• Perceptions, mémorisation et rêves.(2).

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        Je vais maintenant, après l’article hier sur la mémorisation, parler du rappel du souvenir stocké en mémoire.

        Le rappel d’un souvenir se fait sur ordre du patron, le cortex préfrontal. mais cela ne peut se faire que lorsqu’on est éveillé, car il faut que le cortex frontal (le chef), le cortex cingulaire antérieur (attention), l’hippocampe (aiguilleur de la mémoire) et le thalamus (coordonnateur des sensations), aient un fonctionnement et des relations normaux.
        Les neurones du thalamus oscillent par exemple à 40 hz environ si on est éveillé et à quelques hertz seulement quand on est endormi.
        Par contre des informations peuvent circuler dans le cerveau hors contrôle du cortex préfrontal lorsque l’on dort et je vous expliquerai alors le rapport avec les rêves.

        Je vais supposer qu’une personne, qui vient enfin d’emménager dans un deux pièces, est en train de décorer cet appartement, et son compagnon plante dans le mur un « clou X », pour accrocher une reproduction de la "liseuse" de Corot (l’image en tête de cet article). Le petit copain fait un faux mouvement sur son escabeau qui était mal déplié, et se tape sur les doigts avec le marteau, au lieu de taper sur le clou. Et, très charitablement, sa copine a beaucoup rit !!
        C’est tout de même un bon souvenir, celui du début de leur cohabitation amoureuse, et donc ce souvenir à connotation sentimentale, va être convenablement stocké, car il fait partie de cette
    « mémoire épisodique », qui est le journal de notre vie.
       Quelques temps après, cette personne discute avec une amie et veut lui raconter ce souvenir, qu’il faut donc qu’elle rappelle, pour en avoir conscience et pouvoir en parler.

        Donc le cortex frontal donne l’ordre à l’hippocampe de ramener le souvenir stocké en mémoire et de lui envoyer au plus vite par les synapses de connexion entre neurones.
        L’hippocampe va d’abord voir ce qui existe dans ses propres neurones, puis il va interroger des centres du cortex temporal.
        Il va trouver dans ces centres un  « squelette » du souvenir. Ce sera un peu comme  le catalogue de votre disque dur, qui vous donne les adresses des documents que vous cherchez pour que l’ordinateur puisse vous les trouver et les monter à l’écran.
        A partir de ce squelette il va reconstituer le souvenir, c’est à dire les adresses des neurones qui en détiennent les éléments, que ce soit sensations, émotions associées et langage.

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       Reprenons notre souvenir de bricolage décoratif. Que va chercher l’hippocampe comme adresses de groupes de neurones ?

        D’abord évidemment des images importantes : celle de la salle de séjour, du tableau de Corot, de son compagnon, de l’escabeau, du marteau et du clou.
        Ces images sont enchaînées dans le temps, de telle sorte que vous voyez presque un film du petit copain qui manque de tomber, fait un faux mouvement et se tape sur le doigt.
        Mais pour faire ce film, il faut reconstituer des gestes; alors on fait appel aux centres moteur du cortex pariétal (sur le dessus du crâne), qui va faire comme s’il se servait du marteau, et envoyer l’équivalent des ordres pour effectuer le geste de planter un clou, mais ce sera un ordre virtuel, sans transmission aux muscle : juste une représentation cérébrale interne.
        Et puis la jeune femme a ressenti des émotions : d’abord la peur que son copain ne tombe et se fasse mal : alors on va demander aux neurones des centres amygdaliens de reconstituer cette peur.
        Ensuite elle a ri : le rire intervient quand il y a décalage entre l’intention et le résultat de l’action. Ce sont des comparaisons entre les réflexions de prévision et logique du cortex préfrontal, les sensations qui constatent les résultats sur l’environnement et les émotions qui l’accompagnent qui déclenchent le rire. Le souvenir ne va pas recréer ce dialogue. Il se contentera d’en remonter les conséquences : la commande des muscles, la joie et la réaction du système de récompense et de sa dopamine.

        Mais dans notre éducation humaine, tout souvenir est langage : il a sa description littérale. Alors l’hippocampe va aller chercher des mots dans le centre de Geschwind : les neurones qui y sont associés sont connectés d’une part aux images correspondant au mot (par exemple le marteau), mais aussi à des connaissance de la mémoire sémantique : le marteau est fait pour taper sur un autre objet…. mais également à des caractéristiques de ce marteau particulier : connection avec les neurones du mot « manche », du mot »bois », du mot « tête » du marteau et du mot « acier », également de la couleur « jaune » du manche » et grise » de la tête. Et les neurones qui codent le mot « marteau » seront voisins de ceux qui codent d’autres instruments, tels qu’une pince, une scie…
    Notre mémoire est ainsi organisée.

        Mais un grand nombre de détails de la scène n’ont pas été mémorisés, ou l’ont été pendant un certain temps, puis, comme ils n’étaient pas importants n’étaient pas souvent rappelé, ils ont peu à peu disparu. Car il faut, pour qu’un souvenir reste que les liaisons privilégiées entre synapses restent renforcées et pour cela qu’on rappelle de temps à autre le souvenir pour que ces liaisons reprennent de la vigueur, faute de quoi, elles s’affaiblissent jusqu’à presque disparaître : c’est l’oubli.
        Le plus souvent ces morceaux de souvenir oubliés ne disparaissent pas complètement, mais restent enfouis dans l’inconscient.
        Par exemple dans notre exemple, la personne ne se rappelle plus que c’est parce que l’escabeau était mal ouvert que son compagnon a fait un  faux mouvement et s’est tapé sur un doigt.
        Mais il suffit parfois d’un mot d’une autre personne, d’une photo, qui servent de déclencheurs et nous rappellent certains souvenirs enfouis dans l’inconscient, qui remontent alors en mémoire.

        Un problème inverse est celui des événements qui nous ont marqués, émotionnellement et sentimentalement. Le cerveau émotionnel a alors fortement renforcé les connections correspondantes et ces souvenirs sont beaucoup plus permanents et ne s’effaceront que beaucoup moins vite. Dans certains cas, ils sont tellement forts qu’il hanteront notre mémoire, s’imposant à un retour à notre conscience, sans que le cortex préfrontal l’ait souhaité. C’est le cas notamment de souvenirs traumatisants : décès, accident, agression…
        A l’inverse, dans certains cas, le traumatisme est tel, que le souvenir est bloqué dans notre inconscient et nous ne pouvons ou nous ne voulons pas le rappeler. Pourtant un rappel nous soulagerait. C’est d’ailleurs dans ce cas que les traitements hypnotiques peuvent être très utiles.

        Maintenant que nous avons ces notions sur notre mémoire, nous pourrons dans l’article de demain, aborder le problème du rêve.

        Le schéma ci-dessous résume de façon très simplifiée, le processus de la mémorisation des sensations, quand on est éveillé, mais on n’a représenté que la vue parmi nos 5 sens et les images produites.

    Perceptions, mémorisation et rêves.(2).

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