• Comment notre cerveau nous fait écrire (1)

    Comment notre cerveau nous fait écrire (1)

                 J’ai lu un numéro spécial d’octobre 2023, de la revue « La Recherche » sur l’écriture et les signes dans les diverses civilisations antiques, qui analysait l’émergence des écritures sous diverses formes.
                 Ce numéro comprenait un article sur le fonctionnement du cerveau pour écrire des signes ou des lettres.
                 J’ai lu également récemment un travail de recherche, de Sophia Kandel et Samuel Planton, sur les mécanismes cérébraux de l’écriture et en particulier la différence entre ceux de l’écriture manuscrite et ceux de l’écriture au clavier ( écriture « tapuscrite »).
               Les phénomènes sont très complexes, mais j’ai pensé qu’un résumé plus simple intéresserait peut être mes lecteurs. Je vais donc essayer d’expliquer en deux articles les mécanismes de l’écriture.  
              Aujourd’hui je parlerai du processus global d’écriture, soit spontannée, soit à partir d’une dictée. soit à partir d’une lecture des mots., et cela en vue d’écrire à la main, au clavier ou d’épeler les lettres d’un mot.
             Demain j’examinerai le mécanisme plus particulier de tracé ou frappe des lettres et des mots.

              Il faut que je précise d’abord deux définitions essentielles les « phonèmes » et les « graphèmes », qui sont des composant des mots.
              On reconnait les mots au son reçu par l’oreille. Dans la languie française il y a 37 sons distincts correspondant à 16 sons de voyelles, 18 consonnes et 3 semi-consonnes
             On les appelle des « phonèmes », et ils changent la signification d’un mot qui contient par ailleurs des phonèmes identiques : par exemple les deux phonèmes « r » et « ch » changent le sens des mots rat et chat.
             Les « graphèmes » sont les différentes façons d’écrire avec des lettres un même phonème par exemple « o », « au », « eau », « ot » (dans trot), « op « (dans trop), les deux consonnes t et p étant « silencieuses ».

              Le schéma général du processus d’écriture est le suivant :

    Comment notre cerveau nous fait écrire (1)

     

               Il comprend deux étapes différentes :
                  - le processus central qui implique un gros travail mémoriel et qui va aboutir à des graphèmes correspondant au texte à écrire.
                 - le processus moteur qui va transformer ces graphèmes en écriture manuscrite ou au clavier pâr action sur les centres prémoteurs et moteurs des nerfs et muscles de la main. (ou de la parole si on épelle les lettres à voix haute. J’en parlerai demain.
             Les études qui ont permis d’expliciter ces processus, reposent essentiellement sur l’étude des patients qui présentent des dysfonctionnements du langage.
             L’écriture est en quelque sorte, l’inverse de la lecture, qui décode en phonèmes, des lettres, des syllabes et des mots, afin de les prononcer oralement. (ou pseudo-oralement si on ne lit pas à voix haute).

               Dans le cas de l’écriture sous dictée, le mot entendu va d’abord activer les représentations phonologiques connues et stockées dans la mémoire, correspondant à  dictée, à la forme sonore d’un mot connu ou inconnu.
             Dans le cas d’un mot inconnu la conversion en graphèmes sera faite, puis une interrogation de la mémoire orthographique cherchera des analogies, mais évidemment l’orthographe du mot restera incertaine et cela d’autant plus qu’il existe plusieurs graphèmes correspondant à un phonème (en anglais et en français) par opposition à des langues où l‘écriture est plus proche des sons, comme l’espagnol..
             Dans le cas d’un mot connu, la mémoire phonologique permettra de le reconnaître et de chercher dans la mémoire sémantique, qui est le lieu de stockage des « concepts », d’un ensemble d’informations concernant l’objet en question, éventuellement séparées entre propriétés perceptives et fonctionnelles. C’est à partir du concept en mémoire sémantique que la représentation orthographique correspondante va être récupérée dans la mémoire sémantique, qui permet, selon le contexte, de décider de formes différentes relatives à un même son (par exemple vin, vain, ou vingt).
              Une liaison directe est possible dans le cas de mots qui sont très fréquemment utilisés.
              On aboutit finalement à la production d’une liste de graphèmes correspondant au mot entendu que l’on va stocker dans une mémoire tampon à court terme, le temps du traitement moteur du mot.

              Si, au lieu d’une dictée on part d’une image (c’est à dire la lecture des mots), des centres spécifiques du système d’interprétation de la vison vont reconnaître les lettres, puis les assembler en syllabes ou en mots. (voir mon article du 29/09/2017).
             Le processus peut alors se poursuivre comme précédemment par l’interrogation du système sémantique, de la mémoire orthographique et de la conversion en graphèmes.

            Cette mémoire tampon contenant des graphèmes, va servir de départ, pour le temps de l’écriture du mot, au processus mettant en jeu les centres moteurs de la main, que je décrirai demain.

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :