• Culpabilité chronique, apprentissage et manipulation.

    Culpabilité chronique, apprentissage et manipulation.

              J’ai connu plusieurs personnes, jeunes ou plus âgées, qui étaient tournées vers leur passé, bourrées de remords et de regrets, et qui culpabilisaient sans cesse de leurs actions, qui pourtant n’étaient pas forcément des erreurs.
              Le moral de ces personne était souvent très mauvais, à force de se reprocher sans cesse leur comportement.

              Deux attitudes opposées sont en effet assez courantes : se sentir coupable en permanence ou rejeter la responsabilité de ses erreurs sur les autres.

              La culpabilité est un sentiment à la fois désagréable et utile. Il peut vous empoisonner l’existence, mais c’est aussi une conscience intérieure qui sanctionne les erreurs de comportement social, qui permet de vivre en société en respectant ses règles et ses obligations. Elle incite à réparer ses erreurs. Mais elle nécessite un sens de l’empathie et de savoir se mettre à la place des autres pour savoir ce qu’ils peuvent ressentir (la « théorie de l’esprit » des psychologues).
              C’est donc une émotion qui n’est pas innée, mais l’objet d’un apprentissage de l’enfant qui n’acquiert que peu à peu cette connaissance, au fur et à mesure qu’il a conscience de son moi, et des autres.

              Mais cette version de culpabilité qui est saine, peut en s’exagérant devenir un défaut, voire une calamité.
              Egalement, puisqu’il s’agit d’un apprentissage, des parents professeurs ou autres personnes, celui-ci peut être défectueux et induire de telles conséquences d’une culpabilité exagérée et chronique
             Chacun est responsable de ses actes, et quand nous nous sentons coupables, c’est que nous pensions que l’événement en cause dépendait de nous, alors que bien souvent il nous a été imposé par d’autres ou par des circonstances.
              Pour lutter contre ces sentiments coupables, il faudrait que nous abandonnions notre sentiment de pouvoir sur l’environnement et que nous devenions plus humbles.

               Mais ce n’est pas facile, d’une part parce que ce sentiment de toute puissance, nous y tenons et il fait partie de notre personnalité et que d’autre part, il peut s’avérer rassurant.
              J’ai connu beaucoup d’enfants, dont les parents étaient en instance de divorce, et qui culpabilisaient, car ils pensaient que s’ils s’étaient mieux comportés, ce divorce aurait pu être évité, ce qui était évidemment faux.

              En fait l’enfant est impuissant vis à vis d’événements qu’il ne peut modifier, mais c’est une angoisse trop grande pour lui, et en se croyant en partie coupable, il préfère penser qu’il a le pouvoir de changer les choses. Mais la culpabilité sera la conséquence si le divorce a lieu.
              La culpabilité est la rançon du pouvoir que l’on croit avoir.
              En fait c’est une fausse culpabilité puisqu’on n’a rien fait de mal, mais on assume les conséquences de décisions d’autres personnes et dont on souffre.

               Il est certain que la culpabilité peut se provoquer, involontairement ou volontairement.
               Les sanctions justifiées des parents vis à vis des enfants sont nécessaires, mais les petits reproches sans importance, sous forme de phrases anodines, s’ils sont permanents, font porter sur l’enfant la responsabilité de l’humeur ou de l’énervement des parents et entretiennent chez l’enfant un sentiment de responsabilité qui devient chronique.

              C’est vrai aussi si l’on prend au sérieux une personne qui a l’habitude de reporter sur les autres la responsabilité de ses erreurs. Il s’agit le plus souvent d’une personne, soit qui n’a pas d’empathie et est égoïste, soit qui a une peur extrême de l’opinion et des reproches éventuels de son entourage, soit qui veut échapper à ses responsabilités qu’elle trouve trop lourdes.
              Enfin certaines personnes trouvent efficace de manipuler les autres en les culpabilisant.

              En général ces manipulatrices s’y prennent en faisant croire à la personne manipulée que, si elle ne fait pas quelque chose en faveur de la manipulatrice, elle sera alors responsable d’un ennui d’une catastrophe qui frappera la manipulatrice. C’est une sorte de chantage, mais sur une hypothèse, car l’événement en cause peut se produire, mais sans certitude. Il faut juste qu’il ait une probabilité non nulle pour faire peur et que le chantage à al culpabilisation fonctionne.
              En fait le manipulateur a le choix de sa conduite et il pourrait donc l’adapter aux risques encourus et faire porter la responsabilité éventuelle sur autrui est donc vraiment un chantage par crainte de ressentir la culpabilité, si l’événement se réalisait. C’est la scène classique des films : « si tu ne fais pas telle chose, je vais me jeter par la fenêtre et tu t’en sentiras responsable ! »

                                                          

     

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