• Admettre que l'on peut avoir tort.

    Admettre que l'on peut avoir tort.

                Les médias nous informent régulièrement des tous les événements désagréables dans le monde, et notamment des nombreux attentats ou tentatives, qui le plus souvent sont perpétrés par des personnes qui n’étaient pas des excités fichés S, ni des fanatiques religieux, mais seulement des gens marginaux, à l’esprit un peu dérangé.
              Souvent ces personnes, comme d’ailleurs les fanatiques, n’admettent pas que l’on ait des opinions différentes des leurs.
             Cela arrive à d’autres personnes, mais on ne souhaite normalement pas la mort de ceux qui ont pour seul tort de penser différemment.
             Alors comment cela est il possible ?
             Un article de Nicolas Gauvrit, enseignant-chercheur en sciences cognitives а l’université de Lille. , dans la revue « Cerveau et Psycho », nous fournit quelques éléments de réponse :

             En fait, une tendance universelle existe chez l’humain : l’aversion aux opinions contraires. Pourtant se confronter aux idées des autres nous ouvre l’esprit, étend nos connaissances et permet la compréhension des autres.
            Au lieu de cela, nous préférons lire ou écouter ce que nous pensons déjà, recherchant la confirmation de nos idées, plutôt que de mieux appréhender la réalité, tendance que certaines idéologies renforcent.
              Les chercheurs en psychologie mettent en avant trois raison à ce comportement :

              Ce qu’ils appellent la « dissonance cognitive » , un état désagréable induit par le fait de considérer des informations contradictoires.
             Si l’on apprend qu’un ami a commis des actes très répréhensibles que l’on considère comme immoraux, être son ami est contradictoire avec cette situation et pour rétablir un certain confort cognitif, nous aurions alors tendance а rejeter les preuves d’immoralité.
            Mais pourquoi ces deux informations réagissent en créant de l’inconfort, et pourquoi nous avons tendance а remettre en cause la nouvelle information. Deux explications sont mises en avant           
            D’abord, au niveau social, remettre en cause une opinion peut entraîner de ne plus être en accord avec nos proches, avec notre groupe. Changer d’opinion peut donc nous éloigner des clans auxquels nous appartenons.
            Ensuite, nous avons individuellement besoin d’avoir confiance en nous-mêmes, de penser que nous sommes moraux, intelligents, raisonnables. Toute nouvelle information qui nous obligerait à une remise en cause sera alors perçue comme une menace pour notre intégrité, pour ce que nous sommes.

            Une deuxième situation est celle du « réalisme naïf », qui entraine la certitude que nos opinions ne sont ni plus ni moins que la réalité. Nos croyances sont des évidences objectives, qui ne nécessitent ni preuve, ni mise à l’épreuve. Cette confiance extrême nous amène à estimer que celui qui pense autrement est évidemment fautif et l’écouter n’est que perte de temps.
            L’auteur cite une phrase très évocatrice d’une telle personne : « La seule fois oщ j’ai eu tort, c’est quand j’ai cru que je m’étais trompé. »
           La première théorie prédit que, confrontés а une opinion opposée, nous devrions ressentir menace et anxiété. La deuxième entraîne frustration et colère. 

              Troisième théorie, celle appelée « minimisation de l’effort cognitif »., que je nommerai plus simplement « paresse humaine » : nous évitons de fournir des efforts importants, qui nous fatiguent et nous empêchent de faire d’autres tâches, et, dans ces conditions, il est naturel d’éviter l’exposition aux opinions alternatives.
              Cette troisième hypothèse complète la deuxième : si nous sommes surs d’avoir raison, il est coûteux et finalement inutile d’écouter les contradicteurs
             Le réalisme naпf, galvanisé par la paresse cognitive, fournit un terreau aux dogmes religieux et à la haine terroriste.

                А l’opposé du réalisme naпf, l’humilité intellectuelle, qui consiste а se méfier de ses propres certitudes et а considérer que l’on peut avoir tort. C’est simple, mais ce n’est pas facile. Cela devrait s ‘apprendre à l’école, en lettres, en étudiant les opinions des écrivains et philosophes, en sciences en apprenant le doute et la rigueur, et ensuite par l’entraînement. Cette attitude est voisine de l’esprit critique, dont la juste pratique consiste, non pas à critiquer les opinions des autres, mais les siennes propres

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