• Gènes silencieux et gènes exprimés.

    Je rappellerai d’abord quelques données sur l’ADN et les protéines.

        Nos gènes, constitués de l'ADN, sltué dans le noyau des cellules, détiennent les instructions nécessaires à Ia fabrication des protéines. Ces protéines construisent à l’origine, entretiennent et font fonctionner le cerveau et tout l’organisme, façonnent la personnalité et les caractéristiques physiques.
        La génétique étudie comment des changements de séquences des gènes (les mutations) modifient l'apparence ou le comportement.


        Les gènes sont utilisés comme un modèle dans la fabrication des protéines. Dans ce que l’on appelle “l’expression des gènes”, des protéines se lient à l’ADN et transcrivent celui-ci en une molécule intermédiaire. un ARN, (acide ribonucléique), lequel est ensuite traduit en protéine.
        A chaque séquence de nucléotides (A,C,G,T), d'un gène correspond une protéine.
        Cependant, une cellule n'utilise pas tous les gènes dont elle dispose; elle se restreint à ceux qui déterminent sa fonction. Grâce à cette “expression génique sélective”, une cellule du coeur, par exemple, est différente d'une cellule de l’estomac, des reins ou d’un neurone du cerveau.
    De même, les caractéristiques physiques et émotionnelles d'un individu dépendent des gènes qui sont exprimés ou ne le sont pas.
    http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/ADNderoule.jpg
        Pour qu’un gène ne se manifeste pas (on dit qu’il ne s’exprime pas ou qu’il est “silencieux”), il faut empêcher la machinerie moléculaire de I'exprimer.
         Comme le long fil d'un ressort, la molécule d'ADN est enroulée autour de « bobines » protéiques, des histones, (voir mes articles du 28/11/2016), de sorte qu'elle peut malgré sa longueur, tenir dans le noyau de la cellule, et, dans cet état condensé, l'ADN est silencieux : les protéines codées ne sont pas fabriquées.
        Pour s'exprimer, le segment d'ADN portant le gène intéressant doit être déroulé et certains  mécanismes épigénétiques facilitent ou bloquent I'accès aux gènes, contrôlant ainsi ce déroulement et leur expression.

        Ces mécanismes consistent notamment à ajouter ou à enlever des molécules à I'ADN ou aux histones. Par exemple, la greffe de groupes méthyle (-CH3) à I'ADN limite I'accès et empêche la machinerie de transcription de se lier à I'ADN, et le gène est ainsi rendu silencieux, ou du moins la probabilité de son expression est fortement diminuée.

    http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/ADNmethyle.jpg
    A l'inverse, le groupes acétyle (C0CH3) fixés aux histones, conduisent au relâchement et au déroulement de I'ADN et facilitent l'expression génique.
    Ce ne sont pas les seuls groupes chimiques concernés par ce mécanisme.

    J’ai déjà dit plusieurs fois dans mes articles, qu’en cas de stress, les centres amygdaliens du cerveau agissaient sur l’hypothalamus, lequel envoyait dans http://lancien.cowblog.fr/images/SanteBiologie-1/cortisolstress-copie-1.jpgla glande hormonale voisine, l’hypophyse, une pré-hormone, et celle-ci agissait à son tour sur les glandes surrénales pour libérer du “cortisol”, un corticoïde qui est, ce que l’on appelle “l’hormone du stress”.
        Celle ci est captée par des récepteurs des neurones de l’hypothalamus et les empêche en partie de réagir aux signaux des centres amygdaliens, limitant ainsi l’ampleur du stress.
        On sait quel gène favorise la création de ces récepteurs du cortisol dans l’hypothalamus, et on a constaté que, chez les rats délaissés par leur mère dont je parlais hier, ce gène comportait davantage de radicaux méthyles et donc s’exprimait plus difficilement, ce qui empêchait la lutte contre le stress.
       
        Les mécanismes épigénétiques expliqueraient aussi les addictions à des substances telles l'alcool ou les drogues. Ces dépendances sont probablement favorisées par des facteurs génétiques, c'est à dire que des individus génétiquement prédisposés peuvent devenir dépendants plus facilement que d'autres, mais, à l’origine,  I'utilisation régulière de la substance incriminée est nécessaire pour faire basculer le cerveau vers un état dépendant, l'épigénétique jouant sans doute un rôle cette transformation.
        Le rôle de l’épigénétique semble aussi avéré en ce qui concerne la schizophrénie, mais le mécanisme de réaction au stress ou à la nourriture et plus généralement à l’environnement n’est pas élucidé.
        Les chercheurs travaillent aussi sur la dépression dont le mécanisme déclencheur n’est pas connu, mais la prédisposition d’un individu pourrait en partie être due à un mécanisme épigénétique, qui entraînerait une insuffisance en facteurs protéiques de croissance, qui favorisent le développement des neurones chez le foetus.

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :