséquence: c’est ce que les psychologues appellent « la théorie de l’esprit ». Or on nous apprend que pour vivre sans trop de conflits, « toute vérité n’est pa bonne à dire », et qu’il vaut mieux énoncer certaines pensées différemment, ce qui est proche du mensonge; la possibilité de mentir fait donc partie de notre structure mentale, même si nous avons l’obligation morale de dire la vérité dabns certaines circonstances;
              Or de tels logiciels partent au contraire du principe qu’il est interdit de mentir et qu’on peut être sanctionné pour cela.
              C’est une situation nouvelle pour notre esprit, mais rien ne dit que cela sera accepté et que l’homme ne trouvera pas naturellement des échappatoires.

     

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