• Ecouter de la musique perturbe t'il notre travail ?

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                 Beaucoup de personnes que je connais lisent ou travaillent avec un fond sonore. Il m'arrive souvent de travailler sur mon ordinateur en écoutant de la musique classique?
                 Peut on vraiment travailler en écoutant la radio par exemple?
                 Les chercheurs font des études sur l'influence du bruit et de la musique sur l'attention et la mémorisation.

                Les recherches sur les environnements sonores et la mémoire ont commencé par évaluer l'effet du bruit.
                Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, le bruit ne semble pas gêner la mémorisation. Seuls les bruits intenses et chroniques entraînent des perturbations et s'ils sont très forts des destructions dans l'oreille interne.
                Pierre Salamé, psychologue au Centre d'études bioclimatiques de Strasbourg, a étudié l'effet d'environnements sonores tels que la musique instrumentale et vocale.
                Les résultats furent inattendus : si la musique instrumentale ne gêne pas ou très peu (selon les expériences), les chansons entraînent, en ce qui concerne la mémorisation, une baisse de performances d'environ 70 % par rapport au groupe témoin travaillant dans le silence.

                 Ces recherches ayant été établies sur la mémorisation à court terme, il convenait cependant de vérifier si on pouvait généraliser les résultats à des situations plus variées de mémorisation ainsi qu à des situations d'apprentissage en milieu scolaire.
                Une expérience a été réalisée dans un collège avec six classes de sixième. Les élèves devaient passer quatre épreuves dans différents environnements sonores similaires à ceux qu ils pouvaient rencontrer dans leur vie courante.
                Les élèves disposaient de dix minutes pour mémoriser un texte d'une page en histoire, français ou biologie. Ensuite, ils devaient répondre à des questions sur ce texte pour évaluer leur degré de mémorisation, ou bien compléter un texte comportant des blancs.
               Certains travaillaient dans le silence, d'autres dans des environnements d'airs de jazz ou de musique symphonique, d'autres en écoutant des chansons à la mode. Les groupes permutaient ensuite.
                Les airs sans parole ne perturbaient pas en général le travail, ou très légèrement quand, trop connus, ils incitaient les élèves à les fredonner.
                Les airs vocaux par contre perturbaient de façon importante l'apprentissage, mais les mêmes airs étaient sans action sur la copie d'un dessin, en noircissant des cases, tâche manuelle sans nécessité de réflexion importante.
                Des essais menés sur des adultes avec de la musique classique et des airs d'opéra chantés, ont donné des résultats analogues.

                 Comment expliquer cet effet?
     
               Pendant la lecture et la mémorisation, les mots sont codés dans des systèmes sensoriels (système visuel, ou auditif si la leçon est entendue), puis dans Ie système lexical qui reconnaît les mots (centre de Wernicke), puis leur attribue un sens (centre de Geschwind), et enfin dans une mémoire sémantique, via le cortex préfrontal et l'hippocampe, qui retient le sens du texte et de la leçon. Tout se passe bien ainsi dans le cas de la lecture en silence, car Ie système lexical peut traiter les mots de la lecture.

                Mais si on entend simultanément une musique comportant des mots, les mots de Ia lecture et ceux des paroles de la musique, entrent en concurrence.
                Cela peut être comparé à ce qui se passe dans un ordinateur peu puissant, qui ralentit lorsque deux tâches sont exécutées simultanément (en fait alternativement par petits morceaux traités les uns après les autres).
                Des chercheurs américains ont montré que, si la langue de la chanson est connue, la gêne est encore plus forte, car l'individu comprend les paroles, ce qui entraîne une concurrence dans le système sémantique, c'est-à-dire l'analyse du sens.
                À l'inverse, lorsque deux tâches sollicitent des systèmes différents, par exemple mémoriser tout en sifflant, (siffler en travaillant comme les nains de Blanche Neige), cela n'entraîne pas de déficit, car les centres du cerveau n'ont pas à faire face à des doubles tâches.
               Ainsi, dans l'expérience où il s'agissait d'écouter des chansons en réalisant une activité manuelle, il n'y avait aucune de gêne, car c'est la mémoire procédurale qui était sollicitée pour le dessin.
                Du fait que le système d'analyse lexicale unique reçoit des informations de nature visuelle (la lecture) et auditive, (l'écoute des mots de la chanson, ou de la télévision), il se produit une sorte de phénomène d'engorgement cognitif, comme lorsqu'une autoroute à plusieurs voies subit un rétrécissement sur une voie, ce qui produit un ralentissement du trafic.

                   Ce phénomène de goulot d'étranglement se produit aussi à un autre niveau que celui lexical : l'attention.
               Le psychologue Christophe Boujon de l'Université d'Angers ont demandé à des élèves de CM2 (âgés de 10 à 11 ans) de lire une histoire dans une condition de lecture silencieuse et dans trois conditions d'attention partagée. Dans l'une, les élèves entendaient de la musique classique, dans l'autre, ils entendaient (sans le voir) un clip vidéo et dans la troisième condition, ils voyaient et entendaient le clip sur un téléviseur.

                Les résultats ont à nouveau montré que la musique classique ne gêne pas la mémorisation de l'histoire. En revanche, l'audition de paroles provoque une baisse de 25 %, (due au goulot d'étran-glement lexical), et regarder en même temps le clip vidéo provoque une baisse de 40 %.
                Il semble qu'il s'agisse alors d'une baisse attentionnelle, la perception des images du clip mobilise une partie des ressources attentionnelles de l'enfant, qui ne peut plus les consacrer entièrement à la tâche de compréhension et de mémorisation de l'histoire.
                 D'autres expériences ont été faites avec des musiques classiques de chambre, comportant des différences d'intensité modérées et de la musique type rock ou métal, avec de grandes amplitudes de son et des sonorités beaucoup plus rapprochées qui ne laissent pas à l'oreille des temps de repos.
                Outre les dégâts biologique si on écoute ces dernières musiques dans des écouteurs à un niveau trop élevé, ces musique plus typées et bruyantes entraînent une beaucoup plus grande fatigue, qui fait baisser l'attention. 
      http://lancien.cowblog.fr/images/Images2/l448xh336jpgmusiquecerveau1a455.jpg          Donc quand vous faites vos révisions, ou vos tâches scolaires, ne regardez pas des clips vidéo ou la dernière série à la télé? C'est comme si vous conduisiez votre voiture en regardant un DVD !!!
                Travailler en musique, oui, mais une musique sans paroles, une musique douce, sans grandes différences d'amplitude, ni haut volume sonore, genre musique de chambre classique.                
                Notre attention n'est pas élastique, les résultats de notre travail peuvent en dépendre.

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