J'ai lu dans la revue Nature Reviews Immunology, un compte-rendu du 29 juillet 2020, d'une étude menée par le CNRS, l'INSERM et des universités de Paris, sur les complications graves du Covid19, et les palliatifs qui pourraient être apportés, et cela m'a paru intéressant de vous en informer.

          On constate dans les cas graves traités en réanimation, que le covid19 entraîne une violente réaction immunitaire, qui se traduit par des destructions de cellules, notamment dans les poumons, mais aussi dans le système circulatoire, ces dommages et un taux insuffisant d'oxygène dans le sang, pouvant provoquer la mort des patients.
          L'équipe dirigée par l'immunologiste Mireille Laforgue a cherché les causes de ces phénomènes et étudie comment les prévoir et les atténuer.

           Un petit préalable : les granulocytes neutrophiles ou polynucléaires neutrophiles sont des globules blancs sanguins, qui sont des agents importants du système immunitaire. Ils sont appelés ainsi parce qu'ils fixent mal les colorants acides ou basiques (et restent donc incolores, contrairement aux granulocytes eosinophils ou basophils), et d'autre part parce qu'ils possèdent des noyaux uniques, mais qui ont plusieurs lobes. (sur la photo ci-co,tre, on voit deux neutrophiles au milieu de globules rouges.
 A titre d'information, le schéma ci-dessous décrit alignée des globules blancs et rouges du sang.

          Les neutrophiles ont un rôle très important dans la lutte menée par notre système immunitaire contre les "étrangers" au corps humain, que ce soient des microbes ou des cellules, notamment infectées.
          Lorsqu'il y a infection par un agent étranger au niveau d'un tissu,  ils quittent alors la circulation sanguine et s’infiltrent dans le tissu infecté – le poumon, dans le cas d’une infection au Covid-19 
          Après une reconnaissance du caractère anormal de la cellule, notamment par reconnaissance des antigènes portés par les bactéries ou virus, le neutrophile émet des pseudopodes, longs prolongements de son cytoplasme, qui vont entourer la cellule cible.
          Des vacuoles libèrent alors des radicaux libres oxydants qui détruisent la cellule cible, mais le neutrophile meurt également. On appelle ces radicaux libres des "ROS", (reactive oxygen species) : des formes réactives d’oxygène.

          Comme le montre la figure ci dessous, que j'ai empruntée à l'article précité, en temps normal  le corps dispose de défenses antioxydantes qui neutralisent rapidement les ROS. Mais celles-ci diminuent avec l’âge, ou lors de pathologies comme le diabète, l’obésité et d’autres pathologies chroniques. Les ROS, insuffisamment neutralisés, peuvent alors échapper au contrôle de l'organisme et se retourner contre lui, en attaquant des cellules saines, comme par exemple dans le cas du covid19 les cellules pulmonaires, les cellules des parois des vaisseaux sanguins et les globules rouges, dont l'hémoglobine approvisionne les cellules en oxygène et notamment celles du cerveau.
          L’emballement des neutrophiles du système immunitaire et la production excessive de ROS, contribueraient à l’aggravation de la maladie et à diverses complications observées chez les malades du Covid19 en réanimation : problèmes de circulation et de caillots, dommages dans les poumons et dans divers tissus du corps et un taux d’oxygène insuffisant dans le sang, pouvant conduire jusqu’au décès du patient.
          On a constaté que les enfants étaient moins sensibles à la maladie et contractaient rarement des formes graves du covid19, car ils ont des neutrophiles moins réactifs et des équilibres meilleurs grâce à des anti-oxydants  plus efficaces.

          Les chercheurs espèrent ainsi, en évaluant la proportion de neutrophiles activés dans le sang ainsi que l'excès de ROS, parvenir à un diagnostic précoce de la gravité du Covid19, afin d’identifier les patients les plus à risque et de mettre en place rapidement un traitement adapté, les médicaments qui pourraient ainsi lutter contre cette suroxydation, existant déjà sur le marché. C'est donc un équilibre à trouver pour calmer l’emballement du système immunitaire sans l’empêcher de faire son travail. 

         Je n'ai pas trouvé de nouvel article concernant les avancées depuis juillet, mais la presse s'est fait l'écho de nouvelles thérapeutiques contre le cas graves de covid19, et je pense que ce sont les conséquences heureuses de ces recherches.