• Les vieux contes n'ont plus cours au temps d'internet !

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               Quand j'étais gosse, ayant eu la chance que ma grand-mère m'apprenne à lire à 4 ans, je dévorais des livres et notamment des livres de contes (mais aussi les Jules Vernes, mais c'était aussi de l'extraordinaire)
    .           Adulte j'en ai lu à mes enfants, avant qu'ils ne les découvrent eux mêmes, puis à mes petits-enfants. Mais cela fait longtemps que je n'ai pas eu ce plaisir et je le regrette. Mes arrières-petits-enfants sont encore trop petits.
              Ce qui se passe dans les contes est assez différent de la réalité, cela vous le savez bien. Certaines lois physiques sont évidemment transgressées (les bottes de 7 lieues), des miracles s'accomplissent en réalisant des vœux, les princes charmants existent, et des transformations exceptionnelles ont lieu (citrouille carrosse).
                Cependant si les mondes des contes sont plus étonnants que la réalité, ils ne sont pas plus vertueux pour autant et on y retrouve facilement tous les pêchés capitaux et les dangers de notre vilaine Terre.

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               Mais on se pose moins de questions sur certains aspects psychologiques des personnages de contes et j'ai toujours été admiratif devant leurs qualités.
                Le petit Poucet se sent responsable de ses frères, comme s'il était adulte malgré son jeune âge, il est assez imaginatif pour trouver l'idée de semer des petits cailloux, et quand il trouve les bottes de 7 lieues, qu'il n'avait jamais vues auparavant, il sait à quoi elles servent et il sait s'en servir sans consulter une notice ! Même à mon âge, (presque çà), je ne sais pas faire cela, j'ai souvent besoin de consulter les notices de mes appareils!!
             Ces personnage ont une stratégie imaginée à l'avance : par exemple le chat botté sait qu'il va aller voir l'ogre pour le forcer, par vantardise, à  se transformer en souris pour pouvoir le manger.    
              En général on les considère comme des personnes très intelligentes etelles savent réfléchir à ce qu'elles vont faire et les fées et bons génies leur donnent des conseils ou leur enseignent leur expérience d'adulte. La fée conseille à Peau d'Ane de demander une peau d'âne à son père et beaucoup de récits mettent en valeur des préceptes moraux : la princesse de Riquet à la Houppe respecte ses engagements et Riquet et elle, faisant preuve d'altruisme, échangent beauté et intelligence. Le petit chaperon rouge aime beaucoup sa "mère grand" ! 
               Ce qui m'amuse par contre; ce sont les interprétations tout à fait délirantes, des psys férus de psychanalyse, qui voient dans l'aventure du chaperon un chemin initiatique de l'adolescente au seuil de la puberté et dans le loup qui l'attend dans le lit de sa grand-mère qu'il a mangé, un prédateur sexuel; et de l'absence des pères, souvent réelle dans les contes, resurgit le complexe d'œudipe (vaste fumisterie pour les neurobiologistes) et le Prince charmant de la Belle au Bois dormant, est évidemment le résultat de ce transfert de l'amour pour le père. 

    Les vieux contes n'ont plus cours au temps d'internet !

                Ces vieux contes n'enchantent plus les jeunes qui leur préfèrent Harry Potter, et là, si les pouvoirs magiques sont plus que jamais présents, (j'aimerais bien me déplacer à cheval sur un balais au dessus des embouteillages parisiens !), Harry a des parents qui ne s'occupent guère de lui, ne sait pas à l'avance ce qu'il doit faire, découvre bien des choses par lui-même, malgré l'enseignement de son collège de sorciers, et il doit découvrir peu à peu, dans un long parcours initiatique, les règles d'un monde incompréhensible.
               Au fond, il est plus près de la vie actuelle des jeunes.
                D'abord l'image a remplacé le texte et le conte est du cinéma et moins sur le papier, avec évidemment une démarche différente, faisant davantage appel à la vue qu'aux mots et avec maints effets spéciaux.
    .           Les adultes d'Harry Potter ne possèdent pas le mode d'emploi des objets qu'ils côtoient, et quand bien même ils le connaissent, comme le sage et vieux Dumbledore, celui-ci ne l'enseigne pas à Harry pour qu'il le découvre par lui même.
               C'est tout à fait l'absurdité de certaines méthodes d'enseignement des maths et des sciences, il y a 15 ans à mes petits enfants, où les explications préalables aux exercices étaient rares, pour que l'élève "fasse preuve de créativité" et invente règles et leur usage. Ce qui est une grave méconnais-sance du fonctionnement du cerveau, qui n'invente rien de toutes pièces, mais se contente de de rapprocher de façon originale des données déjà mises en mémoire, et donc acquises au préalable.           

                Cela rejoint aussi la mentalité des jeunes actuels qui pensent que leurs camarades sont plus à même que leurs parents et que leurs professeurs, de leur apprendre ce qui leur sera utile dans la vie. Tout juste acceptent ils que les adultes leur donnent une idée des objectifs à atteindre, comme dans les jeux de rôle.
                Ce fossé de communication entre adulte et jeunes résulte sûrement ne partie de l'évolution des techniques de communication, l'essentiel passant par le net et le smartphone. 
               Je me rend compte combien mon dialogue avec les jeunes est facilité parce qu'ils s'étonnent qu'un vieux singe de 80 ans puisse manier aussi bien qu'eux le blog et la messagerie et sache comment fonctionne son mac, puisse lui donner des ordres, voire corriger son fonctionnement. Eux ne savent pas du tout comment fonctionne leur smartphone (mais moi non plus !)
    .            Et la proximité réelle des parents est remplacée par celle virtuelle des amis sur facebook et les divers réseaux sociaux ! Le corps n'est plus ressenti que comme un objet qu'il faut nourrir, dont il faut assouvir les passions et supporter (mal) les souffrances, il peut faire du sport pour réaliser des performances afin d'épater la galerie, mais il n'est plus le partenaire constant du plaisir intellectuel et de l'amour sentiment.
                Une autre évolution qui me frappe, est que la punition n'est pas ressentie comme un encouragement à s'améliorer et à ne pas retomber dans les mêmes erreurs, mais comme une humiliation insupportable; ils ne sont pas coupables, mais honteux et ils manquent tellement d'estime d'eux-mêmes que, lorsqu'ils sont punis, ils ne peuvent plus penser être estimés, et ont parfois même une envie d'abandonner l'existence.
               Pour beaucoup de jeunes, la punition (ou la sanction scolaire) est ressentie comme une marginalisation, une honte insupportable et entraîne alors chez eux une réaction à l'opposé de ce qui était recherché : une crise d'agressivité visant à rejeter la honte qu'ils ont l'impression qu'on veut leur imposer. D'où les violences vis à vis des parents et professeurs.
                Le paroxisme est une susceptibilité à fleur de peau, qui les amène à considérer ne serait ce qu'un regard ou une petite dispute, comme une offense, qui ne devrait entraîner qu'indifférence ou haussement d'épaule et qui conduit parfois hélas au meurtre.
                Le sens de la punition n'étant plus compris, celui de la gratification ne l'est plus non plus, celle-ci n'étant souvent plus perçue que comme un service que les parents doivent aux enfants, puisque c'est eux qui ont voulu les mettre sur cette Terre.
                Et le dernier point qui nous éloigne des contes de fées, c'est que avec le virtuel et les jeux vidéos, le monde des adolescents est devenu la culture de l'improvisation et de l'adaptation aux événements qu'on ne maîtrise plus, et que cela malheureusement favorise l'absence de réflexion et l'abandon de la logique et du bon sens pratique, qui sont couplés à la réalité et aux sensations du corps. Mais beaucoup de ces jeux sont aussi des jeux de combat et d'affrontement, ce qui malheu-reusement les incitent à la violence dont ils minimisent les conséquences, qui ne sont plus virtuelles.

                Alors oui, malgré mon âge, j'ai la nostalgie de nos vieux contes de fées et aussi des contes et légendes de nos régions et de nos villes.

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