• Hallucinations: des leurres de notre cerveau et de notre mémoire.

     

         C'est le premier mai, la fête du travail, alors on est très fatigué.
         Mais certains l'ont fêtée et peut être un peu trop car ils avaientnt soif, d'autres ont un peu trop fumé. et une jeune femme me demande quelle est la différence entre les images bizarres que l'on peut avoir l'impression de visualiser, dans ces situations, et les hallucinations, qui restent peu fréquentes et assez mystérieuses. On en parle peu, à part les voix de Jeanne d''Arc, dont j'ai donné une explication dans mon article du 06/07/2019
         J'avais fait les 4,5 et 6 août 2019, trois articles sur les hallucinations auxquels je vous renvoie.
         Mais je vais essayer de faire un petit résumé sur ces hallucinations.

         On dit souvent qu'on a vu des éléphants roses, pourquoi pas bleus pour les garçons ?
    Combien de fois avez vous dit cette phrase en se moquant de nos camarades.? Soit parce qu’ils étaient un peu partis pour avoir bu de l’alcool ou fumé du cannabis; quelquefois aussi, parce que stressés ils tenaient des propos pas très logiques.
        Mais on parle aussi, pour des personnes malades mentalement d’hallucination, et on en prête même à des gens très sensés, qui, si on croit la légende, ont entendu « des voix ».
        
        Si vous consultez un dictionnaire, vous trouverez qu’une hallucination c’est “une perception sans objet”, c’est à dire sans objet réel à percevoir par nos sens et donc sans stimulation extérieure de l’organe sensoriel associé à l’hallucination.  (en latin hallucinatio signifie égarement, erreur, tromperie).
        En fait ce n’est pas vrai car l’organe sensoriel est en général sollicité, mais le cerveau ne donne pas alors la sensation correspondant au stimuli extérieur, car il l’interprète de façon erronée.
        Les neurobiologistes n’aiment pas cette définition et disent plutôt que c’est “un état mental dont le contenu est conscient, involontaire, et sous certains aspects semblable à la percep-tion ou au rêve”.
        C’est donc un phénomène qu’on croit réellement avoir vécu (contrairement au rêve), et qui a touché un ou plusieurs de nos sens.

        Les hallucinations touchent tous les sens : les hallucinations visuelles, bien sûr, mais aussi auditives, verbales (entendre des voix), gustatives ou encore de l'équilibre et de I'orientation. Certaines mélangent même les sensations.
        Le phénomène est complexe sur le plan physiologique et psychologique, mais même en matière de nature : que sont ces hallucinations :une réalité qui n'en est pas une, une fausse perception, une illusion ?
        On est proche de la philosophie de terminale : peut on toucher, voir ou entendre ce qui n’existe pas.? Ce qui existe est il forcément perceptible par nos sens? Est ce qu’un rêve, une douleur, une pensée, voire même les couleurs existent ?
        Et fait ce sont des phénomènes qui interviennent dans notre cerveau, et cela on peut le mesurer (au moins partiellement). Mais ensuite nous avons conceptualisé, utilisé notre langage pour rendre abstraits ces phénomènes.

        Et  comment étudier les hallucinations, alors qu'elles sont fugaces et imprévisibles ? En étudiant le cerveau de personnes schizophrènes, mais des personnes normales peuvent aussi avoir des hallucinations. Sont elles les mêmes?
        Une autre façon de les étudier consiste à suivre I'effet, sur des volontaires, de substances hallucinogènes.
        Dans les deux cas, on peut enregistrer par imagerie les perturbations neurobiologiques que déclenchent ces hallucinations dans le cerveau.

        On s’imagine que ce sont surtout les gens atteints de maladies mentales ou ceux qui ont consommé alcool ou drogues, qui sont sujets à ces manifestations.
        En fait c’est beaucoup plus courant chez des personnes tout à fait en bonne santé physiologique et psychologique : 50% des hallucinations se produisent dans un état de semi-conscience transitoire entre l’éveil et l’endormissement, 37% survenant quand on s’endort et 13% au réveil.
         Le manque de sommeil, le manque d’oxygène, le manque de nourriture favorisent leur apparition. De même une sous-utilisation ou une surcharge d’un de nos sens. Egalement des conditions extrèmes physiques ou psychiques peuvent les déclencher (exploit sportif, accident, décès d’une personne aimée, fatigue ou douleur intenses, dépression, voire euphorie).
        Les phénomènes hallucinatoires sont très complexes et la manifestation sensorielle ou la confusion des sens ne représente qu'une facette. Une hallucination combine souvent des composantes sensorielles, psychiques et émotionnelles (souvent angoisse ou euphorie).

        Dans l'article du 05/07/2019, j'ai déjà décrit ce que sont les hallucinations de nos sens notamment visuelles, auditives et olfactives, voire tactiles et de l’équilibre.

        Par contre quelques mots sur des hallucinations psychiques, sans rapport avec nos sens et où seules les pensées du sujet entrent en jeu.
        Elles peuvent avoir une incidence sur les états mentaux, cognitifs et émotionnels et peuvent bouleverser le sens du temps et de l’espace, l'attention ou encore les notions d'individualité et de contrôle conscient.
        De façon plus générales, elles perturbent la notion du « moi », de la distinction entre soi-même et d’autres personnes réelles ou imaginaires, ou entre son corps, soi-même et son environnement (par exemple entre la personne et l’objet qu’elle voit).
        Il peut y avoir confusion entre le visible et l’invisible, mais aussi mélange entre le conscient et l’inconscient.

        Certaines personnes ont des hallucinations, mais s’en rendent compte et les différencient de la réalité, mais dans la majorité des cas les personnes hallucinées croient avoir vécu leur ressenti, contrairement à ce qui se passe dans les rêves.

        Pour terminer, je voudrais vous donner un petit exemple personnel. Je pense que les neurobiologistes n'appelleraient pas cela une hallucination psychique, mais cet exemple montre combien nos souvenirs sont des constructions fragiles, surtout chez de jeunes enfants. 
       Quand j'étais enfant, ma grand-mère (une ancienne instit) m'avait appris à lire à 4 ans et mon grand père (ingénieur), m'avait familiarisé avec toutes sortes de calculs, de telle sorte que, allant atteindre 6 ans, je suis entré du début janvier au début juillet directement en CP2.
       A l'époque on donnait en fin d'année scolaire, lors d'une "distribution des prix officielle" des livres aux élèves ayant obtenu de bons résultats et j'avais ainsi un petit roman pour enfant, dédicacé par la directrice et l'institutrice. J'en étais très fier.
       Evidemment j'ai vite lu d'autres livres et quand j'avais 14 ans, j'ai retrouvé ce roman dans un tiroir et je l'ai montré à ma mère, en lui racontant le souvenir que j'avais de la distribution des prix et de la remise de ce livre.
       J'ai été très étonné lorsque Maman m'a dit : "Mais ni toi, ni moi n'avons été à cette cérémonie, tu avais la varicelle et tu étais au lit ! On nous a envoyé ce livre avec tes notes"
       Cette année là, j'avais beaucoup travaillé; c'était ma première année d'école, mes camarades avaient en général deux ou trois ans de plus que moi, j'avais peur de ne pas être à la hauteur, je voulais garder l'estime de mes grand parents et de mon institutrice et donc ce livre était pour moi une reconnaissance importante au plan psychologique et émotionnel.
        Alors, privé de la cérémonie de remise, mon cerveau l'avait imaginée et cette construction était devenue peu à peu un souvenir "réel" dans mon esprit d'enfant. Le souvenir n'était pas faux, mes résultats et le livre étaient réels, mais le souvenir était "reconstruit".
        Je pense d'ailleurs qu'il avait intégré des images, des petits morceaux de distribution des prix en CM1 et CM2, les années suivantes, à l'école publique.

       
         


        

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