• Cultiver sa mémoire et sa créativité

    Cultiver sa mémoire et sa créativité

     

                 J’avais commencé avant-hier à examiner les raisons qui empêchaient un élève de réussir ses études. J’avais abordé les méthodes trop théoriques d’enseignement et l’inattention des élèves et surtout le manque de travail.
                 Un troisième problème est celui de la mémoire et de la capacité de mémorisa-tion. Je scandalise toujours mes lecteurs en disant de la moitié de l’intelligence, c’est ce qu’on a mémorisé.
                En effet l’intelligence, c’est en grande partie la capacité à réfléchir et résoudre les problèmes qui se présentent à nous. Pour cela nous avons besoin de connaissances et d’expérience, et elles sont dans notre mémoire.Et une partie du travail de réflexion se fait inconsciemment, le cerveau envisageant des hypothèses et les testant, à partir d'éléments mémorisés.
              J’ai maintes fois constaté que la réussite aussi bien dans les études que dans son métier plus tard, résultait principalement de ce que nous avions pu emmagasiner en mémoire et ensuite de la quantité de travail effectuée pour comprendre et résoudre les problèmes, qu’ils soient techniques ou humains.
                Or actuellement d’une part on ne demande pratiquement plus à apprendre par cœur, sous prétexte qu'on trouve tout sur internet en un clic, et les jeunes se servent le moins possible de leur mémoire : tout est sur leur ordinateur, le portable ou sur Google, on lit souvent beaucoup moins, la calculette remplace les tables de multiplication et l'étude des courbes de fonctions,, et c’est beaucoup trop fatigant d’essayer de retenir un cours : on le survole. Bon nombre d’échecs dans les études, notamment après le bac sont dus au fait que la mémoire est rouillée, parce qu’elle n’a jamais été exercée suffisamment.
                Les programmes d’études d’ailleurs ne demandent plus d’apprendre vraiment des notions de façon précise. Certes c’était exagéré autrefois de faire apprendre certaines notions peu utiles, mais maintenant, on n’apprend plus les règles de grammaire, ni les formules mathématiques ou physiques, on ne sait plus les définitions et lois de physique qu’avec un « à peu près » qui ne suffit pas pour les utiliser. Ne parlons plus de la littérature, de l’histoire ou de la géographie, où on se contente de disserter sans rien retenir.
                Je suis parfois navré de voir la maigreur des connaissances littéraires de jeunes de terminale L, alors que je suis scientifique, la culture générale de jeunes adultes, la faiblesse de leur vocabulaire de français, et le fait que l’on ne s’interesse plus et qu’on n’ait aucune connaissance hors de sa spécialité. On se croirait américains !!
                Et on ne sait plus s’adapter à la forme de mémoire des enfants, qui n’est pas la même pour tous, on ne sait même plus utiliser des méthodes mnémotechniques. Pourtant, même une formule mathématique ou scientifique peut être mémorisée grâce à une histoire.

                  Un autre aspect très important est celui des images mentales et de la créativité. 
               J’ai fait hier un article sur la créativité, en montant que l’on n’invente rien ex nihilo, mais qu’on invente en rapprochant des notions que nous avons en mémoire et que d’autres n’ont pas eu l’idée de rapprocher, ceci évidemment à partir d’observa-tions et de réflexions.
               
                Comment apprendre aux enfants à être créatifs ?
                Certainement pas comme un des professeurs que je connais, qui fait faire des exercices sur un sujet, avant d’avoir fait le cours correspondant, (pour stimuler leur créativité, dit il). Evidemment les enfants ne peuvent rien faire si ce n’est essayer de trouver les éléments du cours auprès des parents ou sur internet.
                Pour être créatif sur un sujet, il faut d’abord bien le connaître ! 
                Donc la première chose à faire, c’est d’apprendre parfaitement le cours, de le com-prendre et de le mémoriser.
                Ensuite de faire des exercices nombreux et différents pour l’appliquer : la mémorisation et la compréhension viennent de la répétition.
                Mais quand je voyais les exercices de maths et de physique chimie de mes petits enfants,(ils sont grands maintenant) ou de jeunes que j'ai aidés dans leurs cours à distance,  je constate que tout est mâché dans l’énoncé : on leur demande de vérifier tel résultat et non de le trouver. Ils n’ont plus rien à chercher, à découvrir et donc à la clé, plus de curiosité intellectuelle, ni de satisfaction d’avoir réussi.
                Beaucoup d'élèves ne réussssenit plus rien à l’école, c’est réservé aux jeux sur ordinateur ; donc ceux-ci ont remplacé l’école peu à peu, dans l’intérêt de ces jeunes.             Cet aspect est lié aux images mentales : en mathématiques, en physique, on ne fait plus de figure. Dans d'autres cours on vous montre des images avec toutes les explications adéquates. L’imagination n’a plus cours et évidemment l’enfant préfère cette solution de paresse.
                Les images mentales sont très importantes : elles sont un outil très puissant que les enfants perdent de nos jours du fait qu’on leur apporte trop d’images. Il faut aider chaque enfant à se créer sa propre structure mentale,  réapprendre aux élèves à se créer des images mentales par des activités simples : leur demander de décrire leur maison, leur chambre, un lieu, une personne, leur apprendre à se poser beaucoup de questions pour les amener à « voir » le plus de détails, à se représenter le plus exactement et objectivement choses, environnement et situations.
                Il faut leur demander de faire des résumés et de les apprendre.
                Le dessin est un outil, un stimulateur de la pensée. On peut dessiner des mots, réaliser des cartes, traduire des mots en gestes, travailler en groupe de créativité (ce qu’on appelle le remue méninges ou le brain storming chez les anglo-saxons).
               Nos professeurs autrefois nous faisaient nous approprier les leçons, chacun les représentant, les réécrivant sommairement à sa manière, Nous oublions deux choses aujourd’hui où on ne sollicite que la mémoire logique, le cortex frontal.
                Nous avons deux autres mémoires fondamentales : la mémoire visuelle, photographique, et la mémoire sensitive dans nos mains, quand on écrit.
                C’est pour cela que c’est une énorme bêtise de vouloir apprendre à écrire à un enfant sur un ordinateur ,en tapant des mots au clavier, avant d’avoir appris manuellement à écrire ces mêmes mots, et une catastrophe si on supprimait l’apprentissage de l’écriture manuelle, qui doit être parfaitement acquise avant de se mettre au clavier, lequel intervient en épelant au lieu de lire et écrire un groupe de mots en anticipant sur sa pensée.

                 Demain, je parlerai de l’environnement des études, et de la connaissance et de celle de l’autre, qui est importante pour enseigner..

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Septembre 2021 à 08:08

    intéressant sujet, pourtant j'ai l'impression qu'il ne sera compris (?) que par les "anciens" et non par ceux qui utilisent l'ordi et le smartphone... comme nous on utilisait le papier et le crayon !

    J'ai réfléchi à la phrase : "Pour être créatif sur un sujet, il faut d’abord bien le connaître !"
    je m'aperçois que je n'avais jamais pensé à ça, et ça me semble tout à fait juste. Du coup oui, demander à des élèves d'être créatifs sur un sujet qu'il ne connaissent pas suffisamment, c'est pas faire appel à leur créativité mais à leur l'imaginaire. (imaginaire qui peut aussi être créatif bien sûr, mais qui ne sera pas forcément adéquat.)

    L'évolution de la société (s'il en est...) fait qu'il faut s'adapter et "faire avec" les usages ! Sauf que ces usages (de jeunisme) vont à l'encontre du développement des capacités de l'individu.
    Avant on connaissait les numéros de téléphone par cœur, maintenant ça ne sert plus à rien.

    Vaste débat... et à l'heure de la "non-réflexion" (ou de la réflexion... de 10 secondes) je crains qu'il soit sans fin !

    Bonne journée

     

      • Mercredi 8 Septembre 2021 à 19:45

        Vous avez raison, les jeunes auront du mal,peut être pas à comprendre, mais à me croire, car ils n'ont que l'expérience du monde actuel et ne peuvent donc comparer.
        Pour moi, l'imagination utilise aussi notre mémoire, mais de façon désordonnée et beaucoup inconsciente, et donc le résultat n'est pas toujours fiable, et il faut ordonner les idées et regarder leur réalisme pour que cela devienne créativité. On a besoin des deux successivement.

        C'est vrai que ce serait idiot d'apprendre les numéros de téléphone aujourd'hui, avec les smartphones
        Mais par exemple, les lignes de métro parisien ne sont indiquées que par des numéros (c'est plus court sur une pancarte !). Mais moi cela ne me dit rien et j'en ai marre de regarder une carte ou mon téléphone. Alors j'ai appris la correspondance numéros/ stations des deux bouts; mais pas sous forme d'une liste, mais d'une image mentale voisine de la carte RATP. Et s'il faut rechercher sur le smartphone toutes les formules de maths et de physique, on perdra tellement de temps qu'on ne fera que la moitié du problème. Mais si on fait beaucoup d'exercices, on finira par savoir la formule, mais aussi, ce qui est fondamental, la façon de s'en servir.

        Vous avez raison, il faut s'adapter à son époque. Mais ce qui me navre, c'est que dans beaucoup de classes actuelles, le cours est fait pour le niveau moyen, les moins bons ne suivent pas et les meilleurs s'ennuient et ne fichent rien, et lorsque ils passent dans le supérieur, ils en ont pris tellement l'habitude, qu'ils n'arrivent pas à suivre.

        Autrefois les profs donnaient des exercices supplémentaires aux meilleurs et surtout leur demander d'aider les moins bons, et cela apprenait aux deux, car ce n'est pas si facile pour un élève de faire le prof!

    2
    Jeudi 9 Septembre 2021 à 09:52

    Perso je me suis mieux souvenu des  arrondissements parisiens quand j'ai visualisé le déroulé type "escargot" : on dirait bien que les représentations imagées sont pour nous plus efficaces :)  

     "le cours est fait pour le niveau moyen" et pas que le cours !  J'ai l'impression qu'aujourd'hui tout est fait "dans la moyenne" à savoir qu'au lieu de mettre en avant les avancées, les progrès ou les réussites, on met en avant (pour ne pas dire on légifère...)  un niveau plus que moyen :( 

    Pour les cours/classes, personnellement je commencerai (sans S à la fin) par changer l'appellation "Éducation Nationale" histoire que chacun reprenne son rôle et qu'on ne confonde plus "éducation" et "apprentissage de telle ou telle matière" : ça serait un bon début.

    Quand je dis "vaste sujet" ... 

     

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